Conduite de l’élevage ovin transhumant
Adaptation de la reproduction
Optimisation de la mise à la reproduction
La reproduction des brebis est saisonnée. La puberté est atteinte, selon le moment de la naissance, à l’âge de 5-7 mois (naissance au printemps) ou 12-17 mois (naissance à l’automne). Cela peut varier en fonction du type génétique, de l’environnement et du niveau alimentaire. La durée de gestation est de 150 jours (Bouillet-Oudot, 2012). C’est une espèce poly-œstrienne saisonnière de jours courts avec une saison de reproduction d’automne – hiver (d’août à février) (Gayrard, 2007). Elle est suivie, de la fin de l’hiver au début de l’été (février à juillet) par une période de repos sexuel, appelé anœstrus saisonnier, de durée et d’intensité variables en fonction des races. Chez le mâle, cette saisonnalité se manifeste par une diminution de l’intensité du comportement sexuel et de la production spermatique en quantité et en qualité (Chemineau et al., 1996). Cependant, certaines races peuvent être « dessaisonnées », c’est-à-dire se reproduire hors saison sexuelle normale. La conduite de la reproduction est primordiale car c’est elle qui conditionne la rentabilité de l’élevage : pour un animal qui monte vide à la montagne, 4 mois sont perdus dans le cycle de la brebis. Quelques règles permettent d’optimiser la mise à la reproduction (Houerie, 2002) :
– les traitements antiparasitaires, vaccins, parage, tonte doivent être effectués à distance de la mise à la reproduction : le mieux est d’éviter toute manipulation 1 mois avant la lutte et surtout 1 à 2 mois après, – l’alimentation des béliers a des conséquences directes sur la fertilité et la prolificité des femelles : la période de flushing (c’est-à-dire de suralimentation passagère) doit commencer 8 semaines avant la lutte (la durée de la spermatogénèse étant de 60 jours) (Adjou, 2013), – la mise à la reproduction des agnelles ne doit pas être trop précoce car elles sont soumises à des conditions difficiles pour effectuer leur croissance. Dans les systèmes transhumants, l’agnelage se fait communément vers 16-18 mois (agnelage au printemps n+2 des animaux nés l’automne de l’année n), ou à 24 mois (agnelage à l’automne n+2 des animaux nés l’automne de l’année n), – la gestion de l’état corporel est primordiale : plus que la Note d’Etat Corporel (NEC) initiale, c’est la dynamique de l’état et le bilan énergétique qui importent. Ainsi, des ovins avec une NEC faible (inférieure à 3), en début de flushing, peuvent avoir une meilleure fertilité et prolificité que des animaux dont la note était plus élevée mais est restée stable (Adjou, 2013). Les meilleurs taux de fécondité sont obtenus sur des brebis en phase de reprise de poids avec des NEC de 2,5 ou plus (brebis n’ayant pas perdu trop d’état pendant l’hiver).
Le système transhumant bénéficie de deux périodes de flushing naturel. Lors de la sortie de la bergerie, les animaux pacagent l’herbe jeune de printemps après une période d’alimentation hivernale à base de foin (peu de céréales). Lors de la descente d’estive, ils sont mis dans des regains et des repousses, c’est-à-dire de l’herbe de bonne qualité, qui permet une bonne préparation à la mise bas. Il est donc important de descendre les animaux 2 à 3 semaines avant l’agnelage afin de leur laisser une période suffisante de préparation. La mise des animaux en estive implique de gérer la reproduction différemment par rapport à un élevage conventionnel. Les mises bas entre avril et septembre sont évitées afin que les agnelles montant en estive soient assez âgées, que les agneaux destinés à la vente soient sevrés et que les brebis ne mettent pas bas à la montagne. En effet, cela implique une surveillance accrue de la part des bergers et des risques supplémentaires pour la mère (dystocie, rétention placentaire, prolapsus utérin, mammite …) et pour le nouveau-né (abandon, infection du nombril, agneau qui ne tète pas, myiases, hypothermie selon les conditions climatiques, prédateurs …). Des problèmes qui seraient résolus très rapidement en ferme peuvent avoir des conséquences très graves en montagne à cause d’une intervention trop tardive. C’est donc un choix d’élevage qui se raisonne en fonction des risques et des possibilités de chaque éleveur. Cependant la mise bas en montagne reste risquée.
La plupart des élevages de montagne ont deux périodes d’agnelage. Une au début de l’automne, à la descente des estives, ce qui implique une lutte à contre saison, et une en fin d’hiver/début de printemps. Différentes techniques permettent de synchroniser les chaleurs et donc de regrouper les agnelages dans un période courte, autour d’une date choisie (Cognié, 1988). Cela permet : – d’ajuster l’alimentation (flushing, distribution de complément en fin de gestation), – de surveiller l’agnelage, – de faire des lots homogènes afin de faciliter l’élevage, le sevrage et la vente, – de produire des agneaux à contre saison (et de bien les valoriser avec un meilleur cours de l’agneau le dernier trimestre), – d’augmenter le rythme d’agnelage.
Induction et synchronisation hormonale des chaleurs
Cette technique permet d’induire et de synchroniser les chaleurs d’un lot d’animaux afin de grouper les mises bas à une période choisie. Des éponges vaginales imprégnées d’un progestagène de synthèse sont placées dans le vagin pendant 14 jours à l’aide d’un applicateur. La phase lutéale du cycle (phase de préparation de l’utérus à la nidation de l’embryon, avec sécrétion de progestérone inhibant une nouvelle ovulation) va ainsi être prolongée. Au retrait de l’éponge, la chute de la concentration en progestagène induit l’apparition des chaleurs au bout de 48h. L’injection de PMSG (Pregnant Mare Serum Gonadotrophine), associée au retrait de l’éponge, stimule la croissance folliculaire, avance le début des chaleurs et augmente le taux d’ovulation. La dose injectée doit être ajustée en fonction de la saison, de l’état physiologique de la brebis (tarie, allaitante) et de la race (chez des brebis naturellement prolifiques, la dose requise est plus faible). La saillie doit être réalisée 48h après le retrait de l’éponge puis renouvelée à 60h. Dans le cas de l’insémination artificielle, elle doit être réalisée à 55h chez les brebis et à 52h chez les agnelles.
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Table des matières
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Figures
Tableaux
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE Le pastoralisme dans les Pyrénées : une pratique d’élevage ancestrale.
I. La montagne dans le Monde et en France
II. Le massif Pyrénéen
II.1. Géographie de la chaîne
II.1.1. Répartition du territoire et relief
II.1.2. Climat
II.1.3. Végétation
II.1.4. Surface
II.2. La population agricole
II.3. Les systèmes de production et la place de l’élevage
II.4. L’élevage
II.4.1. Quelques données générales
II.4.2. L’élevage ovin
II.4.2.1. Les types d’élevage et de production
II.4.2.2. Les races
a. Les races laitières rustiques
b. Les races allaitantes
II.5. La politique de soutien
III. Le pastoralisme
III.1. Pratique historique
III.2. Valorisation des ressources de montagne
III.3. Equipement sur les estives
III.4. Pastoralisme et environnement
III.4.1. Entretien des pâturages : intérêt de la mixité
III.4.2. Protection de l’environnement et prévention des risques
III.4.3. Complément aux pratiques d’écobuage et débroussaillage
IV. La transhumance : le renouveau de la vie en montagne
IV.1. Historique de la transhumance
IV.2. Le jour de la montée en estive
IV.3. Atout touristique
DEUXIEME PARTIE Conduite de l’élevage ovin transhumant.
I. Les adaptations inhérentes au pastoralisme et à la pratique de la transhumance
I.1. Choix de races rustiques
I.2. Adaptation des animaux : la croissance compensatrice
I.3. Conduite d’élevage
II. Elevage de montagne et zootechnie
II.1. Préparation du troupeau avant la montée en estive
II.1.1. Parage
II.1.2. Tonte
II.1.3. Marquage
II.2. Gestion du parasitisme
II.2.1. Coccidies
II.2.2. Strongles gastro-intestinaux
II.2.3. Trématodes
II.2.4. Parasitisme respiratoire
II.2.5. Cestodoses imaginales
II.2.6. Cestodoses larvaires
II.2.7. Gale
II.2.8. Maladies transmises par les tiques
II.3. Adaptation de la reproduction
II.3.1. Optimisation de la mise à la reproduction
II.3.2. Induction et synchronisation hormonale des chaleurs
II.3.3. Décalage de la saison de reproduction
II.3.3.1. Effet mâle
II.3.3.2. Manipulation du signal photopériodique : les implants de mélatonine
II.3.4. Diagnostic de gestation
II.4. Préparation à la lactation
III. Elevage de montagne et gestion sanitaire
III.1. Réglementation sanitaire
III.2. Conduite sanitaire des troupeaux
III.2.1. Approche diagnostique en montagne
III.2.2. Appréciation de l’état du troupeau
III.2.2.1. A l’échelle du troupeau : les indicateurs zootechniques
a. La note d’état corporel
b. Les critères de reproduction
c. La mortalité
III.2.2.2. A l’échelle individuelle
III.2.3. Les maladies rencontrées en estive
III.2.3.1. Plaies
III.2.3.2. Myiases
III.2.3.3. Maladies podales et locomotrices
a. Piétin
b. Echauffement
c. Phlegmon interdigité ou panaris
d. Abcès
e. Fractures
III.2.3.4. Dermatite associée à l’ecthyma
III.2.3.5. Maladies respiratoires
III.2.3.6. Kérato-conjonctivite
III.2.3.7. Mammites
III.2.3.8. Paratuberculose
III.2.3.9. Affections de l’appareil reproducteur
III.2.3.10. A l’échelle du troupeau : risque dû au mélange des troupeaux
IV. Gardiennage en montagne
IV.1. Gardiennage par les éleveurs
IV.2. Emploi d’un berger
IV.3. Les chiens utilisés en montagne
V. Conduite à l’estive
V.1. Identification des besoins du troupeau
V.2. Le comportement spatial des animaux
V.3. Le comportement alimentaire
VI. Risques en montagne
VI.1. Accidents liés au milieu
VI.2. Prédation
VI.2.1. Chiens errants
VI.2.2. Ours
VI.2.3. Loups
VI.2.4. Vautours
TROISIEME PARTIE Une pratique d’avenir : une association étroite entre les animaux et leur milieu
I. Les apports de la transhumance
I.1. Intérêts et enjeux pour les éleveurs et les animaux
I.1.1. Maintien de l’élevage ovin
I.1.2. Production de fourrages sur la ferme
I.1.3. Gain alimentaire
I.1.4. Diminution de la pression sanitaire
I.1.5. Aménagement de l’emploi du temps et variabilité du travail
I.2. Enjeux pour le milieu
I.2.1. Maintien de l’esprit collectif
I.2.2. Activité identitaire
I.2.3. Aménagement du territoire : entretien et valorisation de l’espace
I.2.4. Les externalités du pastoralisme
I.3. Enjeux économiques
I.3.1. Des produits de qualité
I.3.2. Soutien des politiques agricoles
II. Difficultés de la pratique de la transhumance
II.1. Coûts et contraintes liés au pastoralisme
II.2. Le milieu montagnard
II.3. Sous-utilisation des estives
II.4. Les prédateurs
III. Enjeux pour l’avenir
CONCLUSION
AGREMENT SCIENTIFIQUE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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