Conditions de vie et aspirations des ménages en relation avec l’énergie

Selon KAUFFMANN en 2005, l’accès à l’énergie est une composante essentielle du développement économique, social et politique d’un Pays. Il incite le développement individuel via l’amélioration des conditions éducatives et sanitaires et permet également l’essor de l’activité économique par la mécanisation ainsi que la modernisation des communications. L’accès à l’énergie de qualité permet d’améliorer substantiellement les conditions de vie des populations car il favorise la lutte contre la faim et la malnutrition grâce à la préservation des aliments par la réfrigération. Il constitue un élément essentiel du progrès sanitaire via l’amélioration de l’hygiène alimentaire et le perfectionnement des équipements médicaux. Par ailleurs, la disponibilité de sources modernes d’énergie permet de généraliser la scolarisation en libérant du temps pour que les enfants suivent l’école et en permettent le développement des cours du soir et du travail tardif à la maison.

A son tour, le progrès des conditions de vie des populations a un impact direct sur le développement de l’activité économique par l’augmentation de l’espérance de vie et l’amélioration de la santé de la population. Un accès à l’énergie permet également d’allonger des heures de travail, de mieux utiliser les machines. C’est une condition sine qua none de l’adoption de nouvelles technologies propres qui favoriseraient les activités d’un Pays. Finalement, l’environnement des affaires bénéficie directement des améliorations dans les secteurs clés du transport et de la communication qui dépendent largement de cet accès à l’énergie.

Quant à l’Etat, l’accès à l’énergie lui permettrait d’offrir des services d’éducation, de santé et de communication à meilleure coût et en plus grande quantité. En conséquence, cela favoriserait la circulation de l’information. Et de ce fait, l’Etat aurait la possibilité de se permettre à cibler la population dans le besoin et à faire un choix éclairé des politiques les mieux adaptées aux contextes local et national. Réciproquement, la circulation de l’information et l’amélioration des conditions de vie de la population favorisent l’accroissement de la contribution de la population au développement du Pays. Les autorités sont, ainsi, poussées à plus de responsabilités dans leurs décisions (KAUFFMANN, 2005).

Etat des connaissances

Contexte général

Selon les dispositions de la loi 93.005 portant orientation générale de la Décentralisation, le système de gouvernance décentralisé consiste à créer des instances de prise de décision tant sur le plan politique, économique que social en vue du développement national, régional et local (article 3 de la loi 93.005). Pour ce faire, il s’agit de déléguer et de transférer des activités de développement et de responsabilités aux élus locaux. Par ailleurs, la Constitution révisée de 1998 a conforté ce processus de décentralisation par l’instauration des provinces autonomes qui sont des collectivités publiques dont les démembrements sont constitués par les Régions et les Communes.

Selon la loi 90.003, par rapport à la Décentralisation, la Commune constituerait à la fois le cadre de référence, d’interactions et de dimensionnement des programmes et projets de développement local et communautaire. Les CTD présentent un avantage comparatif stratégique, à la fois sur les administrations sectorielles de l’Etat et sur les autres acteurs d’intervention tels les projets régionalisés dans leurs localités, pour la fourniture et l’exécution de programmes d’équipement qui reflètent les demandes locales. Par effet d’entraînement, une telle démarche ne ferait que susciter la concertation entre les acteurs endogènes et exogènes que sont les services déconcentrés sectoriels, les ONG, les opérateurs économiques dans la recherche d’alternatives d’implantation, d’émergence et d’investissement locaux dans ces collectivités décentralisées. Autrement dit, les mécanismes du fonds de développement local multiplieraient la tendance à l’intégration des actions de développement et des services publics dans les zones rurales (RAZAFIARIJAONA, 2005). Ainsi, les appuis à la production agricole et aux activités en milieu rural sont essentiels pour lutter contre la pauvreté.

Dans cette optique, au niveau régional, la Région Alaotra-Mangoro attire certains projets, grâce à des critères établis au début de sa mise en œuvre, mais dont les principaux seront l’existence d’une demande locale solvable d’électricité, le degré d’isolement, de pauvreté et la disponibilité en biomasse énergie pour la production ERD ou Electrification Rurale Décentralisée (CIRAD, 2009). Ainsi, le projet européen BIOENERGELEC ou Biomasse-énergie pour la réduction de la pauvreté par l’électrification rurale décentralisée à Madagascar, a démarré à Madagascar depuis 2009. Il prévoie la mise en place de centrales électriques à biomasse et d’un réseau d’électrification rurale. Ce projet contribue, tout d’abord, à la réduction de la pauvreté rurale et à l’amélioration des conditions de vie des populations dépendantes de la biomasse énergie, ensuite, à la valorisation durable des écosystèmes forestiers plantés et naturels des Régions malgaches aptes à fournir de la biomasse énergie pour l’approvisionnement des équipements ERD ou Electrification Rurale Décentralisée (CIRAD, 2009). Ces cinq Communes se répartissent dans trois Régions à savoir Alaotra-Mangoro, Boeny et Haute-Matsiatra.

En effet, l’accès à l’énergie électrique du monde rural est un problème crucial dans la mesure où l’énergie est une condition nécessaire au développement (KAUFFMANN, 2005) et que moins de 4% des 1550 Communes rurales à Madagascar ont un accès à l’électricité (DSRP, 2001). Et les représentants des Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) sont tenus d’apporter leur appui au début du processus des choix géographiques des sites communaux d’implantation des équipements ERD. En outre, contribue au contrôle des flux de bois nécessaire à l’approvisionnement de ces équipements et à la mise en place d’un dispositif fiscal à même de donner à ces CTD des ressources financières de suivi (CIRAD, 2009).

Quelques notions

Dans le champ de la condition de vie des ménages et de l’utilisation de l’énergie, le rappel de quelques notions s’avère primordial afin de prendre en considération les différents avis et visions des personnes enquêtées d’une part, d’offrir une analyse et interprétations à partir des résultats obtenus par le chercheur en question d’autre part. Les notions mobilisées sont celles relatives aux besoins, aspiration, demande, consommation, pauvreté et énergie.

Notion de besoin et d’aspiration

Besoin
Un besoin économique est constitué par des exigences que les gens peuvent satisfaire en consommant des biens ou des services qu’ils achètent au prix du marché (RASOLOSON, 2007). Le concept de besoin est plus complexe selon TREMBLAY (1973) et VANNI (2005). En fait, il a proposé deux types de besoin, à savoir, le besoin objectif et celui subjectif, dont le premier est conçu comme « un minimum essentiel au fonctionnement d’un organisme » tandis que le second comprend « l’ensemble des biens et services que l’individu considère comme nécessaires pour maintenir son statut social » (VANNI, 2005).

Aspiration
Les aspirations sont les projets de vie. Pénétrer dans l’univers des aspirations, c’est acquérir la possibilité de bâtir des projets susceptibles de se concrétiser dans un avenir prévisible. Ceci revient à dire que lorsque l’individu a acquis une certaine indépendance vis-à-vis de ses besoins quotidiens, il peut alors penser à l’avenir. Dans l’univers des aspirations, cette recherche développera quatre critères proposés par TREMBLAY (1973), entre autres, l’éducation des enfants, le logement et accessoires et la sécurité. En outre, la santé sera abordée vu les problèmes causés par l’insuffisance en eau potable à Ambohijanahary. Ces paramètres contribuent tous à l’amélioration de la condition de vie des ménages.

Notion de demande et de consommation

La demande est une fonction économique qui lie des quantités désirées à des niveaux de prix, alors que la consommation est le résultat observé d’une transaction marchande, à un niveau de prix donné (CHATEAU, 1983). Si la quantité offerte sur le marché est inférieure à celle demandée par les consommateurs, des différences peuvent apparaître entre la demande et la consommation pour un niveau de prix donné. L’activité économique s’organise autour des besoins de l’individu, de la production des biens et services et du marché (lieu de rencontre de l’offre et de la demande).

Notion de pauvreté et d’énergie

Pauvreté
Selon le FIDA ou Fond International de Développement Agricole (2001), il n’existe pas de définition précise de la « pauvreté ». De ce fait, plusieurs notions sont couramment utilisées. Seulement, elle présente de nombreux aspects dont deux notions sont les plus connues : pauvreté absolue et pauvreté relative. La pauvreté absolue est l’impossibilité de répondre aux besoins essentiels pour la survie, dont : la nourriture, et parfois, le logement, l’éducation ou la santé. Si ces besoins ne sont pas satisfaits, la personne ou le ménage ne jouit pas d’un niveau de vie minimum acceptable. La notion de la pauvreté relative se fonde sur l’idée que ces besoins varient en fonction, d’une part, du degré de stratification de division de travail dans la société. On considère comme pauvre les ménages ou personnes dont les revenus ou les dépenses sont les moins élevées.

Pour la pauvreté absolue, le niveau de revenu qui correspond à la valeur de l’apport alimentaire minimal nécessaire pour la survie et de certains besoins non alimentaires est considéré comme le seuil de pauvreté. Dans le cas de la pauvreté relative, ce dernier sera déterminé par rapport au revenu moyen par habitant. Par conséquent, il serait plus efficace de considérer la pauvreté comme un problème d’inégalité. De ce fait, Elle ne peut pas, être éliminée mais au contraire, peut s’aggraver avec la croissance de l’économie nationale. Par conséquent, il faut se fixer pour objectif non pas d’éliminer la pauvreté mais de la soulager. D’où la notion de « réduction de la pauvreté ».

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Table des matières

Introduction
Chapitre 1 : Etat des connaissances
1. Contexte général
2. Quelques notions
21/ Notion de besoin et d’aspiration
2.11/ Besoin
2.12/ Aspiration
22/ Notion de demande et de consommation
23/ Notion de pauvreté et d’énergie
2.31/ Pauvreté
2.32/ Energie
24/ Condition de vie
Chapitre 2 : Matériels et méthodes
1. Problématique
2. Hypothèses
3. Etudes exploratoires
31/ Indicateurs de vérification et informations collectées
32/ Détermination des méthodes de collecte des données
33/ Discussion méthodologique
3.31/ Enquête socio-économique
3.32/ Observation directe
3.33/ Entretien
4. Méthodologie proprement dite
41/Observation directe
42/Enquêtes socio-économiques
4.21/ Enquête par questionnaire
4211/ Choix de la population parente
4212/ Construction de l’échantillon
4213/ Questionnaire
4.22/ Entretien
5. Traitement et analyse des données
51/ Informations relatives aux conditions de vie
52/ Informations relatives aux aspirations
Chapitre 3 : Résultats
1 . Relation énergie – conditions de vie
11/ Utilisations de l’énergie à Ambohijanahary
12/ Caractéristiques de la condition de vie suivant la typologie des ménages
1.21/ Le bien-être physique, une priorité des riches et des ménages démunis
1.22/ L’énergie pour améliorer ses revenus, une spécificité des riches et des moyens
1.23/ L’énergie pour « avoir de bonnes relations sociales », une priorité pour tous les ménages
1.24/ Pour « être en sécurité », les moyens s’intéressent surtout au bois et au bœuf
1.25/ Pour avoir « une liberté de choix et d’action », diverses formes d’énergies entrent en jeu pour les « riches » que pour les « moyens » et les démunis
2. Relation aspirations des ménages – électricité
21/ Attentes des ménages : fonction de leur niveau de vie
2.11/ Les riches souhaitent améliorer leur logement
2.12/ Les ménages moyens souhaitent s’équiper
2.13/ Les ménages démunis préfèrent améliorer leurs revenus par des activités à petite ampleur
22/ Attentes des ménages vis-à-vis de l’électricité : diversifiées
2.21/ Sur le plan éducation des enfants, l’aspiration est surtout axée sur les études supérieures et l’utilisation de l’ordinateur
2.22/ Sur le plan logement et équipements, l’attente se focalise sur l’achat des appareils électroménagers
2.23/ Sur le plan sanitaire, les ménages souhaitent être en bonne santé
2.24/ Sur le plan sécurité, les ménages aspirent à un quartier calme
Chapitre 4 : Discussions
1/ Amélioration des dimensions de la condition de vie : en relation avec les énergies utilisées
2/ Aspirations des ménages : dépendantes de l’accès à l’électricité
3/ Recommandations
31- pour améliorer les conditions de vie des ménages
32/ Concernant le projet en question
Conclusion
Bibliographie

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