Construction de la notion de genre et de l’identité sexuelle

Ces choix relèvent-ils de l’inné ou de l’acquis?

Pour répondre à cette question, les psychologues Gerianne Alexander et Melissa Hines se sont penchées en 2002 sur l’étude des singes vertets.
Le but de leur étude était de mettre en lumière le rôle des gonades dans le développement des différences comportementales entre femmes et hommes, et plus particulièrement ici de démontrer que les différences filles/garçons dans le choix des jouets n’étaient pas forcément le résultat de mécanismes sociaux. Ainsi leur expérience consistait à proposer six jouets différents à 88 singes et à voir vers quels jouets allaient spontanément les mâles et les femelles. Il était donc successivement proposé aux singes des jouets réputés de garçons: une balle, une voiture; des jouets réputés de filles: une poupée et une casserole et enfin des jouets dits mixtes (ou neutre s): un livre et une peluche.
Gerianne Alexander et Melissa Hines ont pu observer que les jouets mascu lins étaient davantage manipulés par les mâles et inversement: les jouets féminins étaient plus approchés par les femelles. Cependant si les femelles ont majoritairement « préféré » la casserole, les mâles semblaient s’intéresser davantage à la peluche qu’à la voiture. Cette étude semble démontrer le rôle prépondérant de la nature sur la culture concernant le choix des jouets.
Toutefois cette expérience et sa conclusion restent à ce jour encore très controversées.
Nous remarquons que généralement, les petites filles portent du rose, les jeunes garçons du bleu ; e lles font de la danse, ils font du rugby; elles sont fortes en français, ils sont meilleurs en mathématiques; elles sont douces et sensibles, ils sont forts et courageux… Comment peut on expliquer cette dichotomie entre des filles tournées vers l’intérieur, les émotions et les garçons davantage associés à l’extérieur et l’actif? De nombreux stéréotypes circulent de façon plus au moins consciente dans notre société et demeurent au centre de la différenciation faite entre hommes et femmes. Mais au – delà de ça, existe- il une réelle différence?
Cette question semble toujours avoir intéressé les chercheurs du monde entier, pourtant elle demeure source de discorde et d’incertitude : Le cerveau des hommes et des femmes est – il le même? Et si des différences exis tent, relèvent- elles de l’inné ou de l’acquis? Autrement dit: Les identités de genre sont- elles biologiques ou bien sont- elles le fait d’une intériorisation, de l’influence de notre environnement social et culturel?
Les rapports hommes/femmes au sein de l’histoire ont toujours été compliqués et inégalitaires.
Déjà au sixième siècle avant Jésus Christ, Pythagore disait « Une femme en public est toujours déplacée » . Ainsi, on a longtemps considéré que les femmes étaient faites pour rester dans le domaine du privé, à savoir à la maison, à s’occuper du foyer et des enfants tout en restant sous la domination de leur mari. Que ce soit des hommes politiques, des philosophe s ou encore des médecins, les hommes ne cessaient d’affirmer l’infériorité de la femme. Si peu à peu les femmes acquièrent droits et libertés (droit de disposer de son corps avec la pilule, droit de dépenser son argent sans permission du mari, droit de vote,…) les inégalités restent de nos jours encore très présentes: c’est le père qui transmet son nom de famille aux enfants, la femme doit souvent abandonner le sien en se mariant pour adopter celui de son mari, dans le domaine du travail, on parle encore de « plafond de verre », les femmes sont plus souvent en recherche d’emploi que les hommes, elles sont moins rémunérées à poste équivalent, accèdent à moins de postes de direction, sans parler de la répartition encore très inégale dans les tâches ménagères.
C’est donc naturellement qu’en 1861 le médecin, anatomiste et anthropologue français Paul Broca affirmait suite à ses recherches que la taille inférieure du cerveau des femmes est bien la preuve de ses moindres capacités: « On s’est demandé si la petitesse du cerveau de la femme ne dépendait pas exclusivement de la petites se du corps. Pourtant, il ne faut pas perdre de vue que la femme est en moyenne un peu moins intelligente que l’homme. Il est donc permis de supposer que la petitesse relative du cerveau de la femme dépend à la fois de son infériorité physique et de son infériorité intellectuelle.»
Si la neurobiologiste Catherine Vidal ne nie pas le fait que les hommes ont un cerveau généralement plus gros que les femmes, elle explique cependant que cela n’a rien à voir avec l’intelligence mais est relatif à une différence de carrure entre les sexes.
Par la suite de nombreuses autres études ont cherché à démontrer qu’il existait des différences entre les cerveaux masculins et féminins (théorie des deux cerveaux). C. Vidal reviendra sur plusieurs d’entre elles pour les remettre en cause.
Ainsi, une étude de 1982 affirme que contrairement aux hommes, les femmes sont douées pour faire plusieurs choses à la fois puisque la communication entre les deux hémisphères de leur cerveau est plus développée , notamment grâce à un corps calleux plus épais. Pour sa part, Catherine Vidal explique que depuis cette date, l’invention de l’IRM permet d’étudier non plus des cerveaux conservés dans le formol mais des cerveaux vivants. Cette technologie a permis de nouvelles recherches mettant cette fois en exergue le fait qu’il n’existe finalement pas de différence entre homme et femme dans l’épaisseur du corps calleux.
De même, autre idée populaire appuyée par une étude de 1995: les femmes sont plus douées pour le langage parce qu’elles utilisent les deux hémisphères de leur cerveau pour parler.
L’IRM était utilisée ici pour comparer l’activité cérébrale de 19 hommes et 19 femmes durant un test de langage. Si les hommes utilisaient l’hémisphère gauche de leur cerveau, une grande majorité des femmes quant à elles utilisaient les deux hémisphères. Par la suite de nombreux chercheurs ont essayé de reproduire cette expérience. Il s’est avéré que sur les études faites en IRM de 1995 à 2009 sur 700 femmes et hommes il n’existe pas de différ ences significatives entre les sexes dans la répartition des aires du langage: quand le nombre de sujets analysé est plus important, les différences entre les sexes semblent disparaître.

Construction de la notion de genre et de l’identité sexuelle

Pour ma part, j’ai pu à plusieurs occasions observer de jeunes enfants. Les plus jeunes (1an) semblent aller vers tous les jouets (aussi bien marqués féminins que masculins). Ainsi, un petit garçon jouait sans problème avec sa camarade à la poupée et une autre, du même âge environ, jouait avec une voiture. Les enfants de plus de trois ans quant à eux semblaient déjà plus tournés vers les jeux de « leur sexe ». Si les voitures continuent à intéresser quelques filles, les garçons ne se préoccupent plus des poupons.
C’est l’idée qu’on retrouve dans l’écrit de Gaïd Le Maner- Idrissi et Laëtitia Renault, Développeme nt du « schéma de genre »: une as ymétrie entre fille et garçon? : « Dès 18 mois, les enfants se montrent sensibles à la répartition des rôles selon le genre et a ffichent des préférences pour des objets et des activités considérés comme étant culturellement appropriés. Ces premiers niveaux d’adhésion s’intensifient considérablement au cours de la troisième et de la quatrième année. »
Mais comment expliquer ce changement?
Selon de nombreux auteurs, prendre conscience de soi en tant que garçon ou fille ainsi que l’adhésion aux rôles et aux valeurs qui s’y rattachent constituent l’une des bases de la construction de l’identité individuelle et sociale.
Ainsi, d’apr ès Lawrence Kohlberg, psychologue, le développement de l’identité sexuée se déroule en plusieurs phases :
– Dès les premiers mois l’enfant a la capacité de distinguer les personnes, il sait qu’il existe des filles et des garçons mais ne sait pas ce qui les définit.

