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Période d’étude
Notre étude s’est déroulée en Mai 2013 pour la région d’Analamanga et en Février 2017 pour la région de Boeny.
Population d’étude
Elle est constituée des élèves de la classe de 6eme à la classe de 3eme de 4 établissements secondaires d’Analamanga et de Boeny, âgés de 12 à 15ans.
Critères d’inclusion
Les élèves ont été inclus dans notre étude selon les critères suivants :
– Age : entre 12 et 15 ans.
– Niveau scolaire : de la classe de 6eme à la classe de 3eme.
– Fréquentant les 4 établissements sélectionnés.
– Présents dans les salles de classe sélectionnées les jours de l’enquête.
– Acceptant de répondre au questionnaire.
Critères d’exclusion
Nous avons exclus de notre étude les élèves refusant de répondre au questionnaire et n’ayant pas signé la lettre d’assentiment.
Technique et outils de collecte
Nous avons administré un questionnaire anonyme et individuel aux élèves pour collecter des informations sur les différents variables, comportant des questions fermées mais également des questions ouvertes. Les objectifs de l’étude, le déroulement, l’anonymat ainsi que le libre choix des élèves à accepter ou à refuser de participer à l’enquête ont été préalablement expliqués verbalement. Une fiche d’assentiment individuelle a été remplie par chaque élève avant de répondre au questionnaire.
Déroulement :
Les quatre établissements ont été choisis au hasard ainsi que les classes enquêtées. Tous les élèves répondant aux différents critères d’inclusion de chaque classe choisie ont été sollicités.
L’équipe de collecte
Elle était constituée de 2 enquêteurs pour Antananarivo et de 6 pour Mahajanga
Collecte proprement dite:
Nous avons réparti la taille de l’échantillon entre les deux établissements. Des copies de fiche d’enquête ont été remises aux élèves par les enquêteurs ; le remplissage a été individuel par tous les élèves sous l’assistance des enquêteurs. Pour chaque établissement, l’enquête s’est déroulée sur une seule journée. Les fiches étaient immédiatement récupérées après le remplissage.
Paramètres analysés
Les paramètres analysés sont :
– Age exprimé en années.
– Genre : masculin ou féminin.
– Niveau d’étude : 6ème ,5ème, 4ème ,3ème.
– Structure familiale selon les situations suivantes:
o vivant avec les 2 parents.
o Avec le père ou la mère.
o Avec un autre membre de la famille.
o vivant seul.
– Caractéristiques socio-économiques des élèves :
o Niveau d’instruction des parents : primaire, secondaire, lycée, université.
o Niveau de vie par l’intermédiaire des professions des parents: cultivateurs, artisans, commerçants, fonctionnaires, autres.
– La puberté : évaluée par la mue de la voix chez le garçon et la menarche chez la fille.
– La connaissance en matière de sexualité :
Source d’informations sur la sexualité.
Les avantages de l’abstinence sexuelle avant le mariage.
Les conséquences des relations sexuelles pré maritales.
Connaissances des élèves sur les conséquences et les risques liés aux rapports sexuels prémaritaux
Randriambololona D. et al ont constaté dans une étude menée dans la capitale de Madagascar que les adolescentes enceintes représentaient 16.04% des admissions de la maternité et ces grossesses n’étaient souvent pas planifiées. Dans cette étude, le taux d’avortement était de 9.77% avec un taux d’avortement provoqué compliqué de 4.23% [18].
Dans notre étude, plus de la moitié des élèves déclarent connaitre les conséquences et les risques encourus à l’initiation sexuelle précoce. Les réponses les plus fréquentes sont les IST et VIH/SIDA (65%), les grossesses non désirées (38%), arrêt précoce des études (33%), le rejet notamment par le partenaire (26%), la famille et la société (24%).
Néanmoins, une grande proportion d’élèves (42.3% pour Antananarivo et 32% pour Mahajanga), surtout de la classe de 6eme et de 5eme, ne connaissent pas les conséquences néfastes de l’initiation trop précoce aux relations sexuelles ; d’où l’intérêt d’initier les plus jeunes en matière d’éducation sexuelle en milieu scolaire, et de poursuivre et renforcer cette éducation chez les plus âgés.
Par ailleurs, la prévention des grossesses précoces constituent une urgence en politique de sante à Madagascar, le pilier de cette prévention étant la promotion de l’éducation en matière de santé sexuelle.
Connaissances des élèves sur les avantages de l’abstinence sexuelle avant le mariage
La majorité des élèves d’Antananarivo soit 74,6% affirment connaitre ces avantages contre seulement 42,6% de ceux de Mahajanga.
Parmi les réponses colligées dans les deux séries : « éviter les infections sexuellement transmissibles et le VIH/SIDA » dans 72% des cas, « être en bonne santé » dans 52%, « ne pas tomber enceinte précocement » dans 12%, « pouvoir poursuivre ses études » dans 10%, « maintenir sa virginité jusqu’au mariage » dans 8%, « être respecté par son futur conjoint » dans 8%, autres dans 5%.
