Initiatives mondiales contre les médicaments dangereusement compromis
La littérature rapporte six initiatives mondiales contre les médicaments dangereusement compromis :
– Pharmacopée : l’OMS a publié la Pharmacopée Internationale, comprenant des spécifications techniques et méthodes d’essais pour les médicaments et leurs ingrédients [4], [33]. Les monographies de l’OMS, ainsi que celles des pharmacopées nationales, sont souvent citées dans les lois sur la réglementation des médicaments nationaux comme des normes juridiquement contraignantes.
– Opérations de la Police : Interpol coordonne les forces de police nationales dans les opérations de saisie de drogues et d’arrestation, y compris l’Opération Pangea, ciblant les médicaments vendus illégalement sur Internet [34].
– L’harmonisation de la réglementation : la Conférence Internationale sur l’Harmonisation vise à établir des normes techniques uniformes pour l’enregistrement et la réglementation des médicaments dans les pays les plus développés. Des efforts similaires sont en germe dans quelques régions en développement, tels que l’initiative d’harmonisation de l’enregistrement des médicaments de la Communauté Africaine de l’Est [35].
– Pharmacovigilance : bien que l’OMS ait pour mandat de conseiller les pays dans l’enregistrement des événements indésirables des médicaments et de publier des alertes sur les médicaments, les Etats membres rapportent rarement de tels événements à l’OMS. La collecte de données au niveau mondial reste donc sporadique et peu fiable [2], [36].
– Sérialisation contrôlable (« track and trace ») : Divers pays exigent que les paquets de médicaments portent des numéros de série uniques qui peuvent être vérifiés électroniquement au point de vente [37]. Toutefois, l’absence d’accord sur une technologie ou de données selon les normes internationalement acceptées risque de rendre la compliance de chaque pays difficile et coûteuse.
– Pré qualification : en raison de la volonté politique particulière qui entoure le VIH / SIDA, le paludisme et la tuberculose, l’OMS surveille les producteurs de médicaments pour ces maladies suivant un schéma de pré qualification volontaire [4], [38]. L’OMS examine les dossiers des médicaments, inspecte les sites, et fournit des conseils et de la formation. Près de 300 médicaments sont actuellement pré qualifiés par l’OMS. Cependant, même si un pays intente effectivement des poursuites contre les médicaments non conformes et contrefaits dans la limite de ses frontières, il est toujours vulnérable aux produits de contrefaçons et aux médicaments de qualité inférieure des autres pays, où la réglementation est plus laxiste. Pour résoudre ce problème, des initiatives internationales sont nécessaires instamment [39], cependant, il n’existe pas encore de consensus international pour combattre ces médicaments illicites. En plus, les formes de vente illicite de ces médicaments varient selon les revenus de chaque pays même s’il implique tout autant les pays riches que les pays en développement.
Autres facteurs favorisant les recours de la population à l’achat de médicaments de rue dans les pays pauvres
Beaucoup de personnes dans les pays en développement vivent dans des zones rurales dépourvues de pharmacie locale, et d’ailleurs ont un revenu moindre et aucune assurance maladie. Dans les pays subsahariens, la seule occasion d’acheter des médicaments, quand ils existent, est de recourir dans le marché illicite [7]. En effet, dans les pays en développement, le manque de couverture sociale est évident [45].Par conséquent, en Afrique, plus de 60% de la population n’ont pas accès aux médicaments essentiels des structures officielles [51].En Côte d’Ivoire, une étude menée sur la consommation des médicaments de la rue en milieu urbain a montré que près de 90% d’ivoiriens ne disposaient pas d’assurance maladie [52].En 2012, les données de la Banque Mondiale ont montré que le revenu mensuel brut par habitant malgache est en moyen de 36$, soit près de 1,3 dollars par jours[53]. Ainsi, les personnes achètent les médicaments peu coûteux des vendeurs de rue au marché ou sur le bus [8]. Sachant que ces derniers sont susceptibles d’être moins chers que ceux vendus dans les pharmacies règlementées. Cela s’expliquerait par leur nonsoumission aux droits de douane et des autres taxes correspondant aux médicaments de circuit licite [13]. Les ruptures d’approvisionnement en médicaments constituent également une des difficultés existantes dans la pratique pharmaceutique des pays pauvres [8], encourageant le recours de la population vers les ventes de rue qui disposeraient une gamme de produits bien diversifiée. Mais il arrive également, que la population achète ses médicaments au niveau du marché parallèle, car l’approvisionnement pharmaceutique dans les établissements de santé ordinaires n’est pas suffisant pour répondre à la demande. Par exemple, en 2012, on compte, près de 30.000 enfants africains mourant chaque jour de maladies qui pouvaient facilement être traitées avec des médicaments essentiels [54]. En 2010, on rapporte que 90% des stupéfiants et psychotropes à usage médicales sont consommées par seulement 10% de la population mondiale. La population dans les pays en développement aurait un accès très restreint, voire nul, par rapport à ces médicaments. Pourtant, ces derniers sont indispensables dans la pratique médicale. La disponibilité insuffisante en médicaments suscite une baisse de confiance des patients par rapport aux structures sanitaires légales, leur incitant de recourir à l’achat de médicaments au niveau des marchés illicites. A part cela, le marché parallèle satisfait les clients. Ceux-ci sont proches culturellement et socialement des populations locales, ce qui n’est pas toujours le cas dans les dispensaires où les fonctionnaires qui sont plus souvent originaires d’une autre région utilisent un discours scientifique auquel les usagers ne comprennent rien [8], [15], [55- 56]. Toutefois, il se peut que l’achat de médicaments illicites résulte d’une modification de la perception de la population quant à l’image de structures formelles qui, dans de nombreux pays, a été modifiée [14]. Selon une enquête menée dans la ville de Jeddah, en Arabie Saoudite, en 2011, les pharmaciens distribuant des médicaments en détail, se comportent comme de simples commerçants vis-à-vis de la dispensation de médicaments : 97,9% de pharmaciens dans cette ville distribuent des antibiotiques selon la demande des patients, 100% délivrent le captopril, et 89,5%, des psychotiques, sans ordonnance [57]. Ainsi, il se peut que des personnes ne sachent faire la différence entre les points de vente ou praticiens agrées et ceux qui ne le sont pas, d’où leur recours à l’achat de médicaments au niveau du marché illicite. En outre, une autre étude à Riyadh en Arabie Saoudite, montre que 43% de la population étudiée dans cette ville ignorent les rôles des pharmaciens dans le système de soins des patients, et 37,3% considère les pharmaciens comme de simples vendeurs [58].
Quid des effets de la sensibilisation en Afrique ?
Une campagne de sensibilisation du public, principalement des annonces à la radio et à la télévision pour promouvoir la sensibilisation du public aux dangers des médicaments contrefaits a été développée sur la base de données d’enquête recueillies précédemment. Le sondage a été conçu pour évaluer les pratiques d’achat des consommateurs à Cotonou, au Bénin en matière de médicaments. Sur la base des constatations, plusieurs recommandations ont été faites pour la confection de nouveaux messages sur les médicaments génériques et les dangers du marché des médicaments illicites. L’évaluation des résultats de la nouvelle campagne qui a duré neuf mois a montré que: la plupart des répondants ont déclaré que les annonces de la campagne étaient efficaces pour augmenter leur prise de conscience; neuf sur dix personnes ont compris les messages sur les dangers du marché illicite; une nette diminution de l’achat sur le marché illicite a été observée chez les répondants qui ont augmenté leur prise de conscience; la fréquence des visites à domicile par les vendeurs illicites ont diminué. La plupart des répondants ont indiqué qu’ils ont demandé des médicaments génériques spontanément au niveau des pharmacies et des centres de santé publique [9]. Ainsi, une prise de conscience sur les risques liés aux médicaments dans les Marchés illicites devrait réduire leurs achats dans les rues.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. Aperçu de la vente illicite de médicaments
II. Recommandations actuelles
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I. METHODES
I.1. Cadre de l’étude
I.2. Type d’études
I.3. Durée de l’étude
I.4. Période de l’étude
I.5. Durée de l’enquête
I.6. Population d’étude
I.7. Echantillonnage
I.8. Variables étudiées
I.9. Modes de collecte
I.10. Modes de saisie
I.11. Analyse des données
I.12. Définitions opérationnelles
I.13. Limites de l’étude
I.14. Considérations éthiques
II.RESULTATS DE L’ETUDE
II.1. Description globale de la population d’étude
II.2. Connaissance de risque des médicaments illicites
II.3. Attitude et perception de la vente illicite des médicaments
II.4. Pratique et facteurs déterminant l’achat des médicaments dans les structures non officielles
II.5. Perception et pratique de l’achat des médicaments dans les structures officielles
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I. Connaissance de risques et achat de médicaments illicites
II. Attitude de la population et perception de la vente illicite de médicaments
III. Prévalence et pratique de l’achat de médicaments illicite
IV. Facteurs associés à l’achat des médicaments illicites par la population
V. Perception et achats dans les structures officielles
VI. SUGGESTIONS
CONCLUSION
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