Quelques-uns des principaux vecteurs des stéréotypes de genre

La famille

La famille est une des premières sources de transmission des stéréotypes puisqu’il s’agit du premier groupe auquel l’enfant appartient et donc se réfère. Or, l’éducation donnée à un enfant, les attentes qu’on a de lui et le comportement des parents à son égard seront différents selon qu’il s’agisse d’une fille ou d’un garçon. Par exemple, les parents attendent d’une petite fille le calme et la gentillesse. Ils toléreront davantage l’agitation d’un garçon. Cependant celu i – ci ne doit pas se montrer douillet: « ça ne pleure pas les garçons! Tu es fort toi! »…
De même, la famille choisit les lectures, dessins- animés et jeux des enfants, et ce, souvent en lien avec son sexe.
Ce sont autant de d’étiquettes, de comportements e t de croyances qui vont influencer les enfants. En grandissant, ils vont les intégrer, les considérer comme vrais et les reproduire.

L’école

Après quelques années, la famille laisse place à l’école où les enfants sont également confrontés à de nombreux stéréotypes, que ce soit de la part de leurs camarades comme on l’a vu , ou de l’enseignant. Ainsi, en stage j’ai pu observer des garçons qui se faisaient moins reprendre que des filles pour un comportement similaire (comme s’il était normal que les garçons aient davantage besoin de se dépenser alors que les filles doivent rester plus calme s en classe et ne pas se salir lors de la récréation.). Enfin, de façon plus indirecte, les manuels scolaires peuvent également véhiculer des « représentations stéréotypées de la société pouvant être à l’origine de discriminations », c’est ce qu’a mis en lumière une é tude de la HALDE en 2008: dans les manuels étudiés, l es hommes apparaissent beaucoup plus, les femmes sont souvent au second plan , assignées à la sph ère privée, la quasi – totalité des personnages exerçant un métier scientifique sont des hommes,…

Les livres et albums

L’univers de la littérature de jeunesse est aussi souvent sexiste et stéréotypé. Or, ces albums participent aux processus d’identification des enfants. De nombreuses é tudes on t été faite s à ce sujet. I l en ressort qu’il existe deux fois plus d’albums avec des héros plutôt que des héroïnes, les filles apparaissent moins dans les titres et sur les couvertures, elles sont plus souvent li ées à l’intérieur, à la sphère du privée et à l’inactivité. C’est le cas par exemple des albums Martine et Petit Ours Brun, encore très vendus de nos jours. Dans le premier, Martine petite maman de Gilbert Delahaye, on voit la protagoniste s’occuper de so n petit frère (elle lui donne son bain, prépare son biberon, le promène…). De la même façon, dans Petit Ours Brun : au supermarché, l’auteure, Danièle Bour, retrace l’après- midi de Petit Ours Brun et de sa maman, qui font les courses.

