Le changement climatique est désormais un problème planétaire. Il concerne à la fois les pays développés et les pays en développement. Le protocole de Kyoto vise à lutter contre ce changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Pour faciliter sa réalisation, il prévoit pour les pays développés, la possibilité de recourir à des mécanismes dits « de flexibilité » en complément des politiques et mesures qu’ils devront mettre en œuvre au plan national. Ces mécanismes sont au nombre de trois : les permis d’émission, la mise en œuvre conjointe, le mécanisme de développement propre. Ce dernier permet, à un pays développé, de procéder à des investissements visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, dans un pays en développement et de bénéficier des crédits d’émissions générés par les réductions ainsi obtenues . La restauration de forêt dans un espace situé dans la région d’Andasibe par Conservation International (CI) se rapporte à ce troisième mécanisme. Il s’agit du projet « Conservation de la biodiversité et de restauration du corridor Ankeniheny-MantadiaZahamena » dont les principaux objectifs sont de :
– conserver la biodiversité ;
– restaurer les terrains dégradés pour les transformer en écosystèmes fonctionnels ;
– créer des sources de revenu pour la population ;
– augmenter la couverture forestière ; et
– réduire les émissions de carbone.
Plus particulièrement, afin de mener à bien la mise en œuvre et de mieux appuyer la population dans l’amélioration de leur revenu, un projet d’octroi de microcrédits aux ménages évoluant dans le site de restauration de la forêt est envisagé. Cette idée de projet répond conformément aux soucis du Guide du Développement Durable de Madagascar qui définit le développement durable comme l’articulation des trois composantes : équité sociale, équilibre écologique et viabilité économique . En outre, comme le principal impact des changements climatiques consiste à l’augmentation du coût de la vie, l’appui à la création d’emploi, à la professionnalisation des métiers et à l’accès au microcrédit figure parmi les priorités du gouvernement . Le microcrédit en question prendra la forme de fonds revolving dont la spécificité réside dans le financement et le remboursement en nature. La mise en place de ce fonds revolving constitue l’objet de la présente étude.
Le public cible du fonds revolving est constitué de ménages ruraux, pratiquant la polyculture sur tavy qui se caractérise par un faible rendement . Le but du financement certes, est de pallier à cette lacune mais il faut également penser à la viabilité et à la pérennité du projet qui repose sur le remboursement. La question qui se pose est de déterminer si le public cible dispose de la capacité de remboursement tout en tenant compte du fait que c’est une transaction en nature.
L’objectif global est d’évaluer la capacité de remboursement et de déterminer les conditions d’octroi et de remboursement adéquates à la situation socioéconomique du public cible et à leurs types de spéculation. Les objectifs spécifiques consistent à :
• déterminer les potentialités économique et agricole de la localité ;
• identifier les besoins de la population ;
• prendre connaissance de l’avis et de l’opinion de la population locale sur la question ;
• prendre connaissance de la capacité de production de la population cible ; et
• étudier la capacité de remboursement de la population cible.
L’hypothèse suivante est retenue dans le cadre de la présente étude : la faisabilité et la pérennité d’un fonds revolving dépendent de la capacité de remboursement et de l’adhésion de la population cible. Il est par ailleurs indispensable d’assurer un encadrement pour que la population arrive à s’intégrer dans le processus et à assurer l’opérationnalité et l’efficacité du remboursement . De cette investigation, les résultats attendus sont la détermination des activités de la population, de leurs problèmes dans la réalisation de ses activités, de la proportion de population intéressée par le fonds revolving, de leur capacité de remboursement, de l’enjeu de la mise en place du fonds revolving et du mode de gestion des fonds. La première partie de l’étude détaille la méthodologie qui commence par une revue de littérature et qui combine approche qualitative et approche quantitative. Ensuite, la deuxième partie traite les résultats mettant en relief les activités des ménages, leur conviction vis-à-vis du fonds revolving ainsi que la détermination de leur capacité de remboursement. La troisième partie est consacrée à la discussion suivie de recommandations portant sur l’amélioration de la capacité de remboursement des ménages et sur les modalités d’octroi des intrants.
APPROCHE METHODOLOGIQUE
Les informations relatives aux objectifs sont collectées sur la base de recherches bibliographiques, d’entretiens auprès de personnes ressources, d’enquêtes auprès des ménages et de la Méthode Accélérée de Recherche Participative. Les données quantitatives et qualitatives ainsi obtenues sont traitées respectivement sur des logiciels correspondants pour sortir des résultats et déterminer la pertinence de la mise en place d’un fonds revolving dans la localité identifiée.
JUSTIFICATION DE LA ZONE D’ETUDE
Localisation
La zone d’étude (Figure 1) coïncide avec la zone d’intervention du projet « Tetik’Asa Mampody Savoka » ou TAMS dans le cadre du projet « Conservation de la biodiversité et de restauration du corridor Ankeniheny-Mantadia-Zahamena ». Il s’agit d’une superficie dégradée du fait de l’intervention de l’homme par la pratique du tavy, du bois de chauffe, de la déforestation, provoquant ainsi une coupure dudit corridor . Cette zone se trouve dans les Communes Rurales d’Andasibe et d’Ambatovola, District de Moramanga. La Commune Rurale d’Andasibe compte six Fokontany dont quatre d’entre eux couvrent le site de restauration de la forêt. Il s’agit d’Andasifahatelo Falierana, Morafeno et Andasibe. Fanovana, un Fokontany appartenant à la Commune Rurale d’Ambatovola se trouve aussi dans le site. Un Fokontany est constitué par plusieurs hameaux.
Justification
Le choix de la zone d’étude est lié à l’objectif du projet de restauration qui consiste à restaurer les zones dégradées et les fonctions des écosystèmes, faciliter la conservation de la biodiversité et diminuer l’émission de carbones tout en améliorant les conditions de vie de la population. C’est pour assurer cette amélioration des conditions de vie de la population que le fonds revolving trouve sa raison d’être. En outre, la mise en œuvre du projet se traduit par six activités : la conservation, la restauration de forêt naturelle, la plantation d’espèces autochtones mixtes, le jardin forestier durable, le jardin d’arbres fruitiers, le jardin savoka, le bois de chauffe, désignées sous le nom de « sustainable livelihood » (SL). Les SL sont censés être entretenus par la population locale sur une part de leurs terres. Ces propos justifient le choix de la zone de restauration comme zone d’étude pour mettre en place le fonds revolving.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. APPROCHE METHODOLOGIQUE
1. JUSTIFICATION DE LA ZONE D’ETUDE
2. RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE
3. TRAVAUX SUR TERRAIN
4. INDICATEURS ETUDIES
5. CHRONOGRAMME ET DIFFICULTES RENCONTREES
II. RESULTATS
1. RESUME BIBLIOGRAPHIQUE RELATIF A LA MICROFINANCE ET AU FONDS REVOLVING
2. LES ACTIVITES DE LA POPULATION DU CORRIDOR
3. COMPORTEMENT DE LA POPULATION FACE AU FONDS REVOLVING
4. LA CAPACITE DE REMBOURSEMENT
III. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
1. L’ENJEU DE LA MISE EN PLACE DU FONDS REVOLVING
2. RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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