Concepts de base en économie numérique
Généralités
L’économie traite en gros la gestion des ressources matérielles de l’humanité à l’échelle planétaire, sous segmentation en pays ou plus micro économiquement dans une approche individuelle. L’économie numérique résulte de l’utilisation prépondérante des NTIC : c’est ainsi la science d’administration de ces nouvelles technologies aux besoins individuels et collectifs. Que cela soit directement ou indirectement, le numérique constitue effectivement une dimension essentielle surtout dans l’entreprenariat moderne, l’administration, ou encore dans les loisirs et divertissements, la communication,…
Ci-après sont donc quelques définitions générales de l’économie numérique :
– Définition appropriée aux sciences économiques en général
Australian Bureau of Statistics : « L’économie numérique est l’ensemble des activités économiques et sociales qui sont activées par des plateformes telles que les réseaux internet, mobiles et de capteurs, y compris le commerce électronique.»
– Définition encyclopédique
Wikipédia : « L’économie au sens scientifique du terme est l’étude des biens immatériels qui sont par définition des biens non rivaux à coût marginal nul. »
– Définition selon Ndiaye Mbaye (homme politique)
« L’économie numérique englobe les services de télécommunication, l’audiovisuel, l’industrie du software, les réseaux informatiques, les équipements informatiques et télécoms, les services d’ingénierie informatique, les services et contenus en ligne.».
Elle intègre ainsi en partie le secteur d’activité quaternaire (selon les travaux de Colin Clarck et Alfred Sauvy) par sa plus proche définition comme la vente des services issus des recherches scientifiques et des connaissances sur le domaine de l’information. Sa particularité dans la branche du capitalisme cognitif est la combinaison d’usage de la technologie numérique et de l’information sous toutes ses formes à des perspectives économiques.
Selon l’OFS , le secteur quaternaire, celui des TIC, comprend l’ensemble des activités économiques qui produisent des biens et services permettant la numérisation de l’économie, soit la transformation des informations utilisées ou fournies en informations numériques.
Délimitation du secteur numérique
– Secteurs producteurs de STIC : opérateurs de télécoms, équipementiers télécoms, équipementiers informatiques, électronique grand public, composants systèmes électroniques, éditeurs de logiciels, logiciels de jeux, services informatiques,…
– Contenu numérique : commerce et services en ligne, internet (B2C , C2C ,…), médias et contenus en ligne,…
– Secteurs utilisateurs des TIC : banques, assurances, automobile, aéronautique, distribution, administration, loisirs-culture, e-santé , e-éducation , e-commerce , e-banking , réseaux sociaux, liens sociaux,…
Historique de la révolution numérique
La révolution numérique a réellement commencé avec la révolution d’internet. C’est un bouleversement profond des sociétés survenu globalement dans les pays industrialisés (comme l’Europe occidentale, l’Amérique du Nord, le Japon) issu de l’essor des techniques numériques, principalement l’informatique et la mise en réseau de l’information. C’est une mutation distinguée principalement par l’élaboration d’un nouveau réseau de communication à distance à l’échelle planétaire (courriels, réseaux sociaux, messagerie instantanée) parallèlement à une décentralisation de la circulation des idées.
L’élément de base du phénomène de révolution numérique est la création de l’ordinateur. Ce n’est qu’à la fin des années 1970 que les premiers ordinateurs sont produits pour être vendus à grande échelle.
L’histoire a connu trois révolutions industrielles, et certains considèrent que l’émergence de l’économie numérique représente la quatrième. La première révolution industrielle prend naissance en Grande-Bretagne et se déroule de 1760 à 1850 environ. Elle se caractérise par le passage d’un système de production agraire en milieu rural à un système de production mécanisé en milieu urbain. Au nombre des avancées technologiques importantes de cette époque, il y a par exemple la filature du coton, la machine et les navires à vapeur, les chemins de fer et le remplacement du bois par le métal (Gordon, 2015 et 2016). La Grande Bretagne voit « l’expansion (PIB réel) s’accélérer graduellement pour atteindre un rythme constant, sans être spectaculaire, les gains rapides de productivité se trouvant circonscrits dans un nombre relativement restreint de secteurs » (Crafts, 2014, p. 1). Durant cette période, le taux de croissance annuel de la productivité du travail (PIB par heure) dans ce pays se situe en moyenne dans une fourchette d’environ 0,3 à 0,6 %
La deuxième révolution industrielle, dont le début remonte à l’année 1870, s’étale grosso modo sur un siècle. Au fil du temps, les États-Unis deviennent le chef de file de cette révolution qui donne lieu à une transition vers la production, la distribution et la communication de masse. Les principales innovations nées de cette révolution comprennent l’électricité, les réseaux d’aqueduc et d’égouts ainsi que la collecte d’ordures dans les villes, le téléphone, le moteur à combustion interne, le transport aérien, les autoroutes, la radio, la télévision, le plastique, la climatisation, les gratte-ciel, les antibiotiques et les traitements permettant de réduire la mortalité infantile.
Contrairement à celle de l’ère précédente, la croissance de la productivité est alors importante et soutenue. De 1920 à 1970, le taux de croissance annuel de la productivité du travail aux États-Unis s’établit à 2,8 % en moyenne (Gordon, 2016).
