L’ostéomyélite chronique est une infection hématogène de l’os due à un germe pathogène évoluant depuis plus de six semaines [1,2]. La pandiaphysite est une atteinte étendue de la diaphyse d’un os long. C’est une forme sévère d’ostéomyélite chronique .
L’ostéomyélite chronique touche en général les enfants en pleine croissance. Elle est de plus en plus rare dans les pays développés alors qu’elle reste un véritable fléau en Afrique [4,5]. Une étude en Tunisie en 2008 a rapporté 16 cas de pandiaphysite pendant une période de quatre ans [4]. Entre 2001 et 2006, dans le service d’orthopédie et traumatologie pédiatrique de l’hôpital universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona, Randrianasolo et al ont recensé 161 cas d’ostéomyélite dont 126 cas étaient des ostéomyélites chroniques [6]. Selon Solofomalala et al, et Razafimahandry et al en 2007 à l’HUJRA, le retard de prise en charge de l’ostéomyélite chronique, qui favorise la survenue de complications, serait dû au massage traditionnel fréquemment pratiqué par les malgaches [7,8]. En 2009 dans le même hôpital Rakoto Ratsimba et al ont rapporté que les formes graves et l’extension à la diaphyse sont encore retrouvées [9]. A l’HUJRA en 2015, la pandiaphysite représentait 65% des ostéomyélites chroniques [10].
La pandiaphysite est une forme sévère d’ostéomyélites chroniques mettant en jeu le pronostic fonctionnel du membre. Elle est à l’origine de multiples complications. Son traitement consistant à faire une diaphysectomie nécessite obligatoirement une reconstruction .
Rappels anatomiques
Configuration externe des os
Selon la morphologie et les rapports entre la longueur, la largeur et l’épaisseur des os ; on distingue trois groupes d’os : les os longs, les os courts, les os plats [13]. Les os longs sont des os constitués de quatre segments. Les deux épiphyses à chaque extrémité sont recouvertes par le cartilage articulaire. Au niveau de l’épiphyse se trouve la physe ou le cartilage de croissance chez l’enfant. La métaphyse se trouve entre la physe et la diaphyse. La diaphyse ou le corps de l’os est de forme tubulaire, elle constitue l’axe de l’os, elle est recouverte circonférentiellement par le périoste .
Configuration interne des os longs et les particularités chez l’enfant
L’épiphyse est constituée de tissu cartilagineux chez l’enfant [16]. La physe ou le cartilage de croissance fait la particularité de l’enfant. Elle assure la croissance en longueur de l’os. Elle est composée de cellules reparties en couche et d’une substance fondamentale. La physe est circonscrite par la virole périchondrale de Lacroix [17]. La métaphyse est constituée d’os spongieux. Elle est richement vascularisée. Elle est enveloppée d’un périoste très solide. La diaphyse est constituée d’os compact plus dense et plus dur. En son centre le canal médullaire renferme l’os spongieux. L’os spongieux est constitué de lamelles osseuses, des vaisseaux des nerfs et de la moelle [16]. Le périoste est une gaine qui couvre entièrement la surface de l’os sauf aux interfaces articulaires où il est remplacé par une couche de cartilage hyalin [6]. Chez l’enfant, il est composé d’une couche externe fibreuse riche en fibre de collagène et d’une couche interne ostéogénique. Il assure la régulation de la croissance des os longs. Il module leur croissance axiale en exerçant un effet freinateur sur les plaques de croissance. Il assure la croissance en épaisseur de l’os .
Vascularisation et innervation des os longs
Artères des os longs
La vascularisation osseuse se compose de deux systèmes complémentaires, le système endosté, provenant de l’artère nourricière et le système périosté, provenant du réseau vasculaire musculo-périosté. Ces deux systèmes communiquent entre eux [6]. Les artères diaphysaires pénètrent l’os par le foramen nourricier. Elles irriguent les deux tiers internes de l’os compact et la moelle jusqu’à la métaphyse [6,19]. Les artères épiphysaires et métaphysaires irriguent l’os spongieux, formant le cercle artériel périarticulaire. A la fin de la croissance les artères épiphysaires et diaphysaires s’anastomosent. Les artères périostées sont des branches des artères diaphysaires, épiphysaires, métaphysaires et musculaires. Elles irriguent le tiers externe de l’os compact [6]. Chez le nourrisson, il y a un réseau vasculaire qui fait communiquer la vascularisation métaphysaire et la vascularisation épiphysaire. Il explique la fréquence des ostéo-arthrites chez le nourrisson .
Veines des os longs
Les veines de drainage des os longs forment de véritables lacs sanguins au niveau métaphysaire. Les veines sont parallèles aux artères des os longs [19]. Chez l’enfant au niveau de l’extrémité des vaisseaux métaphysaires, le réseau vasculaire se termine en de fines boucles sinusoïdes, siège d’un important ralentissement circulatoire. Il favorise la greffe bactérienne locale en cas de bactériémie .
Rappels nosographiques de l’ostéomyélite chronique chez l’enfant
Epidémiologie
L’ostéomyélite représente 17 à 33% des infections des membres chez l’enfant [12,23]. L’incidence a diminué depuis l’introduction des antibiotiques, le diagnostic précoce et le traitement adéquat des ostéomyélites aigües dans les pays développés [5,12]. Elle reste pourtant un véritable fléau en Afrique avec l’apparition de forme sévère comme la pandiaphysite [3,6,24]. Il y a deux pics de fréquence chez l’enfant, avant l’âge de deux ans et entre l’âge de 8 et 12 ans mais elle peut se voir à tout âge [25,26]. Elle est plus fréquente chez les enfants issus de milieu de faible niveau socio-économique et ceux venant de milieu rural par la négligence de la maladie et la présence des facteurs favorisants [27]. Une prédominance masculine a été notée par plusieurs auteurs avec un sex ratio égal à 3/1 dans la plupart des études .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I Rappels anatomiques
I-1 Configuration externe des os
I-2 Configuration interne des os longs et particularités chez l’enfant
II Rappels nosographiques de l’ostéomyélite chronique chez l’enfant
II-1 Epidémiologie
II-2 Physiopathologie
II.2.1 Mode de contamination
II.2.2 Etat de l’hôte
II.2.3 Virulence du germe
II.2.4 Evolution de l’infection
II-3 Diagnostic
II.3.1 Diagnostic positif
II.3.1.1 Type de description : Ostéomyélite chronique bactérienne à germes banaux non tuberculeux chez l’enfant
II.3.1.2 Formes cliniques
II.3.2 Diagnostic différentiel
II-4 Traitement
II.4.1 Buts
II.4.2 Moyens
II.4.3 Indications
II.4.4 Résultats
II.4.5 Surveillance
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I Méthodes
I-1 Cadre de l’étude
I-2 Type d’étude
I-3 Période d’étude
I-4 Durée d’étude
I-5 Population d’étude
I-6 Critères d’inclusion
I-7 Critères de non inclusion
I-8 Critère d’exclusion
I-9 Variables étudiés
I-10 Mode de collecte des données
I-11 Analyse et traitement des données
I-12 Considérations éthiques
I-13 Limites de l’étude
II Résultats
II-1 Variables épidémiologiques
II-4 Variables cliniques et paracliniques de diagnostic
II-5 Traitement
II-6 Répartition des patients selon les résultats du traitement
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
III A propos des données épidémiologiques
III-1 Selon la fréquence de la pandiaphysite
III-2 Selon l’âge
III-3 Selon le genre
IVA propos des variables cliniques et paracliniques du diagnostic
IV-1 Selon le motif de consultation
IV-2 Selon les antécédents
IV-3 Selon le délai de consultation
IV-4 Selon les signes cliniques présentés par le patient
IV-5 Selon la localisation
IV-6 Selon les résultats de la radiographie du membre concerné
IV-7 Selon les résultats biologiques
IV-8 Selon les résultats bactériologique
V A propos du traitement
V-1 Selon le traitement antibiotique
V-2 Selon le traitement chirurgical
V-3 Durée d’hospitalisation
VIA propos de la répartition des patients selon les résultats du traitement
VI-1 Selon les résultats cliniques
VI-2 Selon les résultats fonctionnels Proposition d’un algorithme de prise en charge de la pandiaphysite en milieu hospitalier
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES