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Activité de cueillette
Comme toute communauté riveraine de forêt, les habitants d’Alakamisy et particulièrement ceux d’Ambohibary exploitent la forêt et vivent des ressources naturelles forestières. Les produits forestiers consommables les plus cueillis sont les légumes sauvages tels « la pomme de terre sauvage », les champignons et le miel. Cette activité est surtout entreprise en période de soudure (suivant la saison).
Le secteur secondaire
Aucune infrastructure industrielle n’est implantée dans la Commune. Les activités de transformation à petite échelle sont la menuiserie et la fabrication de boissons alcooliques.
Menuiserie
C’est aussi une activité de cueillette, cueillette des bois. Ces bois d’œuvre sont destinés à être transformés en divers meubles, en moyens de transport et de production. Dans le fokontany d’Ambohibary, qui tient la première place dans l’exercice de cette activité, on compte une cinquantaine de ménages menuisiers dont 49 dans la forêt de Sokafana. Des tours manuelles sont fabriquées sur place pour polir et arrondir les bois. S’ils ne sont pas fabriqués sur commande, les produits finis sont écoulés sur les marchés de Mangamila et d’Andravoahangy (Antananarivo).
Fabrication de rhum artisanal
Dans la Commune d’Alakamisy, la canne à sucre ou le miel est la principale matière première dans la fabrication de boissons alcooliques locales. Seuls quelques ménages du fokontany d’Ambohibary cultivent la canne à sucre. Cette matière première est d’abord macérée dans de l’eau avec le « fatraina », le ferment provenant de l’écorce de certains arbres tels le rotra, le masaizana ou la goyave pendant 5 à 10 jours puis l’ensemble est distillé. L’alambic utilisé, conçu sur place, est artisanal et pratique : il est constitué d’une marmite (coque de citrouille le plus souvent), un tuyau métallique, un récipient de condensation et des bouteilles de récupération de l’alcool.
Cadre institutionnel
L’environnement institutionnel de la Commune est très modeste. Aucun organisme visant le développement (ni entreprise ni institution financière ni agence de financement ni ONG) n’est présent. Les services techniques déconcentrés de l’Etat n’existent pas non plus. Les seuls acteurs de développement sont constitués par le service décentralisé local (Mairie) et la population à travers les groupements de paysans producteurs qui commencent à s’organiser.
Le fait à remarquer est qu’il y a un conflit entre l’actuel Maire et la population de la partie nord de la Commune. Ce conflit a eu une origine historique. Dans la seconde république, les firaisana d’Alakamisy (au nord) et de Tsarasaotra (au sud) ont été bien séparés. La mise en place du processus de décentralisation effective a vu naître une seule Commune rurale constituée de 12 fokontany dont Alakamisy et Tsarasaotra. Le chef lieu de cette Commune rurale est Alakamisy. Mais le Maire a ouvert son bureau à Andanona près de Tsarasaotra (dans la partie sud) et laisse vide son poste à Alakamisy. Son adjoint aussi vient de Tsarasaotra. Même l’organe législatif communal est du côté du Maire : 1 seul conseiller vient de la partie nord. Pour conséquence, les priorités de développement sont concentrées dans la partie sud, le PCD d’Alakamisy en rend témoignage.
La population d’Ambohibary : un potentiel en croissance rapide
Composée de 48,1% de jeunes de moins de 18 ans et de 45,6% de jeunes entre 18 à 60ans15, la population du fokontany d’Ambohibary dispose d’une main d’œuvre suffisante pour participer activement dans les actions de développement à entreprendre. Avec une amélioration de l’éducation et l’organisation de formations techniques adéquates, cette jeunesse deviendra une force motrice habile et ingénieuse.
A son rythme actuel, la population va doubler d’ici 15ans, toujours avec une forte proportion de jeunes. Les besoins en main d’œuvre ne posent donc aucun problème dans le fokontany.
Les possibilités de développement
Ayant estimé les forces identifiées et les faiblesses décelées au sein de la communauté d’Ambohibary, nous constatons que les possibilités de développement existent. Les opportunités qui lui sont offertes sont nombreuses. En ce moment, les acteurs stratégiques pouvant contribuer à exploiter avec lui ces opportunités se font jour : ONG, hommes d’affaires, politiciens ou simples opérateurs originaires de la région.
En sus, les opportunités liées au rapprochement du fokontany à la forêt sont importantes. La diversité biologique et la situation géographique d’Ambohibary s’avèrent aussi être des atouts immenses qui ont besoin d’être valorisés dans la mesure du possible.
La politique environnementale à Madagascar
La forte dégradation de l’environnement et la déforestation à Madagascar engendrent des impacts négatifs sur l’économie nationale notamment sur les conditions de vie de la population rurale et urbaine mais elles ont aussi des conséquences néfastes sur la biodiversité mondiale. Par conséquent, Madagascar est reconnu comme l’une des grandes priorités mondiales en matière de préservation de la biodiversité et plus généralement en matière de préservation de l’environnement.
Pour faire face à ces problèmes environnementaux, le pays a suivi, en matière de politique environnementale, une logique d’initiatives évolutives, allant de l’adoption de la Stratégie Mondiale de Conservation en 1984 à la formalisation du Programme National d’Action Environnementale (PNAE) en 1990 portant sur la Charte de l’Environnement Malagasy (CEM). Cette CEM constitue le cadre général d’exécution de la politique environnementale ainsi que le cadre constitutionnel chargé de mener le Plan d’Action Environnementale (PAE).
Le PAE, un volet concernant la politique environnementale dans le DCPE de Madagascar, se divise en deux phases depuis l’année 1991 jusqu’en 2002 :
La première phase, de 1991 à 1996, est le Programme Environnemental I ou PE I. Ce PE I a été axé sur la mise en place du cadre juridique, institutionnel et des outils nécessaires pour la gestion de l’environnement .
La deuxième phase, de 1998 à 2002, est le Programme Environnemental II ou PE II. Ce PE II, financé à l’ordre de 155 millions de $ par les bailleurs tels que FEM/PNUD, Banque Mondiale et selon l’accord de Paris en 1997, est la continuité des actions et stratégies entreprises dans le PE I.
Actuellement, Madagascar entre dans la 3ème phase de son Programme Environnemental, d’une durée de 4 ans (2003-fin 2007). Le PE III détermine une approche plus efficace à la gestion durable des ressources naturelles et à la protection de l’environnement.
La politique de développement rural à Madagascar
Devant l’évolution accélérée du contexte international, marqué essentiellement par l’ouverture de plus en plus grande vers l’extérieur et la libéralisation accrue des échanges, d’intenses réflexions ont été entreprises au niveau planétaire en vue de réajuster les stratégies de développement. Il en est résulté dès la fin de la précédente décennie, une nouvelle appréhension des stratégies de développement, basée sur le développement humain durable et la lutte contre la pauvreté.
A Madagascar, cette nouvelle vision a été appropriée dans la réactualisation du Document Cadre de Politique Economique (DCPE), à travers le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), dont le volet concernant le développement rural est le Plan d’Action pour le Développement Rural (PADR).
Le PADR est un cadre de conception, de définition et d’orientation des stratégies et des programmes de développement rural à Madagascar. Il se base sur la consultation des régions et constitue le référentiel unique de toute intervention (réformes, programmes, projets, études) en matière de développement du monde rural et de la lutte globale contre la pauvreté.
Le processus PADR est piloté par un organe incluant le secteur privé dont les ONG, les organisations de producteurs et les opérateurs économiques mais aussi les autres acteurs locaux tels que les services déconcentrés des ministères concernés par le développement rural et les autorités décentralisées.
Situation actuelle du corridor
Le corridor d’Anjozorobe, malgré ses différentes opportunités présente certaines contraintes quant à la gestion de sa biodiversité. Ce problème se pose du fait de l’absence d’un cadre institutionnel. Cette absence de statut régissant la forêt constitue un handicap certain pour sa durabilité depuis toujours. En effet, le corridor est exposé à diverses formes de pressions, notamment des activités humaines ( pressions dues au défrichement de la forêt pour l’extension des terrains de culture, dues aussi au mouvement continuel de la population aussi bien à l’intérieur que vers l’extérieur de la forêt), mais surtout à l’absence des conditions nécessaires pour la bonne gestion des ressources. Ainsi, si la tendance actuelle persiste, les pressions et menaces ne seront plus maîtrisées, entraînant une dégradation de plus en plus intense de la biodiversité et la disparition des espèces endémiques existantes dans la forêt. De ce fait, la raison d’être de cette forêt est à craindre si aucune intervention efficace ne s’effectue rapidement.
Sur le plan institutionnel, le corridor se trouve à cheval sur la sous-préfecture d’Anjozorobe et celle de Moramanga, soit au sein de deux administrations bien distinctes. Il est donc sous la responsabilité de deux agents forestiers (un de Moramanga, et un d’Anjozorobe). Il en résulte qu’une superficie de plus de 30 000 ha est la lourde tâche d’un seul agent forestier. Avec l’insuffisance de moyen matériel, personnel et budgétaire affectant la gestion et le contrôle du corridor tout entier survint une forte recrudescence des infractions en matière d’exploitation forestière. Et étant donné le nombre insuffisant des agents forestiers opérant dans la zone, ils ne sont pas en mesure d’assurer efficacement l’encadrement en matière de gestion communautaire des ressources.
En l’absence d’interventions, donc du projet, le classement de la forêt par l’Etat est toujours possible mais fort douteux car il pourrait prendre 6 à 7 ans. Cependant, si le classement n’aurait pas été réalisé avant 6 ans, 1/3 de la forêt aurait déjà disparues. Mais un simple classement sans investissement dans les systèmes de gestion, de renforcement des capacités institutionnelles, de développement des motivations économiques, etc., ne pourrait garantir la sauvegarde de la forêt. Il est à noter que la sous-préfecture d’Anjozorobe est composée de plusieurs communes, mais trois d’entre elles situées dans la partie Est, sont directement concernées par l’usage de la forêt ; il s’agit du nord au sud, des communes d’Ambongamarina, d’Anjozorobe, et d’Alakamisy- Andranomadio. Ces communes sont subdivisées en quatre sous-sections et qui sont représentées par :
Ambongamarina, commune, zone d’accueil des immigrants et importante zone d’élevage bovin . Antsahabe, chef lieu de fokontany compris dans la commune d’Anjozorobe ayant bénéficié du projet « Protection des bassins versants » financé par PNUD / FAO, avec une population stable et où les traditions sont encore très marquées .
Amboasary an’ala, pour laquelle la majorité de la population est salariée d’une concession privée . Alakamisy-Andranomadio (le site d’étude), zone de départ des migrants et zone de production rizicole, avec comme spécificité la constatation de la plus importante superficie de forêt défrichée. Bref, si aucune intervention, ni de projet de conservation à moyen terme ne soit pas mené en faveur du corridor forestier, la disparition de la biodiversité serait inévitable. Ainsi, conscient de cette situation et afin de contribuer ses acquis en matière de conservation, FANAMBY est déterminée à poursuivre ses opérations déjà entamées au niveau du corridor d’Anjozorobe.
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Table des matières
Partie I : Présentation générale de la zone d’étude
Chapitre I : Méthodologie de l’étude
I-1. Objectifs et méthode
I-2. Planning des activités
I-3. Déroulement des enquêtes sur terrain
I-4. Traitement des données obtenues
Chapitre II : Historique et localisation
II-1. Historique de la zone d’étude
II-2. Localisation de la zone d’étude
Chapitre III : Environnement physique
III-1. Climat et relief
III-2. Hydrographie et sol
Chapitre IV : Environnement social
IV-1. Caractéristiques démographiques
IV-2. Santé
IV-3. Education
IV-4. Communication et échanges
Chapitre V : Environnement économique
V-1. Le secteur primaire
V-2. Le secteur secondaire
V-3. Cadre institutionnel
Chapitre VI : Problématique du fokontany d’Ambohibary
VI-1. La forêt d’Anjozorobe : un patrimoine unique menacé
VI-2. La population d’Ambohibary : un potentiel de croissance rapide
VI-3. Les possibilités de développement
Partie II : Description du projet « Conservation communautaire et participative de la biodiversité du couloir forestier d’Anjozorobe »
Chapitre I : Cadrage général du projet
I-1. Les préoccupations environnementales à l’heure actuelle
I-2. La politique environnementale à Madagascar
I-3. La politique de développement rural à Madagascar
I-4. Le projet de FANAMBY et le développement rural durable
Chapitre II : Présentation du projet « Conservation communautaire et participative de la biodiversité du couloir forestier d’Anjozorobe »
II-1. Présentation de l’association FANAMBY, promoteur du projet
II-2. Présentation du projet
Chapitre III : Présentation du sous-projet « Développement communautaire pour la gestion durable des ressources naturelles dans la région d’Anjozorobe »
III-1. Contexte général
III-2. Objectifs visés par le sous-projet
III-3. Stratégies adoptées pour la mise en oeuvre du sous-projet et pour sa pérennisation
III-4. Résultats attendus
Conclusion
Partie III : Ambohibary, diagnostics socio-économiques et recommandations sur la mise en oeuvre du projet
Chapitre I : Un constat du contexte socio-économique
I-1. Situation générale
I-2. Les types d’activités existants dans le village d’Ambohibary
Chapitre II : Analyse des pressions exercées par les villageois du fokontany d’Ambohibary sur la forêt
II-1. Description de l’état actuel de la forêt d’Ambohibary
II-2. Les types de pressions sur la forêt
Chapitre III : Analyse d’impact du projet sur la population du fokontany d’Ambohibary .
III-1. Perception du projet au niveau des villageois d’Ambohibary
III-2. Consentement des villageois d’Ambohibary
Chapitre IV : Recommandations pour une bonne adéquation entre le projet et sous-projet et la gestion de la forêt de Sokafana
Conclusion
Conclusion générale
Bibliographie
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