Le crรฉdit est le ยซ levier essentiel ยป des affaires ; aucune entreprise ne peut se dรฉvelopper en lโabsence du crรฉdit. Dโun moyen de financement, il est devenu un moyen de gestion de lโentreprise. Le contrat de prรชt dโargent qui nโoccupait que trรจs peu dโarticles dans le code civil et qui รฉtait qualifiรฉ de ยซ petit contrat ยป par rapport au contrat de vente qui est consacrรฉ dans 120 articles, a connu un dรฉveloppement tel quโil est devenu le droit de crรฉdit. Les concours bancaires constituent un รฉlรฉment ร part entiรจre sur lequel dรฉpend la vie de lโentreprise. Son interruption ou sa rรฉduction brusque cause souvent des prรฉjudices ร lโentreprise ainsi quโaux personnes qui y sont liรฉes par un contrat quelconque. Le banquier, de lโautre cรดtรฉ, lui, il fait le commerce dโargent, il prรชte de lโargent parce il veut augmenter ses chiffres dโaffaires en encaissant les commissions, les agios et toute sorte dโintรฉrรชts que le prรชt gรฉnรจre. Il spรฉcule sur lโargent prรชtรฉ. Le droit du crรฉdit nโest pas guidรฉ par lโesprit de philanthropie. Le financeur ne prรชte pas parce quโil veut seulement aider le client. Mais plutรดt parce quโil veut faire des profits. Cependant, ce profit, ni mรชme le remboursement de la somme prรชtรฉe ne pourra รชtre encaissรฉ que si lโaffaire du client marche bien. Par consรฉquent, autant que le client, le banquier a aussi intรฉrรชt ร ce que lโaffaire de lโemprunteur prospรจre ; pour la simple raison que par-dessus tout, il veut รชtre remboursรฉ. Aussi, ne peut-il se permettre de donner du crรฉdit ร nโimporte qui.
Le crรฉdit met en jeu le facteur temps. Le banquier met ร la disposition du client des disponibilitรฉs en espรฉrant รชtre remboursรฉ ร une รฉchรฉance. Ce temps nโest pas maรฎtrisรฉ par le banquier. Pendant lโattente, le patrimoine du client peut fluctuer, la conjoncture รฉconomique du pays ou dโun secteur dโactivitรฉ peut changer ; modifiant ainsi la facultรฉ de remboursement du dรฉbiteur et la survie du projet financรฉ. Pour sโy prรฉmunir, il a lโobligation de peser le risque quโil court en octroyant le crรฉdit. Aprรจs avoir pesรฉ le risque, il dรฉcide de faire confiance ou non au client. Cโest ร partir de ce moment seulement quโil octroie, augmente, rรฉduit ou interrompt le crรฉdit. Le risque de non paiement des commissions ou de non remboursement existe toujours mais le travail du banquier cโest justement savoir prendre un risque raisonnable. Sโil se mรฉfie de tout et est trรจs rรฉticent ร donner du crรฉdit, il ne joue plus son rรดle correctement et sa rรฉputation sera remise en cause. Sโil prend trop de risque, la banque en pรขtira, elle tomberait sous la menace dโune ouverture de procรฉdure collective dโapurement du passif. De ce fait, il doit accorder des crรฉdits car cโest son mรฉtier mais, il a lโobligation de ne pas octroyer ce crรฉdit quโร celui qui lui inspire confiance. Un banquier doit prรฉcisรฉment avoir ce ยซ flair ยป, et ce ยซ bon sens ยป de connaรฎtre les bons projets.
LA CONFIANCE : FONDEMENT DE LโOCTROI DU CREDIT
LA CONFIANCE, UNE NOTION SUBJECTIVE
La confiance confรจre une sรฉcuritรฉ psychologique au banquier
Dโaprรจs le dictionnaire Larousse, la confiance se dรฉfinit comme un ยซ sentiment de sรฉcuritรฉ de celui qui se fie ร ยป quelque chose ou ร quelquโun. Cโest un sentiment, donc une notion purement psychologique. Par rapport au crรฉdit, ce sentiment de sรฉcuritรฉ correspond en lโassurance et la certitude du remboursement. Ce sentiment de sรฉcuritรฉ, on ne le ressent que face ร une personne qui prรฉsente un certain nombre de qualitรฉs ou de caractรจres. ยซ Le banquier fera crรฉdit sโil a confiance au chef dโentreprise, sโil croit en ses qualitรฉs morales et techniques et enfin sโil a foi en la sincรฉritรฉ de lโinformation financiรจre et en la solvabilitรฉ de lโentreprise ยป .
Lโentreprise clienteย
Les รฉtablissements de crรฉdit ont deux types de clients, il y a dโun cรดtรฉ les particuliers et de lโautre cรดtรฉ les entreprises. Lโoctroi de crรฉdit aux particuliers mรฉrite une autre รฉtude approfondie quโil est plus intรฉressant de le traiter sรฉparรฉment de lโanalyse concernant les relations entre professionnels cโest-ร - dire, lโรฉtablissement de crรฉdit et les entreprises. On va ainsi se focaliser exclusivement sur cette deuxiรจme relation.
Notion dโentreprise
Une entreprise est ยซ une organisation autonome qui coordonne un ensemble de facteur en vue de la production et de distribution de certains biens et services pour le marchรฉ ยป . Cโest donc une organisation, une entitรฉ qui peut รชtre une personne physique ou une personne morale. Lโentitรฉ doit exercer une activitรฉ รฉconomique de production ou de distribution, cโestร -dire une activitรฉ qui consiste ร offrir ร titre onรฉreux des biens ou des services sur un marchรฉ donnรฉ. Cette activitรฉ sโexerce dans une autonomie commerciale, financiรจre et technique.
Lโentreprise individuelle
Une entreprise est individuelle lorsquโun fonds de commerce est exploitรฉ par une personne physique dรฉterminรฉe. Dans lโentreprise individuelle, tout le patrimoine du commerรงant constitue le gage gรฉnรฉral des crรฉanciers chirographaires. Les biens personnels ainsi que les biens communs des รฉpoux rรฉpondent des dettes de lโentreprise. En vertu du principe dโindivisibilitรฉ ou dโunitรฉ du patrimoine, tout lโactif du commerรงant sert ร couvrir son passif. Tous ses biens et ses dettes sont concentrรฉs autour dโune universalitรฉ distincte. Il nโy a pas affectation dโune partie de son patrimoine ร lโexploitation de fonds et une autre partie ร sa vie civile. Il nโy a donc pas de diffรฉrenciation entre les dettes de lโentreprise et celles qui lui sont purement personnelles comme les dettes du mรฉnage. Ses crรฉanciers, pour des besoins de lโexploitation se trouvent en concours avec ses crรฉanciers personnels. Si lโentreprise individuelle est en liquidation judiciaire, le banquier qui lui a octroyรฉ du crรฉdit pour lโacquisition de fonds de commerce se trouve en concours avec le banquier qui lui a fournit un crรฉdit pour le kit scolaire par exemple. Etant entendu que pour la deuxiรจme catรฉgorie de prรชt il agit en tant que particulier pour sa vie civile, par consรฉquent, le contrat de crรฉdit est rรฉgie par la loi protectrice des consommateurs . Lโintรฉrรชt du banquier dans ce genre dโentreprise cโest que tout son patrimoine rรฉpond au paiement du crรฉdit.
Comme tout commerรงant, le propriรฉtaire de lโentreprise individuelle est tenue de toutes les obligations qui pรจsent sur le commerรงant, entre autre la tenue de comptabilitรฉ. Les livres comptables est un outil qui intรฉresse considรฉrablement le banquier en octroyant ses concours ร une entreprise. Cโest lโun des points majeurs sur lesquels le banquier peut se rรฉfรฉrer quand il contracte avec un professionnel. Les livres comptables nโentrent pas en compte dans les relations avec les particuliers รฉtant donnรฉ que ces derniers ne sont pas obligรฉs de tenir une comptabilitรฉ.
Les sociรฉtรฉs
Une sociรฉtรฉ ยซ est instituรฉe par deux ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat dโaffecter ร une entreprise commune des biens ou leurs industries en vue de partager le bรฉnรฉfice ou de profiter de lโรฉconomie qui pourra en rรฉsulter ยป . Cโest un contrat dans lequel il y a une mise en commun des apports dans un but lucratif et impliquant la contribution aux pertes dans le cas oรน lโexploitation serait dรฉficitaire. Une sociรฉtรฉ peut รชtre unipersonnelle lorsquโelle nโa quโun seul associรฉ.
