En 1994, l’OMS propose une définition de la santé environnementale lors de la Conférence d’Helsinki : « La santé environnementale comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. » Lors de la Conférence ministérielle Santé et environnement en juin 1999, l’OMS déclare que « L’environnement est la clé d’une meilleure santé ».
Jusqu’à il y a quelques décennies, le nouveau-né était considéré comme un être répondant de manière réflexe et subissant son environnement. C’est dans le courant des années 1960 qu’on voit apparaître un certain nombre d’articles et de publications sur les compétences du nouveau-né. Dans ce domaine, un des précurseurs est le pédiatre américain T. Berry Brazelton, qui après de nombreuses années d’observation sur le nouveau-né a mis en place une échelle d’évaluation du comportement néonatal, l’échelle de Brazelton. Celle-ci a été mise au point pour évaluer les caractéristiques émotionnelles et comportementales individuelles du nouveau-né. Elle a permis de mettre en évidence les compétences du nouveau-né. Il est attentif aux signaux qu’il reçoit et a la capacité d’entrer en relation avec son entourage pour répondre à ses besoins. Il est donc capable de s’adapter à son nouvel environnement.
D’après le Collège National des Sages-Femmes (2012), « Les pratiques et techniques ont considérablement évolué, moins stéréotypées, mieux adaptées aux rythmes et à la sensibilité du nouveau-né, intégrant une dimension pédagogique, et un objectif de prévention par l’éducation à la santé. […] placer l’enfant dans les conditions optimales pour qu’il déploie ses capacités d’adaptation à son nouvel environnement ».
C’est dans cette perspective que ce travail a été réalisé en se basant sur la santé environnementale du nouveau-né. La période néonatale est une période de vulnérabilité au cours de laquelle l’environnement et les conditions de vie créent des marques sur le génome, influençant la santé et le risque ultérieur de maladie d’un individu. On retrouve de multiples études sur l’environnement du nouveau-né que ce soit dans le domaine du sommeil, de la thermorégulation, de l’audition, la vision, de l’alimentation, des produits cosmétiques utilisés. (MJ. Challamel, Bach et al, De Casper et Fifer, etc.) En 2011, l’Institut National de Veille Sanitaire a publié une enquête à la suite de deux années d’études dans plusieurs départements français sur les morts inattendues des nourrissons de moins de 2 ans (MIN). Les campagnes de prévention en faveur du couchage sur le dos ont entraîné une diminution significative du taux de MIN. L’incidence a diminué de 83% en France entre 1991 et 2005. De nos jours, ce taux est évalué à 250 décès par an en France. Elle demeure une cause importante de décès dans la période postnatale. Les facteurs favorisants retrouvées étaient notamment la position de couchage, les objets comme les peluches retrouvés dans le lit et la température de la chambre.
Concernant la température, les nouveau-nés ont un système de régulation thermique efficace. Néanmoins, leurs réserves énergétiques étant limitées, ils sont exposés à un risque important d’hypothermie et d’hyperthermie. Or, l’hyperthermie constitue un facteur de risque de mort inattendue du nourrisson. Dans l’étude de l’INVS en 2011, la température de la chambre était considérée comme chaude (> 25°C) dans 12.6% des décès survenus. En 2010, l’article de Bach et al montrait un lien étroit entre la thermorégulation au cours du sommeil et de la veille chez le nouveau-né. La thermorégulation du nouveau-né varie en fonction du stade du sommeil. « On peut supposer qu’une contrainte thermique peut aboutir au décès par disruption des mécanismes de contrôle centraux impliqués dans la respiration, le réflexe de fermeture laryngée et/ou une diminution des mécanismes d’éveil. ».
A propos de l’audition, on sait maintenant depuis de nombreuses années que le nouveau-né est capable d’entendre et de reconnaître certains sons. Dès les années 1980, De Casper et Fifer ont montré que le fœtus était plus sensible à la voix de sa mère qu’à une autre voix féminine. L’oreille du nouveau-né n’est pas mature à la naissance, elle poursuit sa maturation dans les premières années de vie. Il est donc important de protéger son audition. Les effets du bruit sur la santé sont multiples. Les effets directs sur l’audition sont la surdité, les acouphènes et l’hyperacousie. Il existe aussi des effets extraauditifs tels que la perturbation du sommeil, les difficultés de concentration et à plus long terme des effets cardiovasculaires. Selon l’OMS, le niveau de bruit à l’intérieur de la chambre ne devrait pas être supérieur à 30 dB (A).
Concernant l’acuité visuelle, dans les années 1960, Fantz a prouvé que le nouveau-né était plus attiré par les formes, les lumières et les objets en mouvement. Plus récemment, des chercheurs suédois ont mis en évidence le fait qu’un nouveau-né peut percevoir des visages et probablement les expressions faciales émotionnelles à une distance de 30 cm (Hofsten et al, 2014). Contrairement aux adultes qui ont un rythme circadien, le nouveau-né a un rythme ultradien, c’est-à-dire une alternance de cycle alimentation-veille-sommeil qui dure 3-4h. Il est indifférent à l’environnement lumineux, il se réveille aussi bien en période de jour qu’en période de nuit. Pendant la période postnatale, l’influence de l’alternance jour/nuit pour la mise en place des rythmes circadiens de 24 heures est peu discutée (MJ Challamel, 2013). Il parait important de traiter le sujet de la pollution environnementale dans ce travail. Celui-ci est un sujet émergent depuis quelques années avec l’étude de l’effet des perturbateurs endocriniens sur notre santé.
L’OMS définit le perturbateur endocrinien comme étant « une substance ou un mélange de substances, qui altère les fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de sous- populations ». De nombreuses substances chimiques nocives ont été retrouvées dans les produits à l’usage des enfants tels que les cosmétiques, le textile et les contenants alimentaires. Ainsi, des associations environnementales telles que WECF et ASEF se sont mobilisées pour organiser des formations et mettre en place des supports d’information à destination des parents et des professionnels pour les sensibiliser.
MATERIELS ET METHODES
L’objectif de l’étude était de décrire les connaissances des mères quant à l’environnement et les perceptions du nouveau-né. Afin de répondre à la question de recherche de ce travail, une étude quantitative, descriptive, multicentrique, prospective a été réalisée du 20 août 2018 au 15 octobre 2018. L’étude a été réalisée dans les CHU de l’Hôpital Nord et de l’Hôpital de la Conception (Maternités de niveau III) auprès des femmes accouchées pendant leur séjour en maternité. Elle a été réalisée à l’aide d’un questionnaire (Annexe 1) à destination des mères. Les réponses ont été recueillies directement en présence des patientes afin d’apporter si nécessaire des informations supplémentaires en cas d’incompréhension de certaines questions. Concernant les critères de sélection de la population, les critères d’inclusion étaient :
– patientes ayant accouché à terme, c’est-à-dire ≥ 37 SA,
– accouchement par voie basse et césarienne,
– patientes francophones,
– tous niveaux socio-économiques.
Les critères de non-inclusion étaient :
– patientes ayant accouché prématurément, c’est-à-dire < 37 SA,
– patientes mineures,
– patientes non francophones,
– patientes dont nouveau-né est hospitalisé en néonatologie.
Aucun questionnaire n’a été exclu de l’étude. Le questionnaire comportait 43 questions organisées en 2 grandes parties.
L’environnement extérieur au logement
Concernant les sorties du nouveau-né, 52,9% des patientes ont répondu qu’il ne fallait pas sortir un nouveau-né à des températures « extrêmes ». C’est-à- dire aux températures négatives en hiver et par temps de canicule en été. Les 46,3% restants ont répondu qu’il n’y avait pas de température à laquelle on ne pouvait pas sortir un nouveau-né dont une a précisé qu’il fallait qu’il s’habitue au temps. 4 personnes ont répondu qu’elles ne savaient pas.
• Exposition au soleil
Parmi les 121 femmes interrogées, 94,2% ont répondu qu’on ne pouvait pas exposer un nouveau-né au soleil même si on le protégeait (crème solaire, vêtements).