Les médias , pl us particulière ment la télévision

Les enfants passent de plus en plus de temps devant les écrans, enregistrant les images et messages véhiculés au travers des dessins- animés, films, clips et publicités qu’ils regardent.
On retrouve ainsi souvent des hommes qui conduisent de grosses voitures ou qui s’occupent de tâches manuelles pendant que les femmes sont en train de cuisiner et de s’occuper de leur famille.
Même des dessins animés aussi célèbres et regardés que Disney diffusent de nombreux stéréot ypes autour des genres masculin et féminin et de leur rôle. Des études ont ainsi mis en évidence qu’à l’âge de trois ans, les enfants qui regardent beaucoup la télévision ont des vues plus stéréotypées des deux sexes que les enfants qui la regardent moins. En eff et,  » la télévision exerce un impact considérable auprès des enfants avec les valeurs qu’elle transmet.
Dès leur plus jeune âge, ils ont besoin de héros pour grandir, de mythes et de figures auxquelles s’identifier. Ils prennent alors exemple sur ce qu’ils voient à la télévision afin de se forger une idée sur ce qu’ils aimeraient être plus tard. »
Le monde des dessins animés et la télévision en général a donc une influence certaine sur la conception des enfants vis- à- vis de la réalité sociale. Ils intègrent au fur et à mesure ce qu’ils voient, ce qu’ils entendent (d’autant plus qu’ils peuvent regarder sans se lasser le même dessin animé plusieurs fois). Ainsi j’ai trouvé intéressant de consacrer un petit paragraphe aux images et représentations du monde qui y sont données et qui souvent peuvent façonner le rapport au monde réel que l’enfant aura, notamment pour ce qui concerne la représentation de la femme.
Pythagore écrivait au VI ème siècle avant Jésus Christ : « Il y a un principe bon qui a créé l’ordre, la lumière et l’homme et un principe mauvais qui a créé le chaos, les ténèbres et la femme ». L’homme représente ainsi l’intelligence, la perfection, la bonté tandis que la femme personnifie le mal, le négatif, le danger. C’est donc en toute légitimité que le mâle peut dominer, régner, contrôler la gent féminine. La femme doit subir cet héritage durant des siècles : période de souffrances, de résignation, d’ignorance, où la femme n’avai t même pas accès à la culture. Comme on l’a vu précédemment, l a place de la femme dans la société est réduite à un rôle de mère et d’épouse.
C’est ainsi tout naturellement qu’entre 1937 et les années 60, les princesses Disney sont représentées comme étant innocentes, gracieuses, romantiques et naïves. Elles n’ont qu’un objectif: trouver leur « prince charmant » avec lequel se marier et fonder une famille.
Penchons- nous sur Blanche- Neige par exemple: il s’agit du premier court- métrage de Disney, sorti en 1937. L’héroïne est symbolisée comme une femme extrêmement belle et gracieuse, mais également douce et obéissante. Banche Neige se soumet à son destin mais rêve d’une vie meilleure en imaginant son prince qui viendra la délivrer de cette situation. Chez les nains, elle devient une femme au foyer qui attend patiemment que les hommes rentrent du travail en effectuant le ménage et en préparant les repas. (Cette idée illustre bien l’éducation faite aux filles à l’époque). Lorsqu’elle sera empoisonnée par la pomme offerte par sa belle- mère, ce n’est que le baiser d’un prince charmant qui lui permettra d’être sauvé e. Ce qui nous laisse penser qu’e lle n’est rien sans un homme. On retrouve le même schéma dans Cendrillon ou encore la Belle au Bois Dormant.

Le terrain

Lors de ma première année de master j’ai pu observer une classe de maternelle. Il s’agissait d’une classe double niveau avec 6 moyennes sections et 24 grands (16 garçons et 14 filles). Je me suis alors intéressée aux différents coins proposés dans la classe, ainsi qu’aux activités et interactions des enfants.
Cet été j’ai pu me rendre dans un jardin d’enfants dans le but de regarder particulièrement l’interaction faite entre le jeu et le sexe de l’enfant. Avant la scolarisation, les enfants vont – ils plus naturellement vers certains jouets plus que d’autres?
Enfin, cette année je suis à raison d’une semaine sur deux dans une classe de 27 CE1 (14 garçons et 13 filles) de milieu assez aisé. Ce changement de cycle va- t – il me permettre d’avoir un champ de vision plus large: Ce que j’ai vu en maternelle se confirme ra- t – il avec des élèves de 7 ans?

Méthode et outils

Dans un premier temps je n’ai fait qu’observer : que ce soit au jardin d’enfants, avec les maternelles, ou les élémentaires: les interactions, les comportements, les habits, les différents coins proposés, les jeux et activités libres choisis ou encore la répartition des élèves dans la cour de récréation…
J’ai dans un second temps analysé le catalogue King Jouet distribué à l’occasion de Noël 2016:
Les différentes rubriques, lesquelles sont en bleu ou en rose, combien de pages sont destinées aux filles, aux garçons, aux jeux mixtes et aux jeux neutres, le nombre de garçons et de filles selon les différentes rubriques, leurs habits (couleur) et signes distinctifs, les postures (actives/inactives), ou encore s’ils présentaient des jouets d’intérieur ou d’extérieur…
Après l’action des ma gasins U, les choses ont- elles réellement évolué?
Enfin, j’ai essayé d’agir auprès de mes élèves, d’abord en relevant leurs conceptions initiales, et en revenant dessus pour les discuter, puis par le biais de plusieurs séances d’éducation morale et civique. En effet l’EMC est une partie intégrante des programmes de cycle 2. La question de l’égalité filles/garçons permet de croiser deux axes: la sensibilité et le jugement.
De ce fait, les élèves ont abordé les notions de différences, de respect, de tolérance, d’atteinte à la personne d’autrui (sexisme), de genre et de stéréotypes grâce à différents supports comme des tableaux, extraits de texte, collages ou encore avec un album de littérature de jeunesse.
Par ce biais ils ont eu l’occasion d’exposer une courte argumentation pour exprimer et justifier leur point de vue et ils ont appris à s’affirmer dans un débat sans imposer leur point de vue aux autres et accepter le point de vue des autres.
Le plus important ici n’était donc pas l’activité ou la production en elle- même mais le petit débat ou la discussion qui suivait.
Le but était pour moi de voir où mes élèves se situaient, à quel point les stéréotypes de genre étaient présents dans leur esprit. Mon objectif était de réduire ces idées préconçues ou tout du moins de leur en faire prendre conscience et de les amener à y réfléchir.
Ainsi, pour construire la partie  » 4) Présentation, résultats et analyses des activités mises en place avec mes élèves « , je me suis servie des réponses données par mes élèves aux fiches d’activités effectuées en classe mais aussi des enregistrements faits lors des moments de mises en communs et de leurs retranscriptions.

Analyse d’un catalogue

Ces dernières années, la binarité et la stéréotypie présentes dans les jeux ont été particulièrement critiquées: Que ce soit dans les catalogues ou dans les magasins nous faisons face à deux mondes distincts avec d’un côté les jouets pour filles et d e l’autre les jouets pour garçons, ce que semble fortement regretter et condamner Mona Zegaï qui déclare qu’ils contribuent à « l’exacerbation des inégalités de sexe et l’injonction à leur reproduction » .
Cependant le temps passe et les mentalités évoluent. A insi, en 2012, à l’occasion de N oël, Toys’R’Us a sorti un catalogue de jouets « sexuellement neutres ». Cette même année, en France, Super U décide également de changer les codes en faisant appa raître dans son magazine des filles et des garçons jouant ensemble sur un même jeu, que ce soit un garage ou une d înette.

Les affiches monsieur et madame Ours

Si les réponses données au questionnaire étaient davantage pour moi, ce sont les activités suivantes qui m’ont réellement permis d’aborder la question du genre et des stéréotypes avec mes élèves.
Pour se faire, je me suis servie des « affiches ours » créées par La Ligue de l’enseignement de Paris en 2011 à l’occasion de l’opération « Filles et garçons : cassons les clichés  ». (Annexe 3). Il s’agit ici d’un ours qui fait différentes tâches du quotidie n (nourrit le bébé, peint, lit un livre,…). Sachant qu’il a été précisé au préalable que rien ne permet de distinguer Madame ourse et Monsieur ours qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau. C’est alors aux enfants de cocher et de choisir si l’activit é proposée est faite par madame Ourse, monsieur Ours ou par les deux.
En demandant à mes élèves d’imaginer quel est l’ours représenté, j’ai pu mettre en évidence les clichés et stéréotypes ancrés. Le but est ici de confronter leurs points de vue et de discuter de leurs réponses afin de provoquer une prise de conscience.
Concernant le livre, on retrouve dans le discours de certains enfants l’idée selon laquelle au sein du foyer les hommes s’octroient davantage de temps libre. Idée que je rattache à la répartition encore très inégale des tâches ménagères: « Les papas des fois ils font rien, ils sont allongés, ils laissent les mamans faire. » On retrouve d’ailleurs, cette même idée en interrogeant les élèves sur la cuisine: « les mamans ils cuisinent toujours, vu que les papas ils sont toujours en train de regarder la télé… du coup, les mamans, ils sont en train de cuisiner pour leur mari ».
De même, et pour en revenir aux livres, une distinction semble se faire entre la lecture d’un roman et celle d’un journal, perçue comme plus masculine (« si c’est un journal, c’est monsieur ours et si c’est un livre normal c’est madame ours « ). Cela peut- il vouloir dire que la lecture de la femme est alors de l’ordre du plaisir quand celle de l’homme est liée à l’information et à la culture?
Tout comme la lecture, le vélo est une activité que je pensais retrouver en majorité dans la troisième colonne du tableau: « les deux ». Cependant presque la moitié de mes élèves l’a associé uniquement à monsieur Ours puisque si la maman s’occupe du bébé, le papa lui  » a du temps libre pour le sport « … mais « si la mère n’a pas de bébé, elle peut faire du vélo « . Le rôle de mère semble donc ici occulter le statut de femme: une fois avec un enfant, la femme semble ne plus pouvoir faire des activités autres que ménagères.
Ainsi, si la maman ours est souvent associée à ce qui est du domaine de l’intérieur, le papa quant à lui est fortement assimilé aux tâches manuelles, comme ici la peinture. Pour la plupart des élèves il est donc évident que  » papa ours fait souvent beaucoup de travail comme ça, des réparations « , et que « ça n’existe pas les filles bricoleuses « .
On retrouve d’ailleurs ici la même idée énoncée que pour le vélo, à savoir qu’ à partir du moment où la femme a un enfant, elle semble incapable de faire une activité détachée:  » (…) si c’est son rêve de repeindre tout mais qu’elle n’a pas le temps parce qu’elle a un bébé, et beh du coup le papa refait ses murs  » ou encore « s’ils ont pas d’enfants ils peuvent le faire tous les deux » .
Enfin, si pour l’ours maire, certains élèves se sont appuyés sur leurs connaissances personnelles pour citer des femmes dirigea ntes et donc invalider les réflexions comme  » y a que des monsieurs qui font ça  » ou  » ça n’existe pas une maire ou présidente « , on constate que de façon générale l’enfant voit la société à partir de ce qui lui est proche, à savoir sa cellule familiale. Les enfants ont donc pris comme modèle et généralisé ce qui se passe chez eux pour répondre au test des ours. ( Exemples: « Moi je dis que c’est la maman ours, parce que chez moi c’est maman qui fait le repassage » ; « Ils peuvent faire tous les deux du vélo, aussi la maman quand elle a un bébé, parce que moi quand j’étais plus petite, ma mère elle faisait du vélo avec moi. » ; « Moi je pense que c’est les deux parce que ma maman elle fait des travaux avec mon papa. » , etc.)
Une fois l’activité finie, la discussio n a duré 20 minutes. C’est un temps assez long pour de « l’oral/collectif » et rapidement j’ai senti l’attention de mes élèves de 7 ans diminuer. Cela explique que je ne me sois moins attardée sur chaque image que ce qui était prévu initialement. De même, la conclusion envisagée n’a eu lieu qu’après la pause. Pour cela, j’ai repris les phrases sur lesquelles il pouvait y avoir débat pour en discuter avec eux.
Ils ont ainsi conclu par eux – mêmes que chacune des tâches proposées pouvait être faite autant par monsieur ours que par madame ours.  » En fait, c’est mieux de faire les choses à deux, c’est plus drôle, on aide l’autre et en plus ça va plus vite! »