La confiance du banquier varie selon que la sociรฉtรฉ soit civile ou commerciale car dans la premiรจre, toutes les associรฉs se connaissent, cโest toujours une sociรฉtรฉ de personne, ce qui implique la responsabilitรฉ illimitรฉ des associรฉs. En effet, en matiรจre de sociรฉtรฉ civile et des sociรฉtรฉs commerciales de personne, les associรฉs sont tenus indรฉfiniment et solidairement des dettes de la sociรฉtรฉ. Tandis que la sociรฉtรฉ commerciale, elle, se divise en sociรฉtรฉ des personnes et sociรฉtรฉs des capitaux. Dans les sociรฉtรฉs des personnes comme les Sociรฉtรฉs en Noms Collectifs (SNC), les Sociรฉtรฉs en Commandite Simple (SCS), aussi bien le patrimoine de la sociรฉtรฉ que celui des personnes physiques associรฉes rรฉpondent aux dettes de la sociรฉtรฉ. Ces sociรฉtรฉs devraient en principe avoir la prรฉfรฉrence du banquier et ainsi sa confiance par rapport aux sociรฉtรฉs des capitaux car si la sociรฉtรฉ tombe sous le coup de Procรฉdure Collective dโApurement de Passif (PCAP) et que le patrimoine de la sociรฉtรฉ nโarrive pas ร apurer le passif de la sociรฉtรฉ, des procรฉdures de redressement judiciaire pourront รชtre intentรฉes ร lโendroit de chacun des associรฉs dรจs quโil est constatรฉ que les associรฉs sont eux aussi en cessation des paiements. Autrement dit, le banquier peut poursuivre lโun quelconque dโentre les associรฉs pour se faire rembourser. Il a plus de garantie dans le paiement parce que ces associรฉs sont solidairement responsables entre eux et avec la sociรฉtรฉ pour les dettes de cette derniรจre. Ce qui renforce la confiance du financeur en ce sens que plus il a plusieurs dรฉbiteurs, plus il a la chance dโรชtre remboursรฉ. Il est rare que tous les associรฉs solidaires de la sociรฉtรฉ soient tous en mรชme temps insolvables. Dans les sociรฉtรฉs des capitaux comme les sociรฉtรฉs ร responsabilitรฉ limitรฉe (SARL), les sociรฉtรฉs anonymes (SA), les sociรฉtรฉs en commandite par action (SCA), le banquier nโa que le patrimoine de la sociรฉtรฉ pour garantir ses crรฉances, vu que les associรฉs sont responsables dans la limite de leurs apports. Ce qui fait quโen cas dโinsuffisance dโactif de la sociรฉtรฉ, le banquier ne peut pas poursuivre personnellement les actionnaires ou les associรฉs pour se faire rembourser. Sauf si lโun des associรฉs sโest ingรฉrรฉ dans la gestion de fait de lโentreprise ou dans le cas oรน le dirigeant de la sociรฉtรฉ ait commis une faute de gestion qui a entrainรฉ la chute de la sociรฉtรฉ. Dans cette hypothรจse, le dirigeant de fait ou le dirigeant fautif peut รชtre sanctionnรฉ en comblement de passif de la sociรฉtรฉ . Lorsque le dirigeant a commis des fautes qui justifient lโouverture dโune procรฉdure en son encontre, lโaction peut รชtre รฉtendue ร lโendroit du dirigeant . Cโest la rรจgle de lโextension de la procรฉdure collective : tel est le cas quand le dirigeant a commis un abus des biens sociaux ou quand il sโest rendu complice dโune banqueroute. A premiรจre vue, on peut dรฉduire que les financeurs ont plus confiance en des sociรฉtรฉs des personnes quโen des sociรฉtรฉs par action. Or, gรฉnรฉralement, les banques offrent des crรฉdits plus importants ร des sociรฉtรฉs par action quโร des sociรฉtรฉs des personnes.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PARTIE I: LA CONFIANCE : FONDEMENT DE LโOCTROI DU CREDIT
Titre I : LA CONFIANCE, UNE NOTION SUBJECTIVE
Chapitre I : La confiance confรจre une sรฉcuritรฉ psychologique au banquier
Chapitre II : la sรฉcuritรฉ financiรจre ?
Titre II : LA CONFIANCE UNE NOTION SUBJECTIVE REPOSANT SUR DES FAITS OBJECTIFS
Chapitre I : Les รฉlรฉments objectifs de la confiance
Chapitre II : Les รฉlรฉments confortant la confiance du banquier
Partie II: LโISSUE DE LA RELATION BANQUIER/CLIENT
Titre I : La dรฉfiance, cause de la rupture du crรฉdit
Chapitre I : le cheminement entre la confiance et la dรฉfiance
Chapitre II : La rupture du crรฉdit
TITRE II : LE MAINTIEN DE LA CONFIANCE : CONTINUATION DES RELATIONS DโAFFAIRES
Chapitre I : Les bases nรฉcessaires au maintien de la confiance
Chapitre II : Le dรฉroulement du contrat de crรฉdit
CONCLUSION