Depuis son apparition dans les années 40, la télévision n’a cessé de se populariser. Récemment, l’évolution technologique des décodeurs (set-top boxes), maintenant capables d’accéder à Internet, a ouvert de nouvelles possibilités pour améliorer l’expérience télévisuelle. Grâce à cette convergence entre la télévision et Internet, les fournisseurs proposent de plus en plus de services dont l’interactivité ne cesse de croître.
Contrairement à la situation où il utilise un ordinateur avec un clavier et une souris, le téléspectateur interagit à distance de la télévision à l’aide d’une télécommande et souhaite accéder facilement aux contenus qui l’intéresse, confortablement assis dans son canapé. La télécommande traditionnelle dont l’expressivité est limitée ne permet pas aisément de naviguer dans les menus hiérarchiques complexes ou les larges catalogues de contenu mise à disposition des téléspectateurs, ou de saisir de l’information. De nombreux constructeurs se sont intéressés à cette problématique, sans vraiment tenir compte des particularités du contexte de l’interaction avec la télévision, comme en témoigne l’échec de Google TV par exemple .
Les différences entre l’usage de la télévision et de l’ordinateur de bureau impliquent de reconcevoir la manière d’interagir avec la télévision tout comme cela a été le cas pour les dispositifs mobiles. La conception de techniques d’interaction adaptées aux spécificités matérielles et à l’usage des smartphones ont accéléré l’adoption en masse de ces dispositifs et des applications qu’ils offrent. Il pourrait en être de même pour la télévision interactive.
Cette thèse, réalisée avec le soutien du projet QUAERO , s’intéresse aux techniques d’interaction pour la télévision interactive. Plus particulièrement , elle présente des travaux qui tentent d’améliorer les techniques d’interaction pour la télévision et la télécommande traditionnelle en tenant compte du contexte d’usage dans lequel les téléspectateurs regardent la télévision.
Depuis son introduction dans les ménages dans les années 40, la télévision (TV) est devenue une source de communication d’information et de divertissement très populaire. Pour preuve, en 2012, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel reportait que 98,3% des foyers français étaient équipés d’au moins un poste de TV et chaque français regardait cet écran durant 3 heures et 50 minutes en moyenne par jour . Au cours des années, ce système audio visuel a évolué pour fournir des contenus multimédia (programmes TV, vidéos, applications dédiées…) toujours plus riches que les téléspectateurs consomment avec une attention variable, individuellement, en famille ou entre amis. Plus récemment, la possibilité de connecter sa TV à Internet a ouvert de nouvelles opportunités telles que la personnalisation de la diffusion des programmes, l’accès à des médias destinés à d’autres plate-formes de diffusion, la participation active des téléspectateurs avec le contenu de diffusion ou encore le partage délocalisé de l’expérience télévisuelle.
En parallèle, depuis son apparition dans les années 1950 , la télécommande sans fil, qui permet de contrôler la TV à distance, a évolué à un rythme modéré. Avec l’apparition continue de nouvelles fonctionnalités sur la TV, le nombre de boutons habillant la télécommande a vu son nombre augmenter de même que l’attention visuelle qui lui est dédiée, complexifiant ainsi son utilisation. Ce phénomène a aussi entraîné l’apparition de menus linéaires hiérarchiques sur les télévisions dont, contrairement aux interfaces d’ordinateur de bureau équipé d’un clavier et d’une souris, la navigation à la télécommande traditionnelle est fastidieuse. Par ailleurs, la commercialisation de matériels de décodage de fréquence (set-top box), d’enregistrement de programmes (magnétoscopes) ou de lecture de médias physiques (VHS, DVD, Bluray…) possédant chacun leur protocole de communication propriétaire a contribué à la multiplication des télécommandes avec différentes configurations dans le salon.
Ces évolutions successives, à la fois de la TV et de la télécommande, ont étendu les possibilités offertes aux téléspectateurs. Cependant, la navigation au sein de l’écosystème et l’utilisation de ces services avec l’expressivité limitante de la télécommande a complexifié l’usage de la TV au détriment de la simplicité et de l’efficacité. Dans ce chapitre, nous présentons une définition de la TV interactive et certaines caractéristiques de l’activité des téléspectateurs.
Chorianopoulos [2008] définit la TV interactive comme une classe de services qui pourraient transformer l’activité avec la TV dans le salon . Elle est également un moyen permettant aux téléspectateurs de dépasser l’expérience passive de regarder la TV et leur donner la possibilité de faire des choix et d’agir [Gawlinski, 2003]. Plus précisément, la TV interactive est une forme de TV qui se base sur des interactions avec le média sous forme de choix, de décisions et de communication. De cette manière, il devient possible de contrôler ce qu’on regarde, quand, comment, de participer activement aux programmes diffusés ou de partager du contenu généré par les utilisateurs avec les téléspectateurs [Jensen, 2008].
Aujourd’hui, la TV est généralement couplée à une set-top box mise à disposition par un fournisseur de contenu qui permet d’accéder à une pléthore de chaînes et divers services interactifs. Ces services peuvent appartenir à différentes catégories décrites ci-après : les guides de programmes électroniques, les programmes augmentés affichant des informations par dessus les programmes, la vidéo à la demande, la TV personnalisée, les services de tcommerces, les jeux, les services de TV sociales et les services d’information [Jensen, 2005].
Le nombre de chaînes proposés aux téléspectateurs ne cesse de croître. En France, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel recensait près de 216 chaînes accessibles par divers réseaux de diffusion en plus des 32 chaînes de la télévision numérique terrestre . Cette quantité de chaînes et les programmes qu’elles diffusent rendent la navigation et la sélection difficile à tel point que le zapping de chaîne en chaîne et l’acquisition d’information devient impraticable [Black et al., 1994].
Les guides de programmes électroniques (EPG) [Berglund et al., 2006; Jensen, 2008] permettent d’explorer la liste des programmes disponibles . Ils peuvent comprendre un moteur de recherche textuel interactif, des fonctionnalités de rappel de diffusion ou d’enregistrement de programmes, ou encore des outils de personnalisation. Ces guides tendent à devenir de plus en plus conséquents avec l’augmentation constante du nombre de chaînes disponibles. Ils proposent généralement une navigation et une saisie de texte basée sur la télécommande qui s’avère inefficace pour ces tâches [Berglund et al., 2006]. La navigation à travers ces guides requiert des moyens d’accéder plus rapidement à l’information recherchée.
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Table des matières
1 introduction
1.1 Contexte général
1.2 Organisation du mémoire
2 contexte
2.1 De la télévision à la télévision interactive
2.2 La télévision interactive
2.3 Une activité avec différentes caractéristiques
2.3.1 Une actvité sociale
2.3.2 Une activité á différents degrés d’engagement
2.3.3 Une activité de divertissement
2.4 Conclusion
3 espace de caractérisation des télécommandes
3.1 La télécommande traditionnelle
3.2 Types de télécommandes
3.2.1 Télécommandes dédiées
3.2.2 Télécommandes non dédiées
3.3 Dimension interactionnelle
3.3.1 Entrée
3.3.2 Sortie
3.4 Conclusion
4 espace de caractérisation du geste de la main pour la télévision interactive
4.1 Taxonomies existantes en interaction homme-machine
4.2 Espace de caractérisation proposé
4.2.1 Type
4.2.2 Fonction
4.2.3 Anatomie gestuelle
4.2.4 Contexte
4.2.5 Conclusion
5 Conclusion
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