CONCEPTS FONDATEURS DE L’APPROCHE PAR LES CAPABILITES : FONCTIONNEMENT, CAPABILITE ET RESSOURCES

Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études

Des droits d’accès à l’approche par les capabilités

La deuxième étape de la démarche d’Amarty Sen se caractérise par le passage d’une démarche théorique issue des théories du choix social et de l’économie du bien-être, vers des problématiques plus empiriques de l’économie du développement. Sen s’intéresse aux liens entre « inégalité sexuée et situations de la femme » ou encore entre « la situation de famine généralisée et l’accès des plus pauvres à la nourriture ». Dans ces deux cas, il soulève les problématiques liées à la question plus générale de l’accès équitable à un certain nombre de biens et services fondamentaux pour les personnes et sur leur capacité de se procurer ces biens.
Dans son ouvrage « Poverty and Famines : An Essay on Entitlement and Deprivation » (Sen, 1981 cité par Dubois & Mahieu, 2009), Sen propose un modèle microéconomique d’analyse de la famine qui repose sur deux variables : les dotations (endowments) dont dispose un individu (éducation, formation, force de travail, relations…) et une carte de droits à l’échange (exchange entitlement) lui permettant d’accéder à divers ensembles de consommation. Ces deux variables déterminent pour un individu sa capacité effective à se procurer des biens alimentaires. Ainsi, une personne qui souffre de la faim est une personne dont la carte de droits d’accès s’est réduite, même si l’offre générale de biens alimentaires demeure suffisante. La faim n’est pas nécessairement le résultat d’un manque général de nourriture mais peut résulter du fait que certaines personnes n’ont plus la capacité de se procurer de quoi manger (Sen, 2010).
Sen s’interroge alors sur la pertinence de l’utilitarisme comme doctrine à même d’apprécier l’ensemble des situations sociales de bien-être et d’approcher le problème des inégalités (Sen, 1977). Il propose lors d’une conférence intitulée « Inequality of what ? » en 1979 le concept clé de « capabilités», qu’il pense plus judicieux en termes informationnels pour évaluer les inégalités. Cette approche par les capabilités des agents permet d’articuler la dimension de fonctionnements effectivement réalisés, et donc observables, à la dimension de libertés de choix potentiels qui ne se réalisent que lorsque les opportunités correspondent aux aspirations des personnes. Elle est étroitement liée à la dimension de possibilité de la liberté vue sous un angle global et pas seulement focalisée sur ce qui se passe finalement.
L’approche par les capabilités s’attache à corriger l’approche rawlsienne de la justice. Sen considère que la justice exige que les individus soient effectivement capables d’accomplir divers fonctionnements. Partant de là, il remarque que l’approche en termes de « biens premiers » développés par Ralws est inadéquate, car la même combinaison de « biens premiers » ne permettra pas à deux individus différents (par leur travail, leur état physique…) d’accomplir les mêmes fonctionnements. Les biens sociaux dont Rawls considère qu’ils sont centraux dans l’idée de justice, sont insuffisants selon Sen, car les individus n’ont pas forcément besoin de la même combinaison de biens pour être en mesure d’accomplir des actes identiques : « alors que les biens premiers sont, au mieux, des moyens d’atteindre les fins valorisées de l’existence humaine, ils deviennent, dans la formulation rawlsienne des principes de justice, les critères cruciaux pour juger l’équité de la répartition. Cela me parait une erreur car les biens premiers ne sont que des moyens en vue d’autre chose, en particulier de la liberté » (Sen, 2010, page 287).
Sen (2010) souligne que le raisonnement en faveur de cette réorientation vers la capabilité peut faire une différence importante et constructive : « si un individu a un revenu élevé mais souffre d’une maladie chronique ou d’un handicap, il ne faut pas nécessairement le juger très avantagé pour la simple raison qu’il dispose d’un haut revenu. Cette personne dispose certainement d’un moyen de bien vivre en plus grande quantité mais elle est confrontée à la difficulté de le traduire en vie satisfaisante à cause des infortunes de sa maladie et de son handicap. Ce qu’il convient de regarder, c’est dans quelle mesure elle peut atteindre concrètement, si elle fait ce choix, un état de bonne santé et de bien-être, et une forme physique suffisante pour faire ce qu’elle a des raisons de valoriser. » (Sen, 2010, p288).
Ce concept de capabilités constitue la marque de fabrique de la pensée de Sen c’est-à-dire la fécondation de l’approche économique par l’héritage de la philosophie libérale centrée sur le sort de l’individu, déployée par un chercheur qui est interpellé, avant toute chose, par la réalité sociale et les inégalités, qui assume et qui explicite le poids de la normativité qui l’anime » (Ferreras, 2008, p283).

De l’approche par les capabilités aux libertés réelles

L’approche par les capabilités marque un tournant dans la pensée de Sen. Il abandonne le raisonnement économique théorique, cadre de son analyse sur les droits et capacités d’accès, pour une démarche plus marquée philosophiquement. Sa pensée est fortement influencée par la distinction entre liberté positive et liberté négative (Berlin, 1969). La liberté positive est définie par ce que la personne est libre de faire alors que la liberté négative est vue comme une liberté sous contrainte. Sen assimile ainsi les capabilités à des libertés réelles de choix, effectives comme potentielles, entre différentes alternatives de vie possibles (Dubois & Mahieu, 2009). L’équivalence faite entre capabilité et liberté positive permet de mieux appréhender la notion même de capabilité. En effet le potentiel réel que détient une personne ne peut être exprimé qu’à travers la liberté positive, ce que la liberté négative ne peut pas faire car elle n’autorise que l’expression d’une capabilité limitée par un univers de contraintes sociales, organisationnelles ou institutionnelles. Même si, dans l’approche par les capabilités, la liberté positive est privilégiée, elle n’exclut pas pour autant la liberté négative, puisque celle-ci retrace la vie telle qu’elle est vécue par les individus. Sen veut néanmoins entrevoir l’ensemble des possibilités individuelles qui pourrait résulter de nouvelles opportunités économiques ou sociales issues de la mise en œuvre de politiques organisationnelles appropriées. Des politiques qui réduiraient les contraintes délimitant l’espace de liberté négative pour permettre à l’agent de rejoindre l’espace de liberté positive.