L’éviction des IST et VIH/SIDA représente la réponse la plus fréquente donnée par les élèves dans les 2 régions. Néanmoins, devant les données récentes montrant que ce sont surtout les jeunes qui sont les plus nombreux des personnes nouvellement infectées par le VIH tant au niveau national qu’au niveau mondial, il faut aussi informer les adolescents sur les moyens de protection comme le préservatif a côté de l’abstinence. Il est nécessaire de renforcer l’éducation sexuelle chez ces jeunes adolescents plus âgés non seulement afin de leur permettre une prise de conscience sur les risques encourus par l’initiation trop précoce aux relations sexuelles, mais surtout afin de leur exposer les multiples avantages de l’abstinence sexuelle.
Connaissances des élèves en matière de contraception
La politique nationale de Madagascar fait la distinction entre les méthodes modernes qui regroupent la pilule, le DIU, les injectables, les implants, le condom ou préservatif masculin, le condom féminin, la stérilisation féminine, la stérilisation masculine, la Méthode de l’Allaitement Maternel et de l’Aménorrhée, la Méthode des Jours Fixes/du collier, la pilule du lendemain et les autres méthodes qu’elle qualifie de traditionnelles [19].
Dans notre étude, environ un élève sur deux affirmait connaitre au moins un moyen de contraception soit 50,1% pour Mahajanga contre 59,5% pour Antananarivo.
Parmi les réponses des élèves étaient essentiellement, l’utilisation de préservatifs (79%), l’abstinence sexuelle (75%), les pilules (58%), les contraceptifs injectables (25%).
Par ailleurs, nous avons noté que 18% des élèves de Mahajanga avaient répondu que le fait de « ne pas avoir de rapports sexuels pendant les menstruations » était un moyen de ne pas tomber enceinte. Cela prouve que les connaissances de ces adolescents en matière de sexualité et de contraception sont encore insuffisantes.
En effet, près d’un adolescent sur sept méconnaissait les moyens de contraception [20].
Pratiquement 1 fille sur 5 a eu une expérience sexuelle avant l’âge de 15ans, dans la moitié des cas, elles ont leurs premiers rapports sans aucune méthode contraceptive [21].
Une étude sur la sexualité des adolescents tunisiens a démontré que même les adolescents ayant connaissances des moyens de protection ne les utilisent pas [4].
D’après l’EDS IV a Madagascar, la connaissance des méthodes de contraception moderne est très répandue chez les jeunes filles dans l’ordre des 90%, son utilisation est marginale chez les jeunes filles de 15 à 19 ans (7,5%) et minoritaire chez les 20 à 24 ans (25%) [22].
Une étude menée par Randriambololona et al. à Madagascar avait montré que la majorité des adolescentes enceintes admises à la maternité n’avaient jamais eu recours à une méthode contraceptive [18].
Ces résultats nous montrent que l’information et l’éducation des adolescents sont donc indispensables [23].
Association entre le niveau d’étude et la connaissance sur le rapport sexuel avant le mariage :
Notre étude relate l’association de ces deux paramètres, ceux en classe de 6ème ont moins de connaissance par rapport à ceux de la classe de 3ème ; mais dans cette analyse nous n’avons pas tenu compte de l’âge de chaque étudiant qui pourrait être un facteur confondant des deux paramètres.
Le niveau d’instruction influence également la fécondité des adolescentes : 53% des adolescentes sans instruction ont déjà débuté leur fécondité contre 37% des Adolescentes ayant eu le niveau primaire et seulement 18% des Adolescentes du niveau secondaire et supérieur [24].
Association entre le niveau d’étude et la connaissance en matière de contraception :
Concernant la connaissance des adolescents en matière de rapport sexuel, notre étude montre également une association entre le niveau d’étude et la connaissance en contraception et ceci de façon croissante.
Par extrapolation, nous avons pris l’article de Cwiak C et al qui a trouvé presque le même résultat, il a conclu que l’utilisation des moyens contraceptifs (le condom, les contraceptifs) augmente avec l’âge ; et réciproquement ceux qui n’ont jamais utilisé de contraceptif diminuent en nombre avec l’âge, allant de 53% à 13 ans et 15% à 17ans [25].
Ceci pourrait s’expliquer par le programme scolaire a Madagascar qui prodigue des cours sur l’éducation sexuelle vers la fin de l’éducation secondaire (collège), et aussi l’accès plus facile aux médias et l’intervention des amis dans la décision pour les plus anciens.
Association entre l’âge de la puberté et le rapport sexuel
Notre étude montre qu’il n’y a pas de lien entre l’âge de la puberté et le rapport sexuel, ceci dans les deux populations d’étude.
Copeland et al. rejoint notre résultat en retrouvant dans son travail l’absence de l’influence de l’âge de la puberté sur l’âge de la survenue de la grossesse que ce soit à l’adolescence ou à l’âge adulte [26].
Downing et Bellis ont affirmé qu’il y a une association entre la puberté précoce, la prise d’alcool et de drogue ainsi que la précocité de rapport sexuel [27].
Plusieurs études contredisent ces résultats : une puberté précoce serait à mettre en lien avec une plus grande prise de risques sexuels, c’est à dire des rapports non protégés. Parallèlement, d’autres études mettent en évidence qu’une initiation sexuelle précoce constitue un facteur de risque de grossesse, l’initiation en elle-même corrélée à l’âge de la puberté [28].
Bref, d’autres investigations sont nécessaires pour se prononcer sur cet aspect de la sexualité chez les adolescents.
Association entre la situation familiale (solitude) et le rapport sexuel
Dans notre analyse, nous avons trouvé dans la série de Mahajanga que les élèves qui vivent seul durant l’année d’étude ont beaucoup plus de risque de tomber dans la sexualité précoce par rapport à ceux qui vivent avec leurs parents. Par contre la série d’Antananarivo n’a pas montré ce résultat.
Parmi les rares publications qui ont analysées ce paramètre, une enquête sur la santé des étudiants en France en 2015 a montré le même résultat sans pour autant faire une analyse de corrélation. Cette enquête a conclu que parmi les étudiants qui ont déjà eu un rapport sexuel, 80% vivent dans un logement individuel [29].
Une étude réalisée par Stickley A et al en 2014 chez des adolescents russes et américains a fait un lien entre la solitude et le risque de consommation de drogue et d’alcool, de grossesse précoce chez les étudiantes russes [30].
L’insuffisance de communication entre les jeunes et les parents dans cette situation est une raison de cette sexualité précoce selon l’étude de Tchandana au Bénin [31].
La raison pourrait être également le besoin de soutien des adolescents pendant cette période et que le fait de vivre seul les expose facilement à toutes ces tentatives, sans oublier la fougue de prise de risque à cet âge.
Association entre le milieu de résidence et le rapport sexuel
Nous n’avons trouvé dans notre résultat aucune association entre le rapport sexuel et le lieu d’habitation de ces étudiants, c’est-à-dire soit en ville soit en brousse.
Pourtant d’après l’EDSM IV (2008-2009), les plus grandes disparités en ce qui concerne l’âge des premières relations sexuelles relèvent du milieu de résidence et des zones géographiques. Il y a plus de jeunes des deux sexes en milieu rural (19.8% des filles et 9.4% des garçons) qu’en milieu urbain (7.7% des filles et 7.6% des garçons) qui ont eu des relations sexuelles avant d’atteindre 15 ans ou 18 ans. La différence est plus prononcée chez les filles pour les rapports sexuels avant 15 ans [22].
En effet, il existe un écart évident entre les deux endroits en matière d’accès aux informations et d’éducation à la sexualité, qui est plutôt en faveur des jeunes citadins [31,32].
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Table des matières
INTRODUCTION
I- METHODES
I.1 Cadre d’étude
I.1.1 Situation géographique
I.1.2 Situation démographique
I.2 Type d’étude
I.3 Période d’étude
I.4 Population d’étude
I.4.1 Critères d’inclusion
I.4.2 Critères d’exclusion
I.5 Technique et outils de collecte
I.6 Déroulement
I.6.1 L’équipe de collecte
I.6.2 Collecte proprement dite
I.7 Paramètres analysés
I.8 Analyse statistique
I.8.1 Méthode d’analyse des paramètres
I.8.2 Informations et logiciels
I.9 Considérations éthiques
II- RESULTATS
II.1 Caractéristiques sociodémographiques des élèves
II.1.1 Répartition des élèves selon leur âge
II.1.2 Répartition des élèves selon le genre
II.1.3 Répartition des élèves selon leur niveau d’étude
II.1.4 Répartition des élèves selon leur structure familiale .
II.2 Caractéristiques socio-économiques des élèves
II.2.1 Répartition des élèves selon le niveau d’étude des parents .
II.2.2 Répartition des élèves selon la profession de la mère
II.2.3 Répartition des élèves selon la profession du père
II.3 La puberté des élèves
II.4 Source d’informations des élèves sur la sexualité
II.5 Connaissances des élèves sur les conséquences et risques lies aux rapports sexuels prémaritaux
II.6 Connaissances des élèves sur les avantages de l’abstinence sexuelle avant le mariage .
II.7 Connaissances des élèves en matière de moyens contraceptifs
II.8 Le premier rapport sexuel
II.9 Répartition selon le rapport entre le niveau d’étude et la connaissance sur le rapport sexuel prémarital
II.10 Répartition selon le rapport entre le niveau d’étude et la connaissance en matière de contraception
II.11 Répartition du rapport entre le niveau d’éducation du père et la connaissance de l’adolescent sur le comportement sexuel
II.12 Répartition du rapport entre le niveau d’éducation de la mère et la connaissance de l’adolescent sur le comportement sexuel
II.13 Association entre l’âge de la puberté et le rapport sexuel à Mahajanga
II.14 Association entre l’âge de la puberté et le rapport sexuel à Antananarivo
II.15 Association entre la sexualité précoce et la situation familiale à Antananarivo
II.16 Association entre la sexualité précoce et la situation familiale à Mahajanga
II.17 Association entre milieu d’habitation et sexualité précoce à Antananarivo
II.18 Association entre milieu d’habitation et sexualité précoce à Mahajanga.
II- DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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