Concevoir un espace-temps architectural

Que veut dire « Concevoir un espace‐temps architectural » ?

Avant de concevoir l’architecture dans l’espace et dans le temps, il est nécessaire de comprendre ce que cela veut dire. Rappelons que ce mémoire n’a pas pour but de développer une réponse totalisante mais d’aborder une approche de conception d’un continuum spatio‐temporel architectural. Dans un premier temps, cette première partie me permettra d’exposer les postulats et de définir le champ d’action : Quels repères spatio‐ temporels ? Lequel choisir ? Et pour finir, d’un point de vue méthodologique, comment l’aborder ?

Concevoir dans l’Espace‐Temps

Concevoir pour l’avenir et dans l’Histoire, à travers les cultures

Je me positionne du point de vue de l’architecte. Le temps tel que nous le concevons se décompose sous trois formes : passé, présent et futur. Le passé est l’espace du réel qui n’est plus, le futur, l’espace du réel qui n’est pas encore et le présent l’espace du réel qui est, entre le passé et le futur. Un bâtiment est donc conçu pour s’inscrire dans le futur. Il y a là un acte d’anticipation de la part du concepteur. D’autre part, étant dans l’espace, sur un territoire donné, un espace à construire est lui‐ même marqué par le passé et côtoie d’autres espaces, des édifices et/ou des paysages d’autres époques (classique, baroque…). André Corboz considère le territoire comme un palimpseste , c’est‐à‐dire qu’il se renouvelle sans cesse sur lui‐même, selon les évolutions de l’Histoire. Rome, véritable « mille‐feuille », en est un bon exemple. Ainsi, qu’elle en tienne compte ou qu’elle la nie, l’architecture, s’inscrit dans l’Histoire.

L’Histoire est la mémoire de ce qui est passé. Elle implique donc les notions de souvenir et pour qu’il y ait souvenir, de trace. Ces traces peuvent être visibles (traces physiques : bâtiments, etc.) ou invisibles (relatées par des récits écrits ou oraux). Aussi, comme le suggère Italo Calvino dans les villes invisibles, il ne faut pas se fier aux apparences : Raïssa, ville triste en apparence, comporte, si l’on y prête attention, ses petits bonheurs. Par ailleurs, l’architecture s’inscrit aussi dans un tissu social auquel appartiennent des groupes et des individus qui vivent dans une ville, dans un quartier, et qui eux‐mêmes, ont leurs propres histoires qui forment l’esprit du lieu, esprit qui conditionne la formalisation du futur bâtiment.

D’autre part, l’architecture est conçue et construite par l’Homme, elle n’est donc pas naturelle. Etant un produit culturel, elle subit les évolutions de la pensée de son temps. On peut donc la dater ; c’est en cela également qu’elle s’inscrit dans l’Histoire. D’autre part, l’architecture varie suivant la culture dont elle émane. En outre, comme le fait remarquer Siegfried Giedion, dans Espace, temps, architecture, l’évolution des théories architecturales pose la question de l’héritage et des traditions. Quelles sont les influences, les innovations ? Comment se positionner par rapport au passé ?

Pour conclure, l’architecture est faite pour l’avenir, dans l’Histoire, à travers les cultures, donc fondée sur la mémoire et l’anticipation. Cette considération du temps est linéaire : le futur vient après le présent qui vient après le passé. Nous allons voir cependant que le temps peut être cyclique et que la condition du développement d’une histoire est la durée.

Temporalités, usages, durée

L’architecture ne s’inscrit pas seulement dans le temps linéaire mais également dans le temps cyclique et dans le temps chaotique. Il semble assez évident que l’architecture soit soumise à des cycles temporels : les saisons, la journée… Il existe deux types de cycles : les cycles naturels et les cycles liés à l’Homme. La première fonction de l’architecture est de protéger, de fournir un abri. Elle s’adapte donc aux cycles des saisons et aux cycles naturels climatiques (saison chaude, saison froide, pluie,…). Les saisons sont liées à la situation géographique d’un bâtiment, le temps à l’espace, ce qui revient à l’idée première, celle du continuum spatio‐temporel. En outre, on ne construit pas de la même manière au Groenland qu’en Afrique (cf. utilisation de blocs de glace pour les igloos et de terre ‐ adobe, pisé… ‐ pour les cases…) car on ne répond pas de la même manière à un climat froid qu’à un climat chaud. D’autre part, l’architecture est soumise aux temporalités journalières, c’est‐à‐dire aux rythmes de l’Homme. Les êtres humains alternent, en effet, des phases de repos (sommeil) et d’activités, activités qui dépendent des façons de faire, des usages, liés à la culture.

On n’accorde cependant pas la même importance à tous les usages : ils sont hiérarchisés selon leur fréquence, leur durée, leur importance culturelle (symbolique de la fonction…). Par ailleurs, si l’espace est fragmenté selon les usages et leurs temporalités, notons que des évènements peuvent se produire de manière simultanée dans un même espace.

Quand on parle d’architecture, la durée s’exprime à divers niveaux. Comme Bergson le fait remarquer, il faut distinguer la durée mesurée, mathématique (en heures, minutes, secondes) et la durée perçue. La durée est la mesure du temps qui s’écoule pour réaliser tel ou tel évènement : pour la construction d’un édifice, pour les usages (dormir, manger, raconter des histoires, se laver…). La durée ou le temps qui s’écoule a pour corolaire l’usure, notion issue du principe de la thermodynamique développé par Lavoisier au XIXème siècle et selon lequel tout système se dégrade. L’architecture et même l’Humanité entière n’échapperaient pas à cette menace. Tout bâtiment est effectivement soumis à l’usure et a une durée de vie limitée. Le concept de développement durable est notamment né de cette vision entropique du monde, de la fragilité de l’écosystème Terre et de l’angoisse de sa fin prochaine.

D’autre part, la durée exprime la notion de finitude (Quelle durée de vie ?) et implique un début et une fin. Un bâtiment que l’on considère comme pérenne n’est en fait, dans ce sens, qu’éphémère. Par ailleurs, la notion de disparition pose la question du recyclage : de la possible réutilisation des matériaux, par exemple. La durée, si elle exprime ou mesure un cycle implique la notion de répétitivité. Comme l’architecture est soumise des cycles et qu’elle se renouvelle à travers l’histoire, Jean Lévêque, philosophe (ou plutôt « penseur », titre qu’il préfère), se demande si elle est finie. L’architecture a‐t‐elle une fin ? Cette question est pertinente notamment lorsqu’on l’envisage à travers l’Histoire telle que la pense Hegel, c’est à‐dire, comme une perpétuelle évolution entre traditions et innovations. Cette question de la finitude ou de la non finitude implique les notions de renouvelable ou de non renouvelable.

Pour conclure, nous avons vu que le temps se présente sous différentes formes et à différents niveaux dans l’architecture. Celle‐ci est soumise, à la fois, aux rythmes de l’Homme et de la Nature. D’autre part, nous avons remarqué que le temps peut être mesuré ou perçu. Mais plus concrètement, ce qui m’importe dans le développement de ce mémoire, c’est la perception de l’ « espace‐temps architectural » pour un usager, d’où l’examen suivant de la question des déplacements et de l’orientation dans l’espace.

Déplacements et orientation dans l’espace ou de l’importance de la perception

« Mouvement : Déplacement, changement de position d’un corps dans l’espace. » .

Le mouvement est le corolaire du temps. Sans mouvement pas de temps et sans temps pas de mouvement. En effet, pour son déploiement dans l’espace, le mouvement nécessite une durée. Notons que le mouvement sera envisagé à l’échelle de l’être humain, c’est‐à‐dire en termes de déplacements et d’orientation dans l’espace. D’autre part, il faut savoir que le mouvement est relatif. Prenons l’exemple du phare d’une voiture qui roule à une vitesse donnée (90 km/h, par exemple). Il est considéré comme immobile par rapport à la voiture et en mouvement par rapport au paysage ou à la Terre. Tout dépend du repère considéré. Dans notre cas, nous pourrions envisager que l’usager soit en mouvement par rapport au bâtiment, ou inversement, que l’architecture soit en mouvement par rapport à l’usager. Tout déplacement ou cheminement d’un individu met en pratique ses capacités d’orientation, qui font appel à la mémoire et au sens de l’orientation. S’orienter nécessite, en effet, un balisage de la mémoire, la création de repères (la Grande Ourse, la course du soleil…). Ceux‐ci peuvent être conventionnels, comme les quatre points cardinaux, le cardo et le decumanus romain mais sont parfois moins évidents et liés à la perception et à l’histoire de l’individu (marqué par une chose inhabituelle, par tel ou tel évènement qui lui est arrivé à tel endroit précis, …). L’orientation se fait selon des cartographies sensorielles et selon des représentations mentales de l’espace. D’autre part, comme le fait remarquer Siegfried Giedion dans Espace, temps, architecture, les architectes modernes ont joué avec cette notion d’orientation et de perception de l’espace. L’architecture moderne était conçue non pas pour être comprise dans sa totalité mais pour être découverte. Le Corbusier parle par exemple de « promenade architecturale ».

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Table des matières

Introduction
présentation du sujet et de la démarche
Partie I Que veut dire « Concevoir un espace‐temps architectural » ?
Chapitre 1 – Introduction : Concevoir dans l’Espace‐Temps
1.1. Concevoir pour l’avenir et dans l’Histoire, à travers les cultures
1.2. Temporalités, usages, durée
1.3. Déplacements et orientation dans l’espace ou de l’importance de la perception
Chapitre 2 – Concevoir l’architecture comme séquences spatio‐temporelles
2.1. Architecture et symbolique
2.1.1. L’architecture, mise en œuvre de notre compréhension du monde
2.1.2. La fonction symbolique de l’architecture
2.1.3. Un « langage » social
2.2. Préconception
2.3. Rapport types d’espace / mouvement
Chapitre 3 – Posture adoptée vis‐à‐vis de la démarche projet
3.1. A la recherche d’une méthode conception
3.2. Conception et communication : représenter et noter pour communiquer
3.3. Posture adoptée vis‐à‐vis de la démarche projet
Partie II Notations du mouvement ?
Chapitre 4 – Qu’est‐ce qu’une notation : définition
4.1. Définition d’un système notationnel
4.2. Partition, esquisse, script
Chapitre 5 – Influences et prémices : danse et architecture
5.1. Danse et architecture : de la matière commune
5.1.1. Disciplines paradoxales?
5.2. Genèse : partition et Labanotation
Chapitre 6 – Exemples de notations en architecture, urbanisme et paysage
6.1. Type cartographique et cheminements piétons
6.2. Partitions et cinéma
6.3. « Motion pictures » et «the Manhattan transcripts »
6.3.1. « Motion pictures » ou images‐mouvement
6.3.2. « The Manhattan Transcripts »
Partie III Démarche projet : conception d’un cheminement
Chapitre 7 – Démarche
7.1. « Pattern Language » et dynamique
7.2. Démarche
7.2.1. Données du problème et scénario
7.2.2. Découpage
7.2.3. Production d’un animatique
7.3. Représentation des ambiances
Chapitre 8 – Projet
8.1. Présentation du projet
8.1.1. Sujet
8.1.2. Implantation
8.1.3. Partis pris architectural et fonctionnel
8.1.4. « Espace‐temps » à traiter
8.2. Problème, intentions
8.2.1. Données du problème et intentions
8.2.2. Questionnement
8.2.3. Scénario
8.3. Découpage
8.3.1. Séquences
8.4. Projet
8.4.1. Plan et coupe
8.4.2. Croquis
8.4.3. Traduction séquentielle des autres ambiances
8.4.4. Synthèse
8.5. Animatique
Conclusion
Bibliographie

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