Connaissances des femmes sur les compétences des sages-femmes

MATERIEL ET METHODE

L’objectif de ce travail étant de mettre en évidence l’évolution ou l’absence d’évolution des représentations sociales des femmes sur la profession de sage-femme depuis 2010 et d’en supposer les facteurs influençants, il a été choisi de réaliser une étude quantitative multicentrique en Normandie Occidentale (ancienne Basse-Normandie). L’outil utilisé est un questionnaire (Annexe VII) composé de 30 questions, et organisé en trois parties : une concernant la formation des sages-femmes, une concernant ses compétences et une concernant le profil des personnes enquêtées. Il est destiné aux femmes âgées d’au moins 18 ans, il n’y a pas d’autres critères d’inclusion. Les femmes exclues de l’étude sont les femmes qui ne parlent pas français, qui ne savent ni lire, ni écrire. Il est inspiré du questionnaire utilisé lors de l’étude réalisée en 2010 à l’école de sage-femme de Caen (Annexe VIII).
L’outil a été distribué dans neuf cabinets libéraux de médecins généralistes sur l’ensemble de la région, ainsi que dans le service de consultations obstétricales, échographiques et gynécologiques du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Caen. Ont été retenus six centres dans le Calvados (Caen (CHU et cabinet libéral), Ouistreham, Colombelles, Deauville et Honfleur), deux centres dans la Manche (Les Pieux et Equeurdreville-Hainneville), un centre dans l’Orne (Domfront). Ces lieux ont été choisis afin d’obtenir un échantillon de population hétérogène se rapprochant le plus possible de la population générale. Les médecins généralistes voient en effet en consultation tous les profils de femmes, que ce soit en âge, en parité, en niveau socio-économique, etc. Des centres ont été réunis à la fois en zone rurale et en zone urbaine (Annexe IX).
Un test préalable a été effectué auprès de sept femmes, appartenant à deux catégoriesprofessionnelles différentes (travailleurs en école primaire et employés à la Sécurité Sociale), de parité et d’âge différents. Cela a permis d’apporter quelques modifications pour une meilleure cohérence et une meilleure compréhension du questionnaire.
Les questionnaires ont été distribués à la convenance du professionnel de santé dans le cabinet : ils étaient soit laissés librement en salle d’attente, soit distribués par la secrétaire à l’arrivée de la patiente. Le temps de réponse était estimé à dix minutes. Pouvant être remplis pendant le temps d’attente avant la consultation, une urne était laissée à disposition afin de les collecter une fois remplis. Une page web avec un QR code a été créée afin d’apporter les réponses aux questions ; le lien était mentionné sur la dernière page du questionnaire, afin de limiter le risque de consultation des réponses avant que les femmes aient rempli le questionnaire.
Le but secondaire de cette étude était d’essayer de mieux informer les femmes en mettant à leur disposition les réponses. 315 questionnaires ont été distribués au total sur la période allant du 29 juin au 11 décembre 2017 ; 174 questionnaires ont été récupérés, 168 sont interprétables. Le taux de participation était donc de 55%.
Le traitement des données était manuel, chaque réponse étant reportée l’une après l’autre dans un tableur Excel.
Un système de notation de chaque questionnaire a été mis en place : il y a 69 items au total, une bonne réponse cochée équivaut à un point, une mauvaise réponse correspond à zéro point. La note est ensuite ramenée sur 20. Cette note permet d’appréhender le niveau de connaissances des femmes en fonction de différents critères : la parité, le niveau socioéconomique, l’âge, etc.
La comparaison des notes repose sur le calcul de la p-value par le test de Student. La comparaison de notre étude et celle de 2010-2011 a été réalisée à l’aide du calcul de la p-value par le test de Chi² pour les grands effectifs, et par le test de Fisher pour les petits effectifs (inférieurs à dix). Lorsque la p-value est inférieure à 0.05, elle apparaît en rouge dans les tableaux ; cela veut dire que la différence entre les deux effectifs comparés est significative.

RESULTATS

Le choix de classification des zones rurales et des zones urbaines selon le code postal a été fait de manière subjective. En effet, dans cette étude, il est considéré que la zone urbaine correspond aux agglomérations caennaise et cherbourgeoise, à St-Lô, Coutances, Lisieux, Bayeux, Deauville Trouville, Honfleur.
Aussi, dans la catégorie parité, les femmes qui n’ont jamais été enceintes n’ont pas été comptées.
Enfin, les premiers choix de professionnel de santé de suivi de grossesse des femmes ont été comparés selon le terme actuel de leur grossesse. Un test de Chi² a été réalisé à cette fin, la pvalue est de 0.54, donc supérieure à 0.05, ce qui veut dire que la différence n’est pas significative.

Comparaison des études

Dans les trois tableaux suivants sont comparées plusieurs données évaluées dans l’étude réalisée en 2010-2011 par une étudiante sage-femme avec celles obtenues lors de notre étude.
Le premier tableau est observationnel, il représente les deux populations enquêtées, ainsi que leurs caractéristiques. Aucune comparaison n’a été faite, volontairement. Les mêmes tranches d’âge n’ont pas été choisies pour les deux études.

Connaissances des femmes sur les compétences des sages-femmes

Les graphiques présentés ci-dessous représentent les items qui n’ont pas pu être comparés entre les deux enquêtes, soit par manque d’information, soit par divergence des thèmes abordés dans les questionnaires. Les résultats sont présentés bruts. Les enquêtées pouvaient cocher plusieurs réponses, c’est pour cela que la somme des résultats n’est pas égale à 100%. Ces derniers correspondent à la proportion de personnes ayant coché la réponse.

Comparaison des notes

Le tableau qui suit montre les moyennes comparées entre chaque groupe. Les groupesreprésentent les facteurs supposés être influençants dans l’élaboration des connaissances des femmes sur les représentations de sage-femme. Volontairement, les moyennes générales entre l’étude de 2010-2011 et notre étude n’ont pas été comparées, car le système de notation était différent, il n’y avait pas le même nombre de questions et les questionnaires n’interrogeaient pas exactement sur les mêmes items.

ANALYSE ET DISCUSSION

Critique de l’étude

Points forts

Cette étude ayant été réalisée avec la coopération de médecins généralistes sur tout le territoire bas-normand, cela assure une mixité de la population. De plus, la comparaison entre les deux enquêtes est d’autant plus significative qu’elles ont été réalisées à distance l’une de l’autre, à sept ans d’intervalle.

Points faibles

Nous pouvons également mettre en avant certains biais de l’étude. Le principal biais mis en évidence est un biais de recrutement. En effet, pour les médecins généralistes n’ayant pas de secrétariat, la distribution ne s’est pas faite de manière aléatoire, mais plutôt par sélection des patientes, celles qui étaient plus à même de répondre au questionnaire. Aussi, n’ayant pu intégrer à cette étude qu’un seul cabinet libéral dans l’Orne (contre trois dans la Manche et six dans le Calvados), nous pourrions penser que cette répartition géographique inégale des patientes ait pu participer à ce biais de recrutement.
De plus, le nombre de questionnaires recueillis est largement en-dessous de l’effectif attendu au début de l’étude. Certains médecins généralistes ont évoqué les difficultés de distribution lors des vacances scolaires (l’étude a commencé début juillet 2017), principalement à cause de la diminution de leur patientèle. D’autres ont évoqué la charge de travail supplémentaire pour ceux n’ayant pas de secrétariat pouvant causer des oublis de distribution.
Aussi, les populations des deux études ne sont pas comparables en tout point, notamment au niveau de l’âge, de la parité, du pourcentage de femmes enceintes et de la présence d’une sage femme dans l’entourage proche. Il faut donc bien prendre en compte cette différence pour la comparaison des réponses aux questionnaires.
Enfin, la comparaison entre les deux études n’a pas pu être réalisée pour plusieurs items, en raison de l’absence d’affichage de l’effectif et du nombre total de réponse pour chaque réponse sur les résultats de 2010.

