Lโappendicite aiguรซ est lโinflammation de lโappendice vermiforme. Elle est reconnue comme la cause la plus frรฉquente dโabdomen chirurgical [23, 26, 65]. Son incidence annuelle en France en 2009 est de 1,3 pour 1 000 habitants soit 1,4 fois celle des Etats-Unis et du Canada et de 1,7 fois celle du Royaume-Uni [49]. En Afrique, dans lโรฉtude de POUDIOUGOU en 2015 au Mali, elle reprรฉsentait 52,17% des urgences chirurgicales au Centre de santรฉ la Rรฉfรฉrence. Dans lโรฉtude de DEME au Sรฉnรฉgal, lโappendicite aiguรซ reprรฉsentait 48,4% des urgences abdominales aigues non traumatiques de lโadulte [19, 50]. Cโest une pathologie qui touche habituellement lโadolescent et lโadulte jeune. Elle est rare chez lโenfant de moins de 3 ans et exceptionnelle chez le sujet รขgรฉ [41]. Le diagnostic repose sur les arguments cliniques et biologiques. Toutefois il peut รชtre rendu difficile en raison du polymorphisme de son expression clinique et de la variabilitรฉ de sa localisation dans la cavitรฉ abdominale. L’imagerie a rรฉvolutionnรฉ ces vingt-cinq derniรจres annรฉes la prise en charge de l’appendicite. Lโรฉchographie et la TDM ont diminuรฉ le taux d’appendicectomie blanche ainsi que d’autres complications telles que la perforation appendiculaire. [2, 26, 40]. Lโรฉchographie constitue le moyen dโimagerie qui est recommandรฉ en premiรจre intention chez lโenfant, la femme enceinte et lโadulte jeune [60]. Son coรปt est peu onรฉreux et nโexpose pas aux radiations ionisantes. Cependant il est opรฉrateur dรฉpendant. Des รฉtudes prรฉcรฉdentes sur lโapport de lโรฉchographie dans le diagnostic de lโappendicite ont รฉtรฉ rรฉalisรฉes dans certaines rรฉgions du Sรฉnรฉgal. Ce travail sโinscrit dans le cadre dโune รฉtude multicentrique permettant dโรฉvaluer la pertinence de lโรฉchographie dans le diagnostic de lโappendicite aiguรซ afin de permettre une prise en charge prรฉcoce et adรฉquate.
MATERIELS ET METHODE
Cadre dโรฉtudeย
Notre รฉtude a รฉtรฉ rรฉalisรฉe dans la rรฉgion de Kolda. Elle sโรฉtend sur une superficie de 13718 km2 soit 7% du territoire national. Elle est limitรฉe au Nord par la Gambie, ร lโEst par la rรฉgion de Tambacounda, ร lโOuest par la rรฉgion de Sรฉdhiou et au Sud par la Guinรฉe Bissau et la Guinรฉe Conakry [34]. Les tempรฉratures moyennes mensuelles les plus basses sont enregistrรฉes entre dรฉcembre et janvier et varient entre 25 et 30ยฐC, les plus รฉlevรฉes sont notรฉes entre mars et septembre avec des variations de 30 ร 40ยฐC [34]. La rรฉgion est composรฉe de trois dรฉpartements : Kolda, Mรฉdina Yoro Foula et Vรฉlingara. Le dรฉpartement de Vรฉlingara est le plus vaste avec 40% de la superficie rรฉgionale, suivi de Mรฉdina Yoro Foula avec 34% et de Kolda 26% [34]. Lโรฉtude sโest dรฉroulรฉe dans le service de radiologie et dโimagerie mรฉdicale du CHRK (Centre Hospitalier Rรฉgional de Kolda) qui est un รฉtablissement de santรฉ de niveau 2 ร vocation rรฉgionale. Les services concernรฉs pour la prise en charge des appendicites sont le service dโaccueil et dโurgences, le service de chirurgie, le service de laboratoire et le service de radiologie. Le plateau technique est constituรฉ dโun scanner 4 barrettes GE, dโune table de radiologie conventionnelle, dโun mammographe et dโun รฉchographe de marque MINDRAY DC-N3 PRO dotรฉ de 4 sondes : une sonde sectorielle de 3 MHz, une sonde endocavitaire de 10 MHz, une sonde linรฉaire de 7 MHz et une sonde cardiaque de 2 MHz. Le personnel est constituรฉ dโun รฉtudiant en 4รจme annรฉe de DES de Radiologie et dโImagerie Mรฉdicale, dโun technicien supรฉrieur en imagerie mรฉdicale, de trois manipulateurs et dโune secrรฉtaire.
L’appendicite est l’urgence chirurgicale la plus courante dans le monde [8, 23, 26, 64]. L’examen physique et les tests de laboratoire, lorsqu’ils sont effectuรฉs conjointement avec des examens d’imagerie, sont trรจs spรฉcifiques pour le diagnostic [30]. Notre รฉtude a portรฉ sur 36 cas dโappendicite diagnostiquรฉs ร lโรฉchographie et corrรฉlรฉs ร lโaspect chirurgical. Il sโagit dโune pathologie qui touche majoritairement la population jeune. Lโรขge moyen de nos patients รฉtait de 24,4 ans avec des extrรชmes de 9 et 75 ans. La tranche dโรขge la plus reprรฉsentรฉe รฉtait de 15 ร 24 ans. Nos rรฉsultats sont superposables ร ceux de SOMDA, SAMIR et POUDIOUGOU qui avaient retrouvรฉ respectivement 24 ans, 25,9 ans et 27 ans mais infรฉrieurs ร ceux de KOUAME, KEITA et CHINBO qui, quant ร eux ont retrouvรฉ 29 ans, 30,5 ans et 30,37 ans [14, 29, 35, 50, 59, 62]. Nos patients sont relativement jeunes, cela pourrait sโexpliquer par le profil dรฉmographique du Sรฉnรฉgal dont la majoritรฉ de la population a moins de 18 ans. Dans la littรฉrature le genre est trรจs variable en fonction des รฉtudes. Dans la nรดtre on notait une prรฉdominance masculine avec 77,8% dโhommes contre 22,2% de femmes soit un genre ratio de 3,5. Ces rรฉsultats sont superposables ร ceux de KEITA et AHMAD qui ont retrouvรฉ respectivement un genre ratio de 3,3, et 1,7 [3, 29]. POUDOUGOU et AOUAMI ont retrouvรฉ des valeurs similaires [6, 50]. Par contre CHINBO a notรฉ une prรฉdominance fรฉminine [14]. Ce dรฉsรฉquilibre du genre ratio pourrait sโexpliquer par une inรฉgalitรฉ dโaccรจs au niveau des services de soin dโune part et dโautre part par le faible รฉchantillonnage constituant un facteur discriminant. En effet pour les antรฉcรฉdents, seuls la grossesse et le diabรจte ont fait lโobjet dโรฉtude.
Lebeau sur un groupe de 9822 femmes enceintes, lโappendicite aigue est survenue une fois sur 467 grossesses soit 0,2% et reprรฉsentait 65,6 % des urgences digestives non traumatiques de la femme enceinte pendant cette pรฉriode [37]. Le diagnostic d’une appendicite au cours de la grossesse est souvent difficile et les formes d’emblรฉe graves sont frรฉquentes, d’oรน la nรฉcessitรฉ de l’รฉliminer formellement devant toute douleur abdominale dans un contexte fรฉbrile chez une patiente enceinte prรฉsentant une suspicion clinique dโappendicite aiguรซ [48]. TSAI a conclu dans une รฉtude ร lโexistence dโune relation รฉtroite entre le diabรจte et le risque de dรฉvelopper une appendicite compliquรฉe. Selon lui, la nรฉphropathie diabรฉtique serait un des facteurs de risque, mais la premiรจre reste la longue durรฉe entre le dรฉbut de la symptomatologie et le diagnostic dโappendicite [68]. Dans notre รฉtude nous nโavions cependant pas retrouvรฉ de cas de patients diabรฉtiques ni de femmes enceintes.
ASPECTS CLINIQUESย
La fiรจvre รฉtait prรฉsente ร lโadmission chez 89% de nos patients. Ces rรฉsultats sont superposables ร ceux de SOMDA et AHMAD et al qui ont retrouvรฉ 94% et 83% respectivement [3, 62]. PRADA ARIAS dans son รฉtude a montrรฉ que la prรฉcision diagnostique de la tempรฉrature รฉtait modรฉrรฉe pour diffรฉrencier une appendicite dโune douleur abdominale non spรฉcifique [51]. Dans notre sรฉrie tous les patients ont prรฉsentรฉ une douleur. Elle รฉtait localisรฉe dans 66, 7% des cas au niveau de la fosse iliaque droite, 25% elle รฉtait simultanรฉment ร la fosse iliaque droite et la rรฉgion ombilicale et dans 8,3% elle รฉtait gรฉnรฉralisรฉe. Cette frรฉquence รฉlevรฉe de douleur ร la fosse iliaque dans notre sรฉrie pourrait sโexpliquer par la localisation anatomique normale de lโappendice.
