Conséquences du concept d’auto-efficacité parentale

Conséquences du concept d’auto-efficacité parentale

Auto-efficacité

Le cadre de référence choisi pour cette revue de littérature est le concept d’auto-efficacité parentale, issu du concept de base d’auto-efficacité décrit par le psychologue canadien Albert Bandura en 1997. En effet le concept de sentiment d’efficacité personnelle ou auto-efficacité ou SEP (« self-efficacy » en anglais) a été décrit pour la première fois dans le cadre de la théorie socio-cognitive (TSC ou SCT) de Bandura (1980-1997) ; cette théorie, appelée « Réciprocité causale triadique », analyse l’interaction entre la personne, son comportement et l’environnement, des facteurs qui s’influencent et se déterminent mutuellement.
Bandura (1997) définit l’auto-efficacité comme la croyance qu’un individu a en sa capacité de réaliser une tâche. Jenkins (2015) souligne aussi que selon Bandura (1977) l’auto-efficacité exerce un effet sur l’individu, notamment sur sa manière de penser, de sentir et de se comporter. Cela influencerait le choix de la personne quant à la réalisation d’une tâche ou d’une activité (Jenkins, 2015) qui est guidée par la croyance de l’individu d’être capable ou non de l’effectuer (Meyer & Verlhiac, 2004).
En effet, selon Richard et Shea (2011), l’auto-efficacité peut influencer le niveau des objectifs à atteindre, l’engagement mis en œuvre concernant les buts, la sélection des tâches ou les activités, les états émotionnels ou les efforts d’adaptation et la persistance. [traduction libre] (p. 259) En raison de ces éléments, selon Smith et Liehr (2009) il est possible d’affirmer que l’auto-efficacité peut prédire les comportements d’un individu. Ce dernier élément confirmerait donc l’existence d’un lien entre les croyances et les comportements (Jenkins, 2015).

Facteurs socio-démographiques en lien avec la mère

Trois auteurs sur six estiment que l’âge de la mère est prédicteur de l’auto-efficacité parentale (Bryanton et al., 2008 ; Ngai et al., 2010 ; Shorey et al., 2015). Parmi ceux-ci, deux auteurs suggèrent que les mères plus âgées ont un score d’auto-efficacité parentale significativement plus haut par rapport aux mères plus jeunes (Ngai et al., 2010, p <.05 ; Shorey et al., 2015, p < .05). Par contre, selon Bryanton et al. (2015) c’est le jeune âge de la mère (< 30 ans) qui est prédicteur de l’auto-efficacité parentale à 1 mois post-partum (p = .01).
Selon l’article scientifique de Shorey et al. (2015) l’ethnicité joue aussi un rôle dans la perception de l’auto-efficacité parentale (p < .01) ; en effet, selon ces auteurs, être d’une nationalité différente de celle chinoise est prédicteur d’une meilleure perception d’auto-efficacité de la part des mères.
Shorey et al. (2015), expliquent aussi que le revenu mensuel total du ménage a une influence sur l’auto-efficacité parentale (p = .030) ; leur étude a démontré qu’avoir un bon revenu mensuel total est prédicteur d’une meilleure auto-efficacité.
Selon Bryanton et al. (2008), l’état matrimonial est prédictif de l’auto-efficacité parentale à 12-48 heures après l’accouchement (p = .00) ; ces auteurs suggèrent que les nouvelles mères mariées rapportent un score plus faible d’auto-efficacité parentale par rapport aux mères célibataires.

Facteurs maternels

Selon trois articles sur six, la présence ou la sévérité des symptômes anxio-dépressifs actuels de la mère joue un rôle au niveau de l’auto efficacité parentale . Selon Kohlhoff et Barnett (2013), l’auto-efficacité parentale lors de l’admission dans la structure médicale résidentielle est corrélée de manière négative avec la gravité des symptômes dépressifs (p < .001), le diagnostic actuel d’une dépression majeure (p < .05) et les symptômes anxieux (p < .001). Ngai et al. (2010) et Salonen et al. (2009) sont en accord avec ce résultat ; en particulier Ngai et al. (2010 expliquent que les symptômes dépressifs pendant (p < .01) et/ou après la grossesse (p < .01) sont corrélés de manière négative avec la compétence perçue du rôle maternel dans le post-partum.
Selon trois auteurs sur six la perception de l’expérience de l’accouchement influence l’auto-efficacité parentale dans la période du post-partum . Selon Bryanton et al. (2008), pour chaque augmentation d’un point dans le score de la perception de l’expérience de naissance (positive), les mères sont plus susceptibles d’avoir un score élevé d’auto efficacité parentale à 12-48h post-partum (p < .00). Salonen et al. (2009) confirment cette corrélation. Razurel et al. (2011) expliquent aussi que si le projet de naissance idéalisé par la mère est différent de la réalité de l’accouchement, la perception de l’auto-efficacité maternelle diminue ; une des mères sélectionnées pour l’étude exprime ses ressentis par rapport à cet élément : « Je ne m’étais pas imaginée les choses comme cela, pour moi ce n’était pas normal. C’était une catastrophe. »