Analyse des résultats de l’étude

Description de la population

La tranche d’âge majoritaire de cette étude est la tranche 36-45 ans à 35%, suivie de très près par la tranche 18-25 ans à 33%. La population majoritaire dans l’étude de 2010 est constituée par les tranches d’âge 20-29 ans à 29% et 30-39 ans à 27%
Les femmes actives professionnellement représentent 78% de la totalité des femmes interrogées, 25% de ces femmes travaillent dans le domaine de la santé. Selon une étude de l’Insee réalisée en 2013, 60.7% des femmes de Basse-Normandie ont un emploi [42]. Nous avons donc une population active plus importante que les statistiques régionales. Dans l’étude réalisée il y a sept ans, 72% des femmes avaient une activité professionnelle, ce qui reste également supérieur à la moyenne régionale.
Le point marquant concernant la description de la population enquêtée est qu’une femme sur deux est diplômée de l’enseignement secondaire. En France, en 2016, 36.9% des femmes sont diplômées du supérieur, 21.5% en 2013 en Basse-Normandie. L’écart constaté entre les femmes interrogées et la population régionale et nationale pourrait s’expliquer par le biais de recrutement énoncé précédemment. La répartition des années d’étude se situe autour de 22% pour chaque année (Bac+2, Bac+3, Bac+4, Bac+5) [43].
Selon un recensement de l’Insee en 2013, 98% des femmes résidant en Basse-Normandie sont originaires de France Métropolitaine, contre 94% dans cette étude ; les 6% restants sont originaires d’Europe, d’Afrique Noire et d’Amérique Latine [44].
D’après les résultats obtenus, le lieu d’habitation des femmes est majoritairement rural, à 63%. Selon le Ministère de l’Egalité des Territoires et du Logement, la Basse-Normandie est une région rurale à 79%. Cette différence entre l’étude et les données nationales pourrait s’expliquer par l’inégalité géographique de distribution des questionnaires, majoritairement dans le Calvados,qui est le département possédant la plus grande zone urbaine des trois départements de BasseNormandie, mais aussi par la répartition subjective des zones rurales et urbaines faite en fonction des codes postaux. Une carte de classification des zones rurales est proposée en annexe (Annexe VII).
Aussi, 15% des femmes ont une sage-femme dans leur entourage proche, contre 31% des femmes en 2010. La majorité des femmes (71%) a déjà eu une consultation avec une sage-femme au cours de sa vie.
La plus grande partie des femmes de cette étude a déjà eu deux grossesses (28%). Dans les femmes ayant déjà eu des enfants, les deuxièmes pares sont les plus nombreuses (50%). Au niveau régional selon une enquête de l’Insee, l’indicateur de fécondité en Normandie en 2014 s’élève à 1.96 [45]. 17% des femmes interrogées sont actuellement enceintes contre 22% en 2010, Il y avait plusde femmes enceintes dans l’étude en 2010, certainement car la distribution des questionnaires a été faite majoritairement dans les maternités. 54% des femmes enceintes sont au troisième trimestre. Cela peut s’expliquer par le fait que la population de femmes enceintes provient du service de consultations obstétricales, gynécologiques et échographiques du CHU de Caen. En effet, les femmes souhaitant accoucher au FEH doivent impérativement y réaliser les deux dernières consultations de grossesse (si elles sont suivies à l’extérieur de la maternité) pour créer le dossier pour l’ac couchement et doivent avoir une consultation avec le médecin anesthésiste. C’est sans doute pour cela qu’il y a majoritairement des femmes au troisième trimestre. En ce qui concerne le suivi de grossesse des femmes enceintes, on pourrait penser qu’il y a une différence en fonction du trimestre et du professionnel choisi, mais la différence n’est finalement pas significative car l’effectif n’est pas assez important. Sur un échantillon de femmes enceintes plus grand, on pourrait expliquer cette différence de suivi par le fait que les sages-femmes sont automatiquement désignées responsables des suivis de grossesse physiologiques au CHU et qu’il n’y a pas vraiment de préférence personnelle des patientes prise en compte entre gynécologue obstétricien et sage-femme.
Il faut bien garder à l’esprit que le dernier recensement de la population réalisé par l’Insee a été réalisé en 2013 ; cela fait cinq ans, les pourcentages ne sont sans doute plus les mêmes aujourd’hui.

Connaissances des femmes sur la formation des sages-femmes

La durée des études des sages-femmes n’est pas connue des femmes ; en effet la majorité d’entre elles pense que les études durent quatre ans. Seulement, le passage à cinq ans d’étude est effectif depuis 2001, cela fait donc 17 ans. Nous pouvons alors nous demander pourquoi les femmes n’ont toujours pas intégré cette notion. En ce qui concerne le reste de la formation, le passage obligatoire et la validation de la première année commune aux études de santé, la possibilité pour les hommes d’exercer ce métier et l’inscription de la profession de sage-femme en tant que profession médicale restent majoritairement reconnus par les femmes.

