Concepts GRC et RRC
Pour bien cerner le problème, il convient de faire un petit rappel des concepts de base en Gestion des risques et de catastrophes.
Alea
Le PNUD définit l’aléa comme étant « un évènement rare ou extrême, naturel ou causé par l’homme, qui menace d’affecter négativement la vie humaine, les biens et les activités, au point de créer une situation potentielle ou existante qui peut affecter les populations, détériorer les biens ou l’environnement ».
Généralement, lorsque le mot aléa est évoqué, les cyclones et les inondations viennent immédiatement en tête. Seulement, il en existe plusieurs types. Nous avons entre autres les aléas naturels, les aléas socio-naturels, les aléas anthropiques, les aléas environnementaux ou encore les aléas complexes. Il est aussi possible de classer les aléas selon leur durée dans le temps. Ainsi, nous avons les aléas brusques à développement soudain et les aléas progressifs à déclenchement soudain. Le phénomène qui touche le lac Itasy est avant tout un aléa environnemental. Comme sa manifestation s’étale sur plusieurs années, nous pouvons dire qu’il est progressif. Enfin, l’envasement du lac est considéré comme un aléa socio-naturel dans la mesure où dans notre cas ce sont les activités de l’Homme qui accélère le phénomène d’érosion autour de l’étendue d’eau.
Vulnérabilité
Pour l’UNISDR, la vulnérabilité regroupe « les caractéristiques et les circonstances d’une communauté ou d’un système qui le rendent susceptible de subir les effets d’un danger ». De ce fait, sont considérés comme éléments vulnérables, les « personnes, biens, systèmes, ou autres éléments présents dans les zones de risque et qui sont ainsi soumis à des pertes potentielles ». Dans notre cas, les ménages dépendant directement du lac sont considérés comme vulnérables car ils sont menacés par les changements qui le touchent. Plus précisément, ce sont leurs moyens d’existence qui sont menacés.
Catastrophe
Cela nous amène à définir le terme catastrophe. Toujours selon l’UNISDR, une catastrophe est une « rupture grave du fonctionnement d’une communauté ou d’une société impliquant d’importants impacts et pertes humaines, matérielles, économiques ou environnementales que la communauté ou la société affectée ne peut surmonter avec ses seules ressources ». Ainsi, une catastrophe est décrite comme d’un côté le résultat d’une combinaison entre l’exposition à un danger, les conditions de vulnérabilité existantes, et d’un autre l’insuffisance des capacités ou des mesures visant à réduire ou à faire face aux éventuelles conséquences négatives.
Une des catastrophes qui peut toucher les personnes vivant des ressources aux alentours du lac c’est une baisse drastique de la production que ce soit agricole ou halieutique. Comme l’aléa est progressif, cette catastrophe l’est aussi et se développe lentement. Pour le cas du lac Itasy, l’aléa en question, met la pression sur la population et leurs moyens d’existence. Dans le cas où les gens exposés ne s’adaptent pas à leur situation, cela peut conduire à un ensemble de conséquences néfastes.
Résilience
Comme le mémoire se focalise beaucoup sur l’adaptation aux changements, il est intéressant d’apporter une définition au terme résilience. En se référant encore une fois à l’UNISDR, la résilience désigne « la capacité d’un système, une communauté ou une société exposée aux risques de résister, d’absorber, d’accueillir et de corriger les effets d’un danger, en temps opportun et de manière efficace, notamment par la préservation et la restauration des structures essentielles et de ses fonctions de base ». Les conséquents du changement autour du lac Itasy provoque des perturbations au niveau des activités productrices des riverains de l’étendue d’eau. En s’adaptant, ces derniers se donnent la possibilité d’améliorer leur résilience face à l’aléa qui guette leur environnement direct.
Recul de la surface du lac
L’envasement et l’ensablement des périmètres irrigués et des lacs à Madagascar sont dû en grande partie à l’érosion. A la saison des pluies, ce sont des milliers de tonnes de sédiments qui se retrouvent dans les zones de bas fonds. Pourtant, sur les alentours des lacs, la superficie mise en valeur est constituée en majeure partie par la riziculture de bas fonds. Les éléments d’origine humaine sont les facteurs les plus importants qui aggravent le phénomène d’érosion. Les feux de brousses et la coupe des arbres pour usage domestique comme le bois de chauffe font disparaître la couverture végétale qui maintient le sol. La déforestation est un réel problème à Madagascar. Ce qui se passe sur l’île est particulièrement alarmantes. Chaque année, ce sont 200 à 300 000 hectares de forêt qui partent en fumée ou qui sont coupés selon les chiffres de l’IRD (Institut de recherche pour le développement) et du CNRE (Centre national de recherche sur l’environnement) de Madagascar dans le cadre du Gerem (Gestion des espaces ruraux et environnement à Madagascar).
A côté de cela, il y a une pression démographique de plus en plus accrue sur le milieu et l’environnement déjà fragilisé. Sous le coup d’une exploitation et d’une utilisation irrationnelles des ressources, la couverture végétale n’en finit plus de reculer. D’après le Directeur du développement de la région, à cause de l’érosion, les couches de sédiments gagnent petit à petit du terrain sur le lac Itasy. De ce fait, l’étendue d’eau perd progressivement de sa superficie. Par contre la surface des terres cultivables augmente et comme Itasy est une région volcanique, la population en a profité pour les cultivés. Le problème c’est que cela accélère la réduction de la superficie du lac. Les différents acteurs qui travers dans la région de l’Itasy s’accordent à dire qu’à ce rythme, le lac pourrait totalement disparaitre d’ici une cinquantaine d’années.
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Table des matières
Introduction
Partie I Mise en situation
Chapitre 1 Rappel théorique et concepts
1 Concept GRC et RRC
2 Recul de la surface du lac
3 Formes d’érosion autour des lacs à Madagascar
Chapitre 2 Présentation du Lac Itasy
1 Localisation
2 Description
Partie II Méthodologie
Chapitre 1 Grille d’analyse
1 Agriculture
2 Pêche
Chapitre 2 Choix du site de descente
1 Monographie de la commune rurale de Manazary
2 Déroulement de l’enquête et difficultés rencontrées
Chapitre 3 Premières constatations
1 Augmentation de la production agricole
2 Importance des interventions étatiques
Partie III Résultats
Chapitre 1 Volet agricole
1 Utilisation de nouvelles techniques de production
2 Maitrise de l’eau
3 Protection des bassins versants
Chapitre 2 Volet halieutique
1 Gestion des ressources
2 Pisciculture
3 Les actions prioritaires définies des autorités étatiques
4 L’adaptation, source d’opportunités pour la filière halieutique
Conclusion