L’obésité chez les enfants et adolescents est une problématique de plus en plus présente au sein de la population québécoise. En effet, la proportion de jeunes Québécois en surpoids a augmenté de 55 % en 25 ans (Institut national de santé publique du Québec, 2009). Cette condition de santé est préoccupante puisqu’elle est associée à une apparition précoce de problèmes de santé physique (Freedman et al., 2007) tels que les maladies cardiovasculaires (Han, Lawlor, & Kimm, 2010), l’asthme (Mohanan, Tapp, McWilliams, & Dulin, 2014), l’apnée du sommeil (Verhulst, Van Gaal, De Backer, & Desager, 2008) et le diabète de type 2 (Dabelea et al., 2014; Pettitt et al., 2014). L’obésité implique également des conséquences psychologiques (Daniels & Leaper, 2006) comme la dépression (Morrison, Shin, Tarnopolsky, & Taylor, 2015; Rofey et al., 2009), l’anxiété (Rofey et al., 2009) et influence l’estime de soi de façon négative (Goodman, Slap, & Huang, 2003). Par ailleurs, les enfants en surpoids et en obésité risquent de demeurer dans cette condition lors de l’adolescence ainsi qu’à l’âge adulte (Gordon-Larsen, The, & Adair, 2010). À cet effet, l’acquisition et le maintien de saines habitudes de vie dès l’enfance sont reconnus pour permettre de prévenir l’obésité dans cette tranche d’âge et d’agir à titre préventif sur le long terme (Roblin, 2007). Les saines habitudes de vie qui aident à prévenir l’obésité sont principalement un mode de vie actif, une diminution des comportements sédentaires et une saine alimentation (Gouvernement du Québec, 2019 ; Société canadienne de physiologie de l’exercice, 2016). La revue systématique de la littérature et méta-analyse réalisée par Owen, Smith, Lubans, Ng et Lonsdale (2014) portant sur l’association entre la motivation et l’activité physique chez les enfants et les adolescents fait ressortir des façons de favoriser l’acquisition et le maintien de saines habitudes de vie. Dans leur conclusion, les auteurs considèrent la théorie de l’autodétermination (TAD) comme un modèle de connaissance utile pour comprendre la motivation dans un contexte de prévention de l’obésité chez les enfants et les adolescents.
Pour ce qui est du cadre des programmes, les résultats de l’étude de De Meester et al. (2014) identifient le parascolaire comme étant un bon contexte pour inciter les jeunes ayant un mode de vie sédentaire à débuter une activité physique. D’ailleurs, l’étude de Wallhead, Hagger et Smith (2010) porte sur un programme parascolaire basé sur la TAD pour favoriser l’activité physique chez les enfants de 9 à 14 ans. Les résultats de cette étude montrent qu’un style d’enseignement soutenant l’autonomie amène la motivation des participants à tendre vers l’autodétermination. D’ailleurs, plus la motivation des participants est autodéterminée pour les cours d’éducation physique, plus celle-ci devient autodéterminée pour pratiquer l’activité physique en tant que loisir. Cette étude suggère qu’un programme parascolaire basé sur la TAD est efficace afin d’amener les jeunes à intégrer de saines habitudes à leur mode de vie.
La présente étude vise à évaluer l’impact du programme d’éducation parascolaire PASS-SPORTS pour ma santé sur la motivation globale, la motivation spécifique à l’activité physique et l’estime de soi chez des élèves du primaire. Cette étude est novatrice puisque lors de la présente recension des écrits, aucun programme d’intervention portant sur l’acquisition de saines habitudes de vie et conçu à partir de la TAD pour les jeunes au Québec n’a été répertorié. De plus, chez les jeunes, il ne semble pas y avoir d’étude dans la littérature existante qui mesure l’estime de soi des participants tout au long d’un programme d’intervention intégrant la TAD.
