Conséquences des pratiques des tavy
Statut et valorisation des sites
Pendant l’intervention du projet FFEM-Biodiversité (le prédécesseur du projet COGESFOR) de 2002 à 2007, dix sites dont huit dans la forêt d’Ambohilero ont bénéficié de contrats de transfert de gestion en application de la loi 96-025 dite GELOSE. Lors de l’élaboration des PAGS des COBA de Beririnina et d’Anjarasoa, les études, notamment agro-économiques, ont montré un développement particulièrement fort des tavy. Bien que les règlements internes le prévoient explicitement8 l’interdiction des feux de forêts s’avère difficile à faire respecter. L’extension de la zone agricole au détriment de la forêt primaire reste un danger dans les kijana. En fait, sur le plan limité de la protection du climat, toute déforestation ou dégradation est indésirable, parce qu’elle libère des gaz à effet de serre qui entraînent un changement climatique (Kanninen et al. 2009). La conversion de la surface forestière à l’usage agricole est un fait avéré. A part les raisons socioculturelles liées aux pratiques des tavy, la faiblesse de moyens nécessaires (matériels, financiers et humains) constatée au sein de l’administration chargée des forêts ne facilite pas ses tâches en termes de gestion forestière. D’autres pistes méritent d’être approfondies. Dans la logique de la cohérence, la solution de cette pratique agricole appelle aux innovations agricoles.
Un panel de méthodes
Nous avons toujours commencé par l’entretien libre. Celui-ci a été suivi, selon notre bon sens des informations souhaitées, soit d’un questionnaire soit d’un entretien semi-directif. L’interlocuteur est ainsi naturellement mis à l’aise et en situation de confiance. Cette approche nous est apparue logique dans le sens où les informations se sont précisées progressivement au fur et à mesure de l’entretien. Les études réalisées9 précédemment, toujours dans le cadre de l’étude des conditions nécessaires pour la mise en place du PSE, ont fourni des connaissances sur le milieu physique et socio-économique. Celles-ci ont été, dans les deux sites, insuffisantes et nous ont amené à les compléter par des entretiens libres. Ces éléments complémentaires concernaient les besoins des paysans tavystes, leur motivation, leur perception des tavy et enfin l’évolution des tavy Le schéma théorique a été montré et expliqué aux acteurs indirects (autres que les paysans) et des entretiens libres ont permis de connaitre leur réaction face au schéma proposé, les limites qu’ils lui donnent, les avantages qu’ils en escomptent. Quelle serait leur attitude si un tel dispositif était développé ? Dans quelle mesure un PSE pourrait-il compenser des contraintes perçues par les paysans ? La collecte de données factuelles sur l’univers social étudié et des réactions de l’enquêté (Ramamonjisoa, 1996) sur les idées relève de l’enquête par questionnaire offrant la possibilité de poser à la fois des questions ouvertes et des questions fermées (cf. annexe 4). Ce type d’entretien fait ressortir des réponses plus claires bien que, parfois, la question oriente la réponse (Ghiglione and Matalon, 2004). Cette démarche a permis d’analyser le contexte socio-économique vécu par les enquêtés avec leur jugement ou leur point de vue sur le nouvel instrument PSE. L’entretien semi-directif suit le guide d’entretien élaboré à partir de la liste de variables (cf. annexe 3) et des hypothèses. Ces entretiens ont permis de collecter des informations sur l’évolution des rendements agricoles, la culture de contrat oral au sein de la communauté et le degré de confiance entre les membres. Par simple observation des acteurs, il est aussi possible de recueillir des informations capitales. Chaque site a ainsi été visité deux fois en l’espace de trois semaines. Grâce à ces entretiens, nous avons pu comparer les dires des enquêtés et la réalité de leurs actions. Ainsi, concernant les déplacements effectués de parcelles en parcelles, nous avons noté une nette différence entre le site de Bemainty et celui d‘Ivolobe-Ifelana. En effet, les gens de Bemainty se déplacent en fonction de l’emplacement de leurs parcelles et construisent leur habitat à proximité. En revanche, dans le si te d’Ivolobe-Ifelana, la tendance à la sédentarisation a été constatée. Leurs actes et leurs dires se recoupent parfaitement. Nous avons pu noter également que, dans la vie quotidienne des deux sites, malgré un certain relâchement concernant le respect des règles, la hiérarchie sociale est encore réelle: la communauté lignagère respecte le tangalamena10 et les jours de fady11sont toujours observés. Nous avons essayé de tirer profit de cette organisation sociale, comme par exemple, la visite de courtoisie et la premièreenquête auprès du tangalamena.
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Table des matières INTRODUCTION PROBLEMATIQUE I- MATERIELS ET METHODES 1.1 Présentation des milieux d’études 1.1.1 Localisation géographique des sites 1.1.2 Caractéristiques humaines, sociales et culturelles des sites 1.2 Choix des sites 1.2.1 Statut et valorisation des sites 1.2.2 Perspective de reproductibilité à grande échelle 1.3 Cadre théorique du PSE 1.3.1 Origine et évolution du PSE 1.3.2 Un PSE à mi-chemin entre environnement et développement 1.3.3 Fonctionnement global du mécanisme 1.4 Méthodes d’enquêtes 1.4.1 Schéma institutionnel, fil directeur de notre travail 1.4.2 Un panel de méthodes 1.4.3 Echantillonnage 1.4.4 Valorisation des informations 1.4.5 Limites méthodologiques II- RESULTATS 2.2 Les tavy et les réglementations afférentes 2.2.1 Sites forestiers, patrimoines lignagers 2.2.2 Description des tavy sur la côte est de Madagascar 2.2.3 Déplacements liés aux tavy 2.2.4 Gestion des déplacements suivant les sites 2.2.5 Importance des cultures complémentaires 2.3 Conséquences des pratiques des tavy 2.3.1 Facteur de blocage à l’éducation 2.3.2 Le recul de la surface forêt primaire, un fait avéré 2.3.3 Emission de carbone liée à la dégradation de la forêt 2.3.4 Carbone et forêt secondaire 2.3.5 Avantages économiques des tavy 2.4 Règlementations à l’encontre des tavy 2.4.1 Règlementations répressives 2.4.2 Règlementations pragmatiques 2.5 Contextes réels dans les sites 2.5.1 Conceptions différentes de l’installation dans la forêt 2.5.2 Une fragilité économique, point commun des ménages forestiers 2.5.3 Contexte économique régional défavorable aux ménages forestiers 2.6 Propositions d’innovations des itinéraires techniques agricoles 2.6.1 Contexte et principes 2.6.2 Avantages de l’AC 2.6.3- Estimation du bilan carbone dans les deux sites 2.6.3 Contraintes classiques de l’AC 2.7 Adaptation du schéma institutionnel du « PSE investissement » préétabli 2.7.1 Le système de monnaie spécifique et ses limites 2.7.2 Allégement de la structure institutionnelle 2.7.3 Identification des acteurs 2.7.4 Fonctionnement du mécanisme PSE investissement 2.8 Le PSE, un instrument économique à formaliser 2.8.1 Coût d’investissement supporté par le mécanisme PSE 2.8.2 Simulation simple des coûts liés à la mise en place des ITA III- DISCUSSION 3.1 Besoin de prendre les risques pour les parties contractantes 3.1.1 Remettre en question le savoir collectif sur les tavy 3.1.2 Accompagnement de la capacité d’innovation des communautés 3.1.3 Des avantages universels à relativiser 3.2 Qu’implique le « PSE investissement » ? 3.2.1 Contractualisation et conditionnalités 3.2.2 La compensation, un débat sans fin 3.2.3 Le PSE fonction du coût d’opportunité 3.2.4 Possibilité de mise en place du PSE, à spécifier CONCLUSION
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