Connaissances des recommandations HAS

Connaissances des recommandations HAS

Importance de la communication MG/P

Cette étude a montré un déficit de communication entre les MG et les P, tant au niveau de la fréquence des échanges de courriers, qu’au niveau de leur contenu. Pourtant une bonne communication est capitale pour la qualité des soins.
Environ une personne sur quatre a, ou va, présenter des troubles mentaux ou du comportement au cours de sa vie, que ce soit dans les pays développés ou en voie de développement.
L’étude européenne ESEMED (European Study of the Epidemiology of Mental Disorders) en 2001-2003, a confirmé qu’en France comme chez nos voisins européens, le MG était le soignant le plus consulté en cas de problème psychologique ou psychiatrique. La Direction Générale de la Santé a indiqué que les troubles de la santé mentale présenteraient environ un quart des consultations de médecine générale (essentiellement les troubles anxiodépressifs).
Le MG est donc le médecin de premier recours face aux problèmes de santé mentale. Le MG a un rôle multiple, du diagnostic, au suivi psychiatrique et somatique, à la prise en charge de l’urgence, en passant par le soutien à l’entourage du patient.

La psychiatrie publique, une spécialité complexe dans son organisation

La psychiatrie publique est une spécialité unique dans son organisation. La sectorisation psychiatrique, mise en place dans les années 1960, est une organisation administrative des soins de santé mentale. Elle répartit les dispositifs de soins de santé mentale sur une aire géographique, en fonction du nombre d’habitants qui y résident. Chaque secteur comprend un hôpital de référence, une équipe soignante pluridisciplinaire et des structures de soins qui peuvent être avec ou sans hébergement (unités d’hospitalisation, CMP, CATTP, hôpital de jour). Cette politique sanitaire et administrative a pour ambition de soigner le plus possible « hors les murs » et au plus près du domicile du patient, tout en assurant la continuité des soins. L’esprit du secteur est d’organiser un travail en réseau avec l’ensemble des structures médico-sociales et associatives implantées dans son aire géographique .La sectorisation pourrait être considérée comme un atout pour la communication, grâce à la proximité géographique des MG et des P, et le potentiel de création d’un réseau pluri professionnel.
La sectorisation pourrait être considérée comme un atout pour la communication, grâce à la proximité géographique des MG et des P, et le potentiel de création d’un réseau pluri professionnel.

Le secret médical difficile à partager

Le Code de Déontologie Médicale rappelle les obligations de communication entre médecins, dans l’article 64 : « Lorsque plusieurs médecins collaborent à l’examen ou au traitement d’un malade, ils doivent se tenir mutuellement informés, chacun des praticiens assume ses responsabilités personnelles et veille à l’information du malade » et dans l’article 45 : « A la demande du patient ou avec son consentement, le médecin transmet aux médecins qui participent à la prise en charge ou à ceux qu’il entend consulter les informations et documents utiles à la continuité des soins ».
Toutefois, si l’échange d’informations est recherché, il est aussi appréhendé par les MG et surtout les P. Les P perçoivent leur consultation comme particulièrement confidentielle. Cet aspect leur semble nécessaire pour le lien de confiance avec leur patient, sans crainte pour lui de voir le secret médical trahi. Certains P peuvent craindre que les patients leur reprochent la transmission d’informations et souhaitent de ce fait garder secrètes certaines données, en particulier les données biographiques, issues des entretiens. Pour cela ils transmettent au MG des données essentiellement techniques (les antécédents, la symptomatologie et son retentissement). Les P font également preuve d’une certaine méfiance vis-à-vis des MG. Ils craignent que leurs propos soient modifiés, que le MG divulgue des informations sensibles au patient, ou encore que le MG annonce un diagnostic avant qu’ils aient pu le faire eux-mêmes.

La difficulté diagnostique de la pathologie psychiatrique

Les médecins prenant en charge un patient atteint d’une pathologie psychiatrique ont parfois des difficultés à poser un diagnostic et à le transmettre à leur confrère. Il n’est pas toujours évident de poser un diagnostic et il faut parfois le temps de plusieurs consultations pour soulever des hypothèses, affirmer un diagnostic et proposer une prise en charge qui peut se révéler complexe. De plus, la pathologie psychiatrique peut évoluer dans le temps et le courrier ne décrit qu’une situation à un moment donné.
Cette difficulté peut également se poser sur le plan éthique. Les P ne souhaitent pas forcément «enfermer » le patient dans un diagnostic qui peut lui porter préjudice ou être stigmatisant (schizophrénie, hystérie, paranoïa par exemple) sans en avoir la certitude. De même, les informations contenues dans le courrier ne doivent pas porter atteinte au patient, par exemple dans le cadre d’un suivi pour toxicomanie ou alcoolisme. L’intérêt du patient et la préservation de la relation sont mis en avant lors de la rédaction d’un courrier, d’autant plus que le patient a accès à son dossier médical.
L’adressage est moins motivé par la seule demande d’un diagnostic que d’une prise en charge spécifique, dont les psychothérapies. Selon une étude, les demandes de diagnostic ne 73 concernent que 7,1% des demandes des MG versus 28% des demandes dans les autres spécialités. Par contre, les demandes de prise en charge par les P sont plus importantes (1/2 vs 9,3% dans les autres spécialités)

Un problème de disponibilité et d’accès aux soins

Les MG expriment également des difficultés importantes d’accessibilité aux soins spécifiques (délai important pour obtenir une consultation, manque de services spécialisés, coût élevé des psychothérapies dans le privé, non remboursées par l’Assurance Maladie). Cette capacité de prise en charge spécialisée est pour eux directement impactée par la démographie médicale. La proportion de suivi psychiatrique exclusif par le médecin traitant variait de 22% en Ile de France à 35% en région disposant d’une offre de soins psychiatriques moindre.Dans une étude comparant la satisfaction des MG français et anglais concernant la prise en charge des patients dépressifs, cette difficulté était mise en avant par les français. Au contraire, les MG anglais étaient satisfaits de la prise en charge psychiatrique, alors qu’ils sont moins dotés proportionnellement en psychiatres et en nombre de lits d’hospitalisation, ce qui pouvait s’expliquer par une meilleure coordination des soins psychiatriques en Angleterre.
Par ailleurs, les MG en France et en Hollande se voient comme des médecins plutôt disponibles et accessibles pour leurs confrères. Ce point de vue n’est pas partagé par les spécialistes, notamment hollandais. De leur côté, les P se voient également comme des professionnels disponibles, mais pas forcément toujours accessibles.

Des relations interprofessionnelles plus difficiles ?

Les MG perçoivent leur relation de collaboration avec les P comme étant plus mauvaise qu’avec les autres spécialités, ces dernières étant perçues comme plus communicantes. Une étude montre également que 53,9% des MG auraient des relations plus difficiles avec les P qu’avec les confrères d’autres spécialités.
Les P se sentaient parfois stigmatisés, avec l’impression d’être vus uniquement comme des spécialistes de l’esprit et regrettaient d’être mal jugés sur leurs compétences au sein du corps médical. La spécialité de psychiatrie souffre également de préjugée par ses confrères. Une enquête de 2013 réalisée auprès de 536 internes d’autres spécialités donnant leur point de vue sur les internes de psychiatrie, montre que presque 66% d’entre eux percevaient les P comme préférant la littérature à la science, 56% pensaient qu’ils avaient « probablement des antécédents, ils sont souvent bizarres », et 42% ne les considéraient plus comme médecins.

 

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Table des matières

INTRODUCTION
MÉTHODES 
RÉSULTATS EN MAINE-ET-LOIRE
1. Population 
1.1. Les médecins généralistes
1.2. Les psychiatres
2. Connaissances des recommandations HAS
2.1. Chez les MG
2.2. Chez les P
3. Fréquence des courriers
3.1. Point de vue des MG
3.1.1. Envoyés
3.1.2. Reçus
3.2. Point de vue des P
3.2.1. Envoyés
3.2.2. Reçus
3.3. Comparaison entre ce que les P et les MG déclaraient envoyer et recevoir
4. Contenu des courriers 
4.1. Adressé aux psychiatres (d’après les MG)
4.2. Reçus par les psychiatres (d’après les P)
4.3. Adressés aux généralistes (d’après les P)
4.4. Reçus par les généralistes (d’après les MG)
5. Les souhaits des MG et des P sur le courrier du confrère
5.1. Les souhaits des MG
5.1.1. La fréquence des courriers
5.1.2. Le contenu des courriers
5.1.3. Les modalités d’échange
5.2. Les souhaits des P
6. Comparaison des points de vue
6.1. Sur le courrier rédigé par les MG
6.2. Sur le courrier rédigé par les P
7. Intérêt des MG pour la prise en charge des pathologies psychiques 
8. Données qualitatives
8.1. Chez les P
8.2. Chez les MG
RESULTATS EN PAYS DE LA LOIRE
1. Population des cinq départements 
1.1. Les médecins généralistes
1.2. Les psychiatres
2. Connaissances des recommandations HAS 
2.1. Chez les MG
2.2. Chez les P
3. Fréquences des courriers
3.1. Point de vue des MG
3.1.1. Envoyés
3.1.2. Reçus
3.2. Point de vue des P
3.2.1. Envoyés
3.2.2. Reçus
3.3. Comparaison entre ce que les MG et les P déclaraient envoyer et recevoir
4. Contenu des courriers
4.1. Adressés aux psychiatres (d’après les MG)
4.2. Reçus par les psychiatres (d’après les P)
4.3. Adressés aux généralistes (d’après les P)
4.4. Reçus par les généralistes (d’après les MG)
5. Les souhaits des MG et des P sur le courrier du confrère
5.1. Les souhaits des MG
5.1.1. La fréquence des courriers
5.1.2. Le contenu des courriers
5.1.3. Les modalités d’échange
5.2. Les souhaits des P
6. Comparaison des points de vue
6.1. Sur le courrier rédigé par les MG
6.2. Sur le courrier rédigé par les P
DISCUSSION ET CONCLUSION
1. Résultats principaux 
2. Points forts de l’étude
3. Points faibles de l’étude
4. Représentativité de la population
4.1. Etude dans le ML
4.1.1. Concernant les MG
4.1.2. Concernant les P
4.2. Etude dans la région Pays de la Loire
4.2.1. Concernant les MG
4.2.2. Concernant les P
5. Hypothèses 
5.1. Importance de la communication MG/P
5.2. Etat des lieux de la communication MG/P
5.2.1. Concernant la fréquence des échanges
a) Des perceptions différentes.
b) Le parcours de soins
c) Psychiatrie hospitalière et libérale
5.2.2. Concernant les modalités de correspondance
a) Le courrier : pierre angulaire de la communication
b) Le téléphone
c) Les rencontres physiques
d) Le mail et la messagerie sécurisée
e) Le patient vecteur d’informations
5.2.3. Concernant le contenu des courriers
5.2.4. Concernant les souhaits des MG et des P
5.2.5. Concernant les recommandations
5.3. Les obstacles à la communication
5.3.1. La psychiatrie publique, une spécialité complexe dans son organisation
5.3.2. Le secret médical difficile à partager
5.3.3. La difficulté diagnostique de la pathologie psychiatrique
5.3.4. Un problème de disponibilité et d’accès aux soins
5.3.5. Des relations interprofessionnelles plus difficiles ?
5.3.6. La formation des MG
5.3.7. Intérêt des MG pour la psychiatrie
5.4. Les axes d’amélioration
5.4.1. Renforcer la connaissance réciproque entre MG et P
5.4.2. Améliorer la formation professionnelle
5.4.3. Améliorer les outils de communication
5.4.4. Mieux définir le rôle de chacun
6. Conclusion 
BIBLIOGRAPHIE

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