Construction de l’enseignement

Construction de l’enseignement

Le travail que vous êtes sur le point de lire est le résultat d’une recherche menée auprès les enseignants de musique au cycle 2, dans le canton de Vaud. La culture musicale de l’enseignant est donc le fil rouge de ce mémoire. Tout au long de cette étude, nous nous basons sur les données recueillies pour faire des liens avec les concepts d’enculturation et de gestion de classe. Nous cherchons également à comprendre l’impact qu’ont ces concepts sur la motivation des enseignants.

Raison du choix, motivation

Nous avons choisi d’aborder un sujet qui traite de la musique, car c’est un milieu dans lequel nous sommes l’un comme l’autre, relativement investis. En effet, que ce soit à travers le solfège et le conservatoire ou l’apprentissage autodidacte, à travers l’abandon d’un instrument ou au contraire la persévérance et le perfectionnement de ce dernier, nous avons tous deux emprunté des chemins musicaux très différents. Néanmoins, c’est cette même musique qui nous a rapprochés et qui sert de ciment, véritable fondement de notre amitié. En effet, notre goût pour les musiques Hard Rock et Heavy Metal a dans un premier temps permis de nous rencontrer, de nous rapprocher, puis d’évoluer côte à côte à travers nos parcours respectifs, du gymnase jusqu’à la HEP de Lausanne.

Nos intérêts communs pour ces styles musicaux ainsi que pour l’enseignement, métier que nous souhaitons exercer plus tard, nous ont poussés à nous interroger sur différents points, mêlant l’enseignement de la musique et notre envie de partager notre passion. D’autres observations, nous ont amenés à relever que des connaissances musicales communes entre l’enseignant et ses élèves suscitaient un investissement marqué de la part des deux parties.

Ce travail nous amène à parcourir quelques concepts qui rythment notre recherche. Pour commencer, l’élément fondamental de notre travail est l’acculturation musicale, il nous faudra donc établir une définition de celle-ci en se basant sur des recherches déjà existantes en musicologie ainsi qu’en sociologie afin d’être les plus cohérents et les plus proches possible du sujet. Nous traiterons également d’un sujet clé, les enseignants ou autrement dit, l’enseignement de la musique. En effet, ce concept est central dans l’articulation de notre recherche, car il prend en compte les principaux acteurs concernés, c’est-à-dire le corps enseignant. De plus, le Plan d’Études Romand nous servira de moyen de référence lors de l’analyse de la pratique enseignante. Il semble évident de prendre en compte ces objectifs prescrits, afin de créer des séquences en cohérence avec les attentes du Département Général de l’Enseignement Obligatoire.

Problématique

Notre mémoire s’inscrit dans le domaine de la musique, et plus particulièrement dans le champ de la culture musicale. Notre but à travers ce travail est de mettre en évidence le lien potentiel qui existe entre la culture musicale de l’enseignant et la capacité de celui-ci à gérer une classe en fonction d’un style musical à enseigner. Il existe, à notre connaissance, quelques recherches se rapprochant de notre travail : la thèse de doctorat de F. Maizières, qui concerne le rapport personnel de l’enseignant à la musique, et l’article de G. – A. Schertenleib & M. Giglio, qui aborde l’approche culturelle dans l’éducation musicale en Suisse romande.

Ces deux études nous ont interpelés et nous ont poussé à s’interroger sur notre propre rapport à la musique ainsi que sur notre futur enseignement de la discipline. C’est pourquoi nous avons décidé d’explorer la facette de la culture musicale de l’enseignant à travers la question de recherche suivante : « Comment l’enculturation de l’enseignant de musique influence sa gestion de classe au cycle 2 ? » Dans un premier temps, nous avons émis l’hypothèse que tous les enseignants de musique seraient immanquablement influencés par leur propre culture musicale. Puis, il nous a semblé important de faire une distinction entre les enseignants spécialistes et les maitres généralistes, en supposant que les spécialistes seraient plus à même d’approfondir divers univers musicaux, grâce à leur formation dans la discipline. Les enseignants généralistes, quant à eux, éviteraient de s’aventurer hors des domaines musicaux qu’ils maitrisent. Enfin, nous avons imaginé que les enseignants spécialistes auraient tendance à prendre en compte plus aisément les demandes et apports des élèves lors de leurs cours et intégreraient ces dits contenus à leur enseignement, au contraire des enseignants généralistes, qui comme nous l’avons précisé précédemment, n’auraient pas les connaissances suffisantes pour se sentir à l’aise et exploiter les apports des élèves.

