Conception psychanalytique sur la tentative de suicide

On appelle « tentative de suicide » une autolyse non réussie. Plus clairement, c’est-àdire en termes accessibles à tous, il s’agit d’un acte :
– auto agressif, auto destructeur
– destiné à mettre fin à sa vie, et
– auquel le sujet survit.

REVUE DE LA LITTERATURE 

HISTORIQUE

Cette pathologie est désignée en termes :
– populaires, tentative de suicide ;
– médicaux, tentative d’autolyse ; et
– juridiques, tentative d’homicide de soi-même (1).

Elle est qualifiée, selon les auteurs :
– d’acte paradoxal et inquiétant,
– de monstruosité biologique ou
– de crime envers la nature (2) (3).

Cette négation de l’instinct de conservation est connue de longue date en France:
– le nombre de suicide s’est élevé à :
• 2000 en 1934,
• 4300 en 1943
• 6200 en 1950
• 6380 en 1951 ;

– les tentatives de suicide seraient cinq fois plus fréquentes ;
– en progression lente et continue de 1820 à 1894, la courbe marque ensuite un plateau mouvementé qui oscille entre 160 et 260 suicides annuels pour 1 million d’habitants, avec un taux moyen de 229(4) ;
– le suicide ferait perdre à la France 360 millions de francs or, soit 30 milliards de francs en 1947, et 2/3 en plus si l’on tient compte de déficit démographique (5) ;
– la pendaison est le mode le plus utilisé, représentant 38 pour cent des cas ;
– puis viennent :
• La submersion (31 pour cent),
• Les armes à feu (12 pour cent),
• L’oxyde de carbone,
• La précipitation,
• Les instruments tranchants,
• L’écrasement,
• Les barbituriques,… (6) (7) ;
– l’office mondial de statistique a démontré 160 manières de se donner la mort (8) ;
– les épidémies de suicides par le même procédé sont attribuées à la publicité qui leur est faite dans les journaux comme faits « divers » :
• Emploi de cyanure à Bue nos Aires en 1927,
• Utilisation de l’insecticide E-605 en Allemagne en 1954 (9).

CONCEPTIONS PSYCHANALYTIQUES SUR LA TENTATIVE DE SUICIDE, LE SUICIDE ET LA MORT

Le suicide et l’acte manqué

En 1901, S. FREUD évoque l’automutilation et les rapports entre actes manqués, accident inopinés et suicide et classe ce dernier sous la rubrique de la psychopathologie de la vie quotidienne. Le suicide s’intègre ainsi dans le large éventail des actes manqués :
– lapsus
– maladresse …

Un acte manqué est un acte par lequel le sujet substitue malgré lui, à un projet ou à une intention qu’il vise délibérément, une action ou une conduite totalement imprévue. L’acte soi- disant manqué est finalement réussi. Cette notion résulte du désir inconscient .L’acte manqué a un sens. Il représente l’équivalent dans l’agir au lapsus dans le langage.

a- Les méprises et les maladresses 

S.FREUD étend sa théorie aux méprises, maladresses, actions symptomatiques et accidentelles.

b- Les deux formes de suicide 

S.FREUD évoque deux suicides :
– un suicide conscient et intentionnel, et
– un suicide mi-intentionnel provoqué par une intention inconsciente. Cette intention est bien cachée et se présente comme un malheur accidentel.

Le suicide et l’école

S.FREUD aborde son analyse en indiquant les fonctions et missions de l’école : « le lycée doit faire plus que de ne pas pousser les jeunes gens au suicide ; il doit leur donner du plaisir, désir de vivre et leur offrir appui et soutien à une époque de la vie où ils sont forcés, par les conditions de leur développement, de relâcher leur lien avec la maison parentale et avec leur famille ». Il souligne donc que ces sujets sont immatures et que l’école représente un « jeu de vie ». De plus, il considère que : « le suicide manifeste la victoire de la pulsion sexuelle sur la pulsion de vie. Pour que le suicide soit possible, il faut la présence d’une régression et d’une lutte contre la résistance au suicide. Dans le suicide, la pulsion de vie est vaincue par la libido ». Le suicide serait donc une réponse à un conflit entre le moi et une pulsion envahissante. Le sujet peut avoir la sensation de ne plus être le maître même « dans sa propre vie »,il ne contrôle plus la situation et peut se sentir aux prises avec des événements qui lui semblent insurmontables.

Le deuil et la mélancolie

S.FREUD compare le deuil à la mélancolie.
– dans les deux cas, les circonstances déclenchantes sont dues à une perte. Mais :
– le deuil correspond à un processus psychique mis en œuvre après la perte d’un être cher, d’un idéal…Le deuil correspond à un état normal, non pathologique. Il s’agit d’une réaction à la mort d’être investit libidinalement. Une fois achevé le douloureux travail du deuil, le moi redevient « libre et sans inhibition » ;
-la mélancolie est définie par S.FREUD comme « une dépression profondément douloureuse, une suppression de l’intérêt pour le monde extérieur, la perte de la capacité d’aimer, l’inhibition de toute l’activité, la diminution du sentiment d’estime de soi qui se manifeste en des auto-reproches et des auto-injures et jusqu’à l’attente délirante du châtiment » ;
– la distinction entre le deuil et la mélancolie s’établit sur la présence de la mauvaise estime de soi qui n’est pas présente dans le deuil.

La relation du sujet à la mort

La pulsion suicidaire n’existe pas. L’expression disant que le suicide est le « meurtre de soi même »est, par conséquent, tout à fait adaptée.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. Revue de la littérature
I.I Historique
I.II Conception psychanalytique sur la tentative de suicide
I.II.I Le suicide et l’acte manqué
I.II.II Le suicide et l’école
I.II.III Le deuil et la mélancolie
I.II.IV La relation du sujet à la mort
I.III Diagnostic de la tentative de suicide
I.III.I Les causes prédisposantes
I.III.II Les causes déterminantes
I.III.III Les causes occasionnelles
I.IV Médecine légale du suicide ou de la tentative du suicide
I.V Le médecin devant le suicide
I.VI Traitement du suicide
DEUXIEME PARTIE
II. Notre étude
II.I Méthodologie
II.I.I Population source
II.I.II Recrutement
II.I.III Critère d’inclusion
II.I.IV Critère d’exclusion
II.I.V Variables étudiés
II.II Résultats
II.II.I Selon l’age
II.II.II Selon le sexe
II.II.III Selon la situation matrimoniale
II.II.IV Selon le niveau d’étude
II.II.V Selon l’occupation des patients
II.II.VI Selon le lieu de vie
II.II.VII Selon les antécédents
II.II.VIII Selon les circonstances d’apparition de la tentative de suicide
II.II.IX Selon les facteurs de stress
II.II.X Selon les produits de l’intoxication
II.II.XI Selon la durée d’hospitalisation
II III Nos observations
TROISIEME PARTIE
III. Discussion
III.I Du point de vue étio sémiologique
III.I.I Des données épidémiologiques
III.I.II Facteurs de risque suicidaire
III.II Sur le plan thérapeutique
III.II.I Traitement étiologique et les complications
III.II.II Traitement de la tentative de suicide proprement dite
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE

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