Concernant la présente étude, les participants ont été recrutés parmi les jeunes de 5e et 6e année d’une école primaire de la Commission scolaire de la Jonquière au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Un total de 20 participants âgés entre 10 et 11 ans ont été recrutés. Le programme PASS-SPORTS pour ma santé s’échelonnait sur une période de 25 semaines. Ce dernier a été offert sous forme d’une activité parascolaire ayant lieu deux midis par semaine (2 heures). Parmi les deux rencontres, une était consacrée à l’activité physique (1 heure) et l’autre, à la nutrition (1 heure). Une rencontre mensuelle a eu lieu avec les parents des enfants participant au programme afin de faire un suivi des connaissances transmises. Les variables de motivation globale, de motivation spécifique à l’activité physique et d’estime de soi ont été mesurées à l’aide de questionnaires auto administrés au début (T1) et à la fin (T2) du programme d’intervention.
Les saines habitudes de vie chez les enfants
Le programme PASS-SPORTS pour ma santé réalisé dans la présente étude est un programme de prévention visant l’acquisition de saines habitudes de vie. Selon le Gouvernement du Québec (2019), les saines habitudes de vie qui ont un impact sur la prévention de l’obésité sont principalement un mode de vie actif, une diminution des comportements sédentaires et une saine alimentation. Concernant les comportements sédentaires, les recommandations sont d’un maximum de 2 h par jour de temps passé devant un écran et de maintenir au minimum les longues périodes en position assise (Société canadienne de physiologie de l’exercice, 2016). En ce qui concerne l’alimentation, le Guide alimentaire canadien (Gouvernement du Canada, 2019) dont la conception s’appuie sur les données probantes présente des recommandations afin d’adopter une alimentation saine. De façon globale, celui-ci recommande de manger des fruits et des légumes de façon abondante, de consommer des aliments protéinés provenant le plus souvent de sources végétales, de choisir des aliments à grains entiers et de prioriser l’eau comme breuvage (Gouvernement du Canada, 2019). L’acquisition de saines habitudes de vie dès l’enfance est reconnue dans la littérature scientifique comme un facteur aidant à maintenir un poids santé sur le long terme (Boyce, 2008).
Mode de vie actif. Cette section offre une description plus précise de l’activité physique puisqu’il s’agit d’un thème en lien avec la variable de motivation spécifique à l’activité physique examinée dans le cadre de la présente étude. Selon la Société canadienne de physiologie de l’exercice (2016), les enfants et les jeunes de 5 à 17 ans devraient pratiquer au moins 60 minutes d’activité physique par jour, d’une intensité modérée à élevée. Il est également recommandé que les enfants et adolescents pratiquent une activité qui renforce les muscles et les os trois fois par semaine comme par exemple des pompes avec genoux au sol, du saut à la corde ou de la course à pied (Gouvernement du Québec, 2016; Société canadienne de physiologie de l’exercice, 2016). Globalement, l’activité physique est reconnue dans la littérature scientifique pour aider à prévenir les maladies chroniques telles que le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires (Gouvernement du Québec, 2016 ; Janssen & Leblanc, 2010). Elle permet également d’améliorer l’attention, la concentration et le sommeil en plus de favoriser le maintien d’une bonne santé mentale et de diminuer le stress (Gouvernement du Québec, 2016). Un autre aspect important est que l’intégration de saines habitudes de vie sur une base quotidienne qui implique notamment l’activité physique permet de prévenir l’obésité chez les jeunes ainsi que chez l’adulte (Roblin, 2007). C’est pourquoi cette conséquence majeure ainsi que ses implications seront exposées dans les sections subséquentes.
Habitudes de vie chez les enfants du Québec
Selon l’Institut de la statistique du Québec (2018), il s’agit de 31,0 % (IC 99 % : 28,7 à 33,3) des élèves de première année du secondaire pour l’ensemble du Québec qui considèrent leur niveau d’activité physique de loisir et de transport comme étant actif pour l’année scolaire de 2016-2017 alors que 19,5 % (IC 99 % : 17,9 à 21,2) le considèrent comme sédentaire. Dans cette étude, l’activité physique de loisir fait référence aux activités physiques réalisées dans les temps libres comme par exemple la marche, la danse ou le plein air. L’activité physique de transport concerne les moyens de transport actifs tels que la marche, la bicyclette ou le patin à roues alignées (Institut de la statistique du Québec, 2019). Pour le Saguenay-Lac-Saint Jean, il s’agit de 34,1 % (IC 95 % : 29,0 à 39,5) des élèves de première année du secondaire qui considèrent leur niveau d’activité physique de loisir et de transport comme étant actif alors que 20,4 % (IC 95 % : 17,9 à 23,1) le considèrent comme sédentaire (Institut de la statistique du Québec, 2018). Ces statistiques démontrent la pertinence de maintenir les efforts afin de mettre en place des stratégies favorisant la motivation à la pratique d’activités physiques.
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Table des matières
Introduction
Contexte théorique
Les saines habitudes de vie chez les enfants
Mode de vie actif
Habitudes de vie chez les enfants du Québec
L’obésité chez les enfants
Prévalence de l’obésité
Facteurs de risque de l’obésité
Conséquences de l’obésité chez les enfants
Conséquences de l’obésité sur la santé physique des enfants et des adolescents
Conséquences psychologiques de l’obésité
Estime de soi chez les enfants
Définition de l’estime de soi
Les saines habitudes de vie et l’estime de soi
Estime de soi chez les enfants présentant de l’obésité
Théorie de l’autodétermination
Continuum de l’autodétermination
Modèle hiérarchique de la motivation
Motivation spécifique à l’activité physique
Motivation spécifique à l’activité physique et estime de soi
Études sur la satisfaction des besoins psychologiques dans un contexte d’activité physique utilisant la TAD et mesurant l’estime de soi
Programme d’intervention valorisant les saines habitudes de vie chez les jeunes
Programmes visant l’acquisition de saines habitudes de vie chez les jeunes basés sur la théorie de l’autodétermination
Objectif de recherche et hypothèses
Méthodologie
Participants
Instruments de mesure
Motivation globale
Motivation autodéterminée à l’activité physique
Estime de soi
Déroulement de la collecte de données
Stratégies d’analyses
Résultats
Analyse de puissance
Analyses préliminaires
Analyses descriptives
Caractéristiques sociodémographiques
Synthèse des caractéristiques démographiques
Analyses principales
Test non paramétrique de Wilcoxon
Prédiction du degré d’autodétermination de la motivation globale
suite au programme de prévention
Prédiction du degré d’autodétermination de la motivation spécifique à l’activité physique
Prédiction du degré d’estime de soi
Corrélations de Spearman
Prédiction de l’association positive entre la motivation globale et spécifique à l’activité physique et l’estime de soi
Synthèse des résultats
Discussion
Retour sur l’objectif et les résultats
Discussion de la puissance statistique, des abandons et du sexe des participants de l’échantillon
Discussion des hypothèses de recherche
Première et deuxième hypothèses
Interinfluence entre la motivation globale et la motivation spécifique à l’activité physique
Faiblesse dans la puissance statistique et taille d’effet
Caractéristiques sociodémographiques de l’échantillon
Validité des questionnaires chez les enfants
Satisfaction des besoins psychologiques de base et besoin de plaisir
Autres variables pouvant interférer sur la motivation globale et spécifique à l’activité physique
Troisième hypothèse
Faible puissance statistique et taille d’effet
Instabilité du concept d’estime de soi chez les filles âgées entre 10 et 11 ans
Quatrième hypothèse
Complexité de la motivation à l’activité physique et de l’estime
de soi chez les filles
Approbation des pairs
Possibilité d’un résultat faux positif
Retombées théoriques et pratiques de l’étude
Forces et limites de l’étude
Forces
Limites
Pistes de recherches futures
Conclusion
Références