Il nous faut également relever que lors de la formation des enseignants généralistes du cycle 2, les étudiants sont confrontés à un choix d’options qui comprend une formation en didactique de la musique. Par conséquent, les enseignants généralistes sont censés avoir fait le choix d’enseigner la musique et donc de la maîtriser en partie.

Nous sommes conscients que ce choix de formation, plus ou moins pointu, de l’enseignant de musique ne constitue qu’un seul aspect de sa personnalité, mais ce point nous parait essentiel pour cette recherche. Les résultats qui vont en découler ne sont pas figés et restent ouverts à la discussion.

Cadre théorique

Notre cadre théorique est divisé en 4 parties. Nous commencerons par exposer nos conceptions de la culture musicale et de l’identité musicale. Nous définirons ensuite les termes d’acculturation et d’enculturation afin de sélectionner celui dont l’usage sera le plus pertinent dans notre travail. Deuxièmement, nous chercherons à comprendre quelles contraintes se cachent derrière la construction des enseignements de musique. Nous aborderons le passage des Plans d’études Cantonaux à l’actuel Plan d’études Romand, afin d’identifier les changements qui se sont opérés au niveau de la formation à la diversité musicale. Le prochain point sur lequel nous porterons notre attention sera celui de la motivation et des envies de l’enseignant, facteurs principaux influençant sa gestion de classe. Nous utiliserons à nouveau le PER afin de vérifier si les désirs des enseignants sont compatibles avec les prescriptions du département de l’éducation. En dernier lieu, nous nous intéresserons à l’ouverture musicale des enseignants de musique, principalement en lien avec le concept de complexité, autrement dit, l’incapacité d’expliquer.

Culture musicale et identité musicale 

Dans ce travail, nous considérons la culture musicale et l’identité musicale comme semblables et interdépendantes. Selon Campbell (2010), chaque enfant naît dans un monde musical spécifique à sa famille, son environnement, etc. Ce contexte social va façonner petit à petit son identité musicale, en confrontant la culture de sa famille aux différentes influences transmises par ses amis, son entourage et par ce qu’il entend dans les médias. Il s’inspire de la musique qu’il écoute pour créer son identité. Ce processus suit son cours jusqu’à l’âge adulte, il évolue constamment au fil du temps et des interactions sociales de chaque individu.

Le texte rédigé par Aubert (2007) : « Le goût musical, marqueur d’identité et d’altérité » nous apporte un certain nombre de compléments quant à notre définition de la culture musicale. En effet, cet ethnomusicologue parcourt, dans son ouvrage, différentes théories expliquant comment se constitue cette culture chez chaque individu en fonction du groupe social auquel il appartient. La voici telle qu’il la définit : « Toute culture établit de fait un jugement de valeurs sur les autres, qu’elle évalue à partir de ses propres critères. […] En ce qui concerne le domaine musical, le « mien » constitue une catégorie permettant à chacun d’affirmer son identité musicale. […] Elle affiche des choix et des orientations de natures diverses (esthétique, politique, intellectuelle, spirituelle, …), dont les fondements ne sont pas toujours ni conscients, ni directement liés aux contenus musicaux qu’elle intègre. » Dans notre cas, on entend par culture et identité musicale, ce à quoi les enseignants de musique doivent être particulièrement sensible afin de rester objectifs face à chaque élève. Cet auteur cite dans ce texte l’ethnomusicologue John Blacking, qui analyse la répartition du « sens musical » dans différentes sociétés. Il expose un élément pertinent concernant notre perception de la culture musicale : « Ce qui rebute l’un peut fort bien accrocher l’autre, non en raison d’une quelconque qualité absolue de la musique elle-même, mais en raison de ce que la musique en est venue à signifier pour lui, ressortissant d’une culture ou d’un groupe social particulier. » (1980, 41-42) Autrement dit, notre identité musicale correspond au sens que nous donnons à la musique mis en perspective avec nos expériences personnelles vécues. Nous revenons ici sur notre conception de la culture musicale. Elle se développe chez chacun de nous et évolue dans diverses directions, parfois à notre insu. Elle est intimement liée à nos expériences personnelles et à notre univers social. C’est pourquoi il nous semble essentiel d’entreprendre une réflexion introspective concernant notre culture musicale, afin d’éviter de s’enfermer dans des domaines musicaux qui nous sont personnels. Cette démarche permet de prendre de la distance par rapport à ses propres goûts musicaux, qui à la différence de l’identité musicale ne sont pas objectifs, mais relèvent de sa propre appréciation.Cette introspection éviterait d’exclure l’ouverture à la diversité musicale qui est prescrite dans le PER.

Acculturation ou enculturation

Notre travail s’articule essentiellement autour de ces deux concepts qui reprennent à la fois les idées de culture musicale, d’identité musicale et de goûts musicaux. L’utilisation de ces deux termes peut ne pas avoir d’importance dans certains contextes. Hors, dans notre travail, nous nous sommes efforcés d’émettre un choix quant aux sens à accorder à ces deux mots. Après un bon nombre de lecture, nous sommes en mesure d’exposer avec nos propres mots ces concepts issus de la sociologie et de l’ethnologie. Pour commencer, d’après Herskovits (1948) l’enculturation est un processus de socialisation, de maintien des normes sociales, des valeurs, des comportements, des langages et autres traits propres à la culture qui entoure un individu . Il se fait principalement au sein d’une fratrie, grâce aux parents ou aux pairs, qui lui transmettent les normes ou les comportements à adopter pour vivre en communauté. Toute personne vivant au sein d’une société, apprend les comportements admis ainsi que ceux qu’il faut éviter. En résumé, l’enculturation est le processus qui aide un individu à s’imprégner des valeurs sociales, des normes, des coutumes et de la culture dans laquelle il vit. Elle lui permet de survivre et de mieux s’intégrer dans son contexte de vie.

Construction de l’enseignement

“Enseigner, c’est d’abord et avant tout entrer en relation avec autrui, c’est-à-dire avec des élèves. En effet, contrairement à d’autres métiers où l’on travaille une matière inanimée, l’objet de l’enseignement est l’être humain. L’enseignement fait donc partie de cette grande catégorie du travail que Cherradi (1990) nomme les métiers interactifs.”

Par cette citation, nous voulons aborder le fait qu’en tant qu’enseignant, il est impossible de ne pas tenir compte de la réaction des élèves face à notre enseignement. Il faut être conscient que les élèves ne coopèrent pas toujours et peuvent même dans certains cas nous résister. En tant que professionnel de l’éducation, nous nous devons de nous soucier de “notre public” tout en nous mettant en scène. Nous devons être capables de repérer les signes d’ennui ou d’intérêt chez celui-ci afin de réagir de manière adéquate. Nous sommes amenés à mobiliser un grand nombre d’attitudes, de savoirs et d’habiletés pour que notre impact sur le développement de la culture musicale des élèves soit bénéfique.

La motivation

Le souci de chaque enseignant est de comprendre comment l’enfant construit son savoir et comment créer des séances permettant d’emprunter ce chemin didactique. Pour y arriver, il faut construire une communication solide entre l’élève et l’enseignant en partie intellectuelle, mais aussi et avant tout, une relation humaine. L’enjeu d’un cours de musique est de susciter et de soutenir des motivations d’apprentissage chez les élèves avant de leurs proposer un contenu musical. D’après Robert (2006) : ”Le savoir ne prend sens et ne devient objet de désir pour l’enfant que parce qu’il a élu un modèle. Le professeur de musique est l’un de ces modèles. […] La majorité des théories sur le désir et la motivation s’accorde à dire que l’enfant qui est motivé à apprendre s’identifie au préalable soit à un adulte, soit à un tiers dont il désire acquérir les compétences. De plus, le regard positif que l’adulte porte sur un enfant peut favoriser cette identification (relation de confiance, valorisation).” Comme nous l’avons exposé dans le chapitre ci-dessus, nous devons nous mettre en scène afin de motiver les élèves et donner du sens aux contenus. Le point crucial de cette mise en scène est d’exposer sa propre motivation. Autrement dit, tenir compte de sa propre enculturation afin d’avoir du plaisir à enseigner et transmettre sa passion. Le fait d’aborder des contenus qui nous concernent ou pour lesquels nous avons de l’intérêt, favorise l’obtention de résultats attendus. Nous arriverons également plus facilement à tenir compte de l’envie des élèves, car notre maîtrise du sujet nous permet de construire des activités s’intégrant dans leur projet personnel.

