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Propriétés physico-chimiques des émulsions de Pickering
Physico-chimie des interfaces
Les émulsions sont des systèmes, en général thermodynamiquement instables, formées de deux liquides immiscibles. Afin d’éviter leur déstabilisation, il faut stabiliser les interfaces formées lors de l’émulsification. En effet, il est possible de les stabiliser à l’aide de particules dans le cas d’une émulsion de Pickering. Cette stabilisation est principalement reliée à des notions de tension interfaciale, permettant la cohabitation des liquides immiscibles et aux angles de contacts que les particules peuvent former avec les phases.
Tension interfaciale
La tension interfaciale γ correspond à la force nécessaire pour rompre la surface entre deux liquides immiscibles (Fs). Elle caractérise mathématiquement la variation d’énergie libre, F :
A: surface entre deux milieux
Elle est définie comme une énergie par unité de surface ou comme une force par unité de longueur, exprimée en N/m.
Plus spécifiquement, deux phases coexistent à l’équilibre seulement si elles sont séparées par une frontière stable caractérisée par son énergie libre F associée à la formation d’une surface de contact A entre les deux phases (Gibbs, 1928).
La mesure de tension interfaciale peut être effectuée par différentes méthodes telles que l’ascension capillaire, la goutte pendante ou tombante (Le Neindre, 1993).
Angle de contact
Lorsque les particules sont adsorbées à l’interface entre la phase aqueuse et la phase huileuse, celles-ci sont caractérisées par un angle de contact θ qui caractérise le mouillage.
La valeur d’angle de contact (Figure 3) peut être calculée à partir de la loi de Young en fonction des énergies interfaciales du solide et des deux liquides (Binks and Clint, 2002) :
– où θ est l’angle de contact entre huile-eau-solide défini dans la phase aqueuse,
– γps/h est l’énergie de surface entre la particule solide et l’huile,
– γps/e est l’énergie de surface entre la particule solide et l’eau
– et γh/e est l’énergie de surface entre l’huile et l’eau.
Si l’on considère le cas classique des émulsions contenant de l’huile et de l’eau, les règles suivantes ont été établies pour les particules sphériques (illustrées en Figures 4). Des particules avec un angle de contact supérieur à 90° sont hydrophobes et la majeure partie de la particule est en contact avec la phase huile. Des émulsions de type E/H sont obtenues. Dans le cas où l’angle de contact est inférieur à 90° les particules sont hydrophiles et la particule est majoritairement mouillée par la phase eau. Les émulsions sont alors de type H/E. Pour un angle de contact égal à 90°, le système se trouve dans un état de transition entre une émulsion de type H/E et E/H. Cet angle correspond également au maximum d’énergie d’ancrage des particules à l’interface (Destribats et al., 2014).
Energie d’adsorption
La stabilisation des émulsions de Pickering provient de la forte adsorption des particules solides à l’interface liquide-liquide, qui construit une barrière rigide contre les phénomènes de déstabilisation. Le mouillage partiel des particules est requis pour ancrer les particules à l’interface. La mouillabilité dépend de l’angle de contact que font ces particules avec les interfaces liquide liquide. Cela influence donc la quantité d’énergie nécessaire pour décrocher la particule de l’interface. Lorsque la particule est assez petite pour que l’effet de la gravité puisse être négligé (typiquement avec un diamètre inférieur au micron), l’énergie (-ΔadsG) requise pour décrocher une particule d’un rayon r d’une interface huile-eau de tension interfaciale γh/e est donné par l’équation suivante (Aveyard et al., 2003; Levine et al., 1989) :
Le signe à l’intérieur des parenthèses est négatif lorsque les particules sont à enlever de la phase aqueuse, et positif pour les supprimer de la phase huileuse. Plus l’energie est faible, plus les particules sont faciles à extirper de l’interface. En effet, l’energie dépend de r² , cette énergie est donc faible pour les petites particules qui pourraient alors potentiellement se détacher facilement de l’interface(Aveyard et al., 2003).
Mécanisme de stabilisation des émulsions de Pickering
Les particules solides s’ancrent de manière irréversible à l’interface liquide-liquide et peuvent s’y organiser de différentes manières. Les particules peuvent recouvrir l’interface partiellement ou intégralement, ou bien même en multicouches. Pour caractériser cela, le terme « taux de couverture » C est utilisé. Si l’on considère que toutes les particules sont adsorbées à l’interface, à partir de simples considérations géométriques, la surface couverte est donnée par (Arditty et al., 2004, 2003; Destribats et al., 2014) :
– avec D le diamètre final de la gouttelette d’émulsion, mp masse des particules,
– Pp la densité de la particule,
– dp le diamètre de la particule
– et Vd le volume de phase dispersée.
La surface couverte est un paramètre qui caractérise la fraction de l’aire interfaciale de la goutte qui est couverte par les particules. Il caractérise également la compacité des particules à l’interface. Par exemple, C sera égal à 0,9 pour un empilement hexagonal compact. Si C est inférieur à 0,9, alors l’empilement sera aéré. Tandis que lorsque C est supérieur à 0,9, les particules seront empilées en multicouches ou sous forme d’agrégats (Destribats et al., 2014).
Organisation des particules à l’interface liquide/liquide
Les particules peuvent s’arranger de différentes manières aux interfaces liquide/liquide des gouttes d’émulsions. L’adsorption des particules et la structure qu’elles prennent aux interfaces dépend de la compétition entre les forces attractives et répulsives existant entre elles, dues aux interactions de Van der Waals, capillaires ou électrostatiques. De plus, pour les petites particules, le mouvement Brownien peut également intervenir (Fouilloux, 2011) .
Deux grandes catégories d’arrangement existent : soit les particules recouvrent entièrement l’interface, soit la surface de la goutte reste partiellement dénudée. Dans le cas d’un recouvrement dense, les particules peuvent s’assembler sous forme de monocouche, multicouche ou ponté à l’interface. Le cas de pontage est souvent observé lors d’un faible taux de couverture.
Dans le cas d’un recouvrement partiel, les particules peuvent s’assembler sous forme d’agrégats bidimensionnels ou s’arranger sous forme de domaines denses à l’interface tout en laissant une partie de l’interface dénudée.
Interaction entre les particules
Les interactions ayant lieu entre deux particules colloïdales sont responsables de la plupart des propriétés physicochimiques des émulsions (McClements, 1999) . Les interactions entre les colloïdes sont à proprement parler le résultat d’interactions entre toutes les molécules présentes dans les particules ou le milieu environnant (Hunter, 1989; Israelachvili, 1992). C’est pour cette raison que la plupart des interactions ayant lieu entre les particules colloïdales sont similaires à celles ayant lieu entre les molécules, comme par exemple les interactions de Van der Waals, électrostatiques ou stériques (McClements, 1999). Cependant, en réalité, les interactions colloïdales sont différentes des interactions moléculaires. En effet, des éléments additionnels prennent part à cause de la grande taille des particules colloïdales ainsi que du nombre important de différentes molécules entrant en jeu dans le système (McClements, 1999).
Il existe deux principaux types d’interactions. Les interactions attractives permettent aux particules colloïdales de s’agréger, et les interactions répulsives qui leur permettent de rester à l’état d’entités individuelles (McClements, 1999). Comme expliqué par McClement dans son ouvrage (McClements, 1999), il existe différents types d’interactions : Van der Waals, électrostatique, stérique, déplétion, hydrophobe, hydratation etc…
Cependant, les particules auront un comportement différent si elles sont en solution, ou adsorbées à une interface liquide/liquide.
Facteurs influençant la stabilisation des émulsions
La stabilité d’une émulsion de Pickering dépend de plusieurs facteurs expérimentaux. Les caractéristiques des particules comme leur mouillabilité, leur concentration dans le système, leur taille et leur forme, ainsi que leur positionnement dans la phase continue ou aqueuse ont une importance capitale. De même, nous verrons dans ce paragraphe que les critères de la phase dispersée et dispersante, tels que leur polarité ou leurs propriétés rhéologiques ont également toute leur importance.
