Concepts et champs disciplinaire infirmier
Ancrage disciplinaire :
métaparadigmes et savoirs infirmiers Dans la seconde partie de la problématique, nous allons démontrer la pertinence pour la discipline infirmière de notre question de départ en établissant des liens entre celle-ci et les quatre concepts du métaparadigme infirmier ainsi que les modes de savoirs de la discipline. Tout d’abord, la discipline infirmière, telle qu’elle fut définie par Pépin et al. (2010), s’intéresse aux soins prodigués aux patients, aux familles et aux communautés qui sont en train de vivre des expériences de santé. Cette discipline concerne plus précisément les comportements des individus en interaction avec leur environnement dans les situations difficiles de leurs vies (Donaldson & Crowley, 1978). Afin de mieux délimiter les contours de la discipline, Fawcett (1984) a défini quatre concepts qui constituent le métaparadigme infirmier ; l’être humain, la santé, l’environnement et les soins infirmiers. Ainsi, la détermination de ces quatre concepts clefs va nous permettre de cibler notre champ d’action. Nous allons approfondir ces quatre concepts et établir des liens concrets avec notre question de départ, qui, comme nous l’avons énoncé précédemment, concerne le développement d’une communication adéquate avec les populations migrantes rencontrées dans les milieux de soins.
Concept du métaparadigme « être humain » : Cette première notion se caractérise par une conception du patient en tant qu’être humain. Il s’agit d’éviter de définir un patient par sa maladie et de prendre conscience de la singularité de la prise en charge que nécessite chaque bénéficiaire de soins (Basford & Slevin, 2003). Le respect de l’autre, qui adhère au concept de bientraitance, est une valeur que prônent la plupart des soignants et qui apparaît au centre même de l’éthique de la profession. Selon Berthel (2006), la bientraitance est définie comme étant le fait d’apporter à chacun les soins qui lui conviennent le mieux et de personnaliser la prise en charge. Nous en déduisons qu’il existe une corrélation forte entre ce concept du métaparadigme et la bientraitance qui est la thématique principale de notre travail. Adapter la prise en charge au patient nécessite un recueil de données complet et une connaissance de son histoire de vie.
Cependant, dans certaines situations de patients migrants, il est difficile d’imaginer la manière appropriée d’aborder la personne à cause de plusieurs facteurs, tels qu’une incompréhension à cause de la langue ou encore une mauvaise interprétation des attitudes du patient. A titre d’exemple, nous savons que dans certaines cultures le contact visuel entre deux personnes est nettement moins sollicité que dans d’autres. De ce fait, il est facilement compréhensible qu’avec de telles différences une mauvaise interprétation du non verbal du patient ou du soignant puisse affecter la prise en charge. Ainsi, dans une perspective interculturelle, il semble d’autant plus essentiel d’adapter les soins et surtout la communication au patient qui se trouve en face de nous. Une mauvaise compréhension dans la relation soignant-soigné va aboutir à des soins moins efficaces et à un sentiment de la part du patient de ne pas être considéré comme une personne humaine et singulière. Pour conclure avec ce premier concept du métaparadigme, celui-ci est étroitement lié à la bientraitance de par le respect du patient et de sa singularité qui se trouvent au coeur-même des raisons qui nous ont poussées à retenir cette thématique.
Concept du métaparadigme « santé » : La santé fut définie par l’OMS (1946) comme étant « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Ce concept se révèle multidimensionnel et propose une approche globale du patient, qui va nous permettre de nous intéresser à la fois aux aspects physiques, psychiques et sociaux. Cependant, encore au début du 19ème siècle, la santé se définissait par l’absence de maladie et on soignait dans une approche positiviste-hygiéniste où on entreprenait l’action pour le patient plutôt que de l’accompagner. Il est regrettable de constater que, de nos jours, encore énormément d’institutions fonctionnent avec ce mode de pensée et ne sont pas suffisamment attentives aux problèmes psychiques et sociaux du patient. Ce phénomène est d’autant plus présent quand il s’agit de patients avec qui nous éprouvons des difficultés à entrer en relation, comme les personnes de cultures différentes.
