-CONSTRUIRE LA FÊTE DE L’INAUGURATION DU JARDIN

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Deuxième atelier : co-construire la fête de l’inauguration du jardin

Dans le cadre d’une recherche qui tend à se focaliser sur le « protagonisme », la question de la place des femmes migrantes et des bénévoles dans cette fête semble centrale. Toutes sortes de questions ont émergé : les jardiniers vont-ils participer à la cérémonie comme simple figurant ou comme acteur de cette dernière ? Qui fera le discours devant les médias ? Une inauguration institue et fige une certaine image à un moment donné ; c’est pourquoi il est indispensable que les jardiniers aient un rôle dans l’organisation et le déroulement de cet événement. Le deuxième atelier du projet d’accompagnement a eu lieu le vendredi 23 septembre 2016. L’objectif principal consistait à organiser la fête pour l’inauguration du jardin avec les participants du projet directement et à faire émerger des idées et des propositions. L’animation a duré environ 30 minutes. Au total, nous étions 8 à participer : quatre femmes migrantes, une paroissienne, une animatrice et une stagiaire de l’association et moi-même.

Outil utilisé : le brainstorming

La méthode du brainstorming a été utilisée comme technique d’animation pour atteindre cet objectif. Cet outil consiste à énoncer dans un premier temps toutes sortes d’idées, sans jugement. Dans un deuxième temps, ces dernières sont discutées et triées. La technique du brainstorming favorise la créativité car elle permet de préserver le flux d’idées sans interruption et sans jugement. Aussi, elle favorise la pensée divergente qui permet de faire place à l’imagination. De plus, il s’avère pertinent d’utiliser un moyen qui permette aux jardiniers de partager tout ce qui leur passe par la tête, peu importe le contenu. Cette activité notamment permet de valoriser les femmes migrantes et de les rendre actrices du projet. Un tableau organisationnel a été préparé pour l’animation de ce deuxième atelier (cf. annexe 2). Celui-ci comporte les différentes étapes de l’atelier avec les explications et les objectifs visés pour chacune d’entre elles.

Bilan général de l’atelier L’objectif de l’atelier qui consistait à organiser la fête de l’inauguration a été atteint. En effet, différentes idées ont été retenues. Le groupe s’est divisé en trois sous-groupes : une animatrice et une paroissienne, la stagiaire et une femme migrante, ainsi que trois femmes migrantes et moi-même. Les membres du groupe avaient de la peine à se désinhiber et à imaginer différents projets. Sur la base de ces observations, il est permis de supposer que les femmes migrantes n’ont pas l’habitude d’être consultées. Elles ont passé davantage de temps à choisir une recette de leur pays qu’elles voulaient faire et à lister les ingrédients nécessaires, plutôt qu’à faire émerger toutes sortes d’idées. Les femmes migrantes et les animatrices de l’association AMIS se rencontrent deux fois par semaine pour des ateliers de français. Régulièrement, elles y apportent des spécialités de leur pays. Cela pourrait expliquer le fait qu’elles aient immédiatement pensé à une idée de recette (et pas à autre chose).

Dans les autres groupes, différentes propositions ont été faites pour l’apéritif. Une des paroissiennes qui n’a pas pu être présente à l’atelier avait déjà proposé à l’animatrice lors de la rencontre précédente d’organiser une animation. De manière générale, tout le monde s’est investi. La prise de parole, la créativité et la participation sont des compétences qui s’acquièrent notamment par la pratique. En effet, on peut supposer que si les femmes migrantes ont rarement été consultées pour prendre des décisions dans leur milieu familial ou professionnel, c’est normal qu’elles ne le fassent pas aussi aisément que quelqu’un d’autre habitué à le faire. C’est un processus qui se met en place et se développe avec le temps.

Suite de la recherche Pour la suite, nous avons décidé de lancer un processus d’évaluation participative dans le cadre du jardin. Il s’agit d’un type d’évaluation où « les acteurs impliqués dans le projet, des membres de l’équipe de projet jusqu’aux membres de la population concernée, ont l’opportunité de fournir un retour sur le projet et, si approprié, d’influencer son développement et/ou des projets futurs. » (Experts Solidaires, 2015) Il nous paraissait intéressant d’évaluer sa pertinence du point de vue des jardiniers directement. En effet, la participation de ces derniers à l’évaluation est indispensable pour évaluer si le projet a un impact positif sur eux. L’évaluation requiert leurs opinions, leurs points de vue, ainsi que leurs éventuelles préoccupations (Experts Solidaires, 2015). De plus, il y avait également la volonté que tout le monde puisse tirer des bénéfices et une certaine plus-value de cette recherche, autant les jardiniers, les animatrices que moimême en tant que chercheuse. C’est de là qu’a émergé l’idée d’effectuer une évaluation. Comme le projet est reconductible annuellement suite à une évaluation, je savais que les animatrices devaient effectuer une évaluation de fin de semestre afin de faire un compterendu aux autorités communales.

Du point de vue des jardiniers, je me suis dit que c’était également un moyen de leur donner une certaine légitimité et de valoriser leur place dans le projet. C’est aussi une source supplémentaire pour cette recherche car cela va permettre d’observer l’empowerment communautaire au sein du groupe, bien que l’atelier n’aille pas se focaliser directement sur cette thématique. La participation des jardinières est indispensable pour évaluer si le projet a un impact positif sur elles. Afin de donner la parole aux jardinières et fonder une évaluation qui tienne compte de ce que qui est souhaité du point de vue de celles-ci, l’utilisation d’une méthode participative, propre à l’éducation populaire, est favorable. L’évaluation est l’activité permettant de vérifier la pertinence du projet, mais elle doit également ellemême correspondre aux critères d’empowerment et ainsi rendre les personnes actrices du processus si elle se veut participative. Ce sont les participants eux-mêmes qui vont co-construire un savoir et évaluer leur propre démarche. Il faut encore ajouter que c’est le chemin parcouru qui doit être analysé plutôt que le résultat final dans le cadre d’une démarche qui vise le « protagonisme ».

Jardins familiaux et jardins ouvriers pour réguler les populations

Les jardins familiaux (appelés autrefois jardins ouvriers) trouvent leur origine durant la révolution industrielle à la fin du XIXe siècle, notamment en Angleterre et en Allemagne. Durant cette période, les populations paysannes ont émigré des milieux ruraux pour aller dans des centres urbains. John Cuénoud (1879, cité par Frauenfelder et al., 2015, p. 9), directeur de la Police centrale de Genève, a effectué une étude en 1879 sur le sujet. Ces familles ouvrières d’origine agricole y sont décrites comme pauvres et vivant dans des conditions insalubres. Leurs enfants sont considérés comme des vagabonds livrés à euxmêmes. Afin d’encadrer ces familles et réduire leurs difficultés liées au déracinement, des philanthropes ont décidé d’intervenir. C’est une population mobile, sans attache urbaine.

C’est dans ce contexte que naîtront les premiers jardins ouvriers dans plusieurs pays d’Europe. Les oeuvres philanthropiques y voient le moyen d’opérer une évolution de l’esprit de famille. C’est un moyen d’introduire un « chez soi » à cette population « déracinée ». Au-delà des préoccupations morales et de logement liées aux jardins ouvriers, il y a également des enjeux économiques (un loisir qui permet une certaine productivité), ainsi que diététiques (une alimentation saine plutôt qu’une consommation de boissons alcoolisées) à prendre en considération (Frauenfelder et al., 2015, p. 9-12). Ainsi, la classe populaire va connaître les jardins ouvriers : « L’ouvrier accède par des cultures précieuses à une consommation et à des goûts qui lui étaient interdits ; le maraîchage intensif et diversifié est très exigeant en temps, ce qui correspond à l’objectif premier des jardins ouvriers qui est d’occuper les populations mâles ouvrières qui trouvent rarement au sein de logements exigus des espaces suffisants » (Pluvinage, 2003, p. 143, cité par Massé et Baudry, 2008, p. 11) En fonction des contextes politiques, sociaux et économiques, les finalités attribuées aux jardins ouvriers n’ont cessé d’évoluer. Selon un rapport de recherche intitulé « l’État et les jardins familiaux » (Frauenfelder et al., 2015, p. 12), on peut observer trois phases distinctes depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours.

Jardins communautaires urbains

L’origine des jardins communautaires urbains vient du modèle des community gardens issu des villes de Montréal et de New York. Des petits bouts de terre sont insérés dans les milieux urbains et tous les habitants peuvent s’y rendre librement, à partir du moment où un membre de l’association se trouve sur les lieux (Baudelet, Basset & Le Roy, 2008). Photo 2 : Lizz Christy devant son premier jardin à New York (www.lizchristygarden.us) Le premier jardin communautaire urbain (ou jardin collectif) de New York voit le jour à Manhattan, au début des années 1970. La ville vit alors une crise économique et urbaine. De nombreux bâtiments sont démolis ou brûlés et laissent place à des terrains vagues, abandonnés. La sécurité ainsi que l’hygiène de ces quartiers se dégradent. C’est dans ces conditions que Liz Christy, artiste peintre, décide de jeter des « bombes de graines » (seed bombs) dans les friches, à travers les grillages, afin de faire pousser des fleurs. Satisfaite des résultats, elle choisit de poursuivre ses démarches. En 1973, Liz Christy met en lien un groupe d’activistes (comprenant ses amis ainsi que des habitants du quartier) afin de nettoyer et végétaliser un terrain se trouvant à Manhattan, dans le quartier du Lower East Side. Ce jardin portera le nom de sa fondatrice : Liz Christy. On peut constater, une fois de plus, que le jardin est prescrit afin de pallier différents problèmes économiques et sociaux.