• Cours de préparation à la naissance et à la parentalité
Seulement 14,9% des patientes interrogées (n = 18) ont suivi des cours de préparation à la naissance et à la parentalité. Parmi ces 18 femmes, 8 ont dit ne pas avoir abordé le sujet de l’environnement du nouveau-né, 9 ont répondu avoir évoqué les thèmes du couchage et des soins du nouveau-né dans la période post-natale. Une patiente n’a pas abordé le nouveau-né pendant ses cours de préparation.
• Informations délivrées pendant le séjour
76,0% des patientes interrogées (n = 92) ont répondu ne pas avoir reçu d’informations pendant leur séjour au sujet de l’environnement du nouveau-né. Parmi les 24% (n= 29) ayant répondu avoir reçu ce type d’information, 10 patientes ont répondu avoir reçu des informations relatives à la température, 11 patientes concernant les soins délivrés pendant le séjour, 3 patientes ont répondu avoir trouvé des informations sur un livret qui leur avait été donné par l’équipe médicale, 2 ont répondu ne pas avoir besoin d’informations.
Statistiques analytiques
Une étude analytique a été réalisé pour observer s’il existait une différence significative dans les réponses selon si la mère exerçait une profession ou non et s’il s’agissait d’une primipare ou d’une multipare. Les variables sont les différents thèmes abordés dans le questionnaire. Pour chaque thème, les réponses ont été regroupées en 2 groupes : « réponses justes » ou « réponses fausses ». Ont été classées dans le groupe « bonnes réponses », les patientes qui ont répondu justes pour l’ensemble d’un thème abordé. Seul le travail sur la vision est statistiquement significatif dans la comparaison des deux groupes avec p = 0.002.
Limites et biais de l’étude
Limites de l’étude
L’étude a été réalisée avec 121 questionnaires. Celle-ci a duré seulement 3 mois, d’août 2018 à octobre 2018. Une période d’étude plus longue aurait permis de récupérer davantage de questionnaire et ainsi être plus représentatif de la population générale. Pour des raisons pratiques, l’étude a été réalisée dans un seul type de maternité que sont les maternités de la l’hôpital Nord et de l’hôpital de la Conception, toutes deux maternités de niveau III.
Biais de l’étude
Différents biais ont pu être mis en évidence au cours de l’étude.
• Biais de sélection : les femmes incluses dans l’étude étaient des patientes majeures, francophones. De ce fait, les patientes mineures et ne maîtrisant pas la langue française n’ont pas pu être incluses dans l’étude, ce qui représentait une part non négligeable des patientes hospitalisées dans ces deux hôpitaux.
• Biais d’information : dans l’étude, il n’a pas été pris en compte le nombre de jour depuis lesquels les patientes étaient hospitalisées. Or, les patientes hospitalisées depuis plusieurs jours ont reçu davantage d’informations de la part du personnel de la maternité à propos de l’environnement du nouveau-né, par rapport aux patientes venant d’arriver dans le service. A la question 22 « qu’est-ce qui est le plus important lorsque vous achetez des produits de toilette pour votre nouveau-né ? », 41,3% des patientes ont répondu « composition naturelle », cependant aucune signification n’a été donnée par les patientes de ce qu’elles définissaient de naturel. De même, 15,7% ont répondu « qualité » sans préciser quels étaient leurs critères de qualité. Ce qui a entraîné un frein dans l’analyse des données.
• Biais de désirabilité sociale : en se présentant en tant qu’étudiante sagefemme, l’auteur a suggéré involontairement des réponses « attendues ».
Lors de la recherche bibliographique, il a été retrouvé très peu d’études similaires, évaluant les connaissances des mères sur l’environnement de leur nouveau-né. Ainsi, les résultats obtenus n’ont pas pu être comparés avec d’autres études portant sur le même thème.
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Table des matières
INTRODUCTION
MATERIELS ET METHODES
RESULTATS
ANALYSE ET DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES