Madagascar est considéré comme un pays où la conservation de la biodiversité avec un taux d’endémisme élevé s’avère une des priorités mondiales (Madagascar CAMP, 2002 ; Allnutt, Ferrier et al, 2008). Au cours de ces dernières années, la connaissance aussi bien nationale que mondiale de l’état de sa biodiversité s’est beaucoup accrue, à l’exemple de la mise à jour de la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) en 2008 (Ministère de l’Environnement et des Forêts, 2009). Actuellement, l’écosystème Malagasy sert comme habitat d’environ 12000 espèces de plantes, 370 espèces de reptiles, 244 espèces d’amphibiens, 283 espèces d’oiseaux, 154 espèces de poissons et 99 espèces et sous-espèces de lémuriens (Ministère de l’Environnement et des Forêts, 2009). Par ailleurs, trois caractéristiques principales semblent se dégager sur la faune malgache : endémisme élevé du fait que l’isolement ancien de Madagascar du continent africain et des autres fragments du Gondwana a permis le développement exceptionnel des formes endémiques, spéciation explosive grâce aux diversités extrêmes des écosystèmes composant le milieu malgache et archaïsme important (Ministère de l’Environnement ; Ministère des Eaux et forêts, 1997). En termes d’endémicité, 80% des espèces animales et 90% de la végétation n’existent que sur l’île (Ministère de l’Environnement et des Forêts, 2009 ; Blanc-Pamard et Ramiarantsoa, 2003).
Cette biodiversité fournit de nombreux services écologiques importants pour le pays (fonctions de production, fonctions de régulation et fonctions de significations), et garantit le moyen de subsistance de plus de 18 millions d’habitants dont 80% vivent essentiellement des ressources naturelles (Ministère de l’Environnement et des Forêts, 2009). En plus des services écologiques et l’utilisation des ressources pour le bien-être humain, le potentiel écotouristique du pays reposant sur les aires protégées est actuellement la troisième source de devises pour Madagascar, l’une des principales sources de revenu du pays (Ministère de l’Environnement et des Forêts, 2009).
Problématique et méthodologie
Contexte
Madagascar a été classée comme l’un des points chauds « hot spot » (perte en habitats supérieure à 70% de la végétation primaire) et région prioritaire en matière de conservation de la biodiversité (Ministère de l’Environnement et des Forêts, 2009 ; Goodman et Benstead, 2005). Cette classification tient compte à la fois de la richesse en biodiversité et du degré des pressions subies par cette dernière. Cependant, le patrimoine biologique naturel est exposé à des menaces d’ordre naturel et d’ordre anthropique qui est le plus déterminant dans la mesure où une grande proportion de la population reste tributaire permanente des ressources naturelles notamment la déforestation, le défrichement et la culture sur brûlis ou «tavy » en vue d’une expansion agricole , ou pour le pâturage affectant les écosystèmes forestiers naturels ; il y a aussi l’extraction minière à petite échelle et à l’échelle de corporations qui est à l’origine de la fragmentation des habitats. On peut citer également toute sorte d’exploitation d’espèces comme l’exploitation du bois, la collecte de bois de chauffe et la production de charbon (problème lié à l’énergie), la chasse, la collecte et vente de plantes d’ornements et d’animaux, la pêche excessive ; les activités touristiques et économiques au niveau des zones sensibles de récifs et de mangroves ; la pollution tellurique due à l’érosion des bassins versants, la pollution en milieu urbain et l’introduction d’espèces exotiques et les espèces envahissantes.
Il existe un certain nombre de menaces indirectes mais tout aussi sérieuses influençant les fonctions des écosystèmes et la diversité des espèces à Madagascar. On compte parmi celles-ci les politiques de gestion, la gouvernance et l’état de droit, la formation et la capacité, les informations limitées sur la biodiversité, les effets perturbateurs de la fragmentation forestière et le manque de bénéfices de préservation pour les communautés locales (CEPF, 2000). La pauvreté fut qualifiée à la fois comme cause et corollaire de cette détérioration. En effet, 60% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (Ministère de l’Environnement et des Forêts, 2009), ce qui explique la rusticité des modes d’exploitation agricoles et la profusion d’activités de survie qui sévissent directement sur la biodiversité dont les collectes et extractions au-delà de la capacité de reconstitution des espèces.