La troisième révolution industrielle, qui a pour pivot les TIC, s’amorce vers les années 1960 et est menée par les États-Unis. Les progrès considérables accomplis dans les domaines de l’informatique en réseau et des télécommunications s’accompagnent d’une baisse marquée des prix du matériel et des logiciels de TIC ainsi que d’une amélioration rapide de leur qualité.
Parmi les principales innovations, signalons les percées dans la fabrication de semiconducteurs, le passage des gros ordinateurs aux ordinateurs personnels, la messagerie électronique, la télécopie, la photocopie, les documents électroniques, l’Internet, le commerce électronique, le balayage de codes à barres, les catalogues électroniques, les guichets automatiques, l’évaluation automatique du crédit et les télécommunications mobiles. La diffusion des TIC, en particulier dans les bureaux et dans les secteurs du commerce de détail et de gros, contribuera à la croissance de la productivité du travail aux États-Unis, laquelle s’établira à environ 2,5 % par année entre 1996 et 2004 (Gordon, 2015).
Dans la littérature, les avis sont partagés. Gordon (2015 et 2016), entre autres, voit les technologies numériques comme des TIC évoluées qui, en comparaison des innovations des époques antérieures, sont moins transformatrices et sont loin de disposer de la même portée pour engendrer des hausses importantes et durables de la productivité. Par contre, Schwab (2016) soutient qu’une quatrième révolution industrielle est en train de s’opérer et qu’elle changera fondamentalement les économies et les sociétés. Selon lui, il en résultera une fusion des mondes physique, numérique et biologique qui se déclinera, par exemple, sous la forme de chaînes de production hautement interconnectées ainsi que de processus semi automatiques de prévisions et de prise de décisions. Brynjolfsson et McAfee (2015) décrivent l’ère numérique comme le « deuxième âge de la machine ». Si la première ère de la mécanisation (du début de la première révolution industrielle à aujourd’hui) a été marquée par l’automatisation de tâches effectuées jusque-là manuellement, la deuxième verra l’automatisation d’une foule de tâches fondées sur le savoir et leur exécution à bon marché sur une grande échelle.
En résumé, 3 principaux tournants forment l’histoire de la révolution numérique :
– La généralisation de l’ordinateur personnel et la naissance d’internet (1980).
– L’avènement de l’internet : réseau des réseaux (1990).
– La création du Smartphone (2000).
Internet constitue donc l’objet principal de la révolution numérique. C’est sur son champ sémantique que sont alors formulées les théories principales de l’économie numérique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : PRESENTATION ET APPROCHE THEORIQUE DES IMPACTS DU NUMERIQUE
1. Concepts de base en économie numérique
a. Généralités
b. Délimitation du secteur numérique
2. Historique de la révolution numérique
3. Théories principales de l’économie numérique
a. La loi de Moore (Magazine « Electronics », 1965, Gordon E. Moore)
b. La loi de Metcalfe (Robert Metcalfe, inventeur du protocole Ethernet et fondateur de la société 3Com)
c. La loi de Reed (1999, David Reed)
d. L’économie de la longue traîne (1951, Benoît Mandelbrot ; « Wired », 2004, Chris Anderson)
e. Le paradoxe de Milgram ou effet du petit monde (1967, Stanley Milgram)
4. Les nouveaux modèles d’application de l’économie numérique
a. Plateformes multi faces
b. Modèle de première dose gratuite
c. Modèle Lead-time
d. Modèle ouvert ou collaboratif
5. Le Capitalisme cognitif
a. Présentation générale
b. Caractéristiques
6. La transformation des activités économiques
a. La déterritorialisation de l’économie : économie de proximité
b. Le marché du travail
c. La marché des finances
d. La virtualisation globale du marché des bien et services
e. L’intelligence collective issue de l’économie du virtuel
7. Conformité des théories économiques sur les impacts du numérique
a. Croissance économique exogène : le modèle de Solow (« A contribution to the economic growth », 1956, Robert Solow »)
b. Croissance économique endogène : l’innovation (J.A. Schumpeter)
c. Avantages comparatifs (D. Ricardo)
d. Asymétrie d’informations (Akerlof)
8. Analyse théorique de la croissance économique issue du numérique
a. Impacts directs
b. Impacts indirects
PARTIE II : ANALYSE EMPIRIQUE DES IMPACTS DE L’ECONOMIE NUMERIQUE
9. Constats à l’échelle mondiale
10. Etude empirique de cas : France
11. Etude empirique de cas : Suisse
12. Etude empirique de cas : Afrique
a. Caractéristiques globales
b. Classification sectorielle des impacts du numérique
c. Visions du numérique en Afrique
d. Cybercriminalité
PARTIE III : DISCUSSION
13. Résultats de l’analyse
a. Mise en évidence de l’importance d’internet et de l’information
b. Relation entre économie numérique et capitalisme cognitif
c. Démonstration de la relation entre capital humain, capital cognitif et capital numérique
14. Vérification des hypothèses
a. Augmentation de la productivité économique par rapport au temps
b. Supériorité de la productivité par rapport aux coûts
c. Dépassement des externalités négatives
15. Limites de l’étude
a. Limites en ressources et équipement
b. Limites méthodologiques
c. Limites des résultats
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
ANNEXES