Caractéristiques des particules
Taille
La taille des particules détermine leur potentiel à rester en suspension et leur adsorption à l’interface. Expérimentalement il a été prouvé que la diminution de taille des particules augmentait la stabilité des émulsions et diminuait la taille des gouttelettes jusqu’à une taille critique. Tambe et Sharma (1994)(Tambe and Sharma, 1994) ont étudié des particules d’alumine de 4 μm et 37 μm avec le décane et l’eau. Les petites particules stabilisent l’émulsion alors que les plus grosses sont peu efficaces.
Forme et rugosité
La forme et la rugosité de la surface des particules ont une influence sur leur mouillabilité.
Ces deux facteurs influencent également l’hystérèse de la valeur de l’angle de contact. Des particules sphériques sont utilisées comme des modèles de stabilisation d’émulsions de Pickering pour simplifier les calculs et l’analyse. En pratique, des particules stabilisantes sont rarement sphériques. Par exemple, des particules d’argile ont une forme de disques. Des particules de silice pyrogénée forment des agrégats tridimensionnels stables composés de particules sphériques (Binks and Lumsdon, 1999).
Mouillabilité et nature chimique
Un traitement chimique de surface permet de changer la mouillabilité des particules et donc leur aptitude à se positionner aux interfaces(Bernard P. Binks and Lumsdon, 2000) . Dans le cas des particules de silice par exemple, les particules peuvent être totalement hydrophiles, hydrophobes, partiellement hydrophobes ou amphiphiles. Les particules amphiphiles, dites « Janus » ont la particularité de présenter une activité interfaciale pour des angles de contact de valeurs extrêmes, de 0 à 180° (Fouilloux, 2011).
L’angle de contact que les particules ont avec chacune des phases liquides impacte donc sur la stabilité et le type d’émulsion obtenus. Les particules mouillées par l’eau stabilisent les émulsions H/E. Les particules mouillées par l’huile stabilisent les émulsions E/H.
En effet, le diamètre moyen ainsi que la largeur de distribution des gouttes diminuent quand l’angle de contact atteint 90°. En améliorant l’affinité entre la particule et l’huile, la force de répulsion présente initialement entre les deux composés diminue ce qui favorise le contact entre la particule et la goutte. De plus, l’amélioration de cette affinité permet de consolider l’attachement par la force capillaire, qui augmente lorsqu’on accroît l’hydrophobicité des particules. De plus, le taux de couverture de l’interface liquide-liquide par les particules augmente lorsque l’angle de contact augmente (Tsabet and Fradette, 2015).
Etat de dispersion.
Si les particules ne sont pas agrégées, elles auront plus de mobilité à l’interface que des particules floculées. La coalescence sera facilitée. Les particules agrégées s’adsorbent donc plus fortement à l’interface et améliorent la stabilité. D’après Tambe et al.(Tambe and Sharma, 1994) , les particules colloïdales auraient besoin d’être dans un état de floculation naissant afin de pouvoir stabiliser l’émulsion.
Concentration
Si la concentration en particules augmente (à une quantité de phase dispersée constante et pour un même traitement mécanique), la taille finale des gouttes de l’émulsion diminue, et l’émulsion sera plus stable. A partir d’une taille minimale limite de goutte, l’excès de particules se positionne dans la phase externe (Binks and Whitby, 2004; Tambe and Sharma, 1994; Tsabet and Fradette, 2015). Cependant, il est nécessaire de noter qu’un excès de particules dans le système ne permet pas nécessairement de recouvrir entièrement la surface totale de l’interface Si la concentration en particules est trop faible, alors la taille moyenne des gouttes augmentera avec le temps (Arditty et al., 2003), via un phénomène de coalescence limité.