L’approche par les capabilités va donc directement considérer les actions et surtout les possibilités d’action des personnes « les capabilités », si l’occasion et les opportunités correspondantes, leur en étaient fournies et si elles décidaient de les saisir (Sen, 2003a ; Falzon, 2006 ; Dubois & Mahieu, 2009). La capabilité suppose la disponibilité d’une capacité (un savoir, un savoir-faire), mais ne se réduit pas à celle-ci : elle suppose la possibilité réelle de mise en œuvre de cette capacité. Pour Falzon & Mollo (2009) l’idée d’activité empêchée (Clot, 1999, 2004) traduit une amputation du pouvoir d’agir (une impuissance à dire, à faire, à raconter, à s’estimer) et qui peut être vue sous l’angle « d’une capacité sans capabilité ». (Falzon & Mollo, 2009 p 63).
Cette dimension recouvre l’ensemble des fonctionnements non encore réalisé, mais qui pourrait l’être en fonction des libertés de choix entre plusieurs alternatives dont dispose la personne. Cette dimension « libertés » se situe dans le cadre de la liberté positive. C’est cet éventail de « libertés de choisir » parmi différentes alternatives de fonctionnements possibles qui pour Sen, représente la capabilité (Sen, 2003) qu’il appelle aussi « capacités dynamiques » (Stiglitz et al., 2009, p. 16) ; certaines de ces alternatives étant effectivement choisies dans un contexte d’opportunités données et d’autres demeurant potentiellement réalisables. Le développement a alors pour finalité de renforcer les capabilités des agents en accroissant l’éventail de leurs libertés de choix.
Pour Lambert & Vero (2007), la liberté réelle s’articule autour de deux dimensions : l’une est liée aux « opportunités » et renvoie à la nature et au volume des options réellement disponibles pour l’individu, et l’autre a trait au « processus » entrainant la participation active de chacun (plus exactement la possibilité réelle d’une telle participation) qui implique la mise en œuvre de décisions personnelles qui sont en mesure de jouer sur les choix. L’intérêt d’articuler ces deux dimensions est fondé sur l’hypothèse d’une dépendance forte entre le principe de participation actif et informé aux processus délibératifs et le développement des opportunités.
Bonvin et Farvaque (2007) approfondissent la définition de la liberté « processuelle » en précisant qu’elle implique la présence de trois alternatives pour l’individu : la loyauté (loyalty), le droit à la parole (voice) et la défection (exit). Chaque personne peut choisir d’être loyale vis-à-vis des prescriptions collectives mais elle doit également être en mesure de discuter ces règles ou encore opter pour la voie de la défection à un coût supportable (Herdt & Bastiaensen, 2009). La liberté réelle de choix dépend donc de la garantie effective de l’existence de ces trois alternatives. Par exemple, un opérateur dans une situation de travail qui ne lui convient pas en termes de conditions de travail, de rythmes de travail et du contenu de son travail n’a aucune possibilité d’action sur la manière de réorganiser son poste car l’entreprise dans laquelle il travaille n’a pas intégré de dispositif permettant à ces salariés de réélaborer les règles. A ce jour, par rapport aux qualifications et aux compétences qu’il possède, il ne peut bénéficier d’une option de sortie à un coût supportable c’est-à-dire la possibilité de changer de poste sans être obligé de quitter cette entreprise. Ainsi, s’il ne veut pas perdre son emploi, il se retrouve pour ainsi dire contraint à la loyauté, rester dans cette entreprise même si cela ne lui convient pas ; comportement qui pourrait être interprété en termes de préférences adaptatives. Sans être contrait à une loyauté totale, au regard de sa situation, il pourrait faire entendre « son mécontentement » et choisir de « freiner sa productivité », pour reprendre la formule de Taylor (Pouget, 1998), ou encore se mettre en arrêt maladie alternative que lui donne le droit du travail. L’opérateur a la possibilité d’influer la norme de production, ce que Bernoux (Bernoux et al, 1973 cité par de Terssac, 1992) traduit par une revendication d’autonomie : « ne pas faire la production imposée, c’est refuser de se laisser faire, c’est-à-dire de se laisser imposer une organisation » (de Terssac, 1992 p 115). L’individu peut ainsi choisir d’être plus ou moins loyal et dévoué à son entreprise. Son comportement ne s’inscrit pas dans un système binaire (sa loyauté pourrait s’évaluer par 0 ou par 1) mais dans un continuum. Sa loyauté s’évalue dans un ensemble de valeurs dont les variations sont continues.
La liberté « processuelle » au travers de la loyauté (loyalty), du droit à la parole (voice) et de la défection (exit), se construit et s’enrichit au cours de l’action et est affectée par l’expérience de vie du sujet. Elle se réalise à travers la mise en œuvre de l’activité (individuelle ou collective) des sujets dans des contextes singuliers et variables dans leurs dimensions matérielles, organisationnelles et sociales. L’activité est considérée dans une approche intrinsèque (Wisner, 1995) : l’activité est construite par un opérateur donné comme une réponse à un contexte donné. Elle est donc affectée par l’expérience de vie du sujet.
La dimension processuelle de la liberté demande la possibilité de choisir entre des alternatives de valeur comparable. Dans un tel cadre, les critères, suivant lesquels un comportement individuel est jugé comme valide ou légitime, ne doivent pas être le seul privilège d’experts, de cadres, des dirigeants ou de quelque autorité que ce soit mais bien la construction participative effective (et pas seulement symbolique) pour chacune des personnes concernées de définir des normes, des règles et des valeurs sociales de l’entreprise.
Sen ne définit pas une liste de capabilités fondamentales. Nussmaun (2000) approfondit le concept de Sen en présentant l’approche des capabilités comme une approche pour chaque personne et toute personne. L’idée maîtresse de la théorie des capabilités selon Nussbaum est simple (Chavel, 2010) : une société juste est répartie en fonction des biens premiers correspondant à des droits fondamentaux et des capabilités, c’est-à dire des possibilités concrètes de mener une vie bonne5 et pleinement humaine (pouvoir jouir d’une bonne santé, pouvoir communiquer, pouvoir participer à la vie politique, etc.). Cette approche insiste sur les possibilités réelles qu’une société offre aux gens pour mener une telle vie, plutôt que de s’intéresser de manière privilégiée aux droits. Ainsi les droits ne sont justifiés que comme des instruments qui permettent aux citoyens de développer une vie pleinement humaine. Alors une société est juste et décente si elle met à disposition de ses membres les conditions indispensables au développement de cette vie, et pas seulement d’une simple survie.
Elle définit dix capabilités (Nussbaum, 2000) qui sont ce qu’elle appelle des capabilités combinées c’est-à-dire des capabilités internes de base combinées avec les conditions extérieures, déterminantes pour l’exercice des capabilités (Panet & Duray-Soundron, 2008). Cette liste est établie sur les principes suivants : fidélité à la liberté individuelle, l’établissement d’une liste des conditions essentielles sans lesquelles l’homme ne peut mener une vie bonne (en fonction de la conception qu’il aura lui-même définie) mais aussi des conditions qui empêchent une vie d’être pleinement humaine en supprimant les conditions d’aliénation de la personne (Chavel, 2010). Nussbaum dans son article « Social Justice and Universalism » (Nussbaum, 1993) définit sa démarche comme réflexive et ouverte. Réflexive, parce que la constitution de la liste des capabilités s’est construite au travers des textes historiques et des traditions culturelles qui définissent les conceptions de l’épanouissement en discernant les éléments fondamentaux considérés comme les conditions préalables de la vie bonne. Ouverte, parce que la liste est révisable car la méthode d’établissement n’est précisément pas une déduction logique à partir de principes posés à priori, mais une discussion qui vise à être la plus inclusive possible.
L’auteur présente ainsi les capabilités suivantes :
La vie : pouvoir vivre une vie humaine complète, dans la mesure du possible ; ne pas mourir prématurément ou avant que sa vie soit tellement appauvrie qu’elle ne vaille plus la peine d’être vécue ;
La santé physique : pouvoir être en bonne santé, être convenablement nourri et logé, avoir des possibilités de satisfaction sexuelle ; pouvoir se déplacer de lieu en lieu ;
Martha Nussbaum fait un large usage d’Aristote qui lui sert de modèle et de guide. Elle fait ici référence à l’opposition aristotélicienne : le simple « vivre » (zein) s’oppose au « vivre bien » (euzein) qui définit une société politique achevée et qui suppose le développement des excellences humaines.
 L’intégrité physique : pouvoir éviter toute souffrance évitable et inutile, et pouvoir avoir des expériences de plaisir ;
 Les sens, l’imagination, la pensée : pouvoir employer ses cinq sens ; pouvoir imaginer, penser et raisonner ;
 Les émotions : pouvoir être lié à des choses et des personnes ; aimer ceux qui nous aiment et prennent soin de nous, se désoler de leur absence ; en général, aimer, souffrir, ressentir désir et gratitude ;
 La raison pratique : pouvoir former une conception du bien et entreprendre une réflexion critique sur l’emploi de sa propre vie ;
 L’affiliation : pouvoir vivre pour et avec d’autres, manifester de l’intérêt pour d’autres êtres humains, et s’engager dans différentes formes de relations familiales et sociales ;
 Les autres espèces : pouvoir vivre en relation avec et en montrant de l’intérêt pour les animaux, les plantes, le monde naturel ;
 Le jeu : pouvoir rire, jouer, entreprendre des activités récréatives ;
 Le contrôle sur son environnement : pouvoir vivre sa propre vie, et non celle d’un autre ; pouvoir vivre sa propre vie dans son propre environnement et contexte.
Nussbaum fait remarquer que les dix capabilités fondamentales ne sont pas toutes strictement sur le même plan. Deux d’entre elles ont un statut qu’elle qualifie d’architectonique (Chavel, 2010) et sont ce qui nous distingue des autres êtres vivants : la capabilité numéro 6 « la raison pratique » et la capabilité numéro 7 appelée « affiliation ». Chavel (2010) rappelle que cette liste, formulée explicitement à des fins politiques et non métaphysiques, désigne les préoccupations d’un gouvernement juste, qui doit mettre à disposition de ses membres les conditions d’un épanouissement humain et du développement des capabilités. La liste est conçue de façon suffisamment large pour permettre à des conceptions du bien différentes d’y prendre place et de choisir de négliger telle ou telle capabilité.

Fonctionnements et capabilités : le pouvoir faire et le pouvoir être de l’individu

Les fonctionnements d’une personne reflètent les accomplissements d’une personne en termes d’être et de faire (Sen, 2003) c’est-à-dire ce que la personne est effectivement capable d’accomplir, dans l’univers d’opportunités et de contraintes où elle vit, et concerne les fonctionnements réalisés (la somme des accomplissements observables) : ce que je fais effectivement – les actes ou les choix que je pose (Stiglitz et al., 2009). L’individu se situe alors dans le cadre de la liberté négative. Dans cette optique le bien n’est pas évalué à partir de son utilité, ni à partir de ses caractéristiques propres mais à partir des fonctionnements dont il dote une personne : être en bonne santé, participer à la vie de l’entreprise (Panet & Duray-Soundron, 2008).
Si les fonctionnements traduisent les « états et actions » d’un individu (Stiglitz et al., 2009, p. 46), en revanche les capabilités correspondent « à la capacité d’un individu à être et faire ce à quoi il aspire » : elles représentent les différentes combinaisons de fonctionnements effectivement réalisables auxquels les personnes accordent de la valeur dans un environnement donné mais aussi les différentes combinaisons de fonctionnements possibles dans un environnement différent (Salais, 2009). Il s’agit donc « d’une forme de liberté, c’est-à-dire la liberté substantielle de mettre en œuvre diverses combinaisons de fonctionnements (ou pour le dire de façon plus concrète, la liberté de mener des modes de vie divers) » (Sen, 2003, p. 106).
L’accroissement de leurs possibilités de choix correspond à un accroissement de leurs libertés de faire et d’être (Bryson & Merritt, 2007). Les capabilités d’un individu résultent ainsi de la combinaison de fonctionnements effectifs et de libertés réelles de choix dans tous les moments de la vie, garantissant la possibilité de développement personnel (Falzon & Mollo, 2009) c’est-à-dire « son champ des possibles » (Lambert & Vero, 2007).
Rapportée à la conception de l’organisation, l’approche par les capabilités amène à s’interroger sur les opportunités réelles dont disposent les opérateurs à réinterroger les règles. Elle place ainsi au cœur du débat la possibilité effective pour les salariés d’exprimer leur point de vue et de le faire entendre. Sont donc en jeu les procédures concrètes garantissant l’accès à la délibération, l’accès réel à l’information et la possibilité effective de peser sur la décision des nouvelles organisations. Mais cette distinction entre fonctionnement et capabilité met en exergue aussi les différences entre les individus au regard de la liberté d’agir. Deux personnes réalisant des actes identiques n’auront pas forcément le même degré de liberté réelle. Par exemple dans un contexte de pénurie ou de famine, pour une personne ne pas se nourrir, relève d’une contrainte, tandis que dans un contexte d’abondance cette personne pourra faire le choix de se nourrir ou pas. Entre la famine et le jeûne volontaire, il y a un fossé en termes de liberté réelle, que cette première distinction permet de saisir (Sen, 2010) : « Leur sous-alimentation manifeste – leur fonctionnement accompli – est tout à fait comparable ; pourtant, les capabilités de la personne aisée qui choisit de jeûner sont bien supérieures à celle de la personne qui meurt de faim involontairement par pauvreté et indigence. L’idée de capabilités est en mesure de saisir cette importante distinction puisqu’elle est orientée vers la liberté et les possibilités, c’est-à-dire vers l’aptitude réelle des gens à choisir entre différents types de vie qui sont à leur portée…» (Sen, 2010 p290). Le bien-être et la liberté ne résultent pas de l’existence de différentes options, mais bien de la possibilité réelle de choisir entre ces options (Falzon & Mollo, 2009 ; Orianne 2010).
Sen (2010) insiste sur le fait que l’approche par les capabilités indique « une base informationnelle sur laquelle se concentrer pour juger et comparer les avantages individuels globaux » (Sen, 2010, p285). Il présente l’approche par les capabilités comme une méthode d’évaluation d’ordre général qui axe la réflexion vers l’information sur les avantages individuels, jugés en termes de possibilités et non en fonction d’un projet spécifique sur la bonne façon d’organiser une société.
Dans ce cheminement de l’approche des capabilités comme support de l’évaluation du bien-être et de la liberté des individus, une commission pour la Mesure des Performances Economiques et du Progrès Social (CMPEPS) a été mise en place en février 2008 sur la demande du président de la république française, insatisfait de l’état actuel des informations statistiques sur l’économie et la société. Coordonnée par Joseph Stiglitz, Amartya Sen et Jean-Paul Fitoussi, cette commission propose une nouvelle approche de la performance par la mesure du bien-être.
Entre ressources et capabilités : une distance à parcourir
Une seconde distinction peut être faite entre les ressources et les capabilités. Les « ressources représentent les biens et services, produits ou non sur le marché, dont dispose une personne. Pour Sen (Sen, 2003), ces ressources ne sont pas considérées pour elles-mêmes mais par rapport aux fonctions qu’elles sont à priori appelées à remplir. Les revenus perçus sur le marché du travail, les transferts sociaux, les dons ou cadeaux, ainsi que toutes les marchandises et prestations de services auxquelles les individus ont accès, sont englobés dans la notion de ressources. De façon plus globale les droits formels accordés aux individus (le droit à l’éducation, à la liberté d’opinion, à la sécurité sociale, etc.) peuvent être autant de ressources mobilisables dans le cours de l’action (Bonvin & Farvaque, 2007). Bonvin (2005) résume cette idée en parlant de « ressources pour l’action ».
Mais entre la possession ou la disponibilité de ces diverses ressources aux droits formels et la liberté réelle des personnes, il y a une distance importante. Si nous considérons par exemple le droit de vote, d’après Sen ce concept est vide de sens si les conditions qui transforment le droit de vote en capabilité ne sont pas remplies : « ce qui a du sens, c’est la capabilité de voter, qui présuppose l’accès à l’éducation, l’existence de partis politiques, la liberté de parole et de presse, une organisation efficace (transports) et équitable des élections » (Falzon, 2010, p. 61).
Ainsi le droit de vote n’est-il effectif qu’à la condition de pouvoir le « convertir » en capabilité de voter ce qui présume l’existence de nombreux éléments : un niveau d’éducation convenable pour tous, un accès assuré et impartial à l’information politique, une organisation efficace des processus électoraux. En conséquence, dans un pays donné, il peut y avoir un droit formel de vote pour tous et une capabilité réelle de voter très hétérogène selon les individus. L’objectif des pouvoirs publics devrait consister à ce que les personnes soient égales en capabilités, pas seulement en droits formels ou en ressources économiques (Falzon, 2006).
L’approche par les ressources ne suffit pas à définir la notion de capabilités car elle n’aborde pas d’information précise sur la manière dont les individus peuvent effectivement convertir leurs ressources en fonctionnements de valeur. Afin de dépasser ces limites, Sen introduit un levier théorique essentiel : la prise en compte des « facteurs de conversion ».
Les facteurs de conversion : un levier essentiel
Les facteurs de conversion (conversion factors) correspondent à l’ensemble des facteurs qui facilitent (ou entravent) la capabilité d’un individu à faire usage des ressources à sa disposition pour les convertir en réalisations concrètes (Fernagu Oudet, 2012a). Dans la vision du facteur de conversion facilitateur il pourrait être assimilé au rôle que joue le catalyseur dans une réaction chimique c’est-à-dire un élément qui favorise ou même qui provoque cette réaction.
Trois types de facteurs de conversion, de natures diverses, peuvent être distingués d’après Bonvin & Farvaque (2007) reprenant les travaux de Robeyns (2003, 2005) :
des facteurs strictement personnels : l’aptitude intellectuelle, le sexe, l’âge, les caractéristiques physiques, etc.,
des facteurs sociaux : normes sociales et religieuses, rôles et statuts, stéréotypes sociaux discriminants, etc.
ou encore des facteurs externes ou environnementaux : opportunités géographiques, institutionnelles, politiques ou culturelles.
Bryson & Meritt (2007), s’appuyant sur un programme de recherche intitulé «Développement des capacités6 humaines : institutions de l’emploi, organisations et individus» réalisé à l’université Victoria de Wellington en Nouvelle-Zélande, étudient l’influence que les individus, les organisations et les institutions exercent les uns sur les autres en matière de développement des capabilités et élaborent un cadre permettant de comprendre le développement des capabilités dans le contexte d’organisations données.
Le projet a utilisé une approche multiniveaux en introduisant la notion d’ensemble de capabilités dans la recherche empirique. Cela signifie que la recherche porte sur les capabilités individuelles dans le contexte élargi d’un réseau de connexions entre organisation, industrie et région géographique, autant de facteurs considérés comme influençant le développement des capabilités. Leur analyse repose sur trois études de cas 7 menées chez un fabricant de produits de consommation courante, dans une industrie du vin et de fabrication de meubles. Les conclusions de leur recherche concernent les moteurs, les éléments contributifs et les freins au développement des capabilités.
Les auteurs classent les commentaires sur le développement des capabilités (issus des entretiens) en trois catégories :
les moteurs : facteurs qui catalysent activement le développement des capabilités ;
les éléments contributifs : facteurs qui soutiennent le développement des capabilités mais qui sont incapables de déclencher un processus de développement sans la présence d’un moteur ;
La dimension collective de la liberté
Les organisations syndicales dans les entreprises, les partis politiques, les groupes d’acteurs sociaux (les CHSCT, les associations de patients…) représentant des personnes dans un contexte donné (l’entreprise, l’hôpital…), les institutions, jouent un rôle croissant dans la politique de gestion des entreprises comme dans l’action publique. Il est à remarquer, de tout temps, que gagner la liberté de faire les choses auxquelles nous apportons de la valeur, est rarement quelque chose que nous pouvons accomplir seul (Evans, 2002).
Ainsi le regroupement des individus fournit une arène pour la formulation de valeurs et des préférences partagées entre les individus et apparait comme une étape essentielle pour faire entendre sa « voix ». Il participe à la mise en œuvre d’une action collective grâce à laquelle le changement peut être envisagé et opéré. Pour illustrer ces propos, Evans reprend un des cas préférés de Sen, l’Etat indien du Kerala (Evans, 2002) : Sen souligne la capacité des services sociaux du Kerala à transformer les comportements des individus en matière de reproduction de façon non coercitive, sur la base de beaucoup de discussions et de débats. Ce qu’il ne met pas en évidence, est la mesure dans laquelle ce climat de discussion et de débat s’est construit sur la base d’un ensemble de mobilisation très important des organisations politiques et syndicales. Ces vecteurs organisationnels ont rendu possible la mise en œuvre des processus délibératifs qui à leur tour ont rendu possible le changement.
De nombreux exemples, dans des domaines différents, ont montré comment l’action collective au travers du collectif a été source de réussite et de développement de l’individu : le développement professionnel au travers du collectif (Corteel & Zimmermann, 2007), l’association de défense de l’auto-emploi de femmes en Inde pour défendre leurs droits et leurs libertés de travailler (Stewart, 2005), l’exemple du dispositif des « îlots caisses » dans un hypermarché (Ferreras, 2008)…
Dans un effort de clarification du concept de capabilités collectives, Ferreras (2008) propose la notion de « dimension collective de la liberté » en réservant le mot « liberté » à la liberté individuelle et en soulignant qu’elle est rendue possible grâce à la dimension collective de l’action. Deux points précis soutiennent son approche : « primo, c’est grâce à sa coordination autrui que l’individu est porteur de certaines capabilités (appelées dans ce cas « capabilités collectives »), secundo, sans intégrer dans l’analyse cette dimension collective de la liberté, on ne peut rendre compte de manière complète de ce qui rend effectivement réelle la liberté individuelle, enregistrée au travers des accomplissements individuels. Ce sont, au final, ces deux faces, tant individuelle que collective de l’action, qui permettent la liberté de l’individu » (Ferreras, 2008, p287).
Dans l’exemple de l’état indien du Kerala, c’est bien l’articulation à autrui et le développement de ces moyens d’action collective qui ont joué un rôle fondamental dans l’expansion de la liberté individuelle. Il paraît nécessaire alors d’aborder l’ensemble des capabilités, non seulement de l’individu (ce que fait Sen) mais également du groupe, du collectif « car c’est bien cet ensemble d’individus, contingent et situé, qui est le véhicule de certains accomplissements (achieved functionings) ; sans lui, la liberté individuelle n’est pas la même, sans lui, certains accomplissements individuels seraient impossibles car c’est lui qui est le siège de certaines capabilités dont dépend la réalisation de ces accomplissements individuels ». (Ferreras, 2008, p288).
Les capabilités collectives : des éléments de compréhension
Un certain nombre de nouveaux termes ont été introduits pour caractériser ce nouveau type de capabilités, telles que les capabilités du groupe (Stewart, 2005) ; les capabilités collectives (Evans, 2002 ; Kabeer, 2003 ; Ibrahim, 2006 ; Ballet et al, 2007) ; les capabilités relationnelles (Dubois et al, 2008) et les capacités externes (Foster & Handy, 2009).
Le terme capabilités collectives a été proposé par Peter Evans dans son article « Collective Capabilities, Culture, and Amartya Sen’s Development as Freedom » (Evans, 2002). Les capabilités collectives ne sont pas uniquement la somme ou la moyenne des capabilités individuelles (Stewart, 2005). Elles résultent de la combinaison des capabilités individuelles, qui, elles-mêmes, résultent de l’interaction entre les différents agents ou membres.
Elles sont le résultat de l’exercice de l’action collective dont les bénéfices reviennent à l’individu et au collectif et ne pourraient pas être atteintes par un individu seul (Ibrahim, 2006). Elles retracent ainsi la capabilité d’action collective finalisée, autonome et intentionnelle d’un groupe de personnes, d’une organisation ou d’une institution : des acteurs sociaux.
En introduisant le lien social, c’est-à-dire la raisonnabilité qui s’appuie sur les capabilités sociales de l’individu puis sur sa responsabilité vis-à-vis de l’autre, l’individu passe de l’agent à l’acteur social. Vernant (2005) définit l’agent comme un être possédant quatre caractéristiques : « la réflexivité (sa capacité d’avoir conscience de soi, des autres et des mondes) ; la rationalité (sa capacité d’agir à partir d’une planification réglée) ; la finalité (sa capacité d’agir selon des fins et des valeurs) ; la coopérativité (sa capacité de participer à une action collective supposant la mise en œuvre d’une stratégie commune ». (Vernant, 2005, p36). L’agent est un individu autonome qui effectue des choix rationnels avec une finalité donnée, finalité qui peut aller au-delà de son propre intérêt. L’acteur social, lui, est un agent inséré dans un réseau social, qui est capable d’agir de façon raisonnable c’est-à-dire en tenant compte du lien social, pour atteindre un objectif commun ou partagé avec d’autres et être partie prenante de choix organisationnels, institutionnels, politiques. Ceci peut l’amener à se sentir responsable vis-à-vis d’autrui. Le concept d’acteur social élargit ainsi le concept d’agent9, car par sa raisonnabilité et sa responsabilité, il peut augmenter et dépasser la panoplie des choix rationnels.
Au travers de l’ouvrage « Repenser l’action collective : une approche par les capabilités collectives » (Dubois et al, 2008), les travaux exploratoires qui sont présentés permettent de définir et d’affiner le concept de capabilités collectives :
  Il apparait que la notion de « responsabilités des acteurs sociaux » est une condition de renforcement des capabilités des acteurs sociaux, que celles-ci soit individuelles ou collectives. Grâce aux capabilités individuelles et sociales, l’expression de l’agencéité
L’agent social est un individu autonome qui effectue des choix rationnels avec une finalité donnée. Une finalité qui va au-delà de son intérêt propre. Le concept d’agent élargit donc le concept d’individu rationnel tourné vers son propre intérêt. En anglais, le terme ‘agent’, plus générique qu’en français, recouvre aussi souvent celui d’acteur social. collective est favorisée par les personnes ; qui génère à son tour des capabilités collectives débouchant sur l’action collective.
Dans l’expérience des groupes d’entraide communautaires des populations pauvres du Delta en Egypte, Ibrahim (2008) montre comment le regroupement des acteurs sociaux autour d’un projet commun et partagé « le développement de leur communauté par la mise en place d’une responsabilité sociale partagée» a permis d’entreprendre avec succès des actions collectives fructueuses : création de services sociaux et d’écoles, construction d’une station de chemin de fer et amélioration des soins aux groupes sociaux vulnérables. L’initiative des groupes d’entraide a été portée par deux jeunes diplômés égyptiens originaires de cette communauté. Ils croyaient en l’idée qu’ils pouvaient avec les membres de leur communauté améliorer leurs propres conditions de vie sans attendre l’aide du gouvernement. Ils ont créé un projet d’élevage de poulet et développé cette société au sein de la communauté en reversant une partie des bénéfices au développement de la communauté. Pour ces deux diplômés, leur volonté était d’augmenter leurs propres conditions de vie mais c’est bien le souhait de la recherche de l’amélioration collective des conditions de vie qui a permis, à travers l’expression de l’agencéité collective, la réalisation des objectifs recherchés : développer le bien-être, développer leur autonomie, développer leur liberté…
  Le « capital social » a un rôle central dans le développement des capabilités et des agencéités collectives. Le capital social, défini initialement par Bourdieu (cité par Panet et Duray-Soundron, 2008) est l’ensemble des relations « sociales utiles », ce qui renvoie aux réseaux sociaux qui peuvent être mobilisés par les individus et les groupes pour mener à bien des actions et des stratégies individuelles et collectives dans le cadre de leur trajectoire professionnelle et sociale. Il conditionne l’accès aux ressources et permet une approche dynamique de la relation entre individus et structures sociales. Alors que pour Bourdieu le capital social est un bien individuel détenu par une élite comme objet de domination (Worms, 2006 ; Putman, 2002) associe ce concept à un bien collectif. Il définit le capital social comme les réseaux de communication, d’appartenance, utilisés par les individus pour produire en commun une utilité collective et des valeurs (normes et représentations) partagées auxquelles ils se référent (pour produire en commun). C’est une composante essentielle de toute société et de tout groupe humain, ce que Putman appelle un « social glue ».
Le capital social peut être décliné suivant différentes dimensions (Worms, 2006) : la forme et la densité des réseaux relationnels (formels, informels, organisés, diffus, liens forts, liens faibles) l’orientation (tournés vers l’extérieur ou l’intérieur) et les fonctionnalités des réseaux de relations (bonding social capital, bridging social capital, linking social capital).
Worms (2006) précise que le capital social n’est pas une donnée statique : « C’est une ressource sociale dynamique, inséparable de son utilisation et c’est précisément cette dynamique d’usage qu’il est important de saisir » (Worms, 2006 pp 226).
Par exemple, dans le travail, l’accomplissement de toutes sortes de tâches est très fortement lié aux relations sociales et aux structures relationnelles des membres de l’entreprise. Dans le travail en équipe, la négociation ou la délibération des règles, demandent d’échanger toutes sortes de ressources pour les opérateurs qui participent à cette action collective. Ces ressources sont constituées des moyens utiles aux fins individuelles et collectives : l’information, la bonne volonté des collèges, le conseil, ou encore des ressources sans lien direct avec le processus de production comme le soutien émotionnel (Lazega, 2006). Pour participer aux efforts collectifs (et en bénéficier) les membres doivent compter sur l’existence dans leurs réseaux de relations, de sous-structures relationnelles, dont le rôle est de les aider à coopérer et à échanger de manière régulière, durable et adaptée à leurs objectifs collectifs (Friedberg, 1997). Ces sous-structures relationnelles témoignent de l’existence de processus sociaux. Le fonctionnement de ces processus sociaux peut être considéré comme un atout collectif. Ils constituent « le capital social collectif, c’est-à-dire un capital social différent du capital relationnel des membres individuels de ce collectif » (Lazega, 2006, pp214). Ils ne renvoient pas à l’addition ou à la soustraction de relations ou de ressources mais reposent sur une reconstitution des ressources et de leur interdépendance. Ils facilitent l’action collective et permettent le développement de la capacité de l’action collective (une ressource pour l’action) et des capabilités collectives.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