Toutefois, on note que l’exploitation est à l’origine des extinctions des espèces notamment la domestication, la pêche ou la collecte des populations sauvages et la chasse massive (Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts et Tourisme, 2007). En effet, une trop importante cueillette, une utilisation injustifiée et le commerce illégal des espèces menacent non seulement la continuité de leur survie, mais aussi celui des écosystèmes et des moyens d’existence des communautés ou de l’économie locale qui dépendent de ces espèces (Rajerison et al, 2006).
Traitement des données
Prétraitement de données
Les données sont d’abord saisies d’une façon brute dans le logiciel Excel 2007 suivi de la standardisation et catégorisation. En effet, les interviewés ont donné une multitude de réponses qu’il est nécessaire de donner une formulation unique à celles qui sont semblables. Cette méthode permet une catégorisation des réponses et facilite la codification dans l’étape suivante. Ainsi, trois catégorisations de réponse ont été obtenues sur le classement des espèces de faune sauvage basé selon le décret 2006-400 :
– des réponses vraies ;
– des réponses erronées ;
– sans réponses pour les interviewés qui ne savent pas classifier les animaux présentés, qui ont des hésitations ou qui ne donnent pas simplement des réponses.
On a également identifié trois catégories de travail selon les responsabilités des personnes interviewées :
– catégorie 1 : service administration ;
– catégorie 2 : service environnement ;
– catégorie 3 : autres services (développement, éducation, tourisme, communication).
Enfin, la typologie des organismes environnementaux se divise en services de l’Etat et ONG (Organismes Non Gouvernementaux). Après la standardisation, la codification des données a été faite sur les données qualitatives (catégorie d’âge, sexe, catégorie de travail, types d’institution) et aussi sur les catégories de réponses données par les interviewés.
Analyse des données
L’analyse des données se fait à travers les traitements statistiques en utilisant le logiciel SPSS (Statistical Package for Social Science) version 17.0 et le logiciel Microsoft Excel 2007 sert à l’élaboration des tableaux, des graphes et des figures. Les méthodes utilisées sont :
➲ la moyenne et erreur standard qui est surtout utilisée pour la comparaison de la proportion de réponse vraie de chaque catégorie d’animaux sauvages ;
➲ le test de Kruskal Wallis qui permet de comparer plus de deux moyennes pour déterminer la supériorité ou l’infériorité de l’une d’entre elles ;
➲ le test de Khi Deux qui est un test de fréquence pour apprécier la relation existante entre le niveau de connaissance des lois et les facteurs qualitatifs. Dans notre cas, l’idée est de prouver si éventuellement la fréquence de chaque catégorie de réponse est dépendante ou indépendante de chaque facteur qualitatif. L’hypothèse nulle (H0) affirme alors que la fréquence des réponses est indépendante des éléments de chaque facteur considéré. Le niveau de signification fourni par le pvalue est confronté au seuil alpha fixé à 0,05. Un niveau de signification supérieur à ce seuil conduit à accepter l’hypothèse nulle et dans le cas contraire, la dépendance est confirmée et H0 est rejetée.
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Table des matières
INTRODUCTION
I-Problématique et méthodologie
I-1 Contexte
I-2 Problématique et hypothèses
I-3 Méthode adoptée
I-3-1 Choix de la zone d’étude
I-3-2 Caractéristique des échantillons ayant fait l’objet d’enquête
I-3-3 Recueil d’informations
I-3-4 Traitement des données
I-3-4-1 Prétraitement de données
I-3-4-2 Analyse des données
I-3-5 Cadre opératoire
II-Résultats
II-1 Un niveau de connaissance élevé des lois et règlements sur les animaux strictement protégés
II-2 Niveau de connaissance selon les facteurs individuels
II-2-1 Niveau de connaissance selon le sexe
II-2-2 Niveau de connaissance selon l’appartenance des acteurs aux types d’institutions
II-2-3 Niveau de connaissance selon les catégories de travail
II-2-4 Niveau de connaissance selon l’âge
II-3 Niveau de connaissance selon les facteurs externes
II-3-1 Niveau de connaissance selon la formation ou la notion des acteurs en matière de la connaissance des lois et règlements régissant la chasse
II-3-2 Niveau de connaissance selon l’identification par les acteurs des espèces faunistiques présentées
II-4 Cas connus en matière de chasse et de commerce illicites
III-Discussions et recommandations
III-1 Sur le niveau de connaissance des législations de chasse par les acteurs
III-2 Sur les animaux gibiers
III-3 Sur les animaux protégés nécessitant délivrance d’autorisation de chasse
III-4 Sur les animaux strictement protégés
III-5 Sur la catégorie nuisible
III-6 Sur le contenu et l’application des textes législatifs
III-7 Recommandations
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBIOGRAPHIE