L’agriculture est un moteur de développement, aussi les actions et stratégies des dirigeants et responsables malgaches se sont orientés vers elle. L’intégration d’une filière dans le développement rural est un atout pour la relance économique. La filière blé est parmi les activités porteuses. Or, depuis la fermeture du KOBAMA, usine de transformation de blé en 2009 la culture de blé a été quelque peu délaissée pour des raisons diverses. Ce qui nous a incités à mener une réflexion sur la redynamisation de la filière blé dans notre zone de recherche notamment les Communes de Manandona et Vinaninkarena du district d’AntsirabeII.
La filière blé occupe une part non négligeable des activités de la population rurale dans le district d’Antsirabe II, d’autant plus qu’elle est une culture de contre saison vulgarisée dans la région du Vakinankaratra. Le blé et ses produits dérivés sont considérés comme des aliments de substitution au riz et leur consommation s’est accrue à Madagascar. Ce qui offre de plus en plus de débouchés tant régionaux que nationaux pour l’industrie agro-alimentaire.
Conceptualisation et démarche de la recherche
Historique et concept de filière
Cette notion de filière a été révélée dès 1700 par Frantz dans les sciences économiques en termes de circuit économique, suivi de Smith pour illustrer la division du travail, puis Kautsky un célèbre marxiste qui renforce l’importance des analyses et des rapports entre les différents circuits entre l’agriculture et les industries. Au XXe siècle, les anglo-saxons introduisent le terme d’agro-business ainsi que l’analyse de la filière en économie agricole en milieu rural pour aboutir aux notions d’aujourd’hui. « Une filière est un ensemble homogène d’activités économiques reliées verticalement et horizontalement par des échanges économiques». (LEBAILLY 1990) En effet une filière se trouve être un système complémentaire et uni de l’amont à l’aval, c’est-àdire de la production, de la transformation, jusqu’à la distribution au niveau des consommateurs. De même chaque maillon et activité de l’ensemble sont interdépendants entres eux, mais surtout les échanges économiques entre ces activités produisent des valeurs ajoutées mettant en relation les différents acteurs et opérateurs. Dans la filière agricole, les paysans ne peuvent produire sans que des techniciens ne leur fournissent des intrants et des semences. Les produits récoltés nécessitent ensuite des transformations à l’issue desquelles d’autres intervenants entrent en scène pour la collecte et le transport des matières premières ou des produits finis. Il faut savoir que des travailleurs collaborent en équipe dans chaque maillon et activité, pour que ceux-ci tiennent une place au niveau vertical du système entier. De ce fait, le concept de filière peut concerner 3 secteurs importants de l’économie : l’agriculture, l’industrie, et le commerce.
Synthèse bibliographique
Pour approfondir nos connaissances sur notre sujet, les ouvrages ci-après ont été consultés et concernent : le poids de l’agriculture au niveau paysanne, la population face au projet de développement Rural, et de la situation de la filière blé à Madagascar.
BENOIT T., 2008, « Nourrir la terre Nourrir les hommes, la mise en valeur réussie du haut bassin du Mandrare Madagascar », le Harmattan Paris .226p.
Cet ouvrage est important car il parle d’une importante remise en valeur de l’agriculture à Madagascar. En effet les projets de production agricoles sont non seulement importants en matière d’éradication de la pauvreté mais une voie vers le développement économique durable des zones rurales. Même si la transition urbaine s’accélère dans le pays il faut accompagner cette transition pour permettre aux familles rurales de vivre décemment.
SANDRON F., 2007, « Population et développement dans les Hautes Terres de Madagascar », édition l’Harmattan ; collection population.239p
L’essentiel de cet ouvrage se porte sur le rôle de la population pour le développement. Il illustre que la dynamique sociale est la base des travaux sur le développement au niveau du territoire. Il souligne la qualité des partenariats et des relations entre agents locaux qui conditionne la capacité d’atteinte des objectifs à long terme. Les apports de cet ouvrage pour notre recherche c’est qu’il nous a permis de savoir le rôle joué par la société et la population pour que les objectifs des projets et programmes soient atteints.
Rapport de l’ONU n°7 octobre 2011, « Etude sur la redynamisation des filières blé et soja à Madagascar » flash Madagascar.37p
Ce rapport de l’ONU sur la filière blé nous expose la situation et l’importance de cette filière à Madagascar. Il nous éclairci sur la contribution réel de la filière au développement des activités et des perspectives qu’elle offre pour la sécurité alimentaire. Ces études nous exposent sur la situation réelle de la filière blé à Madagascar, pour que nous puissions situer celle-ci dans notre recherche.
➤ Recherche bibliographique et documentation :
En premier lieu, il y a la phase de documentation .Des ouvrages généraux, spécifiques, techniques et des travaux universitaires ont été consultés durant la documentation concernant le sujet. Nous avons effectué la recherche bibliographique auprès des bibliothèques au sein de l’Université d’Antananarivo telles la bibliothèque du Département de Géographie et celle de l’ESSA et de différents centres tels l’IFM, l’IRD, et la CIDST. Parallèlement à la documentation, nous avons aussi préparé les questionnaires d’enquêtes qui ont aidé à la collecte des informations.(Annexe 2)
➤ Travaux sur terrain :
En second lieu, vient la vérification sur terrain des données acquises. Les travaux de terrain se sont déroulé d’une part dans la Commune rurale de Vinaninkarena et d’autre part dans celle de Manandona. Ils s’étalent sur le mois septembre 2016. Nos enquêtes ont été effectuées au sein de 2 fokontany par Commune. Pour ce faire, des questionnaires ont été utilisés et des entretiens en groupes et personnels ont été effectués. Ainsi nous avons enquêté 6 responsables administratifs, de 2 collecteurs, et de 25 bléiculteurs sur les 175 producteurs enregistrés dans les deux Communes, ce qui donne un échantillonnage de 14.3%.
➤ Dépouillement des données et rédaction :
Enfin, le dépouillement constituant la troisième phase du travail a duré près d’un mois, du début Octobre jusqu’à mi- Novembre 2016. Les informations récoltées lors de la documentation et de la recherche sur terrain ont été ainsi arrangées en fonction de chaque Commune et du district en général. Cette étape a permis d’avoir des réflexions et des idées fondamentales pour l’analyse du sujet, notamment sur tout ce qui concernent la filière agro-industrielle; le développement et le dynamique territoriale au sein du district d’Antsirabe II et des Communes. Nous avons pu faire une mise en forme et une présentation lisible et compréhensible des données, ainsi que l’organisation de toutes les informations que nous avons obtenues.
➤ Limites de la recherche :
Etant donné que c’est un premier pas en tant qu’apprenti chercheur, notre recherche a connu des facteurs bloquants et des limites qui ont affectés nos résultats. Ils concernent la documentation et la collecte d’information. Tout d’abord, les données et documents sur le sujet sont rares et anciens. Ils nécessitent des mises à jour pour illustrer la réalité actuelle. Il y a également le refus de certaines entités à être enquêtées telle l’usine LMMF. Or, leur participation nous aurait permis d’avoir des éléments clairs et fiables sur cette filière blé, objet de notre recherche.
Caractéristiques d’une filière
La filière est définie par FONTAN comme « une succession d’opérations permettant de produire un bien dont il faut considérer l’ensemble des techniques et technologies nécessaires, les relations de complémentarité, le cheminement entre ces étapes, les résultats économiques, l’ensemble des acteurs ainsi que leurs stratégies et les relations (de complémentarité, de dépendance, de hiérarchie…) existant entre eux». (FONTAN C., 2006) L’auteur considère ici l’interrelation de diverses activités se succédant entre eux, pour produire un bien final. C’est-à-dire que chaque opération venant de chaque acteur apporte son fruit sur un produit, et ce produit va se transmettre vers d’autres acteurs qui vont se charger d’ajouter de la valorisation sur ce même produit. Et au final ces successions aboutissent à un produit valorisé bien défini, venant de tout un système interdépendant. L’aboutissement de ce produit au final s’effectue à l’aide des innovations techniques et technologiques pour que les différentes maillons ou activités du système s’améliorent. Ainsi, dans tout l’ensemble du système, des liens et interactions complémentaires se tissent entre les acteurs.
Aujourd’hui, la notion de filière regroupe ainsi un ensemble d’éléments qui peuvent être regroupés selon quatre approches : technique, financière, socio-économique, territoriale.
L’approche technique
Elle concerne les progrès et techniques scientifiques qui peuvent être nécessaires dans toute l’organisation de la filière depuis la production jusqu’à la consommation. Nous prenons en compte la succession des opérations nécessaires pour la production, mais également dans la transformation. En effet, cette approche fait appel aux ingénieurs et aux techniciens dans les conseils aux producteurs, dans la fabrication ou dans le maintien des matériels de transformation, que ces éléments soient visibles ou moins apparents pour la consommation finale.
L’approche financière
Sur ce plan, nous considérerons les différentes relations existant tout au long de l’ensemble. Cette analyse de filière privilégie l’ensemble des relations économiques et comptables qui s’établissent lors du processus de production. C’est à dire que, ce sont les échanges économiques procurant de la valeur ajoutée qui s’effectuent entre tous les acteurs et opérateurs. En outre, c’est dans cette approche que nous étudierons les flux et la répartition des consommations intermédiaires entre les différents secteurs et aussi de la valeur ajoutée se créant entre les différents acteurs pour se tourner au final sur un marché.
L’approche socio-économique
C’est l’approche qui fait appelle tous les opérateurs qui interviennent dans toute la filière. En effet, les relations existant entre les acteurs de la filière doivent être considérées au cours des opérations. C’est-à-dire les logiques, les comportements et les stratégies de valorisation ainsi que les modes de coordination par rapport au marché que ces acteurs adoptent pour le bon fonctionnement, l’avancement et le développement de la filière. Elle prend en compte également les politiques publiques et les conditions culturelles se rattachant à la filière, autrement dit, la participation et la perception des personnes concernées pour le développement de la filière.
L’approche territoriale
Cette dernière approche s’intéresse à la dispersion et aussi à la concentration spatiale des activités. En effet, celles-ci présentent des disparités si bien que grâce à elle on peut répertorier la tendance à la concentration du travail, de la main d’œuvre, du capital, et aussi de la consommation dans la filière au niveau de l’espace, partant de l’échelle locale au niveau national voire même international. De ce fait, on peut alors distinguer: les filières locales domestiques, les filières internationales, les filières marchandes et non marchandes. Tout au long de cette approche, nous pourrons analyser l’impact, ainsi que l’influence spatiale de la filière blé dans la zone de recherche, dont les différents flux qui s’y opèrent comme les flux d’informations, les flux financiers et les flux de production. Ainsi l’étude d’une filière permet de faire une approche multidimensionnelle de plusieurs secteurs à travers un produit bien déterminé depuis l’amont jusqu’en aval. Elle permet de mieux améliorer et développer la situation du produit même, et également de tous les acteurs concernés.
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Table des matières
Introduction
Partie I : Concept et Contexte général de la recherche
Chapitre I : Conceptualisation et caractéristiques de la filière blé dans les Communes
I. Conceptualisation et démarche de la recherche
II. Caractéristiques d’une filière
III. Structure et fonctionnement de la filière blé
Chapitre II : Présentation de la zone d’étude et localisation
I. Conditions naturelles : un milieu favorable à la culture de blé
II. Caractéristiques socio-économiques
Chapitre III : Contexte de la filière dans la région et dans la zone d’étude
I. Cadre économique et politique relatif à la filière
II. Evolution de la filière dans le district Antsirabe II et dans la région Vakinankaratra:
Partie II : Enjeux de la redynamisation de la filière blé
Chapitre IV: La filière blé: un facteur de dynamique territoriale dans le district d’Antsirabe II
I. Contribution de la filière blé à la dynamique territoriale
II. L’importance d’un programme de relance : Le programme MATOY
III. Perception d‘un dynamisme autour de la filière blé
Chapitre V : Industrialisation dans la filière
I. L’industrie un secteur cherchant la voie de croissance
II. Rôle et influence territoriale de la minoterie dans le district
Chapitre VI : Contraintes et perspectives de la filière blé dans le district d’Antsirabe II
I. Contraintes, problèmes et menaces sur la filière blé :
II. Perspectives d’actions pour l’amélioration de la filière blé :
Conclusion
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