EMC: les représentations qu’on a des filles et des garçons

Si le test de l’ours (questionnaire + discussion) constituait une première approche de la notion d’égalité filles/garçons, j’ai choisi d’aborder également ce thème à travers le respect de l’autre et de ses différences:
C’est donc lors d’une séance d’ EMC que j’ai fait échanger mes él èves sur plusieurs tableaux dans le but de faire évoluer leurs propres représentations et de développer un regard critique sur les stéréotypes concernant les filles et les garçons.
Dans une première partie, (Cf. Annexe 5 – étape 1 et Annexe 6) j’ai projeté au TNI deux tableaux: Claude Renoir jouant d’Auguste Renoir et l’Enfant à la poupée de Henri Martin.
L’intérêt ici vient du fait qu’il est difficile d’attribuer de façon sûre un sexe aux enfants présentés, de même chacun joue avec un jouet plus rattaché à un genre que l’autre: des soldats et une poupée.
Pour le premier tableau, les élèves sont directement partis du principe qu’il s’agissait d’une petite fille qui jouait à la guerre avec des soldats. Quand j’ai interrogé les enfants sur le choix du sexe d u personnage et l’emploi permanent de la troisième personne du singulier au féminin pour désigner l’enfant, ils l’ont justifié par ses cheveux longs attachés par des chouchous. Si pour certains le fait qu’une fille joue au soldat était tout à fait possible, d’autres ne l’envisageaient pas: « Pour moi une fille ça ne peut pas jouer aux soldats parce que ya que les garçons qui jouent aux soldats… donc je pense que ça c’est un garçon parce que les garçons ça joue à la guerre mais pas les filles. » ;  » c’est un peu bizarre si c’est une fille, parce que les filles c’est trop peureux pour aller à la guerre en fait. » Toutefois, c’est grâce à ces commentaires que le reste de la classe a pu réagir et balayer les stéréotypes présents: « Non, ça c’est faux, ya des filles moins peureuses que les garçons! » ;  » C’est pas parce que c’est un garçon qui joue à la guerre que les filles elles peuvent pas y jouer.. » ; « Une fille peut avoir des goûts de garçon et aimer la guerre et les soldats! ». Cette dernière remarque m’a permis de rebondir sur la relation faite entre jouets et sexe: il est important de jouer avec des jouets qu’on aime vraiment, sans avoir à se restreindre pour prendre des jouets « attribués d’office » à l’un ou l’autre des deux sexes.

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Table des matières
Introduction 
I) PARTIE THEORIQUE
1- L’opposition des couleurs: la dualité rose/bleu
2- La division entre jeux et comportements dits de filles ou de garçons
3- Ces choix relèvent- ils de l’inné ou de l’acquis?
4- Construction de la notion de genre et de l’identité sexuelle
5- Quelques- uns des principaux vecteurs des stéréotypes de genre
a) la famille
b) l’école
c) les livres et albums
d) Les médias, plus particulièrement la télévision
e) Et concernant un public plus âgé, les jeux vidéos
II ) PARTIE PRATIQUE
1- Le terrain
2- Méthode et outils
3- Analyse d’un catalogue
a) Les différentes rubriques
b) La couleur des rubriques
c) Le s différents types de pages
d) La composition générale du magazine : analyse
e) Les tenues
f) Opposition entre postures actives et passives et extérieur/intérieur
4) Présentation, résultats et analyse s des activités mises en place avec mes élèves
a) Le questionnaire
b) Le tableau
c) Les affiches monsieur et madame Ours
d) EMC: Les représentations qu’on a des filles et des garçons
e) EMC: Les relations entre filles et garçons
f) Test: Jeux et couleurs
g) EMC: Lecture et discussions autour d’un album de jeunesse
Conclusion
Bibliographie et sitographie
Annexes

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