Ainsi, la personne immigrée pourrait se sentir rejetée et non considérée comme les autres patients, ce qui aura des répercussions sur son moral. Etre bientraitant avec une communication efficiente signifie justement prendre en compte tous les aspects de la santé (bio-psycho-social) et accompagner le patient pour définir ses problèmes. Il est donc primordial, dans une vision de bientraitance, de tenir compte du bien-être du patient au sens large et de tous les aspects qui peuvent nuire à sa santé.
Concept du métaparadigme « environnement » : Ce concept du métaparadigme réunit tous les aspects de l’environnement physique ou social de l’individu. Dans un premier temps, prenons l’environnement physique qui représente l’espace dans lequel évolue le patient. En tant que soignant, nous avons la capacité d’agir sur cet environnement en améliorant la chambre du patient (décoration, luminosité…) et en rassemblant des objets convoités par le patient. A titre d’exemple, nous savons que dans certaines religions ou coutumes, l’espoir de guérison est placé en un objet clef qui aura une signification importante pour le patient (croix chrétienne, poupée vaudou…). Dans ces situations, la communication apparaît comme un aspect primordial dans la profession infirmière car elle va permettre de découvrir et d’intégrer les croyances du patient. Si le bénéficiaire de soins, pour favoriser sa guérison, garde un objet qui a beaucoup d’importance pour lui, nous devons connaître les sentiments du patient vis-à-vis de celui-ci afin de ne pas interférer dans ses émotions et croyances.
En second lieu, l’environnement social qui constitue les relations humaines est un concept sur lequel nous pouvons également agir grâce à notre profession. Il se peut qu’un patient d’origine étrangère arrivé depuis peu de temps dans le pays hôte compte peu de relations sociales et a un entourage plus restreint. Bien que cela reste une hypothèse, ce patient pourrait se sentir seul et abandonné. Notre rôle infirmier, dans cette situation, consistera à accompagner le patient et à lui apporter du soutien. En favorisant, par notre appui, l’environnement social de la personne, nous allons permettre un meilleur rétablissement de sa santé. De plus, un patient immigré habitant dans un pays étranger à celui où il a grandi va devoir s’habituer à une nouvelle façon de vivre et à de nouvelles normes sociales. De ce fait, il sera contraint de changer quelque peu son mode de vie et pourra se sentir perdu. En résumé, nous possédons les capacités d’agir sur l’environnement physique et social du patient d’origine étrangère à condition d’entrer en communication avec lui, de l’écouter et d’accepter ses croyances et ses coutumes.
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Table des matières
Chapitre 1 : Introduction
Chapitre 2 : Problématique
2.1 Choix de la problématique
2.2 Ancrage disciplinaire : métaparadigmes et savoirs infirmiers
2.3 Revue exploratoire
2.4 Concepts retenus
2.5 Perspectives et propositions pour la pratique :
Chapitre 3 : Concepts et champs disciplinaire infirmier
3.1 Présentation des concepts
3.2 Développement du modèle de Purnell :
Chapitre 4 : Méthode
4.1 Détermination des mots-clés selon la méthodologie PICO(T)
4.2 Elaboration de la question de recherche
4.3 Critères de sélection des articles
4.4 Identification des descripteurs et sélection des articles
4.5 Description des stratégies de choix des articles
4.6 Analyse des articles selon la grille de Fortin (2010)
Chapitre 5 : Synthèse des résultats et discussion
5.1 Synthèse des résultats des articles
5.2 Discussion des résultats
5.3 Perspectives et propositions pour la pratique
Chapitre 6 : Conclusion
Chapitre 7 : Références
Chapitre 8 : Annexes
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