Les vomissements รฉtaient retrouvรฉs chez 44% des patients. Dโaprรจs ROTHROCK et al, les signes les plus courants sont les vomissements (85 ร 90%), la douleur (35 ร 77%) et la diarrhรฉe (18 ร 46%) [57]. Notre รฉtude a rapportรฉ une dรฉfense au niveau de la fosse iliaque droite dans 52, 78% des cas. Nos rรฉsultats concordent avec ceux dรฉcrits dans la littรฉrature [20, 29, 50, 62].
ASPECTS BIOLOGIQUESย
NFS
Dans notre sรฉrie 86% des patients avaient une hyperleucocytose. CARDALL, dans son รฉtude a montrรฉ quโune รฉlรฉvation du taux de leucocyte supรฉrieur ร 10000 cellule/mm 3 et de la tempรฉrature bien que statistiquement associรฉe ร la prรฉsence dโune appendicite, a une sensibilitรฉ et une spรฉcificitรฉ faibles et nโa presque pas dโutilitรฉ en clinique [11]. BELTRAN a rapportรฉ dans son รฉtude chez les enfants que, le taux de leucocyte et le niveau de CRP pris individuellement ou ensemble avaient une sensibilitรฉ รฉlevรฉe pour diffรฉrencier les patients avec ou sans appendicite. Cependant la spรฉcificitรฉ รฉtait trรจs faible. Par ailleurs, elle permettait de discriminer une appendicite simple des perforations appendiculaires [9]. ER quant ร lui a retrouvรฉ 81% de taux normal de leucocyte chez des patients prรฉsentant une appendicite ; et recommande une appendicectomie mรชme si le taux de globule blanc est normal mais avec un appendice de diamรจtre supรฉrieur ร 8 mm [24].
CRP
Marqueur sรฉrique de lโinflammation qui toute comme la NFS font partie des arguments en faveur dโune appendicite aiguรซ mais ne permet en aucun cas de lโaffirmer. Dans notre รฉtude la CRP รฉtait รฉlevรฉe dans 88,89% cas.
CHIANG dans son รฉtude a montrรฉ que son taux augmente avec le temps et que la sensibilitรฉ est de 60,9% au premier jour et de 97,9% au 4 รจme jour [13]. Ce taux รฉlevรฉ dans notre sรฉrie pourrait sโexpliquer dโune part par un retard entre le dรฉbut de la symptomatologie et la consultation dans lโรฉtablissement de soin et dโautre part par un problรจme dโaccessibilitรฉ de certains patients vivants dans les zones reculรฉes. Interprรฉtรฉs collectivement, ces marqueurs dโinflammation que sont la NFS et la CRP ont une sensibilitรฉ de 97% au premier jour du dรฉbut des signes cliniques et pouvant rester constants pendant au moins 5 jours. Une suspicion clinique dโappendicite avec ces marqueurs normaux permet de rรฉfuter le diagnostic dans 98.7% des cas [13, 45]. Plusieurs scores clinico biologiques sont utilisรฉs pour รฉvaluer les patients ร risque dโappendicite. Le plus utilisรฉ est le score Alvarado, valable aussi bien chez lโenfant que chez lโadulte. De nombreuses รฉtudes ont ainsi montrรฉ que ces scores permettent, dโune part, de limiter le recours aux examens dโimagerie et, dโautre part, de diminuer le nombre dโappendicectomie par excรจs [10, 59]. Dโautres scores existent tels que le Karbanda et le PALabS [10].
DONNEES DE LโECHOGRAPHIE
Signes directs
Visualisation de lโappendice
Lโappendice รฉtait visible chez 77,77% de nos patients et รฉtait pathologique dans tous les cas. Nos rรฉsultats sont superposables ร ceux de SOMDA et MOUNKAILA qui avaient retrouvรฉs 88,6% et 86% respectivement par contre supรฉrieur ร celui de PRENDERGAST qui lui a retrouvรฉ dans son รฉtude une visibilitรฉ de 60% [47, 52, 62]. TOPIN et KIM ont visualisรฉ lโappendice pathologique dans 100 et 95% des cas respectivement [32, 65].
Nos rรฉsultats pourraient sโexpliquer dโune part par le fait que lโexamen รฉtait rรฉalisรฉ par un D.E.S, et dโautre part par le fait que certains patients consultaient au stade de complication, ce qui rendait difficile la visualisation de lโappendice. CASTRO et al dans leur รฉtude dans une population pรฉdiatrique ont montrรฉ que la visualisation de lโappendice รฉtait liรฉe ร lโexpรฉrience de lโopรฉrateur [12]. Lโabsence de visualisation est source dโune importante proportion de faux positifs et de faux nรฉgatifs [14]. LEE suggรจre dans son รฉtude une compression postรฉrieure au cours de la rรฉalisation de lโรฉchographie afin dโamรฉliorer sa visibilitรฉ surtout pour les appendices profondรฉment situรฉs [38]. Lโรฉchographiste doit absolument voir lโappendice de faรงon directe pour affirmer que celui-ci est normal et donner ainsi une valeur prรฉdictive nรฉgative presque parfaite ร lโรฉchographie [56]. Deux patients dans notre รฉtude avaient bรฉnรฉficiรฉ dโun scanner abdominal parce que lโappendice nโรฉtait pas visible ร lโรฉchographie.
Non Compressibilitรฉ de lโappendice
Dรฉcrit par la majoritรฉ des auteurs, Il est considรฉrรฉ comme un critรจre dโorientation dโappendicite aiguรซ [14, 31, 53]. Les rรฉsultats de notre sรฉrie montrent que dans la majoritรฉฬ des cas chez qui lโappendice รฉtait vu, il รฉtait non compressible avec un taux de 82,1%. Nos rรฉsultats sont proches de celui de SOMDA qui a retrouvรฉ 87,5% et de MOUNKAILA qui a retrouvรฉ 93% et infรฉrieur ร celui de CHINBO qui lui a retrouvรฉ 98% [14, 47, 62]. PUYLAERT rapporte que la non compressibilitรฉ est un outil rapide, non invasif et fiable pour le diagnostic de lโappendicite [53].
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
METHODOLOGIE
I. MATERIEL ET METHODES
I.1 Cadre dโรฉtude
II.2 Type dโรฉtude
I.3 Patients
I.3.1 Critรจres dโinclusion
I.3.2 Critรจres de non inclusion
I.3.3 Donnรฉes รฉpidรฉmiologiques
I.3.4 Donnรฉes cliniques
I.3.4.1 Antรฉcรฉdents
I.3.4.2 Signes fonctionnels
I.3.4.3 Signes gรฉnรฉraux
I.3.4.4 Signes physiques
I.3.5 Donnรฉes biologiques
I.3.5.1 La C- Reactive Protein
I.3.5.2 Numรฉration Formule Sanguine
II.METHODES
II.1 Recueil des donnรฉes
II.2 Paramรจtres รฉtudiรฉs
II.3 Analyse statistique
RESULTATS
I DONNEES ECHOGRAPHIQUES
I.1 Signes directs
I.1.1 Visibilitรฉ de lโappendice
I.1.2 Siรจge de lโappendice
I.1.3 Diamรจtre de lโappendice
I.1.4 Compressibilitรฉ de lโappendice
I.1.5 Epaisseur pariรฉtale de lโappendice
I.1.6 Hyperhรฉmie pariรฉtale au doppler
I.2 Signes indirects
I.2.1 Inflammation de la graisse pรฉri appendiculaire au doppler
I.2.2 Stercolithe
I.2.3 Autres signes indirects
II ETUDE ANALYTIQUE
II.1 Appendicite aigue simple
II.2 Appendicite aigue compliquรฉe
II. 3 Aspect chirurgical
II.3.1 Voie dโabord
II.3.2 Diagnostic per opรฉratoire
II.3.3 Comparaison radio chirurgicale
II.4 Sensibilitรฉ de lโรฉchographie
II.4.1 Appendicite aigue simple
II.4.2 Abcรจs appendiculaire
II.4.3 Pรฉritonite appendiculaire
II.4.4 Plastron appendiculaire
ICONOGRAPHIE
DISCUSSION
I ASPECTS CLINIQUES
II ASPECTS BIOLOGIQUES
II.1 NFS
II.2 CRP
III. DONNEES DE LโECHOGRAPHIE
III. 1 Signes directs
III.1.1 Visualisation de lโappendice
III.1.2 Non Compressibilitรฉ de lโappendice
III.1.3 Diamรจtre transversal
III.1.4 Hyperhรฉmie au doppler
III.2 Signes indirects
III.2.1 Adรฉnomรฉgalies
III.2.2 Hypertrophie de la graisse pรฉri appendiculaire
III.2.3 Stercolithe
III.2.4 Epanchement pรฉritonรฉal localisรฉ
III.2.5 Absence de gaz dans la lumiรจre appendiculaire
III ETUDE ANALYTIQUE
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES