Construction identitaire, un phénomène récurrent dans les sociétés humaines

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Cadre et définition sociétale, la formation et les emplois du patrimoine

Les fonctions de conservation, de recherche et d’exposition mises en avant par Henry Rivière sont reprises aujourd’hui soutenues par les pôles d’excellence. Ce qui vient crédibiliser leur inscription patrimoniale. Ce principe d’existence publique débouche sur une science vivante donc un partage du patrimoine préexistant et de celui en train de se faire. Le patrimoine est alors considéré comme un objet de médiation ce qui l’inscrit totalement dans les démarches universitaires à visée humaniste et à politique d’ouverture : « le patrimoine n’est pas un ensemble de choses inertes » La professionnalisation des acteurs du patrimoine semble majoritairement assurée par les diplômes universitaires. Il semblerait que le nombre de diplômes dans le secteur culturel n’ait cessé d’augmenter depuis 1980. Cette diversification de l’offre de formation a permis dans un premier temps de répondre à la demande de recrutement dans les secteurs du patrimoine. Jusque dans les années 90 la corrélation offre demande s’équilibrait. Les étudiants nés avant les années 80 se formaient par un parcours unique de diplôme type baccalauréat ou brevet de technicien supérieur. Après les années 80, rares sont ceux qui n’obtiennent pas de master. Ceci peut s’expliquer par une intensification de la création d’offres de formation par les universités. L’augmentation de la visibilité du patrimoine a créé des vocations suivies par la création de multiples diplômes. La multiplication des offres de formation s’est encore intensifiée à un rythme bien plus soutenu dans les années 2000. Les changements de l’institution universitaire ne sont pas étrangers à cette mutation. Le processus de Bologne ainsi que les lois LOLF et LRU ont contribué à encourager cette polyvalence et la proposition d’autant de spécialisation. Il ressort plus tard que les jeunes travailleurs du patrimoine sont aujourd’hui pour la plupart surdiplômé ou pratique une sorte d’empilement de diplômes afin de joindre la pratique à la théorie. Affichant ainsi des palmarès de double master quand le premier n’est pas assez professionnalisant ou bien en cumulant BTS et licence ou master dans des domaines complémentaires. Après les années 2000, la création de ces formations se détache de sa relation au marché de l’emploi ce qui provoque la nécessité pour les jeunes diplômés de plus en plus nombreux, donc en concurrence sur une offre d’emploi à présent limitée, à se spécialiser dans différentes filières. Voici donc ce qui ressort de l’analyse de Florence Abrioux et Philippe Tranchoux dans leur article de 2016 scrutant l’évolution de l’offre de formation universitaire pour expliquer celle de la professionnalisation des acteurs du patrimoine. Dans ce texte ils évoquent le master Gestion locale du patrimoine du patrimoine culturel. Après recherche celui-ci est proposé à l’Université d’Orléans principalement. De par nos recherches personnelles, nous constatons des disparités en terme de stratégie universitaire dans la valorisation du patrimoine culturel. L’offre de formation en Bretagne par exemple est très axée sur les métiers du patrimoine. Ce constat peut être rapproché de ce qui a été dit lors de la table ronde qui s’est tenue le 28 janvier à la MMSH avec notamment Isabelle Chave14, où la diversité en terme de formation aux métiers du patrimoine a été évoquée. Le constat conduisait alors à déplorer le manque d’offre de formation pour les métiers du patrimoine et de fait le manque de qualifications de nombreux personnels en charge de sa conservation et parfois même de sa valorisation. Mais le bilan n’est pas égal partout sur le territoire. Les Universités de Bretagne Occidentale montrent l’exemple en terme de sensibilisation des étudiants à leur patrimoine, à sa préservation et sa mise en valeur. Cela est mis en place de manière régionale avec de nombreux évènements culturels locaux largement médiatisés, mais également en proposant dès le lycée des formations et des stages aux étudiants dans les secteurs de la valorisation patrimoniale. La connexion entre ces trois pôles universitaires situés à Brest, Quimper et Morlaix permet une plus grande visibilité et un regroupement de leurs sites ainsi que la création d’une image de marque universitaire. En rattachant ses étudiants à leur patrimoine culturel, l’UBO15 les rattache à ses valeurs qui contribuent à sa mise en valeur propre en renforçant le sentiment d’identité régionale. Les offres de formations clairement orientées vers le secteur culturel dans les régions les plus touristiques de France concèdent la place à une prolifération du nombre de diplômes de façon « anarchique et inflationniste » .
Cécile Martin16 et Isabelle Mathieu17. Toutes deux traitent des formations et professions du secteur culturel. Selon les deux auteures, depuis les années 2010 le secteur de la médiation culturelle a été surinvesti par les universités. Toujours selon les deux auteures cela s’explique en partie par la création de nombreux masters par les enseignants-chercheurs pour continuer à faire vivre leur discipline dans ce système en mutation. Cette offre abondante moins adaptée au secteur de l’emploi conduit aux parcours de réorientations et d’empilement des diplômes précédemment évoqués. Les champs disciplinaires étrangers aux ALLSHS restent porteurs. Les compétences juridiques, économiques et de gestions sont des contenus de formation recherchés tout comme la gestion, le management et la communication. La conservation et la médiation ainsi que le montage apparaissent comme moins pragmatiques et donc sont moins recherchés. Car si l’offre d’emploi s’est d’abord intensifiée dans le secteur de la culture c’est parce qu’il s’agissait d’un secteur créateur de valeur ajoutée. De même que pour l’université où, la création de diplômes dans le cadre de la culture, a vu le jour afin de susciter l’intérêt d’un plus grand nombre de futurs étudiants. Les universités s’investissent alors dans la valorisation du patrimoine allant de pair avec la valorisation de leur formation. Ces initiatives en termes d’accompagnement et de formations des étudiants ont été soutenues par des subventions locales et territoriales dans les premières décennies de l’engouement.18 Les universités sont de fait les acteurs majoritaires de la formation aux métiers du patrimoine et dans le même temps sont génératrices de ce patrimoine et du regard qui sera porté sur celui-ci. Les champs du patrimoine culturel immatériel ayant suivi la même expansion que les formations le concernant, il englobe à présent l’université elle-même.

Ingrédients historiques et sociétaux que l’on retrouve à AMU

Aix-Marseille université propose constamment une alliance des trois piliers qui rendent perein son patrimoine en effectuant une action faisant la promotion de son passé, son présent et son futur. D’une part au travers d’archives qu’elle rend accessibles en ligne et qui retracent son histoire. D’autre part en publiant régulièrement, sur format papier ou web des ouvrages et articles donnant à voir et comprendre son patrimoine immobilier et immatériel. Les presses universitaires ont d’ailleurs fait parrainer un ouvrage collectif réalisé par de nombreux enseignants pour le 600ème anniversaire de la Faculté de droit.19 Cette année est parue « Balade au cœur des campus » qui présente cette fois le campus et ses dernières innovations en terme d’infrastructure d’accueil rappelant ainsi les volontés d’expansion et d’innovation de l’université. Elle constitue ainsi un patrimoine prenant racine dans le passé, vivant dans le présent qui ne ferme pas les portes à l’évolution. Bien au contraire il l’accueille. Le patrimoine universitaire d’Aix-Marseille université est soutenu par des personnels qualifiés, mais également par des initiatives autour de la formation des futurs acteurs de la préservation patrimoniale et de sa valorisation. L’édition du mémorial de la Faculté de Droit et de Science Politique d’Aix-Marseille à l’occasion du sixième centenaire de sa fondation offre à voir les éléments constitutifs du patrimoine universitaire d’AMU dans le cadre de la FDSP. En effet l’ouvrage met l’accent sur l’histoire de la faculté, son patrimoine immobilier, mais surtout sur les éléments constituant son patrimoine immatériel. L’ouvrage est un recueil de textes de personnalités, son ouverture est faite par un texte de Maryse Joissains Masini alors Maire d’Aix-en-Provence et alors Député des Bouches-du- Rhône. La présentation des noms importants de l’ouvrage serait fastidieuse, mais il en ressort que la notoriété des acteurs de l’université constitue un pan de son patrimoine immatériel. Les rappels de la construction de cette université et de ses lignes de conduite, mènent à exposer son rôle et ses missions qui sont issus de l’héritage historique et culturel de celle-ci et donc une fois encore une part de son patrimoine culturel à promouvoir auprès de ses membres de même qu’à un niveau régional voire européen. Ce dernier point rejoint l’ouverture à laquelle travaille l’université. La volonté de donner à voir son patrimoine et
de s’ouvrir à un niveau international est affichée dans la « Balade au cœur des campus » entre autres. Cette édition universitaire met en avant, de manière généraliste, les efforts déployés par l’université pour la valorisation de son patrimoine immobilier, mais également dans ses efforts et investissements en terme d’innovations scientifiques pluridisciplinaires. Dans le cadre de la diversité de formation dans les secteurs du patrimoine nous trouvons chez AMU le master de Gestion des territoires et développement local qui se rapproche le plus du master gestion locale du patrimoine culturel évoqué précédemment. Autrement de nombreux diplômes sont proposés dans le domaine de la culture et ceux-là au pôle ALLSH majoritairement, comme partout ailleurs en France au travers des diplômes en histoire, géographie, histoire de l’art entre autres.20
Cette présentation générale de ce qui constitue le patrimoine universitaire va nous permettre à présent de questionner plus avant les structures encadrant sa construction et son développement. Convenons du fait que les limites floues sont synchroniques et diachroniques. Elles englobent différentes formes du patrimoine : social, historique, scientifique, culturel, matériel et immatériel. Ces différents éléments composent le patrimoine universitaire. Nous allons donc à présent observer ce qui le structure, voire le conforme, au plan national et international.

Cadre national et international

Afin d’assurer la préservation des patrimoines universitaires et leur développement, les institutions gouvernementales et européennes mettent en place des systèmes de subvention et d’appel à projets. Ces cadrages législatifs et financiers promeuvent les initiatives universitaires dans la mise en valeur de leur patrimoine et le développement de celui-ci. Loin de devoir faire renier aux structures leur histoire, cela les incite à en faire un atout et dans le même temps à développer leur structure d’accueil, leur offre de formation et leurs projets de recherches et de développement. Au plan national, la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) du 1er août 2001 conduit à une responsabilisation des universités de France, demande une transparence et une optimisation de la gestion budgétaire. Une plus grande performance en terme de gestion des ressources est imposée. Toutes les infrastructures d’accueil et pôles d’enseignement ont besoin de fonds pour fonctionner. Cette gestion patrimoniale au sens fiduciaire est donc constitutive du patrimoine immatériel des universités. Ces principales actions sont de formuler des politiques ministérielles qui viennent accompagner les développements des universités de France ainsi que leur patrimoine. Ceci se faisant en structurant les budgets, missions, programmes et actions tout en déterminant le coût, tout en identifiant les indicateurs de résultats fiables afin de pouvoir mesurer les avancées induites par cette nouvelle gestion.30 Cette loi est appuyée en 2007 par la Loi de Responsabilité des Universités (LRU). Celle-ci est complétée par le décret financier RCE en 2008. « La grande particularité de cette réforme est qu’elle revêt, comme la LOLF, une nouvelle dimension par rapport au régime précédent : d’un cadre strictement financier, on passe à un cadre de gestion global, dépassant la finance pour aborder le pilotage, la performance, la gestion des emplois. Par rapport au régime actuel, ce décret se caractérise par un équilibre – souhaité – entre les nouveaux assouplissements visant à promouvoir la liberté des établissements (liberté des universités) et les nouvelles mesures visant à préserver l’intérêt général (responsabilité des universités) le cas échéant. »31 En somme plus de libertés donc plus de responsabilités pour l’université, car cette mesure inclut la dévolution du patrimoine immobilier.
Campus, appel à projets lancé en février 2008, il visait à requalifier et à dynamiser plusieurs campus universitaires grâce à des efforts de financement.
La GBPC 32adoptée en 2012 propose trois axes de comptabilité (budgétaire, générale et analytique). L’Image du patrimoine est alors gérée par l’axe de comptabilité générale avec la situation financière de l’établissement. La mise en valeur du patrimoine au sens de la valorisation de son image est un point d’intérêt majeur dans la gestion de l’université. Les principes budgétaires d’équilibre et de soutenabilité engagent toutefois l’université à ne négliger aucun de ses secteurs. On placera la valorisation du patrimoine en premier lieu dans le budget par nature puisqu’il s’agit d’investissement dans des actions de valorisation. De même importance, le budget de destination, bénéficiera des mêmes investissements alors alloués à la réfaction des locaux, l’investissement dans des services et matériels de communication, celui-ci est le reflet des missions et activités de l’organisme. Le budget de gestion est le même que le budget par nature, mais leur ventilation diffère. Lorsque le budget global annuel est voté, il peut y avoir des autorisations pour recruter des conférenciers ponctuels par exemple, mais cela n’en garantit pas la faisabilité financière. Les actions de valorisations culturelles sont donc par principe autorisées, mais leur validation dépend de la possibilité de les financer. Enfin depuis 2013 la loi relative à l’enseignement supérieur et à la recherche (ESR) prévoit que par le biais du conseil académique la commission de la recherche ainsi que la commission de la formation et de la vie universitaire aient voix au chapitre en matière de vote de répartition budgétaire. Le plan de compte unique instauré depuis 2016, impose que l’université fonctionne avec un budget unique l’obligeant elle-même à voter en amont les répartitions budgétaires. La réglementation financière est régie par des notions fondamentales. Elles sont encadrées, en tant que missions des universités, par l’article L123-3 du code de l’éducation qui induit donc la visée des allocations budgétaires à la formation, à la recherche, à l’orientation et l’insertion, à la coopération internationale et à la diffusion de la culture. Ce sont ces deux derniers points qui vont donc constituer la valorisation du patrimoine immatériel universitaire. La formation et la recherche produisant la matière initiale de ce patrimoine, ces biais sont essentiels pour le porter au rang de patrimoine.
Au niveau européen nous relevons le programme de financement Horizon 2020 qui est le programme de financement de la recherche et de l’innovation de l’Union européenne pour la période 2014-2020. Il succède au 7ème programme-cadre de recherche et développement technologique (P.C.R.D.T.). Il regroupe le programme-cadre de recherche et développement technologique (7e P.C.R.D.T.), Euratom, le programme-cadre pour la compétitivité et l’innovation (C.I.P.), ainsi que l’Institut européen d’innovation et de technologie (I.E.T.). L’Union européenne finance ainsi des projets interdisciplinaires, s’inscrivant dans la volonté de répondre aux défis économiques et sociaux. Axés sur la chaîne de l’innovation, depuis l’idée jusqu’au marché, il accompagne le soutien à la commercialisation des résultats de la recherche et à la créativité des entreprises. Le projet sur 7 ans d’Horizon 2020 a été doté de 79 milliards d’euros afin de soutenir les travaux des acteurs de la recherche et de l’innovation (organismes, établissements d’enseignement supérieur et de recherche, entreprises…) axés sur trois priorités : l’excellence scientifique, la primauté industrielle et les défis sociétaux. Le but étant de soutenir les universités afin que celles-ci permettent d’asseoir une position européenne de compétitivité et d’innovation sur le marché mondial. Il s’agit donc d’investissement dans les universités, d’une valorisation afin d’aboutir à un retour sur investissement. En terme économique, ce programme à la spécificité de regrouper à lui seul les financements en matière de recherche et d’innovation en y permettant un accès. L’influence internationale et européenne est présente dans le domaine de la recherche en France. Avec les Initiatives d’Excellences, engagées par la loi de finances rectificative du 9 mars 2010, les investissements d’avenir (« PIA ») engagent 7,7 G€. Ce qui en fait l’action financière la plus importante de toutes. Les Initiatives d’excellence sont sélectionnées par un jury international après un appel à projets. Cette méthode avait déjà été utilisée pour le Plan campus en 2008. C’est donc en 2011 que dix-sept projets sont déposés. Les trois premiers lauréats connus en juillet de la même année furent : Bordeaux 1, Strasbourg et Paris Sciences Lettres. En février 2012, François Fillon annonça cinq initiatives supplémentaires retenues : Sorbonne universités, Sorbonne Paris Cité, Saclay, Aix-Marseille et Toulouse. Les dotations totales s’élevèrent alors à 6,35 G€ au lieu des 7,7 G€ initialement annoncés,33 en raison d’un redéploiement des fonds sur les Labex34 (inclus ou non dans les Idex) et les Idefi (Initiative d’excellence en formations innovantes).

La matière du savoir, BU et open source

Les archives, les inventaires, les thèses, les articles… la liste des documents constituant le patrimoine universitaire, historique et scientifique, est longue. Ce patrimoine inclut la grande diversité des collections universitaires. Nous évoquions la nature des objets constituant ce patrimoine, qu’ils soient matériels ou non, leurs utilisations et utilisateurs divergent. Les questions relatives à la conservation, l’entretien, la protection, l’archivage de ces objets, quelle que soit leur nature, impactent le budget universitaire. Ces nombreuses « collections » des universités sont tantôt considérées comme une source de richesse tantôt comme ingérables et encombrantes. Mais une tendance de fond depuis une vingtaine d’années tend à vouloir démontrer la pertinence de ces objets41 en terme de recherche scientifique, de pédagogie, ou bien de vulgarisation scientifique. En trame de fond, pour guider cette volonté de promotion du patrimoine universitaire, des directives et lois accompagnent la gouvernance des universités françaises (LRU, PRES, Campus France)42. Ces impulsions permettent à de nombreuses universités de s’invertir dans une politique culturelle et patrimoniale.43 La question de la dématérialisation vient alors accompagner inexorablement le traitement des archives et autres documents bibliographiques et patrimoniaux. La question de l’accessibilité à ces documents dématérialisés se pose alors. Nous le traiterons en premier lieu. Pouvoir partager et diffuser les connaissances en facilitant l’accès aux données et une problématique contemporaine des réglementations et directives sont mises en places. Elles feront l’objet du second mouvement de cette présentation des supports et ressources de connaissances. Ces questionnements allant de pair avec les BU et Open source nous observerons ce qu’il en est pour AMU qui se propose comme partie prenante de cette volonté de partage gratuit des données.

Répertorier et donner accès aux ressources, la dématérialisation

Des unités muséales et universitaires d’Europe et de France se soucient de la conservation des patrimoines culturels et universitaires, de leur référencement et de leur mise en valeur. L’accès et la numérisation des ressources, des collections, des archives : « formation pour le catalogage et la valorisation du patrimoine culturel italien à travers les nouvelles technologies numériques standardisées »44 est notamment traitée dans un document produit suite la conférence du CIDOC.45 Depuis les vingt dernières années, les instances se mobilisent pour apporter un accompagnement par le biais de formations et cadres aux personnels évoluant dans les milieux de préservation patrimoniale. Le réseau européen des musées, UNIVERSEUM soutient cette réflexion qui nous est présentée régulièrement par le biais de la lettre de l’OCIM. La réflexion est poussée dans l’analyse de la diversité des questionnements autour des collections universitaires qui en constituent le patrimoine. Elle révèle ainsi la complexité des cas de figure et les difficultés à les légiférer, réglementer, sélectionner, préserver, valoriser. L’étude de cas ne prétend pas à l’exhaustivité dans ces cadres, mais à la présentation d’exemple concret pouvant permettre de sensibiliser aux différentes situations et d’en tirer les enseignements nécessaires à une forme d’épistémologie en matière de préservation patrimoniale dans le milieu universitaire. Cette démarche est réalisée dans le but d’inscrire les démarches patrimoniales dans des politiques pérennes afin de pouvoir en garantir la préservation.46 La volonté de donner l’accès illimité aux ressources numérisées vient s’y ajouter. Cela permet une dématérialisation des objets patrimoniaux tels que livres et archives notamment, ou encore de répertorier les collections. Ceci dans le but de généraliser les données au sens de la mise en commun des répertoires et de l’accès à ces référentiels par tous. Ainsi un réseau peut se constituer et permettre si ce n’est l’accès direct en ligne au document, la possibilité de les localiser et de faire des demandes de consultation de manière plus aisée. De plus cette dématérialisation permet de préserver à moindres frais les ressources en questions et de simplifier leur gestion.

Lois et directives concernant l’accès aux ressources dématérialisées

Au niveau national et international, différentes initiatives et directives impulsent l’accès aux ressources et aux données en ligne. La numérisation des catalogues, archives, thèses, articles… est largement encouragée. Des encadrements sont proposés et viennent impulser ces démarches. C’est le cas notamment du H2020 et de ses trois missions que sont l’excellence scientifique, la primauté industrielle et les défis sociétaux. En somme il s’agit de promouvoir la recherche fondamentale par des biais collaboratifs et à visées d’ouvertures afin de se placer en première ligne des nouveaux challenges et ceci en s’appuyant donc sur des ressources solides dont l’accès se trouve facilité. Ce point est primordial pour soutenir la volonté de doter l’Europe d’infrastructures de recherche d’envergure mondiale accessibles à tous les chercheurs d’Europe et d’ailleurs. L’on retrouve les principes universitaires de mobilité, d’interdisciplinarité, d’échange et de partenariat public et privé. La réflexion autour de l’ouverture des accès aux informations devient un incontournable dans cette course à l’information et à l’innovation. L’UNESCO accompagne les démarches en ce sens en publiant les principes directeurs pour le développement et la promotion du libre accès.47 Ce document est strictement à visée consultative. Il s’agit de conseils concernant les habitudes de partage et diffusion du savoir qu’il serait judicieux d’adopter afin de promouvoir la connaissance et l’égalité d’accès au savoir. L’impact positif recherché serait la stimulation de l’innovation du fait du dialogue interculturel instauré par la mise en commun de leurs travaux. Il ne s’agit pas d’une prescription législative qui entendrait normaliser cette mise en accès libre, mais amener à une diffusion de la recherche pour une garantie de liberté, de flexibilité et d’équité. Rappelons que les deux priorités globales de l’UNESCO sont l’Afrique et l’égalité entre les sexes. La double casquette de laboratoire d’idée et d’organisme normatif à l’échelle internationale permet d’instaurer des accords universels relatifs aux enjeux éthiques nouveaux, ceci en élaborant des normes d’accès et de traitement de l’information. Nous noterons que le libre accès est divisé en deux modes de construction par les chercheurs. D’une part la « voie dorée » qui entend regrouper les revues en libre accès et son pendant, d’autre part la « voie verte » qui fait de même avec les archives ouvertes et les dépôts. Cette dernière inciterait à l’auto-archivage, mais risquerait de réduire le droit des auteurs de publier là où ils le souhaitent ce qui conduit à encourager plus aisément le libre accès doré. À cet accès libre s’adjoignent les concepts de REL Ressources éducatives libres, Science ouverte, innovation ouverte et Open Data (données ouvertes). Le développement de ces concepts, idéalement basés sur la gratuité, génère tout de même de nouveaux systèmes économiques (autour des frais de traitements des travaux à publier notamment ou bien par les revues par le biais d’abonnement). La question des droits d’auteur se pose alors autour des questions de détention des droits, de l’exclusivité et pour combien de temps. Se pose également la question de l’application concrète de la politique du libre et dans quelle mesure. La sensibilisation à l’importance du libre accès permet une diffusion plus large des savoirs, mais les sanctions sont parfois nécessaires pour faire appliquer les consignes édictées à l’international comme au niveau national. L’UNESCO veut conduire au développement du libre accès à l’information et aux travaux de recherche scientifique par le biais d’un essor de la communication et à l’information scientifique. Ceci en promouvant la définition du libre accès par le biais d’exemples d’initiatives tels qu’à Budapest ou Berlin pour une définition précise du contour du libre accès afin de guider les scientifiques et les sites dans cette démarche. La précision est faite sur les contenus concernés par le libre accès, on généralisera le plus souvent ces contenus sous la catégorie de « littérature savante évaluée par les pairs ».48 Le libre accès permettrait un système optimal de communication de l’information scientifique, par le biais « d’une base de données accessible à tous et répondant pleinement aux exigences en matière de connectivité, d’interopérabilité et d’exploitabilité. » Ces moyens ouvrent la voie à une conservation de la masse croissante d’informations tout en les rendant disponibles en libre accès à long terme. Cependant outre la formation des personnels universitaires et du patrimoine aux systèmes de numérisation et de classement des données, la problématique de l’acceptation et l’utilisation de la littérature en libre accès exigent de nouveaux services qui répondent aux besoins des scientifiques et des gestionnaires de la recherche. Des définitions opérationnelles et éprouvées du libre accès existent et aident à établir les politiques qui y sont relatives.
« Les articles publiés dans des revues (y compris les actes de conférences validés par les pairs) étaient initialement le principal type d’information visé par le libre accès, mais les mémoires de master et les thèses de doctorat pourraient utilement s’y ajouter, et le concept est en voie d’être étendu aux données issues de la recherche et aux livres. »49 Nous sommes donc amenées à faire remarquer que l’université construit son patrimoine immatériel non pas seulement par ses enseignant.e.s-chercheurs et employé.e.s mais également par ses étudiants. Une part croissante de la construction du PCI universitaire leur revient alors par le biais de leurs recherches et productions, mais aussi par les associations étudiantes nombreuses et actives.

Le patrimoine immatériel universitaire, une construction identitaire

Selon le philosophe américain, Nelson Goodman, le monde peut s’appréhender comme un ensemble de mots et de symboles. Le monde n’est pas une juxtaposition d’objets fixes, mais plutôt un ensemble labile. Celui-ci est alors considéré comme étant en perpétuelle reconstruction au gré de la culture et de l’histoire des humains. L’ensemble est en partie conceptualisé par les philosophes, les scientifiques et les artistes qui en proposent différentes versions. Ils adaptent le dispositif patrimonial à des arts, objets, images « autographiques » et cependant se heurtent à la difficulté d’intégrer des pratiques en situation type dont la performance contextualisée et éphémère est gage d’authenticité. Goodman désigne cela par « l’allographie » (Goodman 1990 [1968]). Ces contradictions naissent de la nature même de la construction du patrimoine immatériel en tant que construction identitaire. Phénomène récurent et commun à toutes les sociétés humaines, nous discuterons de la construction identitaire telle que présentée par Anne Marie Thiesse et Eric Hobsbawn. Puis nous observerons ce qui constitue cette identité au plan sociétal et enfin nous retrouverons ces éléments à Aix-Marseille Université.

Construction identitaire, un phénomène récurrent dans les sociétés humaines

La construction identitaire apparaît comme une nécessité ou tout du moins un réflexe, dans les différentes communautés humaines. Elle traverse les époques et souvent le remaniement des modes. Le besoin de se légitimer, de légitimer son patrimoine relève d’une volonté omniprésente dans les milieux de savoir, de même que dans d’autres communautés. L’invention de la tradition de Hobsbawm Eric et Ranger Terence, ainsi que la construction de l’identité nationale d’Anne Marie Thiesse nous révèlent l’ampleur des mécanismes influençant la composition et la construction identitaire d’une entité.
Pour comprendre le patrimoine universitaire, sa création et sa mise en forme il faut partir du principe qu’il est construit en tant qu’objet de savoir, de trace et mise en lumière des valeurs et connaissances d’une université. La construction identitaire universitaire passe par son patrimoine. Berger et Luckmann pensaient déjà la contextualisation comme une nécessité sociale et donc une création par les individus au début des années 70, idées portées par l’ouvrage « la construction de la réalité sociale ».57 Anne Marie Thiesse étaye le relativisme constructif en axant sa réflexion sur la construction de l’identité nationale. Nous faisons ici le parallèle évident avec la construction de l’identité universitaire qui est produite par un état, un gouvernement et l’ensemble des individus qui éprouvent un sentiment d’appartenance à cet ensemble, qui y prennent part. Le façonnement de cette identité collective sollicite non seulement la création de l’identité, mais également la stimulation du sentiment d’appartenance. Voyons comment une identité globalisante et fédératrice se construit puis nous aborderons la question de la construction identitaire universitaire et donc le lien entre les acteurs de l’université et l’université dans son existence matérielle. L’on part d’une entité abstraite, la nation, qui s’est progressivement incarnée concrètement consécutivement à diverses stratégies géopolitiques des états européens. On relève une construction de l’interne par l’intervention de pouvoirs en partie externe. De ce long processus de construction collective adjoignant réalité théorique, état, patrie, identité, émerge une conscience commune inédite, une conscience nationale, à travers une dynamique de patrimonialisation. Inédite, car dorénavant cette identité est transnationale. Ce phénomène résulte de mécanisme commun à toute l’Europe, qui est l’un des éléments de pouvoir qui influe toujours dans le développement et la prise de mesure de notre pays comme nous l’avons constaté au chapitre précédent avec la lettre de l’OCIM par exemple. Ainsi, au sens d’Anne-Marie Thiesse, une architecture identitaire se compose de mécanismes d’identification des ancêtres puis de folklore. Ces deux permettent alors d’établir une liste des éléments identitaires, qui sera généralisée et diffusée, conduisant à une culture de masse.58 Le processus concerne la France et l’Europe et nous pouvons le transposer à l’échelle du micro avec l’exemple de la fac de droit d’Aix-en-Provence. Les ancêtres sont mis en valeur et commémorés, leurs noms sont donnés aux amphithéâtres pour ceux qui ont le plus marqué l’histoire de la faculté. Nous retrouvons un exemple parfait de cette mise en exergue du patrimoine universitaire immatériel, mémoriel, au travers du mémorial de la faculté de droit et de science politique d’Aix-Marseille conçu et édité à l’occasion du sixième centenaire de sa fondation.59 Cet ouvrage auquel les personnages emblématiques de l’université ont contribué retrace l’histoire et atteste de l’ancienneté de l’université de droit. Il rassemble en une forme de recueil les grands noms du passé qui ont fait la renommée de l’établissement et le retranscrit par la main des grands noms du présent. L’introduction est signée par La Maire d’Aix-en-Provence. Sont établis les rappels des valeurs et rôles de l’université. La vocation humaniste et universaliste la rendant indispensable aux rouages de la république. République qui apporta de nombreuses réformes à cette faculté qui sût s’adapter aux transitions et aux difficultés. On nous montre ainsi que le patrimoine et l’identité sont immatériels et puissants, ce sont les femmes et les hommes, des enseignants et des dirigeants de l’université de droit d’Aix-en-Provence qui ont, par leur ouverture, leur réactivité et leur capacité d’adaptation, inscrit le patrimoine universitaire dans la pérennisation. Rappelons qu’au moment de la parution de ce résumé de patrimoine immatériel, la fac de droit d’Aix-en-Provence s’apprêtait à fusionner avec les pôles de lettres et de sciences de l’université de Provence. La réunion a eu lieu en 2012. À compter de cette année, les facultés du secteur Aix-Marseille sont devenues une seule et même université : AMU. C’est un rappel immuable avant fusion de l’apport patrimonial de l’entité de la Faculté de droit à l’ensemble auquel elle s’unit. « Le nombre et la haute qualité des contributions rassemblées dans cet ouvrage attestent de la richesse intellectuelle et scientifique de notre établissement, mais aussi de son dynamisme et de sa volonté d’ancrer l’avenir dans un passé et un patrimoine commun. »60Il est intéressant de souligner que cet ouvrage permet une mise en abîme du patrimoine immatériel universitaire qu’il retrace, car il devient lui aussi un élément de mémoire et du patrimoine, regroupant l’effort collectif autour de la mise en valeur de ce patrimoine. L’édition fut distribuée à de nombreux personnels de l’université et dans les bibliothèques. Sa version pdf est également disponible en ligne. Nous le retrouvons sur le site de la bibliothèque universitaire. Nous mentionnons les archives comme éléments constitutifs du patrimoine dans la première partie. Ici nous les désignons comme acteurs réalisant la mise en valeur du patrimoine, les sites des bibliothèques universitaires. À l’intérieur de notre ENT se trouve l’onglet BU. Cet onglet accessible à tous les personnels et étudiants, permet d’accéder aux services de BU, mais également aux archives de notre université. Ceci par le biais de la bibliothèque patrimoniale Odyssée qui regroupe les archives et documents scannés remontant à la création des facultés d’Aix. Une subdivision en différentes catégories permet de les rattacher aux différents pôles qui composent l’université d’aujourd’hui. Comme proposé par l’ouvrage étudié, la référence à son passé propre est la condition sinequanone pour soutenir la construction identitaire et, ici la construction identitaire du patrimoine universitaire.

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Table des matières

I. Qu’est-ce que le patrimoine universitaire ?
I.1. Contextualisation et définition du patrimoine immatériel universitaire
I.1.1. Contexte historique, une rapide histoire de sa définition, de ce qu’il désigne
I.1.2. Cadre et définition sociétale, la formation et les emplois du patrimoine
I.1.3. Ingrédients historiques et sociétaux que l’on retrouve à AMU
I.2. Contraintes financière et législative
I.2.1. Problématiques et contraintes générales
I.2.2. Cadre national et international
I.2.3. Cadre d’Aix-Marseille université
I.3. La matière du savoir, BU et open source
I.3.1. Répertorier et donner accès aux ressources, la dématérialisation
I.3.2. Lois et directives concernant l’accès aux ressources dématérialisées
I.3.3. AMU est la valorisation des ressources dématérialisées
II. Qui fait le patrimoine universitaire ?
II.1. Le patrimoine immatériel universitaire, une construction identitaire
II.1.1. Construction identitaire, un phénomène récurrent dans les sociétés humaines
II.1.2. La constitution sociétale du patrimoine
II.1.3. AMU : les ingrédients de sa construction identitaire
II.2. Cadres institutionnels et législatifs de la construction identitaire
II.2.1. Cadre européen et international
II.2.2. Cadre national
II.2.3. Cadre AMU
II.3 La matière du savoir, la substance immatérielle
II.3.1. L’organisation de cette substance immatérielle grâce aux laboratoires, instituts et pôle universitaire en France.
II.3.2. Amidex et les composantes AMU
II.3.3. Zoom sur ALLSH
III. Pour quel public est conçu le patrimoine universitaire, quels sont ses moyens de communiquer sur lui-même et pour quels publics ?
III.1. Une image à promouvoir auprès de quel public ?
III.1.1. Public externe et hors AMU
III.1.2. Interne à AMU, la communication aux étudiants
III.1.3. Interne à AMU, la communication aux personnels
III.2. Moyens, contraintes et cadre de diffusion de la communication chez AMU
III.2.1. La DirCOM
III.2.2. Direction de la Recherche et de la Valorisation
III.2.3. Les presses universitaires et le pôle « service d’impression »
III.3. Les vitrines du patrimoine universitaire
III.3.1. Tour d’horizon des vitrines patrimoniales de renom
III.3.2. Les vitrines patrimoniales AMU à Marseille
III.3.3. Les vitrines patrimoniales AMU à Aix-en-Provence
Conclusion
Bibliographie

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