REMERCIEMENTS
RESUME
RÉSUMÉ EN ANGLAIS
LISTES DES TABLEAUX
LISTES DES FIGURES
INTRODUCTION ET CONTEXTE DE LA RECHERCHE
1. L’INTERVENTION ERGONOMIQUE SOUS LE PRISME DU DEVELOPPEMENT 15
2. LE CONTEXTE DE L’INTERVENTION
2.1. La chirurgie ambulatoire : laboratoire de changement à l’hôpital
2.1.1. La chirurgie ambulatoire : une définition
2.1.2. La chirurgie ambulatoire : un concept de soin innovant
3. L’INTERVENTION ERGONOMIQUE DANS UN PROJET DE TRANSFORMATION DE L’ORGANISATION : DEVELOPPER LES INDIVIDUS, LES COLLECTIFS ET LES ORGANISATIONS
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE
CHAPITRE 1. DES CAPABILITES INDIVIDUELLES AUX CAPABILITES COLLECTIVES DES ACTEURS SOCIAUX
1. L’APPROCHE DES CAPABILITES : AU SERVICE DE LA LIBERTE DE L’INDIVIDU
1.1. Le choix social comme fondement théorique
1.2. Des droits d’accès à l’approche par les capabilités
1.3. De l’approche par les capabilités aux libertés réelles
2. CONCEPTS FONDATEURS DE L’APPROCHE PAR LES CAPABILITES : FONCTIONNEMENT, CAPABILITE ET RESSOURCES
2.1. Fonctionnements et capabilités : le pouvoir faire et le pouvoir être de l’individu
2.2. Entre ressources et capabilités : une distance à parcourir
2.3. Les facteurs de conversion : un levier essentiel
3. AU-DELA DE SEN : AGENCEITE, DIMENSION COLLECTIVE DE LA LIBERTE INDIVIDUELLE ET CAPABILITES COLLECTIVES
3.1. La notion d’agencéité
3.2. La dimension collective de la liberté
3.3. Les capabilités collectives : des éléments de compréhension
4. POUR CONCLURE : DES CAPABILITES COLLECTIVES A L’ACTIVITE COLLECTIVE
CHAPITRE 2. L’ACTIVITE COLLECTIVE : TEMOIN DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’AGENCEITE COLLECTIVE ET MOTEUR DES CAPABILITES COLLECTIVES 
1. LE TRAVAIL COLLECTIF RESSOURCE POUR L’AGENCEITE COLLECTIVE ET L’EFFICACITE DE L’ACTION COLLECTIVE
1.1. Les différentes formes du travail collectif
1.1.1. La co-activité
1.1.2. La co-action
1.1.3. La coopération
1.1.4. La collaboration
1.1.5. L’aide et l’entre-aide
1.2. La présence de tous dans l’activité de chacun : ressource essentielle au travail collectif
1.2.1. La synchronisation cognitive : la construction de connaissances et de références communes
1.2.2. La synchronisation opératoire : la coordination des actions à réaliser
1.3. Pour conclure : le comment et le pourquoi du travail collectif
2. LES COLLECTIFS DE TRAVAIL PENSES COMME RESSOURCE POUR LES CAPABILITES COLLECTIVES
2.1. Le collectif métier : une référence en ergonomie
2.2. Vers de nouvelles formes de collectif de travail : collectif transverse versus opérateur collectif
2.3. Les conditions d’émergence et de développement d’un opérateur collectif
2.3.1. Des espaces de délibération : possibilité effective de faire mieux ensemble
2.3.2. Du temps pour établir des relations de confiance
2.3.3. Des marges de manœuvre : soutien à la reconnaissance des compétences et de la qualité du travail de l’autre
3. L’ACTIVITE COLLECTIVE : POUR LE DEPLOIEMENT DE L’AGENCEIETE COLLECTIVE ET L’EMERGENCE DES CAPABILITES COLLECTIVES
3.1. L’activité collective : couplage du travail collectif et du collectif de travail
3.2. L’activité collective conjointe : zone construite entre des systèmes d’activités en interaction
3.3. Vers un développement de l’activité collective : déploiement de l’agenceiété collective et émergence des capabilités collectives
DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE
CHAPITRE 3. PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
CHAPITRE 4. LE TERRAIN DE RECHERCHE
1. LA « CHIRURGIE AMBULATOIRE » : UN PROCESSUS ORGANISATIONNEL COMPLEXE
1.1. Le processus de chirurgie ambulatoire au CHU de Toulouse
1.2. Les trois étapes clés du processus de chirurgie ambulatoire
1.2.1. La sélection des patients : les critères d’éligibilité
1.2.1.1. Critères de sélection médicaux et chirurgicaux (ANAP, 2012)
1.2.1.2. Critères de sélection psycho-sociaux et environnementaux (ANAP, 2012)
1.2.2. L’appel de la veille
1.2.3. La sortie du patient
2. LA CHIRURGIE AMBULATOIRE AU CHU DE TOULOUSE : DES CHOIX INSTITUTIONNELS
2.1. Les unités de chirurgie ambulatoire : des structures autonomes-intégrées
2.2. Le fonctionnement des unités de chirurgie ambulatoire
2.3. Des unités de chirurgie ambulatoire à l’activité chirurgicale multidisciplinaire
CHAPITRE 5. LA METHODOLOGIE DEPLOYEE : UNE COMBINAISON DE METHODES
1. LES OBSERVATIONS IN SITU
1.1. Les observations ouvertes
1.2. Les observations systématiques
1.2.1. La première phase d’observation
1.2.2. La seconde phase d’observation
2. DES ENTRETIENS SEMI-DIRECTIFS REALISES AUPRES DES PROFESSIONNELS ET DES PATIENTS
2.1. Le protocole d’entretien
2.1.1. Les entretiens menés auprès des patients
2.1.2 . Les entretiens menés auprès des professionnels
2.2. Mise en œuvre pratique
2.2.1. Les entretiens avec les patients
2.2.2. Les entretiens avec les professionnels
2.3. Méthodes d’analyse des entretiens
3. LA MISE EN ŒUVRE D’UN PROBLEME DE SIMULATION : L’ANALYSE DES CRITERES D’ELIGIBILITE EN CHIRURGIE AMBULATOIRE
3.1. La construction des cas fictifs
3.2. Mise en œuvre
3.3. L’analyse des données expérimentales
4. LA MISE EN ŒUVRE D’UNE CONCEPTION PARTICIPATIVE : CONSTRUIRE COLLECTIVEMENT LE TRAVAIL
4.1. Construire un système partagé : simuler collectivement le processus réel
4.1.1. La verbalisation conjointe à l’activité réelle simulée
4.1.2. L’utilisation d’aides au rappel constructifs de l’activité : les situations d’action dynamiquement évoquées dans l’interaction et les demandes de clarification par questionnement
4.1.2.1. Introduction de situations d’action dynamiquement évoquées dans l’interaction au cours de la phase de construction du processus
4.1.2.2. L’introduction de demandes de complément et de clarification des données
4.2. Analyser collectivement l’existant et décider des objectifs à atteindre
4.3. Concevoir collectivement des solutions de l’activité future
4.3.1. Favoriser l’émergence de solutions multiples : la recherche de solutions en sous-groupes
4.3.2. Le rôle de l’argumentation dans l’activité de conception
5. VALIDATION DES DONNEES
TROISIEME PARTIE : PARTIE EMPIRIQUE
CHAPITRE 6 : ANALYSE DE L’ACTIVITE ET DIAGNOSTIC
1. DES REPRESENTATIONS DIFFERENTES D’UNE SITUATION COMMUNE
1.1. La chirurgie ambulatoire : un débat autour de la notion de « pour ou contre »
1.1.1. Le point de vue des patients
1.1.2. Le point de vue des professionnels
1.2. Au-delà des critères : qu’est-ce qu’un patient éligible ?
1.2.1. Caractéristiques générales des raisonnements observés
1.2.1.1. La compréhension des critères chirurgicaux : la mise en évidence d’un collectif métier
1.2.1.2. La compréhension des critères sociaux : une interprétation personnelle
1.2.1.3. Le choix d’une chirurgie ambulatoire : une prise de décision ambigüe
2. LE PROCESSUS DE CHIRURGIE AMBULATOIRE : DES SYSTEMES D’ACTIVITE QUI COHABITENT
2.1. Des patients attentifs à l’organisation ambulatoire
2.2. Une organisation du travail orientée spécialités plutôt qu’ambulatoire
2.2.1. Une coordination des équipes difficiles
2.2.2. Un parcours discontinu : des récupérations d’aléas
2.2.2.1. Le dossier de chirurgie ambulatoire
2.2.2.2. L’appel de la veille
3. DISCUSSION DES RESULTATS DU DIAGNOSTIC
4. QUELLES CONSEQUENCES POUR LA TRANSFORMATION DE L’ORGANISATION ?
CHAPITRE 7. CONCEVOIR COLLECTIVEMENT UNE ORGANISATION EN CHIRURGIE AMBULATOIRE : L’ACTIVITE COLLECTIVE RESSOURCE DU DEVELOPPEMENT
1. LA CONSTRUCTION SOCIALE DU PROJET « DEVELOPPEMENT COLLECTIF DE LA CHIRURGIE AMBULATOIRE »
1.1. L’objectif du projet : développer collectivement une organisation de chirurgie ambulatoire
1.2. La communication sur le projet « Développement de la chirurgie ambulatoire »
1.2.1. L’implication des pôles dans le projet
1.2.2. Mise en place d’un comité de pilotage
1.3. Les acteurs du projet « Développement de la chirurgie ambulatoire »
2. LE ROLE DE L’EQUIPE D’ANIMATION : CONDUIRE L’ACTION ET LA REFLEXION SUR L’ACTION
2.1. Construire le contenu des réunions
2.2. Animer, alimenter et soutenir les débats
2.3. Les moments réflexifs sur l’action de conception
2.3.1. La nécessité d’une synchronisation cognitive pour un travail collectif de coanimation
2.3.2. Une démarche itérative entre réflexion et construction
2.3.3. Analyse réflexive de la pratique de l’ergonome
3. LA CONSTRUCTION COLLECTIVE DES PRATIQUES PRESENTES ET FUTURES
3.1. Définir un cadre participatif lisible et explicite pour chaque participant
3.1.1. Soutenir la démarche par un engagement institutionnel
3.1.2. Etre transparent pendant et après les réunions
3.1.3. La contractualisation des règles de fonctionnement du groupe : préalable à l’engagement des participants au projet collectif
3.2. Le partage du diagnostic : une première mise en commun des résultats pour comprendre ensemble 224
3.3. Un outil d’aide à la synchronisation cognitive des participants : construction des séquences du processus de chirurgie ambulatoire
3.3.1. La nécessité des participants de s’ajuster sur les notions de besoin, comment, résultat pendant la phase de préparation
3.3.2. La constitution des sous-groupes : une configuration collectif métier et collectif transverse
3.3.2.1. Les sous-groupes du type « activité » : une ressource pour générer des comportements coopératifs
3.3.2.2. Les sous-groupes du type « métier » : une ressource pour harmoniser les pratiques
3.3.3. Le rôle de l’ergonome dans la phase de préparation : mobiliser les ressources
3.4. La cartographie du processus réel pour mieux comprendre ensemble : développement conjoint d’une culture collective et d’une analyse de l’activité réelle
3.4.1. La construction d’un artefact : ressource au développement de l’activité collective conjointe
3.4.2. Le rôle de l’ergonome : mobiliser les ressources dans la construction
3.4.3. L’émergence de différence : une ressource pour l’analyse collective de l’activité réelle et la construction de l’activité future
3.4.1.1. L’utilisation de situations d’action dynamiquement évoquées : un moyen pour atteindre un objectif différent entre l’ergonome et les participants
3.4.3.2. L’émergence d’un collectif de travail transverse
3.5. Le développement de l’agencéité collective : décider des objectifs à atteindre collectivement
3.6. Formaliser l’activité future et confronter les solutions
3.6.1. L’émergence de solutions multiples
3.6.2. Conception collective de l’activité future : la recherche de solutions consensuelles
3.6.3. Le rôle de l’ergonome : transformer les capabilités en action
3.7. Les résultats de l’intervention
DISCUSSION GENERALE
1. POUR UNE INTERVENTION ERGONOMIQUE CAPACITANTE
1.1. Le diagnostic : la première étape à la construction d’une intervention capacitante
1.2. Construire socialement l’intervention versus implication des parties prenantes
1.3. Conduire le changement : proposition de méthodologie et rôle de l’ergonome
2. LA GENERALISATION DE LA METHODOLOGIE
3. QUEL ROLE POUR L’ERGONOME DANS UNE INTERVENTION CAPACITANTE ?
3.1. L’ergonome : un facteur de conversion dans la transformation de l’organisation
3.2. L’intervention une ressource pour développer le potentiel d’actions de l’ergonome : modélisation d’une forme outillée de la pratique réflexive de l’ergonome
BIBLIOGRAPHIE

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *