CONCEPTION PLATONICIENNE DE L’IMMORTALITE

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L’âme-logos chez Héraclite

La vision héraclitéenne de l’âme, logos est commune à tous les êtres. Pour cela, il est à comprendre avec évidence comment le fragment suivant justifie une telle méditation concernant l’universalité de la loi commune : « Il faut suivre ce qui est universel (je veux) dire ce qui est commun. Ainsi, la loi commune est universelle. Or, bien que cette loi détermine leur univers, la plupart vivent comme si leur intelligence avait ses loi propres » .
Le logos qu’invoque Héraclite est par excellence l’ordonnateur du mouvement de l’univers. Cependant, si profonde et complexe que soit cette loi, elle est parfois difficile à saisir, car elle n’est pas une simple parole commune. D’où l’affirmation du fragment suivant : « Or, l’éternelle vérité de cette loi n’est pas comprise par les hommes, ni avant qu’ils l’entendent pour la première fois. Et bien que l’univers, dans son devenir obéisse à cette loi, les hommes ressemblent à des ignorants q uand ils s’exercent à des paroles et à des actes pareils à ceux dont moi, distinctement, je découpe et explique ici la contradictoire. Les autres, eux, n’ont aucune conscience de leur conduite dans la veille, comme ils oublient tout ce qu’ils font dans leur sommeil. » .
D’après Héraclite, l’éternelle vérité du logos demeure incompréhensible aux hommes comme à ceux qui demeurent inconscients tant dans leur veille, aussi bien que dans leur sommeil. Pourtant, le logos est ce qui va faire sortir l’homme du monde des rêves pour le guider et l’orienter ver s le monde de la lumière. Il est réel et efficace, parce qu’il est lié au devenir et nous achemine vers la connaissance. Il questionne et justifie tout ce qui est. Il exprime la vérité de ce qui se manifeste et ce qui devient. On peut dire donc que le logos est juge et témoin de la vérité universelle, laquelle commande le mouvement du réel. Si tout devient selon une lutte des contraires, cette lutte fructueuse n’est possible que par la fonction du logos qui se caractérise par son unité de justice. A ce niveau, d’après le fragment 72, le logos gouverne le monde. C’est pourquoi , il s’abrite dans l’âme 1.
Héraclite parle ici de l’âme comme il parle du log os ou du feu. L’âme, selon Héraclite, s’assimile à l’intelligence et à la vie. Il recouvre l’âme aussi bien comme principe de vie que comme principe de pensée.
Platon, à son tour, affirme ceci : « Pensées (dianoia) et discours (logos) c’est la même chose, sauf que c’est le dialogue (dialogos) intérieur et silencieux de l’âme avec elle-même que nous avons appelé de ce nom de pensée .» .
Ainsi, la sagesse dont il est question ici, c’est la raison explicative des choses, une loi gouvernant le monde, qui est donc le Logos. L’âme lui est semblable. Car, le Logos en tant que pensée et parole, est aussi discours et dialogue.
Héraclite se déploie et se forge pour donner une grande importance à l’intellect humain, qui est une manifestation du logos. Il s’exprime ainsi : « La pensée est la plus haute vertu, la vraie sagesse est de parler et d’agir en écoutant la nature.» .
Selon Héraclite, la sagesse n’est pas l’accumulation des connaissances, qui ne rend pas intelligent. Elle consiste à reconnaître la raison comme étant la puissance qui gouverne toutes choses, laquelle nous montre l’unité foncière des choses qui ne diffèrent entre elles que comme des flammes diversement parfumées des sacrifices qui, à en juger par leur odeur, paraîtraient différentes les unes des autres. Ainsi, donc, agir selon la raison, agir selon cette loi commune que nous pouvons appeler « la nature », une nature fructueuse et merveilleuse. Elle tient les lois qui paraissent maintenir l’ordre des choses et des êtres. Elle a les forces qui semblent animer l’univers : l’univers est une cité dont les lois ne peuvent être transgressées. 1 Telle est donc la vertu de l’homme.
Le sage comprend la nécessité par laquelle toutes hosesc sont exactement ce qu’elles doivent être. Et, pourtant, quelque soitle degré de la sagesse auquel il est parvenu, l’homme doit se rappeler qu’il n’est pas l’égal de Dieu. « A côté de Dieu, l’homme est un petit enfant comme le jeune garçon à côté de l’homme » 2
L’homme n’est pas donc Dieu ; mais il est divin, en tant qu’il possède une intelligence, et sa destinée est de s’unir à l’Intelligence éternelle. Pour Héraclite, Dieu est immanent : « Dieu est jour et nuit, hiver et été, guerre et paix, abondance et famine. Il se transforme comme le feu mêlé d’aromates ».

L’âme humaine : nature et caractéristiques

L’ « âme » vient du mot latin « anima », qui signifie « souffle » ou « vie », « ce qui anime ». Et dans les Ecritures Saintes , le mot « âme » correspondant à l’hébreu « néphes » et au grec « psukhê». D’après l’usage qu’en fait la Bible, ce terme désigne, soit une personne, soit un animal , soit encore la vie qui anime l’un ou l’autre. Elle est la partie immatérielle ou spirituelle de l’être humain, qui survit à la mort du corps physique. L’âme, dit Socrate de Xé nophon, est la souveraine maîtresse du corps : de même que l’Intelligence divine gouverne l’univers, l’âme gouverne le corps et la manie à son gré3 .
Cette même idée se trouve dans le Phédon de Platon : « L’âme règne en maîtresse sur le corps, et par là se manifeste comme semblable à l’être divin ». 4
Mais ce que l’on trouve surtout dans le Phédon , c’est l’affirmation à la fois socratique et platonicienne, de l’immortalité de l’âme. Sans doute, les preuves de l’immortalité qui nous y sont exposées appartiennen-elles à Platon . Mais ce qui appartient à Socrate, autant qu’à Platon, c’est l’idée que l’âme, comme pure intelligence, a la puissance de subsister par elle – même, après la destruction du corps . L’idée capitale que l’on retrouve dans son dernier et sublime entretien est celle que l’âme, étant divine, possède une existence immortelle . Cette idée est bien celle de Socrate lui – même . Et l’on peut mêm e dire que la manière dont Socrate est mort a été l’éclatante démonstration desa croyance à l’immortalité.
Cette perspective nous permet de penser que l’âme est principe de vie. Ici, le terme de principe signifie bien commencement et fin. Par voie de conséquence, la vie dépend de l’âme. Selon Platon, , l’âme est p ar nature simple. Il considère, lui aussi, l’âme comme étant essentiellement le princip e de vie, parce qu’elle organise notre pensée et notre vie. Ce passage du Premier Alcibiade montre bien que l’âme est source de vie : « Que l’homme n’est rien d’autre que son âme . » .
Cette idée, selon laquelle « l’homme n’est rien d’autre que son âme », nous explique le fait que la nature humaine ne réside pas dans son corps, mais dans son âme seule. Pour cela, la valeur de l’âme, dans cette affirmation, apparaît dans cette équation où « l’homme est égal à l’âme ». Il n’est pas son corps et ne peut être son corps, ni davantage le système de son corp s. S’il est quelque chose, il faut donc que ce soit exclusivement son âme. Ce con cept renferme donc la totalité de l’existence humaine. L’être humain, en tant que tel, est conçu par Platon comme une pure intelligence, une pure idée. Mais, concrètement, l’homme doit aussi être saisi dans sa constitution physique et s a valeur morale.
Aussi, connaître notre corps comme font les médecins et le maître de palestre, n’est-il pas nous connaître nous – mêmes, mais savoir ce qui nous appartient . De ce fait, prendre soin de nos richesses comme fait le banquier, ce n’est prendre soin ni de nous – mêmes ni même de ce qui nous appartient, mais nous en éloigner .

Le corps, prison de l’âme

Le Phédon oppose radicalement l’âme au corps. L’âme est oppo sée au corps comme le divin au périssable.3 Ce corps nous suscite mille obstacles, car il est un principe de désirs qui bouleversent l’âme et qui font naître la division parmi les hommes . Contrairement à cela , l’âme est dés ireuse de pureté et elle reste noble à l’égard des choses belles. L’affection éprouvée par le corps, qualifiée de pénible, est ressentie par l’âme sous forme de plai sir ou de douleur, selon qu’elle tend à rompre ou à restaurer l’unité organique. Le corps fait donc naître de multiples problèmes qui sont : les guerres, les séditions, les combats. Platon nous expose cela en termes fort concis en disant : « Toutes les guerres, en effet, ne viennent que du désir d’amasser des richesses ; et nous sommes forcés d’en amasser à cause du corps . » .
Dans ce cas, avec le corps, nous devenons esclaves de nos besoins. Et par la force de nos plaisirs, l’âme est attachée au corps et s’y trouve enchaînée par tout ce qui meurt. L’âme cherche donc à s’échapper du corps où elle se trouve enchaînée. C’est pourquoi, selon Platon, « Le corps est une prison de l’âme . » .
Cela signifie bien que l’âme a une nature supérieu re au corps. Elle est pure et doit ainsi se séparer du corps où elle s’est faite prisonnière, car son contact avec le corps lui fait perdre sa pureté. Par ce contact, l’âme doit participer au sensible, c’est – à – dire qu’elle doit être en relation avec le corps. Mais, dans ces cond itions, elle ne peut plus penser par elle – même. L’âme, selon Platon, a une nature divine, immortelle, alors que le corps a une nature mortelle. Cela vérifie bien la pureté de l’âme.
Par conséquent, en isolant l’âme du corps, la conn aissance des choses devient possible. La recherche de la réalité ultime des choses peut être empêchée par l’usage des organes sensoriels ; car, pour Platon, le corps est un obstacle à la connaissance de la vérité.

Du mythe à la pensée rationnelle

On considère les Grecs comme des rationalistes . C’est à cause de la naissance de la rationalité scientifique et philosophique que les philosophes grecs ont soumis les traditions religieuses de la Grèce à une critique aiguë . Mais le peuple grec dans son ensemble, comme tous les peuples de l’Antiquité, était pénétré du sentiment du sacréLe. langage même témoigne de la force des croyances ; les Grecs ne disent pas « il pleut » ou « il tonne » , mais « Zeus pleut », « Zeus tonne » 2 . La rivière elle –même était une divinité, car Hésiode prescrivait de ne pas franchir un fleuve sans dire une prière et sans se laver les mains dans ses eaux. Tout cela exprime l’idée que l’univers, pour un ancien, est peuplé de divinités, petites ou grandes, bienveillantes ou redoutables. Et là est la source du polythéisme qui, après une phase animiste, prit assez vite en Grèce l’aspect anthropomorphique .
Cela veut dire concevoir la divinité à l’image de l’homme, et attribuer aux animaux et aux choses des réactions humaines. Les hommes croyaient donc à l’existence d’innombrables divinités dans l’Antiquité grecque.
En effet, dans tout cela, Platon n’a pas pu s’échapper de cette réalité spirituelle et hiérarchique de l’antiquité grecque. Sa première préoccupation était de donner à la recherche de la vérité « une rigueur de démonstration et de langage encore inconnue de penseurs antérieurs, en montrant sa défiance envers les poètes ».

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Table des matières

PREMIERE PARTIE : LES SOURCES GRECQUES DE LA PENSEE PLATONICIENNE DE L’AME ET LES CONCEPTIONS DE L’AME CHEZ PLATON
Chapitre I : DE L’ORPHISME AUX PRESOCRATIQUES 
I 1.1 Du mythe d’Orphée à la métempsycose pythagoricienne
I 1.2 Le noûs d’Anaxagore
I 1.3 L’âme – Logos chez Héraclite
Chapitre II : LES CONCEPTIONS DE L’AME CHEZ PLATON
I 2.1 L’âme humaine : nature et caractéristiques
I 2.2 L’âme du monde
I 2.3 Le corps, prison de l’âme
DEUXIEME PARTIE : LES PREUVES DE L’IMMORTALITE DE L’AME
Chapitre I : CONCEPTION PLATONICIENNE DE L’IMMORTALITE
II 1.1 Du mythe à la pensée rationnelle
II 1.2 La nature immortelle de l’âme
II 1.3 L’union du corps et de l’âme
Chapitre II : L’EDUCATION DE L’AME FACE AU CORPS
II 2.1 Du sensible à l’intelligible
II 2.2 La destinée de l’âme après la mort
II 2.3 L’âme, porteuse de la vérité
Conclusion
Bibliographie

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