Connaissances des femmes sur les compétences des sages-femmes

Les femmes sont dans la grande majorité au courant que les sages-femmes peuvent travailler en hôpital public, en clinique privée et en cabinet libéral. Cependant, seulement la moitié des femmes environ connaît l’exercice en PMI et au planning familial/CPEF, malgré l’information donnée lors de la visite de sortie dans le service des suites de naissance sur le réseau du Conseil
Départemental. Ces structures de prévention sont importantes en Santé Publique ; la place que la sage-femme y occupe gagnerait à être plus connue.
La majorité des enquêtées pensent que les sages-femmes peuvent travailler dans le service de gynécologie (79%), réaliser le suivi gynécologique des femmes (bien connu pour les adolescentes à 63%, moins pour les femmes ménopausées à 54%) avec la réalisation de consultation de contraception (79%) mais aussi le suivi du dépistage du cancer de col de l’utérus par les frottis cervico-vaginaux (65%). En outre, la pose d’un dispositif intra-utérin, d’un implant contraceptif (50%), la vaccination des jeunes filles contre le papillomavirus (48%), la réalisation d’IVG médicamenteuses dans un cadre réglementé (40%), apparaissent pour plus de la moitié des femmes comme ne faisant pas partie intégrante du champ de compétences des sages-femmes.
S’agirait-il de gestes trop « techniques » pour qu’ils puissent être réalisés par elles ?
L’adolescente ne peut-elle pas être vaccinée par une sage-femme car entre 11 et 14 ans généralement les jeunes filles ne voient pas d’autres professionnels de santé que leur médecin traitant ? Ou est-ce parce que la sage-femme n’a un rôle qu’à partir de la première grossesse dans la vie d’une femme et seulement pendant la période procréatrice ? En ce qui concerne les IVG médicamenteuses, la loi autorisant les sages-femmes à les réaliser dans un cadre réglementé est très récente étant donné qu’elle est parue en 2016, mais s’agirait-il également d’un sujet trop « tabou » pour que l’information soit largement diffusée dans les médias ? Aucune notion de délai théorisé entre l’introduction d’une nouveauté et l’intégration de celle-ci dans l’esprit collectif n’ayant été retrouvée, nous pouvons nous demander si une année est suffisante pour que les femmes puissent avoir connaissance de l’ensemble du champ de compétences des sagesfemmes, en particulier dans le domaine de la gynécologie.
La place des sages-femmes au DAN n’est connue qu’à 29%. Cependant, le service de DAN est un service très spécifique, la plupart des femmes n’y ont pas recours pendant leur grossesse.
Le pourcentage faible pourrait s’expliquer par le fait qu’elles ne connaîtraient ni l’activité du DAN ni les professionnels de santé qui composent ce service.
En ce qui concerne le suivi de grossesse, le diagnostic et la déclaration de grossesse ne peuvent être faits par une sage-femme que pour 60% des femmes. Pour le reste des questions, les réponses sont majoritairement bien connues des femmes : le suivi de grossesse sans complication seule (76%), le suivi de grossesse pathologique possible en collaboration avec un médecin (74%), la réalisation des échographies de dépistage obligatoires pendant la grossesse à condition d’avoir un diplôme universitaire d’échographie (70%).
Pour les urgences et la salle de naissance, la sage-femme apparaît, à juste titre, comme étant capable de diagnostiquer et suivre seule le travail ne présentant pas de complications (93%) et a contrario comme n’étant pas le professionnel de santé responsable du suivi du travail présentant des complications (88%), et de la mise en place de l’analgésie péridurale (85%).
Pour la période de la naissance, seulement 60% des femmes savent que les sages-femmes peuvent prendre la décision de réaliser une épisiotomie et la pratiquer, et seulement 56% savent qu’elles peuvent réaliser la suture de celle-ci ou de déchirures. A l’inverse, 47% des femmes pensent que les sages-femmes peuvent utiliser une ventouse ou des forceps pour aider à l’expulsion. Nous pourrions nous dire que si les femmes pensent que réaliser une épisiotomie et la suturer n’est pas du ressort de la sage-femme en raison de l’aspect technique, elles penseraient alors aussi qu’utiliser une ventouse ou des forceps ne fait pas du tout partie de son champ de compétences, ce qui n’est pas le cas ici au vu des résultats de l’étude.
En ce qui concerne le nouveau-né, les sages-femmes ne sont pas habilitées à réaliser une réanimation en urgence selon 57% des femmes, une injection ou une prise de sang pour 45% d’entre elles. Ce qui est notable, c’est que 32% des femmes pensent que la sage-femme peut réaliser le suivi pédiatrique de l’enfant jusqu’à ses 6 mois. De manière surprenante, celles qui ont déjà des enfants sont les plus nombreuses à penser que la sage-femme est le 1 er professionnel de santé à prendre en charge l’enfant jusqu’à 6 mois (61%). Existe-t-il, ici, un biais de mémoire ?
Durant la période du post-partum, 63% des femmes pensent que la sage-femme peut suivre seule la mère et l’enfant jusqu’à la visite post-natale (c’est-à-dire jusqu’à 6 à 8 semaines après l’accouchement). Cependant, quand bien même la législation énonce que le rôle de la sagefemme s’arrête à 1 mois de vie de l’enfant, le délai 1 mois – visite post-natale est très court, donc la confusion peut être facilement faite. Il aurait peut-être fallu que les périodes soient précisées sur le questionnaire. Aussi, 52% des femmes seulement savent que la sage-femme peut prescrire une contraception après une interruption de grossesse, mais cela suit la logique selon laquelle les sages-femmes ne sont pas habilitées à réaliser des IVG médicamenteuses pour 60% des femmes.
En ce qui concerne les autres compétences des sages-femmes, leur place en AMP n’est connue que par 40% des femmes. Pour les diplômes universitaires, la pratique de l’échographie est la plus connue (79%) par rapport aux autres formations : ostéopathie (33%), acupuncture/homéopathie/physiothérapie (51%), tabacologie et addictologie (27%).
Enfin, les femmes interrogées ont acquis leurs connaissances pour la majorité à la maternité de par leur expérience personnelle (56%), les médias sont évoqués en deuxième ligne (48%).

Réponse à l’objectif principal : quelle est l’évolution des représentations sociales des femmes sur la profession de sage-femme entre 2010 et 2017 ?

Comparaison des deux études

De manière significative, il y a une amélioration des connaissances des femmes sur la profession de sage-femme au niveau de l’accès à la formation et de son inscription au sein des professions médicales. Les connaissances sont également meilleures dans le domaine de l’obstétrique en ce qui concerne l’exercice au service de surveillance intensive des grossesses, la réalisation des consultations échographiques, le diagnostic et la déclaration de grossesse, le suivi de grossesse physiologique seule et pathologique en collaboration avec le médecin, la pratique de l’accouchement sans complication seule et avec complication en collaboration avec le médecin, ainsi que la réalisation de l’épisiotomie seule. La place de la sage-femme dans le suivi du postpartum et la réalisation des frottis cervico-vaginaux de dépistage sont, eux aussi, mieux reconnus par les femmes.
D’autre part, de manière significative, on observe une augmentation d’idées fausses en ce qui concerne la formation des sages-femmes : la durée de la formation de six ans et l’obtention du baccalauréat comme diplôme suffisant pour pouvoir accéder à l’école de sage-femme. Aussi, on note une régression des connaissances des femmes sur l’exercice en service d’AMP, sur la pratique de la préparation à la naissance et à la parentalité (anciennement psychoprophylaxie obstétricale). Enfin, le diagnostic et le suivi du travail présentant des complications seules, ainsi que l’impossibilité pour les sages-femmes de pratiquer une réanimation en urgence d’un nouveau-né apparaissent être des représentations fausses en augmentation.
C’est ici que le concept de la structure et de la dynamique des représentations sociales prend son sens. En effet, nous avions évoqué l’hypothèse que le noyau dur des représentations sociales des femmes sur la profession de sage-femme était constitué du suivi du travail et de la pratique de l’accouchement. Nous pouvons maintenant le confirmer au vu des résultats. En outre, il ne s’agirait plus des seuls éléments constituant le noyau central : certains éléments que nous considérions comme périphériques semblent être actuellement dans une dynamique d’intégration au noyau central.
Le diagramme qui suit représente la schématisation de la structure et de la dynamique des représentations sociales des femmes sur la profession de sage-femme. Le seuil du noyau central a été fixé subjectivement à 75%, car aucune limite n’a été théorisée. Ainsi, tous les items regroupant plus de 75% des votes font partie du noyau central et apparaissent en rouge (entre 80 et 100%) et en orange (entre 75 et 80%). Les bulles du noyau central sont superposées ; celles qui sont le plus avancées sont celles qui ont obtenu le plus de votes.
Tous les éléments gravitant autour du noyau correspondent aux éléments périphériques. De même, des limites ont été fixées : l’ « orbite » verte comprend les éléments ayant récolté entre 60 et 75% des votes, la bleue entre 45 et 60% des votes, la violette entre 30 et 45% des votes. Les éléments ayant récolté moins de 25% des votes ne sont ici volontairement pas représentés, car nous ne les considérons pas comme faisant partie de la structure de la représentation sociale.
Les flèches vertes et noires représentent l’évolution des différents éléments ; pour ceux qui ont pu être comparés entre l’étude réalisée en 2010-2011 et cette étude, le sens de la flèche montre la dynamique de la représentation sociale. Les vertes dirigées vers le noyau représentent une augmentation significative du pourcentage en sept ans, tandis que les noires dirigées vers l’extérieur montrent une diminution significative du pourcentage en sept ans pour les items concernés.
Le but du diagramme est donc de schématiser la tendance actuelle d’évolution des représentations sociales des femmes sur la profession de sage-femme.

Réponse aux objectifs secondaires : quels sont les facteurs influençant les connaissances des femmes sur la profession de sage-femme ?

Comparaison des notes

De manière significative, les femmes qui ont de meilleures notes sont celles qui ont une activité professionnelle, celles qui ont déjà eu une consultation avec une sage-femme, et celles qui ont eu connaissance des mouvements de grève des sages-femmes en 2011, 2013 et 2014.
Les médias ont également été évoqués comme source d’information sur les compétences des sages-femmes par les femmes. Cependant, aucune amélioration des connaissances n’a été significativement mise en évidence.

Que pourrions-nous faire de plus ?

Dans un but de constante amélioration des connaissances des femmes sur la profession de sage-femme, il pourrait être intéressant d’évoquer le réseau du Conseil Départemental comprenant entre autres la PMI et le CPEF (lieu d’exercice possible de la sage-femme), notamment au sein des réseaux de professionnels de santé tels que le Réseau de Périnatalité et les maisons médicales, qui se font de plus en plus nombreuses. En effet, dans notre étude, nous avons pu mettre en évidence que les femmes ont de meilleures connaissances sur la profession lorsqu’elles ont déjà eu une consultation avec une sage-femme, par choix ou par orientation.
Dans un but de prévention, il s’agirait donc d’intégrer le plus possible ces structures comme lieu de réorientation des patientes en cas situation à risque, que ce soit un risque financier ou un risque social. Cette démarche est déjà mise en place dans les maternités, contribue-t-elle à l’amélioration des connaissances des femmes sur la place de la sage-femme en PMI et au CPEF ?
Serait-il possible également de laisser des fiches informatives sur la sage-femme et son champ de compétence à disposition dans les maisons médicales, où plusieurs professions de santé travaillent en collaboration ?
La diffusion d’informations lors des grèves des sages-femmes apparaît être un facteur qui influence dans le bon sens les connaissances des femmes. Pendant ces grèves, de nombreux reportages ont été diffusés à la télévision, de nombreux articles ont été écrits dans la presse.
Ainsi, nous pourrions envisager la rédaction d’un article dans un journal national par exemple afin de faire apprécier l’étendue du champ de compétences des sages-femmes à la population générale.
Aussi, la profession pourrait aussi encore plus se faire connaître du public en tenant des stands lors de la journée de la sage-femme qui a lieu le 5 mai, dans les universités pour toucher un public large par exemple. C’est ce qui avait déjà été proposé en 2010 dans la discussion de l’étude de 2010-2011. Sept ans plus tard, aucune action comme celle-ci n’a été mise en place.
C’est le contact avec les sages-femmes lors d’un suivi qui apparaît être le principal vecteur d’information d’après les résultats de l’enquête. Ainsi, elles pourraient davantage faire une information sur les compétences qu’elles ont désormais, proposer aux femmes dont elles ont réalisé le suivi de grossesse des consultations de gynécologie une fois la période de post-partum terminée, parler davantage de la vaccination contre le papillomavirus aux femmes qui ont des filles âgées d’une dizaine d’années, et la possibilité de la réaliser avec une sage-femme. Une possibilité aussi serait de donner un prospectus aux femmes sur les compétences des sagesfemmes en même temps que les autres documents donnés au début de la grossesse. Finalement, le point-clef de cette étude est la notion de prise en charge globale de la femme par la sage-femme, qui permettra peut-être de faire évoluer les représentations dans la société
Dans d’autres pays européens (au Royaume-Uni et aux Pays-Bas), la sage-femme apparaît être le professionnel de santé de premier recours dans la surveillance des grossesses normales, de l’accouchement eutocique et des suites de naissance physiologiques, ce qui permet de veiller à une logique économique mais également d’harmoniser les pratiques professionnelles [46].
Pourrions-nous prétendre, en France, à une évolution dans ce sens ?

CONCLUSION

L’objectif de cette étude était de mettre en évidence la présence ou l’absence d’évolution des représentations sociales des femmes sur la profession de sage-femme depuis 2010 et d’en supposer les facteurs influençant.
Nous pouvons alors constater que les femmes pensent que les sages-femmes sont plus compétentes aujourd’hui pour prendre en charge la pathologie, ont acquis plus d’autonomie que ce soit du point de vue de la gynécologie pour environ une femme sur deux, mais également dans la surveillance des grossesses pathologiques en collaboration avec les médecins pour 74% d’entre elles (contre 55% en 2010). En contrepartie, elles perdent petit à petit leur place dans le domaine de la physiologie : 63% des femmes pensent que la sage-femme peut réaliser le suivi du couple mère-enfant dans le post-partum (contre 71% en 2010), 89% les séances de préparation à la naissance et à la parentalité (contre 99% en 2010). Elles perdent aussi leur place dans la prise en charge du nouveau-né de manière globale : 43% des femmes pensent que les sages-femmes peuvent réaliser la réanimation en urgence du nouveau-né (contre 68% en 2010), 86% le premier examen du nouveau-né en salle de naissance. De plus, la réalisation d’actes « très techniques » semble s’éloigner des compétences des sages-femmes : pour environ une femme sur deux, la sage-femme peut réaliser des bilans sanguins et des injections au nouveau-né, des sutures, la pose de DIU et d’implant, la vaccination contre le papillomavirus, les IVG médicamenteuses et la prescription de la contraception en post-abortum.
Les représentations sociales des femmes sur la représentation de sage-femme ont-elles tendance à « glisser » vers celles du gynécologue libéral, avec une augmentation de la prise en charge de la pathologie et un renoncement à l’accompagnement de la mère et de l’enfant dans la physiologie ? Cela pourrait être la conséquence d’une migration des patientes vers les cabinets libéraux des sages-femmes par nouveauté de leurs compétences en matière de gynécologie mais peut-être également dans un contexte de désert médical dans notre spécialité.
La prise en charge globale de la femme par la sage-femme semble influencer les représentations de la société. Pourrions-nous prétendre, en France, à l’identification de la sagefemme comme professionnel de santé de premier recours auprès des femmes, à l’image d’autres pays européens, dans le but d’asseoir sa place et son rôle de professionnel référent de la physiologie obstétricale, néonatale et gynécologique ?

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Table des matières
Glossaire des abréviations
PARTIE I : INTRODUCTION 
PARTIE II : MATERIEL ET METHODE 
PARTIE III : RESULTATS
I. Description de la population enquêtée
II. Comparaison des études
III. Connaissances des femmes sur les compétences des sages-femmes
IV. Comparaison des notes
PARTIE IV : ANALYSE ET DISCUSSION 
I. Critique de l’étude
a. Points forts
b. Points faibles
II. Analyse des résultats de l’étude
a. Description de la population
b. Connaissances des femmes sur la formation des sages-femmes
III. Réponse à l’objectif principal
IV. Réponse aux objectifs secondaires
V. Que pourrions-nous faire de plus ?
Conclusion 
Bibliographie
Annexes

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