Connaître le fonds documentaire papier : un premier pas vers la complémentarité 

Le centre de documentation : « une cellule vitale »

Description physique

Au premier étage de l’Ecole, le fonds documentaire est réparti entre deux salles de même taille : l’une est consacrée à la partie documentation, l’autre à la partie bibliothèque. Cette dernière comprend prés de 5000 ouvrages qui constituent un fonds encyclopédique. Ouvrages généraux et spécialisés en information occupent chacun une place bien distincte et sont rangés selon un classement qui leur est propre. Les ouvrages d’ordre géopolitique consacrés à l’Europe, au Moyen Orient ou à la région Nord- Pas-de-Calais sont rangés et répartis selon la classification Dewey. Mais la véritable richesse du fonds de la bibliothèque tient à ses nombreux ouvrages traitant de l’information, de la communication, des médias et de la presse plus particulièrement. Ce fonds spécialisé, régulièrement sollicité par des professionnels extérieurs à l’Ecole, prend place sur les rayons de la bibliothèque selon un classement inspiré du thésaurus de l’UNESCO.
L’informatisation de la bibliothèque en 1996 et l’installation du logiciel Alexandrie ont permis de faire un état de l’ensemble du fonds de la partie bibliothèque mis à disposition des étudiants et des permanents de l’Ecole. Pourtant les dernières acquisitions, datant de 1997, n’ont, à ce jour, pu être inscrites au registre de la bibliothèque. Mr Richard Herlin, « conseiller en documentation », assure seul depuis plusieurs années le bon fonctionnement de la « bibliothèque-documentation » avec pour budget 50 000 francs (25000 francs pour la documentation et autant pour la bibliothèque) . Une partie du fonds attend donc sur les rayons d’être indexée, classée et répertoriée pour pouvoir être exploitable. La non alimentation du fonds et l’absence de mise à disposition d’une partie des ouvrages : tels sont, entre autres, les dysfonctionnement qui allaient être constatés.
Le centre de documentation, à proprement parler, occupe la deuxième salle et met à la disposition de ses usagers un fonds de 300 périodiques. Les quotidiens (L ‘Humanité , Libération, le Monde…), les magazines d’information générale {Le Figaro, L’Événement…), quelques titres de la presse étrangère côtoient des revues d’études {Les Cahiers Français, Notes et études documentaires..) de la « littérature grise » émanant d’organismes les plus divers (banques, laboratoire d’études. ) Les différentes publications étrangères sont rangées dans la partie bibliothèque, à côté des livres correspondant à leur pays de publication. A côté du traditionnel support papier, les étudiants disposent, depuis deux ans, de trois postes connectés à l’Internet ainsi que du CD-Rom du Afonde qui offrent l’avantage, entre autres, de pallier les lacunes dans les collections. Diversification des sources, diversification des supports… tout est mis en oeuvre pour donner aux futurs journalistes une approche pluridimensionnelle d’une même information.
Outre ces documents directement accessibles, d’autres titres (prés de 200) dorment au sous-sol depuis une cinquantaine d’années. Mais l’absence de mise en valeur du fonds, d’une véritable politique de conservation ont contribué à rendre les archives peu exploitables par les étudiants.
Le nombre de documents mis à disposition des usagers implique que le centre de documentation sélectionne l’information et la traite de telle sorte qu’elle soit rapidement accessible pour un public donné. Quelle est la nature des opérations que le documentaliste fait subir à l’information de façon à la rendre potentiellement utile et « usable »3 pour un département défini, une catégorie d’usagers ? Telle est la question que nous nous sommes posée pour déterminer le rôle du centre de documentation de l’ESJ.

Le rôle du centre de documentation

L’objectif premier d’un centre de documentation performant reste avant tout d’ « assurer une circulation efficace de l’information »4. Une fois estampillé, identifié comme appartenant au centre de documentation, le document est classé selon sa nature, mis sur présentoir s’il s’agit de presse quotidienne, sur étagère s’il est question de presse magazine hebdomadaire (ou de périodicité variable).
Mais le traitement de l’information ne se limite pas à cet aspect bibliothéconomique. En effet, les documents, une fois compulsés, peuvent être répartis entre les différents départements de l’Ecole, suivant leurs centres d’intérêt. Trois types de documents convergent vers le centre de documentation, noyau de l’Ecole en terme d’information. C’est lui qui centralise l’information provenant de l’extérieur de l’Ecole et celle inhérente au centre de documentation. Au centre de ces cercles concentriques se trouve le centre de documentation qui assure la circulation de « l’information et de la documentation entre les différents environnements internes et externes, à l’organisation dont il fait partie ».
Concrètement, l’ensemble des tâches laissées au documentaliste de l’ESJ l’empêche de répartir de manière satisfaisante et systématique l’information entre les différents départements de l’Ecole. Un article jugé intéressant pour un usager particulier sera relevé mais plus couramment les usagers viendront eux-mêmes chercher l’information qui leur est utile. Il n’est donc, pour des questions de temps et de personnel, pas vraiment question de diffusion sélective d’information. Pour pallier ce manque, la mise en place d’un Intranet au sein de l’Ecole semblerait une solution satisfaisante.
Le centre de documentation rassemble et brasse donc une quantité d’informations particulièrement importante. La place qu’il occupe au sein de l’Ecole est, d’ailleurs, elle-même parlante : c’est bien lui qui se trouve au centre des différents secteurs du second étage. En tant que centralisateur de l’information, il exerce un filtrage de l’information pour ne faire parvenir que celle qui fera sens pour un usager défini. En outre, il institutionnalise l’information et garantit l’exactitude des données qu’il met à disposition. Enfin, en confrontant différentes sources d’information, en rassemblant une multitude de documents, il donne aux usagers une vision pluridimensionnelle d’une même information, ce qui, dans le cas des journalistes, garantit une objectivité quant à une information donnée.
Le centre de documentation tient donc une place centrale en terme de gestion de l’information. Mais ce qui fait la particularité de cette institution au sein de l’ESJ tient à la nature même de la matière qu’elle traite : la documentation de presse.

La spécificité d’une documentation de presse

Le premier support d’une documentation de presse reste l’écrit. En effet, la forme imprimée est encore la plus abondante en terme de presse périodique. La difficulté de classer et de traiter une telle matière réside non seulement dans la surabondance des productions éditoriales mais également dans la périodicité qui «(…) confère au contenu un aspect toujours inachevé». Comment donc classer une telle documentation, émiettée par la périodicité ? Les dossiers documentaires ou dossiers de presse, constitués en fonction des demandes ou par anticipation, permettent de regrouper par thèmes un ensemble d’articles issus de sources diverses. De même, la consultation d’un logiciel qui dépouillerait les périodiques permettrait de retrouver l’ensemble des productions sur un sujet identique. Aucun de ces choix n’a été opéré à l’ESJ. L’absence de dossiers documentaires correspond à un désir de laisser les usagers récupérer eux-mêmes l’information qu’ils jugent pertinente. Eux seuls savent d’emblée le type d’articles qu’ils souhaiteraient trouver.
En outre, la documentation de presse gère une information par nature ponctuelle et éphémère.
L’obsolescence de la documentation de presse entre en contradiction avec l’un des rôles qui incombe traditionnellement au centre de documentation : l’archivage. Quelle est donc l’utilité de conserver une information périmée demain ? Tel est le paradoxe : « Le journalisme est une culture de l’événement ; la documentation est un art de la durée»7. Seul le traitement que le documentaliste fera subir à l’information permettra de faire cohabiter « culture de la durée » et « culture de l’événementiel ».
L’information, une fois classifiée, se fera information documentaire et prendra un tout autre statut.
Pour les usagers, journalistes ou futurs journalistes, la notion d’information « signifie d’abord actualité, mention d’un événement mais quand ils parlent de recherche d’information, il peut s’agir aussi de recherche de renseignements sans lien direct avec l’actualité : un arrière fond historique ou des données chiffrées. On entre alors dans le domaine du document, de la documentation». L’information périssable se pérennise par l’usage et entre dans le domaine de l’histoire, vient nourrir un sujet. Les usagers peuvent donc, en quelque sorte, assurer une durée à l’information ponctuelle. Théoriquement, un centre de documentation renvoie toujours une certaine image de l’usager dans la mesure où il est censé être mis en place en fonction de besoins particuliers et toucher un public bien défini. Aussi, déterminer de façon abstraite l’efficacité ou les lacunes éventuelles d’un système informationnel, la bonne circulation de l’information, évaluer les supports et les documents mis à disposition sans prendre en compte l’usager n’aurait eu aucun sens. Établir un diagnostic quant au bon fonctionnement du centre de documentation supposait donc dresser une typologie des usagers et de leurs pratiques documentaires au sein de l’ESJ.

Usages et usagers de l’information

Les usagers

« Mettre l’usager au centre du dispositif exige que l’on ait un idée claire de ce qu’il est »n . Telle est la raison pour laquelle nous avons étudié de façon systématique l’usager en quête d’information ayant recours au centre de documentation. Un entretien avec le documentaliste nous a permis de déterminer de manière plus précise quelles étaient les différentes catégories d’usagers. Outre les « apprentis journalistes », les permanents de l’école et les intervenants occasionnels fréquentent le centre de documentation à la recherche d’information propre à leur activité ou nécessaire à la rédaction d’un article. En outre, de multiples demandes extérieures concernant les domaines de l’information et de la communication peuvent émaner d’un public très divers (organismes, journalistes, particuliers.. .).
Tous ont en commun un même objet d’étude : l’information. Celle-ci constitue la matière première de leurs écrits ou interventions à venir. Mais les usagers « sur site » (internes à l’école), bien plus que les usagers « hors site » (extérieurs à l’ESJ), doivent prendre en compte le facteur temps, propre à l’activité journalistique. C’est ainsi que chaque matin, un rédacteur en chef est désigné parmi les étudiants et des sujets distribués. Les futurs journalistes, répartis dans les différents ateliers, rendent leurs papiers, prennent l’antenne quelques heures plus tard. A la recherche d’information, l’usager, forcément motivé, se met en quête non seulement d’une information pertinente sur un sujet original mais également d’une information originale (ce qui est en totale contradiction avec certaines de ses pratiques documentaires comme nous le verrons plus tard).
Cette contrainte de temps fait des journalistes un public particulièrement exigeant en terme de pertinence et de rapidité d’accès à l’information. Cette notion va considérablement influer sur les usages du centre de documentation, guider leur choix vers tel ou tel support et modifier leur façon d’entrer en contact avec le système d’information.

Les pratiques documentaires

L’installation de plusieurs postes informatique en octobre 1997 a largement influencé les pratiques documentaires des usagers du centre de documentation. L’arrivée d’Internet a suscité un engouement massif auprès des utilisateurs et c’est l’aspect novateur et ludique de ce nouveau moyen de rechercher l’information qui les a poussés à se tourner vers lui. L’image traditionnelle de la plus grande bibliothèque du Monde laisse penser que tout se trouve sur le web. Une enquête effectuée par le directeur des études en poste à l’époque a révélé que les étudiants considèrent l’Internet comme « une source inépuisable d’information ». Mais, d’après les observations effectuées pendant toute la durée du stage, la première recherche se tourne presque unanimement vers des sites de presse en ligne qui mettent à disposition leurs archives et la référence de leurs articles Afin d’alimenter leurs propres papiers, les apprentis journalistes se nourrissent d’information déjà travaillée, sans connaître l’information à l’état brut, sans chercher l’information à la source. Cette attitude semble courante chez les journalistes. 75,5% des étudiants ont reconnu y avoir recours. Ainsi que Richard Herlin le fait remarquer, citant De Bonville : « Les journalistes sont de faibles utilisateurs de documentation et leurs lectures se limitent très souvent aux articles qui constitueront l’édition quotidienne du journal et autres journaux ». La tendance des usagers est donc de s’alimenter à leurs propres sources. A ce sujet, Pierre Bourdieu parle de « circulation circulaire de l’information »13 et précise que « personne ne lit autant les journaux que les journalistes (,..)»14 La façon de rechercher des informations varie peu mais les supports vers lesquels les usagers se tournent sont choisis en fonction de critères particuliers.
L’impression, illusoire, que le support électronique est plus rapidement accessible conduit les usagers à évincer spontanément le papier. Il suffit d’observer les demandes récurrentes des étudiants pour s’en rendre compte. Même lorsqu’il s’agit d’un équivalent exact, d’une réplique papier numérisée, le support électronique est préféré. Outre l’aspect novateur, le support électronique offre l’avantage pour les usagers de pouvoir effectuer une recherche par mot clé, par date dans les archives non payantes du journal mises en ligne ou du CD-Rom qui contient les « morgues» des journaux. L’absence de dossiers documentaires papier est palliée en partie par ces nouveaux supports et les usagers récoltent donc eux-mêmes les différents articles parus sur un sujet donné. Notons qu’il existe aujourd’hui des sites en ligne qui, une fois certains journaux choisis, opèrent eux mêmes un tri sur un sujet particulier.
L’attrait pour ces nouveaux supports se voit confirmé par la fréquence avec laquelle le CD-Rom du Monde, disponible à la documentation, est emprunté. Celui-ci permet aux étudiants de retrouver, en un temps record pensent-ils, un ensemble complet d’information. Le « bruit », lorsqu’une requête est mal formulée, les liens hypertexte, peuvent éventuellement faire émerger un article, mettre à jour un aspect du sujet auquel ils n’auraient pas pensé spontanément. Seuls les désavantages du support électronique, le manque de postes informatiques, l’échec d’une recherche conduisent les usagers vers la seconde alternative : le support papier.
Etant donnée l’absence de logiciel permettant le dépouillement des périodiques, la recherche papier se révèle particulièrement fastidieuse, à moins que la date de parution de l’article ne soit connue.
Nombreux sont ceux qui feuillettent inlassablement une pile de journaux à la recherche de l’article « usable », ce qui constitue une perte de temps considérable en matière de fabrication de l’information.
Vraisemblablement, si le centre de documentation disposait d’un budget plus conséquent, les usagers délaisseraient le support papier ou n’y auraient recours que si l’équivalent web n’existait pas. Car leur tendance naturelle consiste à regarder dans les magazines disponibles s’ils offrent un accès à leurs archives numériques.
Support papier ou électronique : quel que soit celui vers lequel se porte leur choix, tous ont recours, avant même d’entamer la recherche, à celui qui est censé connaître le fonds documentaire, celui qui est le plus à même de les faire entrer en contact avec le système informationnel : le documentaliste.

Le documentaliste au cœur du système d’information

Pour trouver une information plus rapidement, les usagers sollicitent le documentaliste qu’ils considèrent comme le plus apte à leur fournir une réponse. La personnalité du documentaliste et les rapports qu’il entretient avec les usagers viennent modifier les usages. Seul à connaître le fonds
documentaire papier, il les guide vers les périodiques les plus susceptibles de répondre à leur besoin immédiat. En ce sens, il fait entrer l’usager en contact avec le système informationnel de façon à ce qu’il en fasse le meilleur usage possible. Car la multitude de revues qui se trouvent dans le centre de documentation ne sont pas forcément à la vue de tous. Cette remarque est particulièrement vraie en ce qui concerne l’ESJ.
En outre, même si l’usager est relativement autonome, son manque de connaissances en terme de nouvelles technologies le pousse, lors de l’échec d’une recherche ou avant même de l’avoir commencée, à se tourner vers le documentaliste. En terme d’autonomie, deux attitudes doivent être distinguées : l’autonomie dans la démarche et celle dans la recherche de résultats. Lorsque les usagers utilisent le CD-Rom du Monde, par exemple, ils ont fréquemment recours au documentaliste.

Le système d’information de l’ESJ

L’interface, qui se _présente plus comme un logiciel de bureautique, ne laisse pas la possibilité à l’usager de se débrouiller seul si sa démarche n’aboutit pas. Il sait s’en servir ou non. Par contre, en ce qui concerne les sites de presse en ligne, l’interface, conviviale et ludique, amène les usagers à poursuivront seuls leur recherche, même si elle échoue. Ce système, plus ouvert que celui du CD Rom, propose de nouvelles solutions dans la démarche de recherche qui ne laisse pas l’usager désemparé s’il n’obtient pas de résultat. Mais si l’information pertinente n’est pas obtenue suffisamment rapidement, le recours au documentaliste est systématique. D’ailleurs, une enquête récemment effectuée au sein de l’Ecole montre bien que lorsque les étudiants ne parviennent pas à trouver l’information dont ils ont besoin, ils se tournent tous spontanément vers le documentaliste. Celui-ci aide à la formulation d’une requête, de façon à ce que l’information pertinente soit trouvée. H est, d’ailleurs, étonnant de constater la difficulté qu’ont les étudiants à formuler une question à peu prés cohérente. De même, leur manque de connaissances en matière de recherche par mots clés les conduit à solliciter le documentaliste lorsqu’ils veulent obtenir une information sur un CD-Rom quelconque. Le documentaliste a donc un rôle de médiateur et amène l’usager vers une utilisation plus autonome des nouvelles technologies. Des cours ont même été dispensés aux étudiants car « la recherche documentaire fait partie du savoir-faire indispensable du journaliste »mais un réel travail de médiation documentaire reste encore à faire. En matière de nouvelles technologies, il semble évident que le documentaliste a donc un rôle fondamental de formateur à jouer. En intégrant quotidiennement les nouveaux supports aux recherches des usagers, en les amenant à une utilisation plus autonome des nouveaux supports, il est le premier à préparer une éventuelle complémentarité de la documentation papier et de la documentation numérique.

Nouveaux supports, nouveau centre de documentation

Nouveaux supports : la stratégie du changement

Un premier contact avec le documentaliste de l’ESJ nous a conduits à déterminer quelle serait l’objet de notre mission. Dans une école en perpétuelle évolution, rassemblant un public de journalistes, intégrer les nouvelles technologies dans le centre de documentation devenait, sinon une priorité, au moins une des préoccupations du documentaliste. En effet, les nouveaux supports font partie du quotidien des étudiants et des formateurs en journalisme. Aussi fallait-il pouvoir faciliter leur accès à un support autre que le traditionnel papier et leur permettre d’accéder aussi rapidement que possible à l’information. L’arrivée du support numérique allait, en outre, permettre de résoudre en partie les problèmes de mise à disposition et favoriser l’autonomie des usagers dans l’accès au document. Le documentaliste, seul depuis plusieurs années, ne pouvant satisfaire pleinement les besoins des utilisateurs, avait tout intérêt à faire en sorte que les usagers puissent effectuer une recherche seuls. Conscient des problèmes de la documentation, Richard Herlin nous a donc chargés d’étudier l’intérêt d’une documentation papier à l’ère du numérique, ce qui supposait recenser le fonds papier pour ensuite l’évaluer et penser à une éventuelle complémentarité.

Repenser le centre de documentation

En fait de complémentarité, il s’agissait de revoir et réorganiser une partie du centre de documentation. L’intégration des nouveaux supports dans une telle infrastructure bouleverse non seulement les mentalités mais également le centre de documentation en lui-même. H faut alors revoir la politique d’archivage, la mise à disposition, les rangements préexistants, la politique d’acquisition des documents. Remettre en question tout le centre de documentation, le traitement documentaire et la circulation de l’information : telle était véritablement la mission de notre stage. Pour ce faire, différentes étapes nous ont semblé nécessaires. Faire un état des lieux du centre de documentation, des usagers et de leur usage du système d’information a constitué la première phase de notre mission. Mais préparer un centre de documentation à une telle évolution supposait également faire un diagnostic du système d’information en lui-même, analyser les besoins des usagers. En effet, un changement dans le fonctionnement de la chaîne documentaire ne peut se justifier que par les besoins réels des usagers. Il s’agissait, en l’occurrence d’un besoin de diversification des supports et de rapidité d’accès à l’information. Enfin l’évaluation du fonds documentaire papier devait nous conduire à préparer le centre de documentation à une éventuelle complémentarité du support papier et du support numérique.
Faire un état des lieux du centre de documentation, définir les usagers et les pratiques documentaires ont révélé l’intérêt tout particulier que les journalistes portaient aux nouveaux supports et la nécessité pour le centre de documentation d’entrer dans l’ère du changement en offrant à ses usagers la possibilité de diversifier leurs sources. Mais les problèmes inhérents au centre de documentation et les besoins révélés par les usages nous ont conduits à replacer l’objet de la mission dans un cadre beaucoup plus large. Il ne s’agissait plus de repenser une partie du fonds documentaire mais bel et bien de restructurer le centre de documentation en termes d’outils documentaires et d’accessibilité au fonds pour satisfaire les besoins urgents et immédiats des étudiants et permanents de l’Ecole. Penser ensuite l’arrivée du numérique correspondait à pallier certains manques du centre de documentation.

Des changements engendres par les besoins des usagers

Pourquoi évaluer l’intérêt d’une documentation papier à l’ère du numérique ? Il s’agissait, en fait, d’essayer de pallier, au moins en partie, certains manques de moyens (notamment humains) du centre de documentation. Les avantages que présentent le support numérique peuvent-ils, dans une certaine mesure, répondre non seulement aux besoins du centre de documentation mais également des usagers? Telle est la question à laquelle nous avons tenté de répondre en mettant en exergue, dans un premier temps, les manques du centre de documentation qui pouvaient justifier le besoin de recourir au numérique. La mise en place d’outils documentaires préparant la complémentarité, l’évaluation du contenu informationnel de certains sites en ligne et des CD-Rom présents à la documentation, devaient ensuite offrir aux usagers la possibilité de choisir lequel, du support papier ou support numérique, serait le plus à même de satisfaire ses besoins en terme de rapidité d’accès à l’information.

Les dysfonctionnements du centre de documentation

La situation du centre de documentation

Après quelques jours de stage, l’observation quotidienne du fonctionnement du centre de documentation, du traitement documentaire, de l’organisation du centre et plusieurs entretiens avec le documentaliste ont permis de mettre à un jour certains dysfonctionnements. Un rapport a, d’ailleurs, été rédigé dans ce sens avec l’aide du responsable professionnel et remis au directeur. Dans la mesure où il s’agit de problèmes internes à l’Ecole, nous avons choisi de ne pas le faire figurer dans les annexes.

Les dysfonctionnements du centre de documentation

La situation du centre de documentation

Après quelques jours de stage, l’observation quotidienne du fonctionnement du centre de documentation, du traitement documentaire, de l’organisation du centre et plusieurs entretiens avec le documentaliste ont permis de mettre à un jour certains dysfonctionnements. Un rapport a, d’ailleurs, été rédigé dans ce sens avec l’aide du responsable professionnel et remis au directeur. Dans la mesure où il s’agit de problèmes internes à l’Ecole, nous avons choisi de ne pas le faire figurer dans les annexes.

La non connaissance et l ‘absence de mise en valeur du fonds

Depuis 1992, le fonds documentaire papier n’a plus été recensé. Le documentaliste ne connaît pas, lui-même, l’étendue du fonds documentaire. L’absence de catalogue ne permet donc pas aux usagers du centre de documentation d’accéder à la totalité des documents pour la simple raison qu’ils n’ont même pas idée de leur existence. Une partie du fonds, mise en valeur sur présentoirs, permet certes aux étudiants de consulter les documents récemment acquis. D’autres revues, que l’ESJ seul possède dans tout le Nord-Pas-de-Calais, dorment au fond d’un carton ou trouvent leur place dans la partie « bibliothèque », sur des étagères. Cette remarque vaut également pour les archives, rangées pendant quelques années, remises à jour par une stagiaire et finalement laissées en l’état. Encore une fois, aucune politique de mise en valeur ne permet aux usagers de connaître les trésors que le sous-sol renferme. Seuls les journaux « traditionnels » sont rangés et  mis à la vue de tous. L’information la plus intéressante pour de futurs journalistes (les bulletins, la littérature grise. ) n’est pas directement accessible. Cette constatation ne va pas dans le sens d’une diversification des sources et ne peut entraîner de changements immédiats des pratiques documentaires. Elle conforte, au contraire, les usagers, dans leur habitude de s’alimenter à leurs propres sources.

L ‘absence d’outils documentaires

Dans un tel centre de documentation, on pourrait s’attendre à trouver des dossiers de presse, constitués par anticipation censés satisfaire les besoins immédiats en information des usagers. Cet outil est le garant de la vision objective que journalistes et futurs journalistes se doivent d’avoir sur un sujet donné. En outre, Alexandrie, seul logiciel de gestion installé, existe uniquement en version « bibliothèque », la version « documentation » n’ayant pas encore été achetée. Or, les étudiants ont reconnu, dans une enquête, avoir moins recours aux livres qu’aux périodiques. Le fonds de la bibliothèque, qui n’est plus alimenté depuis plusieurs années, est donc lui connu alors qu’il est relativement peu utilisé par les étudiants pour traiter de sujets ponctuels. Enfin, l’absence de fiches permettant de recenser les documents sortant du centre de documentation entraîne la disparition de certaines revues. Les collections restent incomplètes, ce qui gène non seulement l’accès à l’information mais également le travail des usagers du centre.

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Table des matières

Introduction 
1. Le système d’information de l’ESJ (Ecole Supérieure de Journalisme) 
1.1. Les lieux du stage
1.1.1. L’ESJ
1.1.2. Le centre de documentation : « une cellule vitale »
• Description physique
• Le rôle du centre de documentation
• La spécificité d’une documentation de presse
1.2. Usages et usagers de l’information
1.2 .1. Les usagers
1.2.2. Les pratiques documentaires
1.2.3. Le documentaliste au coeur du système d’information
1.3. Nouveaux supports, nouveau centre de documentation
1.3.1. Nouveaux supports : la stratégie du changement
1.3.2. Repenser le centre de documentation
2. Des changements engendrés par les besoins des usagers 
2.1Xes dysfonctionnements du centre de documentation
2.1.1. Le situation du centre de documentation
2.1.2. Des besoins non satisfaits
2.1.3. Usages et détournement d’usages engendrés par les besoins
2.2.Connaître le fonds documentaire papier : un premier pas vers la complémentarité
2.2.1. Le recensement du fonds
2.2.2. Réalisation de la base de données
2.2.3. Utilités et limites de la base de données
2.3. Mise en place d’outils pour la complémentarité
2.3.1. La base de données : un moyen de comparer support papier et support numérique
2.3 .2. Support papier, nouveaux support : quelle complémentarité ?
2.3.3. Projet de constitution d’un carnet d’adresses
3. Des portes ouvertes oar le numérique 
3.1. Des répercussions du tout numérique
3.1.1. De l’intérêt de s’acheminer vers le tout numérique : nouvelle organisation du centre de documentation
3 .1.2. Du feuilletage à la navigation : pour un meilleur accès à l’information
3.1.3. Le prix du zéro papier
3.2. Le mariage papier / numérique
3.2.1. Le rapport au papier
3.2.2. De la complémentarité
3.2.3. Des effets pervers du numérique
• L’hypertexte ou le jeu du hasard
• Le mythe de l’appropriation
• Un rapport au temps mitigé
3.3. Du numérique à la redéfinition de notions établies
3.3.1. Vers un centre de documentation virtuel ?
3.3.2. Un nouveau documentaliste ?
• Un « consultant en information »
• Le documentaliste « formateur » et intermédiaire : pour un accès démocratique à l’information
• Un guide vers le bon usage du numérique
Conclusion

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