Facteurs en lien avec l’enfant

Selon une étude, le sexe du bébé a un impact sur la perception de l’auto-efficacité de la mère dans le post-partum (Kohlhoff & Barnett,2013) (p = .041) ; en effet ces auteurs suggèrent que les mères ayant un niveau plus élevé d’auto-efficacité parentale sont plus susceptibles de déclarer d’avoir une fille. Selon l’étude de Salonen et al. (2009), les problèmes de santé de l’enfant sont prédicteurs de l’auto-efficacité parentale (p < .01) ; selon ces auteurs, les problèmes de santé du bébé sont en lien avec la perception d’avoir un « enfant difficile », ce qui a comme conséquence une faible perception d’auto-efficacité de la part de la mère.
Dans l’étude de Shorey et al. (2015), les mères rapportent un niveau bas d’auto efficacité parentale surtout en relation avec les soins apportés au bébé (PMP S-E score, M = 31.61). Selon Razurel et al. (2011) notamment, le rythme des pleurs de l’enfant est un des éléments qui ont le plus d’influence sur le sentiment de compétence de la mère ; une mère explique : « […] Par exemple, concernant les pleurs, ça m’inquiète pour les voisins…Je pense encore beaucoup trop à ce qu’on va penser si elle pleure dans le bus ou des trucs comme ça. […] »

Facteurs familiaux et environnementaux

Les facteurs familiaux et environnementaux sont expliqués dans les six études sélectionnées pour cette revue de littérature. Selon Ngai et al. (2010), Salonen et al. (2009), Shorey et al. (2015) et Razurel et al. (2011) le soutien social de la part de la famille et des soignants est corrélé de manière positive avec l’auto-efficacité parentale. Cet élément peut être mis en relation avec la persuasion verbale : selon Erny (2010) et en accord avec Bandura « les encouragements prodigués par la hiérarchie et les pairs peuvent accroître le  sentiment d’efficacité personnelle » . Razurel, Desmet et Sellenet (2011) suggèrent que le soutien social doit être en adéquation avec les différents moments du post-partum : un soutien émotionnel et d’estime doit être fourni dans le postpartum immédiat, car les mères ont besoin d’être rassurées et valorisées ; un soutien matériel (par exemple une aide pour les tâches ménagères) est à donner lors du postpartum à domicile, car les femmes vivent un état d’épuisement ; enfin, un soutien informatif cohérent et ouvert doit être apporté tout au long du post-partum surtout de la part des soignants, mais aussi de la part de l’entourage, afin d’éviter une baisse du sentiment de compétence de la mère. Razurel et al. (2011) précisent aussi qu’il existe plusieurs sources de soutien social, mais que les plus influentes ce sont la sagefemme et la personne significative pour la mère (une amie, sa propre mère, etc.).
Quant à la difficulté pour le père à soutenir sa femme, Razurel et al. (2011) expliquent que celui-ci a du mal à donner un soutien efficace, car lui-même, il doit faire face à sa propre parentalité.

 

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Table des matières

Introduction
Etat des connaissances et problématique
Question de recherche
Objectif
Cadre théorique
Auto-efficacité
Modèle conceptuel de Richard et Shea
Méthode
Argumentation du choix du devis
Etapes de réalisation de la revue de littérature
Banques de données consultées
Mots MeSH
Critères d’inclusion et d’exclusion
Démarche d’analyse et stratégies de recherche
Résultats 
Présentation des articles scientifiques sélectionnés
Catégories et présentation des résultats
Antécédents du concept d’auto-efficacité parentale
Facteurs socio-démographiques en lien avec la mère
Facteurs maternels
Facteurs en lien avec l’enfant
Facteurs familiaux et environnementaux
Conséquences du concept d’auto-efficacité parentale
Bien-être de la mère et de l’enfant
Discussion 
Discussion en lien avec la littérature et le cadre théorique
Antécédents du concept d’auto-efficacité parentale
Facteurs socio-démographiques en lien avec la mère
Facteurs maternels
Facteurs en lien avec l’enfant
Facteurs familiaux et environnementaux
Conséquences du concept d’auto-efficacité parentale
Bien-être de la mère et de l’enfant
Regard critique sur les études sélectionnées
Limites
Recommandations pour la pratique infirmière, la recherche et la formation
Conclusion

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