Ouverture des enseignants

À travers la dernière partie de ce cadre théorique, nous abordons un point qui sera essentiel dans l’analyse des résultats obtenus suite aux entretiens et à la récolte des questionnaires : L’ouverture d’esprit des enseignants, face à différents univers musicaux. Nous sommes trop souvent amenés à juger négativement des contenus musicaux, sans pour autant les connaître ou même les comprendre. Une musique peut provoquer une sensibilité immédiate et personnelle chez l’auditeur, qui façonne par conséquent son comportement et facilite son identification à un groupe social, rejetant ainsi tout facteur extérieur qui le déstabiliserait. Ceci peut être considéré comme une situation passagère, car elle évolue en fonction du temps, de l’individu et du contenu musical abordé.

Cadre de l’étude

Pour réaliser notre mémoire de Bachelor, nous avons préféré utiliser la méthode d’enquête, car elle semble être la plus adaptée à ce que nous souhaitons démontrer. Elle vise la récolte de données concernant des attitudes ou des représentation, c’est-à-dire: des ensembles d’opinions et d’informations propres à des individus. De cette manière, nous avons recueilli des données, à travers un ensemble de questions; mêlant des opinions, des choix parmi des listes de réponses préétablies et des réactions à des scénarios. L’enquête a été menée par le biais de questionnaires, d’entretiens individuels et d’observations directes. Le questionnaire s’adresse à un ensemble défini, c’est-à-dire les enseignants de musique du cycle 2, spécialistes comme généralistes, alors que les entretiens permettent de se focaliser sur un seul individu, dans notre cas: un enseignant spécialiste et un enseignant généraliste. Le questionnaire permet une récolte quantitative, tandis que les entretiens présentent des résultats qualitatifs. L’observation directe a été réalisée durant les entretiens individuels grâce à une grille de critères observables.

Nos hypothèses de recherche

Nous vivons dans une société multiculturelle et la diversité fait partie intégrante de son fonctionnement. Au niveau musical, les jeunes d’aujourd’hui sont des consommateurs omnivores , ils ne se contentent pas d’un seul domaine, mais naviguent à travers les méandres des différentes cultures qui s’offrent à eux. Les enseignants doivent dans un premier temps prendre conscience de cette diversité et ont pour rôle de la faire découvrir aux élèves. Cependant, l’enseignant ne peut aborder cet océan d’opportunités d’un point de vue neutre car sa perception est influencée par sa propre culture, ses expériences et son vécu, autrement dit, il est enculturé.

Interviews

À travers les interviews, nous avons eu l’occasion d’interroger deux enseignants, un généraliste et un spécialiste. Comme nous l’avons notifié dans le sous-chapitre 4.3.2, nous avons utilisé une grille d’observation comportementale, ainsi qu’une grille d’écoute qui était fournie aux enseignants pendant l’interview. Nous avons fait le choix d’écarter les données sociodémographiques les concernant, afin d’effectuer une comparaison se basant uniquement sur les spécificités de leur fonction en tant qu’enseignant spécialiste et généraliste.

Conclusion

Au début de cette recherche, nous avons émis l’hypothèse que chaque enseignant est fatalement influencé par sa propre culture et son identité musicale. Les résultats d’analyse des questionnaires et des interviews ont démontré qu’il y a effectivement un lien direct entre l’enculturation de l’enseignant et la construction de son enseignement. Nous avons constaté qu’une majorité des enseignants est consciente de son enculturation et arrive à prendre du recul afin de se remettre en question. Certains ont malgré tout montré des signes d’incohérence et d’un manque d’autocritique lorsqu’il s’agit d’évaluer sa propre culture et son positionnement face à l’altérité musicale. Dans les entretiens, les deux enseignants ont exprimé l’idée que la musique à l’école est principalement constituée d’apports issus de leur propre culture qui colorent les contenus abordés avec les enfants. Cela s’est vérifié dans la prise en compte de leur affect dans la sélection d’un matériau musical à utiliser en classe.

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Table des matières

1. Introduction
1.1 Raison du choix, motivation
2 Problématique
3 Cadre théorique
3.1 Culture musicale et identité musicale
3.1.1 Acculturation ou enculturation
3.2 Construction de l’enseignement
3.3 La motivation
3.4 Ouverture des enseignants
4 Méthode de travail 
4.1 Cadre de l’étude
4.2 Nos hypothèses de recherche
4.3 Méthode de récolte des données
4.3.1 Analyse des questionnaires
4.3.2 Analyse des interviews
5 Résultats et analyse – Discussion 
5.1 Questionnaires
5.2 Discussion des résultats, avis personnels en lien avec le cadre théorique
5.2.1 Questionnaires
5.2.2 Interviews
5.3 Biais de la recherche
6 Conclusion

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