Construction de l’identité et de la personnalité

Construction de l’identité et de la personnalité

Construction de l’identité et de la personnalité

Il n’est, à notre sens, pas de meilleure introduction à ce chapitre que celle que proposent Cloutier et Drapeau (2008, p. 152) : « l’adolescence pose aux jeunes le défi de répondre de façon satisfaisante à la question centrale concernant la définition des frontières personnelles : « qui suis-je ? » ». Cette question se pose tout au long de la vie, mais c’est bien durant la période adolescente qu’elle se manifeste le plus sensiblement. Y répondre permet d’affirmer qu’« un statut identitaire achevé est associé à un bien-être2 élevé qui se traduit par une bonne estime de soi » (Cloutier et Drapeau, 2008, p. 154). A contrario, les jeunes qui, pour diverses raisons, ne parviennent pas à se reconnaître dans ce qu’ils sont, vivent « une confusion identitaire. Ne sachant pas définir leurs propres frontières, leur rôle social, ils sont incapables de s’engager de façon durable, de s’investir dans une continuité » (Cloutier et Drapeau, 2008, p. 155).

Sigmund Freud : Selon Freud, le développement psychique s’opère par interaction entre le monde intérieur et extérieur, « l’appareil psychique se construit progressivement au cours de l’enfance, au fil des interactions qui se tissent avec l’entourage familial » (Jeammet et Bochereau, 2007, p. 89). Durant les premières années de vie, le rôle des parents est de soutenir la construction psychique ; le temps de l’adolescence est celui de l’autonomisation, où le jeune peut s’approprier et parfaire son fonctionnement en s’émancipant du noyau familial. L’organisation psychique d’un individu est influencée en grande partie par l’inconscient dans lequel différentes instances se côtoient : « le Ça, le Surmoi et le Moi ». Le « Ça » représente la partie pulsionnelle, celle du plaisir immédiat qui est très présente à l’adolescence. Il semble dire « ne te prive pas, fais-toi plaisir ». Pour Freud, la pulsion libidinale représente le moteur du développement psychologique et se manifeste principalement par la pulsion sexuelle. Les pulsions sont source d’énergie et sont composées de deux pôles : la pulsion de vie (bâtir, procréer, lier, etc.) et la pulsion de mort (cherche à réduire les tensions, force intérieure agissant à l’autodestruction) qui s’affrontent sans discontinuité. L’adolescence est une période particulière durant laquelle les pulsions font subir à l’appareil psychique de nombreux assauts (sexualité, exaltation, etc.).

Selon Melo (2006, p. 270) : « L’adolescence correspond donc à une exigence de « travail psychique » inhérente au développement de tout être humain. […] On voit bien, en effet à l’oeuvre, avec une acuité particulière, ce qui pour Freud définit la pulsion, à savoir cette exigence de travail demandée à la psyché en raison de sa liaison au somatique. » Le « Surmoi » symbolise le sens moral inculqué par la famille ou la société. Il évolue au cours de la vie ; son but est de forcer au renoncement des pulsions. Cette entité psychique très malléable se développe très fortement durant la période de l’adolescence, cela correspond au fait que le jeune édifie son système de valeurs et de normes, notamment au travers d’essais de nombreux rôles sociaux. La réussite ou l’échec de ces conduites lui permettent d’accroître ses compétences. Le « Moi » agit comme médiateur entre ces deux premières instances et « assure l’adaptation de la personne à la réalité intérieure ; il régit les fonctions mentales telles que les raisonnements, la mémoire et le jugement » (Cloutier et Drapeau, 2008, p. 20). L’individu est attiré par ses pulsions qu’il souhaite assouvir, le rôle du « Moi » est de les refouler lorsque la pesée d’intérêts qu’il effectue est en leur défaveur. Le « Moi », pour faire face, utilise des mécanismes de défense ; ces façons automatiques et inconscientes de répondre à une tension protègent la personne de tout débordement pouvant mettre en danger la structure mentale établie. Il s’agit en quelque sorte de fusibles qui sautent lorsque la tension est trop élevée afin de sauver le réseau.

L’équilibre entre ces différentes forces fait office d’architecte du développement psychologique : une bonne harmonie l’influence positivement, cependant un mauvais équilibre et des déviances ou des psychopathologies peuvent apparaître. Freud décrit également cinq stades dans le développement psychique : le stade génital concernant l’adolescence verrait notamment ressurgir le complexe d’OEdipe, celui-ci désinvestirait alors la figure paternelle, déplaçant les fantasmes et les pulsions sexuelles parmi ses propres pairs.

Erik Erikson : C’est Erik Erikson qui incorpore le facteur environnemental au développement identitaire. Il tente de dépasser la théorie freudienne, sans pour autant s’y opposer. Là où son homologue se contente d’étudier les mécanismes psychologiques internes, Erikson, par son approche dite « psychosociale », postule que le développement résulte des conséquences de l’interaction du système subjectif (psychique, physiologique, biologique) et externe (social, culturel). Le développement s’effectuerait par l’interaction de l’individu en tant qu’unité singulière et intrapsychique au contact de son environnement, ces deux dimensions étant indissociables l’une de l’autre. L’adolescence constitue « un moratoire psychosocial : une période où l’individu est à la recherche d’idéaux lui permettant de trouver une cohérence interne – une identité – autour d’un ensemble unifié de valeurs » (Cohen-Scali et Guichard, 2008, p. 5).

Pour Erikson, le développement se subdivise en huit stades : « chaque stade se caractérise par des conflits et des tensions que la personne doit surmonter en s’adaptant aux exigences du milieu tout en préservant son identité » (Cloutier et Drapeau, 2008, p. 23). Le défi est donc de concilier cette subjectivité et les exigences de l’environnement, d’où la tension. À chaque stade correspond un défi qu’il s’agit de surmonter en s’y adaptant. Pour y parvenir, les ressources et les compétences du sujet sont mobilisées, ce qui les stimule, activant ainsi leur croissance. Le développement est généré par cette croissance et permet de progresser d’un stade à l’autre. Néanmoins, une mauvaise résolution d’un défi aura un impact négatif et pourra engendrer des troubles du développement et d’éventuelles psychopathologies.

Durant les quatre premiers stades, le nourrisson, puis l’enfant, développe des compétences de base permettant d’atteindre l’adolescence dans de bonnes ou de mauvaises conditions. Chaque étape de la vie est donc déterminante pour la suivante ; on récolte en quelque sorte ce que l’on sème. L’adolescence représenterait une période d’intégration et d’amplification des apprentissages vécus aux stades précédents. L’adolescent aurait ainsi des propensions déjà bien définies à la puberté en fonction de son vécu. L’enjeu de l’adolescence est bien de répondre à l’impératif de son stade de développement, à savoir la construction d’une identité personnelle et sociale à partir de questions existentielles : « Qui suis-je ? D’où est-ce que je viens ? Où vaisje ? » (Cloutier et Drapeau, 2008, p. 25). Comment répondre à ces questions ? Une fois de plus, il nous semble important de différencier la notion individuelle de l’identité et celle qui lui donne sens au travers du lien social. Il ne s’agit pas de les mettre en opposition, mais de les envisager comme complémentaires. Pour exister, il est nécessaire d’être reconnu par le groupe social auquel on appartient. D’une part l’individu doit se démarquer de ses congénères par ses caractéristiques propres3, d’autre part ces mêmes caractéristiques doivent correspondre à un certain nombre de critères définis par les frontières plus ou moins contraignantes de la normalité.

Cette notion de norme sociale est importante, car elle définit en quelque sorte ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas. De ce fait, elle exerce une pression sur la construction identitaire d’une personne en lui donnant un cadre. L’identité a donc cette double connotation d’individualité assujettie à l’influence environnementale de laquelle elle ne peut se départir ; elle est à la fois porteuse de différentiation et de conformisme. En voici une illustration : « Entre autonomie individuelle et normativité collective, il y a, bien sûr, un rapport que l’on peut estimer et, d’une certaine manière, mesurer, selon que l’autonomie individuelle se réalise aux dépens de la normativité collective, selon la proposition inverse, la normativité collective se réalise aux dépens des autonomies individuelles, ou que les deux connaissent une croissance équivalente et parallèle. Elles sont logiquement dépendantes l’une de l’autre. » (Ramognino, 2007, p. 17) Chaque environnement4 dans lequel évolue l’individu possède ses propres codes, normes et valeurs.

L’enjeu est avant tout de se reconnaître en cela et d’y trouver du sens. Mais il faut également être en mesure d’interagir de manière cohérente avec ces environnements en adoptant une posture adéquate pour chacun. Le groupe et l’individu sont interdépendants ; les relations qu’ils tissent leur permettent de se confondre, de s’identifier, de se différencier, d’exister tout simplement : « Ainsi, l’identité se construit comme un patchwork par l’insertion dans ces sphères […]. Pour développer sa « lisibilité » pour les autres et, en même temps, son sens d’une cohérence personnelle, l’individu est obligé à un travail narratif individualisé : développer un récit de soi compréhensible par les autres. » (Kraus, cité par Cohen-Scali et Guichard, 2008, p. 16)

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Table des matières

1.Introduction
1.1. Choix de la thématique et liens avec le travail social
1.2. Motivations personnelles
1.3. Motivations professionnelles
1.4. Question et objectifs de recherche
2. Cadre théorique
2.1. Adolescence
2.1.1. Perspectives théoriques
2.1.2. Construction de l’identité et de la personnalité
2.1.3. Adolescence : synthèse
2.2. Difficultés adolescentes : de la norme à la marge
2.2.1. Conduites adolescentes
2.2.2. Conduites à risque
2.2.3. Rupture et déviance
2.2.4. Difficultés adolescentes : synthèse
2.3. Séjour de rupture
2.3.1. Définition du concept
2.3.2. Origines et historique
2.3.3. Diversité des séjours de rupture
2.3.4. Buts visés
2.3.5. Facteurs de réussite
2.4. Définition de l’outil éducatif
2.4.1. Séjour de rupture comme outil éducatif
2.4.2. Apprentissage par l’expérience
2.4.3. Double notion de rupture
2.4.4. Rôle de l’éducateur social et relation éducative
2.5. Séjour de rupture : synthèse
3. Méthodologie
3.1. Question de recherche
3.2. Hypothèses
3.3. Terrain d’enquête
3.4. Professionnels et échantillon
3.5. Méthode de recueil de données
3.6. Aspects éthiques et risques liés à la démarche
4. Résultats et analyse des données
4.1. Démarche et principes d’analyse
4.1.1. Forme et déroulement des entretiens
4.1.2. Retranscription des entretiens et grille d’analyse
4.1.3. Données générales sur l’échantillon
4.2. Analyse des données
4.2.1. Préparation centrée sur le jeune
4.2.2. Participation active du jeune à la préparation
5. Bilan de la recherche
5.1. Vérification des hypothèses
5.2. Autocritique
5.3. Limites et enjeux de la recherche et de l’analyse
5.4. Apports professionnels et personnels
Références
Annexes

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