Considérations méthodologiques pour la constitution du répertoire comportemental
Avant de constituer son répertoire, l’observateur doit se familiariser avec l’espèce étudiée. Une première prise de contact au cours d’une étape « d’observation de reconnaissance » (Bunge, 1984 ; Vauclair, 1984) permet la familiarisation avec les comportements du chien. Pour que cette étape soit réussie il faut avoir observé les individus à différents moments de la journée (Deputte, 1986) : des observations effectuées systématiquement à la même heure risquant de ne rendre compte que des conflits autour de la distribution des repas, ou de n’apporter des informations que sur le comportement de sieste.
La phase de familiarisation permet à l’observateur d’apprendre à reconnaître la nature des interactions entre les individus et entre l’individu et son milieu. Par ailleurs, face à un chien dont la morphologie gêne la perception des mimiques faciales et corporelles (grands plis de peau, longues oreilles pendantes), cette phase est indispensable pour apprendre à décrypter les signaux émis par les chiens de cette race. Enfin, cette phase de familiarisation facilite la constitution ultérieure du répertoire comportemental en permettant la définition et la description des unités comportementales. La problématique de notre thèse, l’organisation sociale d’un groupe de chiens, en dehors d’influences humaines, pose le cadre et les limites de l’observation future. Elle doit répondre à des questions et à des hypothèses formulées par l’observateur (Samy, 2005).
Pour la création des unités comportementales, l’observateur « sélectionne et définit des unités [comportementales] capable de traduire ce que l’on observe, en fonction des questions qui ont été posées » (Deputte, 1986). L’observateur, à partir de ses hypothèses d’étude, découpe le flux comportemental en unités répondant à ses objectifs, et cela avant toute observation. Cette sélection apriorique permet, dans l’étude des comportements interactifs, de définir par exemple deux unités comportementales, et non une seule : « marche vers » et « court vers ». L’observateur prend ici en compte la vitesse des déplacements qui peut être révélatrice de la motivation de l’émetteur, potentiellement différente à l’égard de différents récepteurs et caractéristique de l’âge de cet émetteur. La sélection des unités au sein du flux comportemental repose sur l’observation de discontinuités spatiales et temporelles.
La discontinuité temporelle se définit par les pauses réelles dans le flux comportemental, et les changements de rythme (Dawkins et Dawkins, 1973). Par exemple un individu qui, après s’être assis contre un congénère, le lèche cinq secondes plus tard, effectue ainsi une pause permettant de découper la séquence observée en deux unités comportementales. Les unités comportementales prélevées sont des événements, de type « moléculaire ». Elles permettent une « saisie moins interprétative (Deputte, 1986) » du comportement des sujets. On obtient ainsi une « précision de description compatible avec le caractère souvent subtil des interactions » (Deputte, 1986). La « taille » des unités comportementales définies doit permettre à l’observateur de prendre en compte un flux comportemental très rapide. Les unités de type « moléculaire » (Deputte, 1986) sont les plus à même de rendre compte de la réalité des interactions. Par exemple, les deux unités « pose la patte sur » et « pose la tête sur » sont des unités de type « moléculaire » alors que « touche » est de type « molaire » puisqu’elle inclut les deux unités précédentes.
Ce type d’unités peut être obtenu a posteriori par un regroupement raisonné d’unités moléculaires. Mais le prélèvement initial de ce type d’unités ne permet pas a posteriori un découpage en unités moléculaires même si cela s’avère nécessaire (Altmann, 1965).
Le prélèvement d’unités moléculaires doit conduire à rendre compte de manière quantitative du comportement d’un individu en dehors de toute interprétation de la part de l’observateur au moment de l’expression du comportement. L’interprétation ne doit intervenir qu’au niveau de l’analyse quantitative de ces comportements.
Les unités comportementales doivent être définies de manière à les rendre mutuellement exclusives afin d’en assurer la quantification. Par exemple, les deux unités « Marche vers » et « Va se coucher près de « ne sont pas exclusives car elles incluent toutes les deux une locomotion orientée vers un partenaire ; on définira alors les unités « Marche vers » (MAV) et « Se couche près de » (SCP). La définition d’une unité ne prend en compte ni l’âge, ni le sexe de l’individu, permettant ainsi de ne pas borner l’expression comportementale à une classe d’âge ou à un sexe : par exemple définir l’unité « Invite au jeu » (INV) comme étant l’apanage des jeunes empêcherait de prélever cette unité quand elle est exprimée, bien que rarement, par un adulte. De même si l’on définit « Chevauche » (CHV) comme un comportement sexuel de mâle, on s’interdit alors de noter un tel comportement lorsqu’il est effectué par une femelle dans un contexte socio-sexuel ou social. Les unités comportementales sont « appétitives » et « consommatoires » (Hinde, 1966, Deputte, 1986) : c’est-à-dire qu’elles correspondent soit à des mouvements d’intention, unités « appétitives » comme « Marche vers » (MAV), soit à des comportements qui aboutissent soit à un contact, « Pose la tête » (PLT), à un éloignement, « S’éloigne » (ELO), ou autre. Ces derniers comportements correspondent à des unités comportementales « consommatoires ».
La détermination de ces unités peut dépendre de la vitesse d’exécution ou de transition entre les unités comportementales. Par exemple l’unité comportementale « s’assoit près de, sans contact » est notée APD ; « S’assoit près de puis se couche contre, en un mouvement rapide et continu » est quant à elle notée SCC. Toutefois si le mouvement de s’asseoir est lent et se termine par « se couche contre », on prélève alors les deux unités consécutivement, soit APD et SCC. « Appétitives » signifie que l’exécution du mouvement se fait avec une pause, le but n’est pas atteint. Elles peuvent être suivies d’une unité consommatoire.
Dans ce cas, le mouvement est exécuté sans rupture de rythme et le but est atteint directement. Il est primordial de tenir compte de ces deux types d’unité, car elles restituent la nature exacte des interactions : l’incertitude (unité appétitive) et la prise de décision (unité consommatoire) (Deputte, 1986). Dans notre étude portant sur l’organisation sociale, « le prélèvement des unités appétitives permet de relever les mouvements d’intention de l’initiateur, mouvement qui ont valeur d’interaction » (Samy, 2005). On doit conserver les mêmes critères pour toutes les unités du répertoire. Cela implique qu’elles doivent toutes être définies indépendamment du contexte dans lequel elles ont pu être observées. Il est préférable de définir les unités comportementales par des verbes actifs, au présent, en évitant, dans toute la mesure du possible, les comportements négatifs ou passifs et ceux inférant le comportement ultérieur de l’acteur ou du partenaire (Deputte, 1986) qui entraînent des hésitations dans la prise de notes : par exemple lorsque l’observation se focalise sur un individu A en interaction avec B, A « est léché par » B peut facilement être remplacé par B « lèche » A (verbe actif au présent), si l’on prend soin d’intervertir l’initiateur et le récepteur du comportement.
Guide du mémoire de fin d’études avec la catégorie distances interindividuelles (DII) |
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Table des matières
INTRODUCTION
I-SUJETS ET METHODES
I-1. Sujets
1.1.1. La meute de Saint-Hubert d’Arsy
1.1.2. Lieu de vie de la meute
I-2. Méthodes
1.2.1. Considérations méthodologiques pour la constitution du répertoire comportemental
1.2.2. Répertoire comportemental
1.2.3. Prélèvement des données : méthodes et échantillonnage
a) Méthodes de prélèvement
b) Période et horaires d’observation
c) Echantillonnage
1.2.4. Traitement des données : interactions sociales
II-RESULTATS
II-1. Distances interindividuelles (DII) et utilisation de l’espace
2.1.1. Distances interindividuelles moyennes (en mètres)
a) Moyennes (en mètres) sur l’ensemble des 80 heures
b) Moyennes (en mètres) par heure
c) Traitement en fonction de données météo catégorisées
2.1.2. Utilisation de l’espace
a) Refuges
b) Structuration de l’espace
II-2. Analyse des interactions
2.2.1. Etude des comportements
a) Comportements affiliatifs
b) Comportements agressifs
c) Comportements d’évitement
2.2.2. Analyse des vocalisations
2.2.3. Analyse de la position de la queue
II-3. Organisation sociale
III-DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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