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Table des matières

1 LES JARDINS PARTAGÉS : UN CHAMP D’ACTION DU TRAVAIL SOCIAL
1.1 « PROTAGONISME » DANS LES JARDINS PARTAGÉS : CHOIX DE LA THÉMATIQUE
1.1.1 INTÉRÊT POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL LOCAL
1.1.2 MOTIVATIONS PROFESSIONNELLES
1.1.3 JARDIN PARTAGÉ : OBJET DE RECHERCHE PEU ÉTUDIÉ EN TRAVAIL SOCIAL
1.2 DÉCOUVERTE DU JARDIN SOLIDAIRE À AIGLE
1.2.1 PROJET GÉRÉ PAR L’ASSOCIATION « AMIS »
1.2.2 JARDIN SOLIDAIRE : SON ORIGINE ET SES JARDINIERS
1.3 PROJET D’ACCOMPAGNEMENT AU JARDIN SOLIDAIRE
1.3.1 ENTRETIEN EXPLORATOIRE AVEC LA RESPONSABLE DU JARDIN
1.3.2 CO-ANIMATION AU SEIN DU JARDIN SOLIDAIRE
1.3.3 QUESTION DE RECHERCHE
1.3.4 OBJECTIFS DE RECHERCHE, PERSONNELS, PROFESSIONNELS ET D’ACTION
2 LES MOMENTS-CLÉS DU PROJET D’ACCOMPAGNEMENT
2.1 PREMIER ATELIER : JARDIN SOLIDAIRE COMME LIEU DE RENCONTRE
2.1.1 OUTIL UTILISÉ : LE PHOTOLANGAGE
2.1.2 DÉROULEMENT
2.1.3 RÉSULTATS DE L’ATELIER
2.1.4 BILAN GÉNÉRAL DE L’ATELIER
2.1.5 SUITE DE LA RECHERCHE
2.2 DEUXIÈME ATELIER : CO-CONSTRUIRE LA FÊTE DE L’INAUGURATION DU JARDIN
2.2.1 OUTIL UTILISÉ : LE BRAINSTORMING
2.2.2 DÉROULEMENT
2.2.3 RÉSULTATS DE L’ATELIER
2.2.4 BILAN GÉNÉRAL DE L’ATELIER
2.2.5 SUITE DE LA RECHERCHE
2.3 TROISIÈME ATELIER : L’ÉVALUATION PARTICIPATIVE
2.3.1 OUTIL UTILISÉ : L’ANALYSE SEPO
2.3.2 DÉROULEMENT
2.3.3 BILAN GÉNÉRAL DE L’ATELIER
2.4 CRÉATION D’UN COMITÉ
3 L’EMPOWERMENT DANS LES JARDINS PARTAGÉS : CONCEPTS DE BASE
3.1 DIFFÉRENTES FORMES DE JARDINS PARTAGÉS
3.1.1 JARDINS FAMILIAUX ET JARDINS OUVRIERS POUR RÉGULER LES POPULATIONS
3.1.2 JARDINS COMMUNAUTAIRES URBAINS
3.1.3 JARDINS D’INSERTION ET D’INTÉGRATION SOCIALE
3.1.4 APPORTS SOCIAUX DES JARDINS
3.1.5 ANIMATION SOCIOCULTURELLE ET JARDIN PARTAGÉ : RÔLE DU TRAVAILLEUR SOCIAL
3.1.6 À RETENIR : LES PRINCIPAUX POINTS DES TROIS MODÈLES DE JARDINS PARTAGÉS
3.1.7 ANALYSE DE LA STRUCTURE DU JARDIN SOLIDAIRE À AIGLE
3.2 EMPOWERMENT (OU DÉVELOPPEMENT DU POUVOIR D’AGIR)
3.2.1 NOUVEAU PARADIGME POUR L’INTERVENTION SOCIALE
3.2.2 ORIGINE
3.2.3 DE L’EMPOWERMENT AU DÉVELOPPEMENT DU POUVOIR D’AGIR
3.2.4 EMPOWERMENT INDIVIDUEL, COMMUNAUTAIRE ET ORGANISATIONNEL
3.2.5 À RETENIR : MISE EN CONTEXTE DE L’EMPOWERMENT COMMUNAUTAIRE DANS LES JARDINS PARTAGÉS
3.3 ÉDUCATION POPULAIRE
3.3.1 PÉDAGOGIE DES OPPRIMÉS
3.3.2 À RETENIR : BUTS DE L’ÉDUCATION POPULAIRE ET DE L’EMPOWERMENT COMMUNAUTAIRE
4 SEMER LES GRAINES : DIFFÉRENTES DÉMARCHES MÉTHODOLOGIQUES
4.1 LA MÉTHODE DU FOCUS GROUP POUR FAIRE ÉMERGER TOUTES LES OPINIONS
4.2 LA MÉTHODE DE L’OBSERVATION PARTICIPANTE POUR « ÊTRE AVEC »
5 RÉCOLTER LES FRUITS : UNE BELLE ÉCOLE DE VIE
5.1 DE L’INFORMATION À LA COGESTION DU PROJET
5.1.1 NIVEAU ORGANISATIONNEL
5.1.2 COMMUNAUTÉ
5.1.3 À RETENIR : PROGRESSION DE LA PARTICIPATION RÉELLE DES JARDINIÈRES
5.2 LIEU D’APPRENTISSAGE
5.2.1 NIVEAU ORGANISATIONNEL
5.2.2 COMMUNAUTÉ
5.2.3 À RETENIR : RESSOURCES DES JARDINIÈRES MISES À PROFIT POUR LA COMMUNAUTÉ
5.3 ÉCHANGES DANS UN CLIMAT CHALEUREUX
5.3.1 COMMUNAUTÉ
5.3.2 NIVEAU ORGANISATIONNEL
5.3.3 À RETENIR : TRANSMISSION DES INFORMATIONS IMPORTANTES ET CLIMAT DE CONFIANCE
5.4 FORCE DU GROUPE DANS LA SOCIÉTÉ
5.4.1 NIVEAU ORGANISATIONNEL
5.4.2 COMMUNAUTÉ
5.4.3 À RETENIR : SOLIDARITÉ ET IDENTITÉ COLLECTIVE AU SEIN DU PROJET DU JARDIN SOLIDAIRE
5.5 DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
6 LA CONCLUSION
6.1 PIÈGES ET LIMITES DES APPROCHES PARTICIPATIVES ET DE L’OBSERVATION PARTICIPANTE
6.2 SYNTHÈSE DES PRINCIPAUX RÉSULTATS DE LA RECHERCHE
6.3 DIFFICULTÉS RENCONTRÉES ET APPRENTISSAGES RÉALISÉS
6.4 BILAN PROFESSIONNEL ET PERSONNEL
7 LES RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
8 LA TABLE DES ANNEXES
ANNEXE 1 : PRÉSENTATION DU JARDIN SOLIDAIRE À AIGLE (MARTIN, 2016 ; EER, 2016)
ANNEXE 2 : TABLEAU ORGANISATIONNEL POUR LE DEUXIÈME ATELIER
ANNEXE 3 : TABLEAU ORGANISATIONNEL POUR LE TROISIÈME ATELIER
ANNEXE 4 : APERÇU DU TABLEAU À DEUX ENTRÉES DE L’ÉVALUATION PARTICIPATIVE (PASSÉ ET FUTUR)
ANNEXE 5 : IDÉES DES ÉLÉMENTS À ÉVALUER DURANT LE BILAN

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