Augmenter la concentration en particules permet d’améliorer la stabilité des emulsions.
En revanche, lorsque la concentration en particule est importante, il est parfois possible d’observer la formation d’un réseau tridimensionnel dans la phase continue grâce aux particules floculées. Ce phénomène peut amener à la gélification du système, qui stabilise alors l’émulsion.
Localisation initiale
Contrairement au cas des tensioactifs où le type d’émulsion ne dépend pas de la localisation initiale du tensioactif, les émulsions de Pickering dépendent de la localisation initiale des particules.
Il faut savoir que l’angle de contact n’est pas le seul à déterminer le sens de l’émulsion. En effet, la localisation initiale des particules dans l’une ou dans l’autre des phases permet d’influencer le sens de l’émulsion.
Plusieurs auteurs ont montré que la localisation initiale des particules était importante dans la prédiction du type de l’émulsion et sa stabilité. La phase continue de l’émulsion correspondra à celle dans laquelle les particules seront initialement dispersées Trois articles phares discutent de ces phénomènes :
En 2001, Yan et al.(Yan et al., 2001) ont montré qu’il était nécessaire pour stabiliser des émulsions contenant de l’eau et de l’huile que les particules soient dispersées avant émulsification dans la phase continue. Par exemple, la silice hydrophile stabilisera uniquement des émulsions H/E. Quant à la silice hydrophobe, celle-ci stabilisera uniquement des émulsions H/E si les particules sont initialement situées dans la phase aqueuse. Des particules de silice d’hydrophobicité intermédiaire stabiliseront quant à elles des émulsions de type E/H si les particules sont initialement situées dans la phase organique.
Binks et Lumsdon(B. P. Binks and Lumsdon, 2000) ont montré que le type d’émulsion dépend de la localisation initiale des particules telle que la phase continue sera la phase dans laquelle les particules ont été préalablement dispersées.
Binks et Rodrigues(Binks and Rodrigues, 2003) ont démontré l’origine de l’influence de cette localisation initiale. Les particules, en fonction de si elles sont situées dans la phase aqueuse ou la phase organique, présenteront un angle de contact différent à l’interface huile-eau.
Caractéristiques des phases aqueuses et huileuse
Le type d’huile influence la tension interfaciale, l’angle de contact avec des solides, les interactions chimiques entre la surface des particules et les liquides, et l’énergie d’adsorption des particules à l’interface (Aveyard et al., 2003; B. P. Binks and Lumsdon, 2000).
L’effet du type d’huile sur la stabilisation des émulsions avec la silice modifiée (67 % de groupements hydroxyles libres à la surface) a été étudié (B. P. Binks and Lumsdon, 2000) . Des huiles variées ont été étudiées : depuis des huiles non polaires comme des hydrocarbures jusqu’à des alcools polaires. Les valeurs d’angle de contact sur une surface plate ont été comparées avec des résultats de stabilité d’émulsions. Les particules stabilisent préférentiellement des émulsions E/H avec des huiles polaires, et H/E avec des huiles non polaires. Une émulsion E/H se forme pour l’undécanol qui a une tension interfaciale très basse et un angle de contact élevé (9,5 mN.m-1 et 160°). Une séparation de phases est observée dans le temps.
Les mêmes mesures ont été effectuées en remplaçant l’eau par un solvant non-aqueux, en conservant le toluène comme phase grasse et les particules de silice d’hydrophobie intermédiaire comme stabilisants. Dans ce cas, on voit que les meilleures conditions de stabilité sont obtenues pour les deux types d’émulsions formées avec l’eau. Le formamide permet de former une émulsion huile dans eau stable. L’éthylène glycol et le glycérol ne conviennent pas, on n’observe pas de formation d’émulsion. Donc la stabilité des émulsions dépend non seulement de la phase huileuse utilisée, mais également de la phase polaire choisie.
La distribution des particules entre les phases huileuse et aqueuse dépend des types de phase huileuse et aqueuse utilisés, et plus précisément de l’angle de contact et de la tension interfaciale huile/eau. Pour des tensions interfaciales de l’ordre de 36 mN.m-1 (toluène – eau) et des particules de 10 nm, les particules hydrophiles ( he θ <90°) sont retrouvées uniquement à l’interface et dans l’eau. Les particules hydrophobes ( he θ >90°) sont distribuées préférentiellement dans la phase huileuse. Pour les tensions interfaciales très baisses, 0,05 mN.m-1, la distribution peut avoir lieu dans deux phases (Binks, 2002) .
Déstabilisation des émulsions de Pickering
Une émulsion est un système métastable. Afin de diminuer la surface de contact avec la phase continue, et ainsi favoriser le système d’un point de vue énergétique, les gouttes tendent à se rassembler au fil du temps. Les principaux mécanismes de déstabilisation d’une émulsion peuvent être séparés en deux catégories :
Les phénomènes de déstabilisation peuvent être réversibles (crémage, sédimentation et floculation) ou irréversibles (mûrissement d’Ostwald ou coalescence).
Propriétés physico-chimiques d’une nanoémulsion
Propriétés optiques (apparence)
Les gouttelettes d’une nanoémulsion sont plus fines que la longueur d’onde minimale du spectre visible. Cette propriété lui confère une apparence transparente ou translucide avec une coloration légèrement bleutée à l’oeil nu (Mason et al., 2006). Pour être exacte, les nanoémulsions peuvent être transparentes, translucides ou turbides. Cela dépend de deux paramètres principaux : la distribution de taille des gouttes, comme il vient d’être dit, mais également la différence d’indice de réfraction entre les phases continue et dispersée(Tadros, 2014).
Propriétés rhéologiques (texture)
Certains cisaillements d’origine mécanique, ainsi que les propriétés rhéologiques d’une nanoémulsions sont aussi affectés par la taille nanométrique des gouttes d’émulsions. Les nanoémulsions ont la caractéristique d’avoir une viscosité similaire à celle de l’eau, leur donnant un aspect très fluide. Cependant, il est possible de modifier la texture d’une nanoémulsion en la rendant plus consistante. Effectivement, en augmentant la fraction volumique de phase dispersée, la viscosité de l’émulsion augmentera (Tadros et al., 2004). Cela peut donc se faire en augmentant la concentration en huile, mais également en ajoutant un gélifiant ou un agent épaississant par exemple(Sonneville-Aubrun et al., 2004) . Mason et al (Mason et al., 2006) ont également démontré que les propriétés rhéologiques d’une nanoémulsion dépendent des interactions ayant lieu entre les gouttelettes d’émulsion. Si les interactions sont répulsives, les propriétés rhéologiques de la nanoémulsion seront semblables à celle d’une émulsion de taille micrométrique, gels élastiques, mais fragiles.
Stabilité d’une nanoémulsion
Comme les émulsions, les nanoémulsions sont seulement cinétiquement stables, mais grâce à la petite taille des gouttes, elles ont une stabilité physique beaucoup plus longue.
Les très petites gouttes permettent d’éviter le crémage ou la sédimentation, car le mouvement Brownien est suffisant pour éviter cette séparation produite par lesphénomènes de gravité (Tadros, 2014). Le mouvement Brownien est causé par les forces motrices entropiques qui gardent les gouttelettes en suspension, pendant de très longues périodes de temps(Mason et al., 2006) . Mais l’agitation thermique des petites gouttes (mouvement Brownien) peut également augmenter les collisions et améliorer la déformation (Batchelor, 1976).
De plus, les attractions de Van der Waals sont réduites grâce à la petite taille des gouttes. Le phénomène de floculation est donc diminué. La coalescence est également réduite, car la fluctuation de la surface n’est pas possible. De plus, le film liquide présent entre les gouttes est d’une épaisseur non négligeable, ce qui permet d’éviter l’interruption des films.
Cependant, l’instabilité majeure des nanoémulsions provient du mûrissement d’Ostwald (qui se produit lorsque l’huile présente une solubilité dans le milieu continue). il faut savoir que la stabilisation des nanoémulsions dépend du rôle des tensioactifs, de la composition du système et de la distribution de taille des gouttes(Setya et al.,.) .
Les trois principales déstabilisations ayant lieu dans le cas des nanoémulsions sont les suivantes : le mûrissement d’Ostwald, ainsi que la coalescence et la floculation.
Moyens techniques pour observer une nanoémulsion
Les méthodes de microscopie optique classique ne sont en général pas des techniques viables pour examiner des nanoémulsions. Même si des microscopes à contraste interférentiel ou à contraste de phases sont utilisés, il est préférable d’utiliser des méthodes plus sophistiquées, comme la microscopie à force atomique, la cryo-microscopie électronique, des méthodes de diffusion de lumière dynamique, de diffusion de neutrons ou encore de diffusion aux rayons X (Mason et al., 2006) .
Formation des nanoémulsions
Différentes techniques pour préparer les nanoémulsions sont répertoriées (Mishra et al., 2014; Setya et al.,.).
Les nanoémulsions sont connues pour avoir des tailles de gouttes extrêmement fines. Les techniques reposent sur deux concepts : l’utilisation d’un très fort taux de cisaillement, ou alors sur des principes de physico-chimie, ne requérant que peu d’énergie.
Méthodes à haute énergie
Homogénéisation haute pression
Cette méthode est utilisée pour produire des nanoémulsions possédant des gouttes d’huile d’une extrême finesse. Les forces mises en jeu dans cette technique sont le cisaillement hydraulique, la cavitation ou la turbulence. Les phases aqueuses et organiques (contenant également le tensioactif et le co-tensioactif) se rencontrent dans un petit orifice à très haute pression (500-5000psi), ce qui permet de créer des nanogouttes d’huile avec des distributions très étroites. La taille des gouttes peut être contrôlée en jouant à la fois sur la pression et aussi sur le nombre de cycle de passages de l’échantillon dans l’appareil.
Microfluidisation
Dans cette technique, on utilise un appareil « microfluidiseur » équipé d’une pompe volumétrique à HP qui force le produit à passer dans la chambre d’interaction qui contient des canaux très fins, dits « microcanaux ». Ces derniers sont conçus de manière à ce que les deux courants de l’émulsion s’impactent à haute vitesse dans la chambre d’interaction, permettant d’obtenir des gouttelettes très fines submicroniques (Figure 6).
Lors de l’émulsification par cette méthode, les deux phases sont combinées et traitées dans un homogénéisateur en ligne pour obtenir une émulsion primaire. Ensuite, l’émulsion primaire est introduite dans la chambre d’interaction plusieurs fois jusqu’à obtenir la taille souhaitée. Enfin, la nanoémulsion obtenue est filtrée pour éliminer les grosses gouttes et obtenir une nanoémulsion homogène monodisperse(McClements, 2011) . La taille des gouttelettes obtenues par cette méthode dépend des mêmes facteurs qu’avec l’HPH(McClements, 2011) .
Ultrasonication
L’ultrasonication consiste à amener la sonde du sonicateur à l’interface du système afin de générer des vibrations mécaniques et des phénomènes de cavitation. Cela permet d’obtenir des émulsions avec des gouttes de tailles nanométriques et cinétiquement stables.
L’apport d’énergie dans cette méthode est relativement faible comparé à celui de l’homogénéisation ou de la microfluidisation. De plus, le dépôt d’énergie ultrasonore est limité à un petit volume (1 cm3 dans la plupart des cas). Pour cette raison, l’utilisation de l’émulsification par ultrasons est limitée à l’échelle du laboratoire.
Cependant, lorsqu’un procédé à haute énergie est utilisé, une augmentation de température a lieu dans le système et une grande quantité d’énergie est consommée. C’est un désavantage considérable. Une alternative existe donc via l’utilisation de techniques ne requérant que peu d’énergie. Sur la figure 7 nous présentons différents systèmes d’ultrasonificateurs selon le volume utilisé.
Méthodes à basse énergie
Emulsion-Diffusion
La technique d’émulsion-diffusion de solvant nécessite deux phases (figure 8) (Organique et aqueuse). Dans cette méthode, le solvant de la phase organique doit être partiellement miscible avec l’eau. La préparation des deux phases requière la saturation de chacune d’entre elles avec le solvant de l’autre phase (saturation mutuelle). Une émulsion doit être formée dans un premier temps via le mélange des deux phases. Une vitesse d’agitation très importante permettra d’obtenir émulsion fine. Ensuite, l’émulsion est diluée dans une grande quantité d’eau afin de rétablir la miscibilité du solvant organique. Cela Induit l’insolubilité de l’huile et favorisera donc l’obtention de nano gouttes (Huertas, 2011). Le solvant est ensuite éliminé par évaporation sous pression réduite ou par filtration tangentielle. Cette technique d’émulsion-diffusion de solvant, brevetée par Quintanar et al en 1997(Quintanar-Guerrero et al., 1998, 1997b, 1997a) (Quintanar-Guerrero et al., 1997a), est fondée sur des phénomènes de diffusion de solvant (Guinebretiere, 2001).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CONCEPTS GENERAUX SUR LES EMULSIONS ET LES NANO-EMULSIONS DE PICKERING
I. Définitions
I.1. Les Emulsions
I.2. Les Emulsions de Pickering
I.3. Nanoémulsion
I.4. « NanoPickering »
II. Propriétés physico-chimiques des émulsions de Pickering
II.1. Physico-chimie des interfaces
II.1.1. Tension interfaciale
II.1.2. Angle de contact
II.1.3. Energie d’adsorption
II.2. Mécanisme de stabilisation des émulsions de Pickering
II.2.1. Organisation des particules à l’interface liquide/liquide
II.2.2. Interaction entre les particules
II.2.3. Facteurs influençant la stabilisation des émulsions
II.2.3.1. Caractéristiques des particules
II.2.3.2. Caractéristiques des phases aqueuses et huileuse
II.2.4. Déstabilisation des émulsions de Pickering
II.2.5. Propriétés physico-chimiques d’une nanoémulsion
II.2.5.1. Propriétés optiques (apparence)
II.2.5.2. Propriétés rhéologiques (texture)
II.2.5.3. Stabilité d’une nanoémulsion
II.2.5.4. Moyens techniques pour observer une nanoémulsion
III. Formation des nanoémulsions
III.1. Méthodes à haute énergie
III.2. Méthodes à basse énergie
DEUXIEME PARTIE : DEVELOPPEMENTS RECENTS DES EMULSIONS DE PICKERING POUR LES POTENTIELLES APPLICATIONS THERAPEUTIQUES.
I. Applications potentielles des émulsions de Pickering :
I.1. Application topique
I.1.1. Emulsions de Pickering pour la décontamination
I.1.2. Emulsions de Pickering pour la cdicatrisation
I.1.3. Emulsions de Pickering comme écran solaire
I.2. Application orale
I.2.1. Emulsions de Pickering pour une libération de P.A dans la cavité buccale
I.2.2. Emulsions de Pickering pour une libération de P.A dans la Cavité gastro-intestinale
I.3. Application parentale
I.3.1. Emulsions de Pickering en cancérologie
I.3.2. Emulsions de Pickering en Vaccinologie
I.4. Émulsions de Pickering en biosensation et bioséparation
II. Emulsions de Pickering sensible aux stimuli
II.1. Émulsions de Pickering sensibles au pH
II.2. Emulsions de Pickering photosensibles
II.3. Émulsions de Pickering thermoréactives
II.4. Émulsions de Pickering magnétiquement sensibles
II.5. Émulsions de Pickering sensibles à de multiples stimuli
CONCLUSION
REFERENCES
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