EVEIL A LA FOI
Présentation du phénomène étudié et importance de se pencher sur cette question
Le thème général de ce travail est « Quelle articulation entre vie de foi et vie scolaire d’un élève ? ». Bien que « l’école publique (soit) laïque, les élèves et leurs parents ne le sont pas pour autant » (CNEF, 2014). Nous trouvons alors cette question de l’articulation entre vie de foi et vie scolaire pertinente, car nous pensons qu’il est important que chaque enfant puisse être libre de vivre sa foi à l’école et qu’il puisse être intégré à la classe. De nos jours, les classes sont très hétérogènes, ce qui veut dire que chaque élève est différent et a sa propre culture. Il y a beaucoup d’élèves étrangers. Ainsi, des élèves de toutes confessions sont présents dans les classes. L’Office fédéral de la statistique (2016) a montré une évolution entre 1990 et 2009 du nombre d’élèves étrangers. Le graphique ci-dessous montre l’évolution de cette hétérogénéité, au fil des années, dans les classes suisses Dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme, il est dit que « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites » (ONU, Art.18, 1948). Nous comprenons alors que chaque individu, y compris les élèves, sont libres d’exprimer leur pensée et croyance. De plus nous pouvons aussi lire : « tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit » (ONU, Art.19, 1948). Dans les classes, certains enfants vont facilement parler de leur foi tandis que d’autres non. Que se passe-t-il donc lorsque l’élève s’exprime sur ce qu’il vit et croit ? Nous pensons que dans le cas où l’élève partage sa foi et ses croyances à l’école, cela peut être vécu de deux manières. Dans un premier cas, la foi et le vécu de l’élève sont perçus comme une plusvalue envers leurs camarades. Ces enrichissements pourraient être : une empathie plus marquée et un respect de l’autre, une facilité dans la résolution de conflits ou encore un rapport positif à la non-violence. Dans un deuxième cas, peut-être que ce partage de foi provoquera une opposition et sera vécu de manière négative. Cela pourrait engendrer des moqueries ou une exclusion vis-à-vis des camarades. En définitive, nous voyons que l’école publique, bien que laïque, doit permettre à chaque élève d’être intégré dans la classe, de s’exprimer sur sa religion et ses croyances, ainsi que de connaître celles des autres pour qu’il y ait un respect de son prochain à l’école. En effet, « l’école doit prendre en compte et rendre accessible la connaissance des fondements culturels, historiques et sociaux, y compris des cultures religieuses, afin de permettre à l’élève de comprendre sa propre origine et celle des autres, de saisir et d’apprécier la signification des traditions et le sens des valeurs diverses cohabitant dans la société dans laquelle il vit » (CIIP, 2003, article 3.4). Mais est-ce que cela se passe réellement comme il le faudrait ? Quelle est l’articulation entre la vie de foi d’un enfant et le fait qu’il aille à l’école ? Est-ce que l’élève se sent en sécurité de partager ce qu’il vit au niveau de sa foi car l’atmosphère scolaire le permet et il y a un respect en classe, ou au contraire, se sent-il mal et est-il victime de moqueries à l’école ? Nous pensons que ce travail de recherche est important car s’il y a une opposition, il faut que les enseignants soient sensibilisés sur ce sujet dans le but éventuel de mettre en place une médiation pour intégrer ces élèves à la classe. Nous voulons décrire l’articulation entre la vie de foi et la vie scolaire des élèves qui vivent leur foi au quotidien. Nous voulons comprendre ce qui se passe dans les classes pour ces élèves croyants.
Contexte de la recherche
Dans ce mémoire de fin d’études, nous questionnons l’articulation entre la vie de foi et la vie scolaire de différents élèves. En Suisse, entre 2013 et 2015, l’office fédéral de la statistique (2017) a recensé 25,5% de chrétiens protestants, 37,7% de chrétiens catholiques, 7,4% d’autres, comme les évangéliques, ou encore 23,1% de personnes sans appartenance religieuse. Le diagramme ci-dessous représente bien ce paysage religieux. Le terme « vie de foi » peut être très large, car il existe beaucoup de confessions de foi différentes à travers toutes les religions, comme nous l’avons vu avec ce diagramme. Pour ce travail de recherche, nous allons nous centrer sur une confession particulière, soit la confession chrétienne évangélique. Dans ce diagramme, cette religion est placée dans la catégorie autres. En effet, ce n’est pas une religion principale en Suisse. Ce terme regroupe différentes dénominations d’églises, comme les communautés évangéliques, apostoliques, adventistes, ou encore charismatiques. Comme ce diagramme le montre, les chrétiens évangéliques représentent une minorité sur le territoire suisse. Malgré cela, il y a 250’000 chrétiens de conviction évangélique, soit 3% de la population suisse, dont 42’000 en Suisse romande (RES, 2014). De plus, il est intéressant de savoir que sur 5’734 communautés religieuses suisses, un quart sont des Eglises évangéliques (soit 1’423 communautés). Un tiers des personnes qui se rendent à un office religieux en Suisse sont des évangéliques, ce qui représente plus de 200’000 personnes chaque weekend (RES, 2014). Même si le nombre de chrétiens évangéliques n’est pas très élevé, nous comprenons que les croyants de cette confession sont très actifs et c’est pour cela que nous avons choisi d’étudier et de nous interroger sur l’articulation entre la vie de foi d’élèves issus de familles évangéliques et leur métier d’élève. N’ayant que très peu d’églises évangéliques dans le Valais, le contexte de notre recherche s’étendra sur la Suisse romande, mais restera centré sur le Chablais. Nous allons interroger des élèves allant avec leurs parents à l’Eglise Evangélique de Chable-Croix à Aigle, église faisant partie de la Fédération Romande d’Eglises Evangéliques (FREE). Cette communauté chrétienne est ouverte à tous et déploie un programme adapté et varié pour tout âge : cultes, moment de musique et louange, groupe pour enfants en bas âge, enfants, adolescent, jeunes adultes ou encore groupe des aînés. Cette église a une vision claire : « vivre l’évangile au quotidien, pour nous et pour les autres » (http://www.chable-croix.net/). Nous comprenons que la foi évangélique est une foi vivante qui désire témoigner, communiquer et annoncer l’amour du Christ. Ainsi, les élèves que nous allons interroger sont des enfants qui ancrent leur foi en Jésus-Christ et qui vivent leur foi de manière quotidienne, que ce soit dans leur famille ou dans leur église. Ce travail de mémoire s’inscrit dans une recherche en éthique et cultures religieuses. Ce dernier permettra de mieux comprendre les élèves chrétiens évangéliques et leur manière de vivre leur foi à l’école.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. PROBLEMATIQUE
1.1 PRESENTATION DU PHENOMENE ETUDIE ET IMPORTANCE DE SE PENCHER SUR CETTE QUESTION
1.2 CONTEXTE DE LA RECHERCHE
1.3 ETAT DES LIEUX DES CONNAISSANCES SUR LE PHENOMENE
1.3.1 VIE SCOLAIRE
1.3.2 LES CHRETIENS EVANGELIQUES
1.3.3 LA FOI A L’ECOLE
1.4 ANGLES DISCIPLINAIRES DU TRAVAIL
2 CADRE CONCEPTUEL
2.1 LA FOI
2.1.1 EVEIL A LA FOI
2.1.2 STADES DE DEVELOPPEMENT RELIGIEUX
2.1.3 CONFESSION EVANGELIQUE
2.2 VIE SCOLAIRE
2.2.1 CONFLIT ENTRE SAVOIR ET CROYANCE ET CONFLIT DE VALEURS
2.2.2 BRANCHE SCOLAIRE ETHIQUE ET CULTURES RELIGIEUSES
2.2.3 SOCIALISATION
2.2.4 EXCLUSION/INTEGRATION
2.2.5 EMPATHIE
2.2.6 RESPECT
2.2.7 RAPPORT A LA VIOLENCE/RESOLUTION DE CONFLIT
3 QUESTIONNEMENT
4 DISPOSITIF MÉTHODOLOGIQUE
4.1 METHODE DE RECHERCHE
4.1.1 METHODE QUALITATIVE : LA PHENOMENOLOGIE
4.1.2 ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF
4.1.3 POINTS FORTS ET LIMITES
4.2 DISPOSITIF DE RECOLTE DES DONNEES ET D’ANALYSE
4.2.1 CONSTRUCTION DU GUIDE D’ENTRETIEN
4.3 ECHANTILLON
4.4 CONSIDERATIONS ETHIQUES ET PROTECTION DES DONNEES
5 ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES
5.1 PRESENTATION DES RESULTATS
5.1.1 TABLEAU SIGNIFICATIF DES PROPOS DES ELEVES
5.1.2 REGARD GENERAL SUR LES RESULTATS
5.2 INTERPRETATION DES RESULTATS
5.2.1 ÊTRE CHRETIEN EVANGELIQUE A L’ECOLE
5.2.2 BRANCHE SCOLAIRE ECR
5.2.3 CONFLIT ENTRE SAVOIR ET CROYANCE ET CONFLIT DE VALEURS
5.2.4 SOCIALISATION
5.2.5 EMPATHIE
5.2.6 RESPECT/NON-RESPECT
5.2.7 EXCLUSION/INTEGRATION
5.2.8 RAPPORT A LA NON-VIOLENCE/RESOLUTION DE CONFLIT
5.3 SYNTHESE ET RETOUR A LA QUESTION DE RECHERCHE
6 DISTANCE CRITIQUE
6.1 LIMITES DE LA RECHERCHE
6.2 PROLONGEMENTS ET PISTES D’APPROFONDISSEMENTS
7 CONCLUSION
8 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
9 ATTESTATION D’AUTHENTICITE
10 ANNEXES
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