Filtre ร รฉcoulement vertical
Les filtres sont des excavations รฉtanches remplies de couches de gravier et/ou de sable de diffรฉrentes granulomรฉtries (fig 1.2). Lโeffluent brut est รฉpandu directement, sans dรฉcantation prรฉalable, ร la surface du filtre. ‘En sโรฉcoulant ร travers ces filtres, ce dernier subit un traitement physique (filtration), chimique (adsorption…) et biologique (fixation de la biomasse sur les supports fins). Les eaux รฉpurรฉes sont drainรฉes sous les diffรฉrentes couches. Les filtres sont alimentรฉs en eaux usรฉes brutes par bรขchรฉes. Pour un mรชme รฉtage, la surface de filtration est sรฉparรฉe en plusieurs unitรฉs permettant d’instaurer des pรฉriodes d’alimentation et de repos [36]. La pรฉriode de repos pendant laquelle se fait la dรฉgradation de la matiรจre organique accumulรฉe dans les filtres (substrat filtrant et racines des macrophytes) prendra en gรฉnรฉral 07 jours, tandis que la periode dโalimentation ne requerra que la moitiรฉ (environ 03jours) ce qui nous amรจne ร utiliser 3 lits en parallรจles dans le premier รฉtage de faรงon ร ce que la pรฉeriode de repos dโun lit permettra lโalimentation des deux restants. Pour le deuxiรจme รฉtage les deux pรฉriodes sont รฉquivalentes ce qui donne deux lits en parallรจle [26]. Ces deux pรฉriodes dรฉpendent de lโespรจce utilisรฉe pour le traitement, par exemple une plante appelรฉe C. esculenta testรฉe au laboratoire peut suivre a une pรฉriode dโalimentation รฉquivalente ร 20 jours.
Le principe รฉpuratoire repose sur le dรฉveloppement d’une biomasse aรฉrobie fixรฉe sur un sol reconstituรฉ. L’oxygรจne est apportรฉ par convection et diffusion. L’apport d’oxygรจne par les radicelles des plantes est nรฉgligeable par rapport aux besoins. La capacitรฉ dโoxygรฉnation est telle que les filtres du premier รฉtage contribuent essentiellement ร la dรฉgradation de la fraction carbonรฉe, mais une nitrification partielle est รฉgalement notรฉe. Le deuxiรจme รฉtage vient alors affiner la dรฉgradation de la fraction carbonรฉe et complรจte la nitrification en fonction des conditions dโoxygรฉnation, de la tempรฉrature et du pH [52]. Lโexpรฉrience acquise en une quinzaine dโannรฉes ร Gensac la Pallue rรฉvรจle quโร lโombre des roseaux et dans une hygromรฉtrie adรฉquate se dรฉveloppe une biomasse microbienne, au sein mรชme des dรฉpรดts organiques retenus sur la plage dโinfiltration. Cette biomasse contribue ร la minรฉralisation des matiรจres organiques dans une proportion avoisinant 65 % en masse par rapport au flux reรงus. Il en rรฉsulte un terreau qui sโaccumule ร raison dโune quinzaine de millimรจtres par an lequel constitue un biofiltre de bonne permรฉabilitรฉ [52]. Lโactivitรฉ รฉpuratoire du terreau sโajoute ร celle qui se dรฉveloppe initialement dans le massif filtrant minรฉral. Il a รฉtรฉ observรฉ sur ce site une tendance ร lโamรฉlioration des rendements avec le vieillissement de lโinstallation [52].
Filtre ร รฉcoulement horizontal
Dans les filtres ร รฉcoulement horizontal, le massif filtrant est quasi-totalement saturรฉ en eau. L’effluent est rรฉparti sur toute la largeur et la hauteur du lit par un systรจme rรฉpartiteur situรฉ ร une extrรฉmitรฉ du bassin (fig 1.3); il s’รฉcoule ensuite dans un sens principalement horizontal ร travers le substrat. La plupart du temps, l’alimentation s’effectue en continu car la charge organique apportรฉe est faible puisque ces filtres sont nรฉcessairement alimentรฉs par des eaux prรฉalablement dรฉbarrassรฉes de leurs matiรจres en suspension. L’รฉvacuation se fait par un drain placรฉ ร l’extrรฉmitรฉ opposรฉe du lit, au fond et enterrรฉ dans une tranchรฉe de pierres drainantes. Ce tuyau est reliรฉ ร un siphon permettant de rรฉgler la hauteur de l’eau dans le lit, de faรงon ร ce qu’il soit saturรฉ pendant la pรฉriode d’alimentation. Le niveau d’eau doit รชtre maintenu environ ร 5 cm sous la surface du matรฉriau. En effet, l’eau ne doit pas circuler au-dessus de la surface du fitre afin de ne pas court-circuiter la chaรฎne de traitement et dโรฉviter la prolifรฉration dโinsectes [36]. Lโapport relativement faible en oxygรจne limite la croissance des bactรฉries aรฉrobies hรฉtรฉrotrophes et autotrophes et, par voie de consรฉquence, la dรฉgradation des matiรจres carbonรฉes et surtout lโoxydation des composรฉs azotรฉs. Toutefois des mรฉcanismes anaรฉrobie et aรฉro-anaรฉrobie interviennent au contact des racines des macrophytes (effet rhizosphรจre) et participent ร la dรฉgradation des matiรจres carbonรฉes et ร la transformation des formes rรฉduites de lโazote [52]. Lโexpรฉrience concernant ces filtres est encore limitรฉe en France mais leur nombre augmente, surtout en aval dโun premier รฉtage vertical [52].
Rรดle des diffรฉrents composants du systรจme
La plante Lโhomme a toujours su utiliser les plantes pour sa survie. Elles ont dโabord servi de ressources alimentaires ensuite de matรฉriaux de construction et de produits thรฉrapeutiques. Depuis une dizaine dโannรฉes et face aux nombreux problรจmes de pollution, certaines espรจces semblent plus intรฉressantes car elles sont potentiellement accumulatrices de polluants. On pourrait donc envisager de les cultiver sur des sols contaminรฉs afin dโextraire les substances toxiques. Cโest le concept de la dรฉpollution des sols par les plantes appelรฉ phytoremรฉdiation [61]. Des espรจces de type phragmites (roseaux) peuvent รชtre utilisรฉes dans des stations dโรฉpuration de petites communes afin de filtrer et รฉpurer les eaux usรฉes domestiques. On appelle cette technique la phytoresrtauration des eaux usรฉes [61]. Lโhomme peut donc trouver dans le vรฉgรฉtal une ressource qui permettra de limiter son impact nรฉfaste sur lโenvironnement. De petites quantitรฉs dโoxygรจne provenant des parties aรฉriennes sont rejetรฉes a lโapex des radicelles des plantes quelque soit les types de filtres dans lesquels elles sont enracinรฉes. Ces apports sont toujours faibles. Dans les filtres verticaux, la fraction dโoxygรจne ainsi apportรฉe est nรฉgligeable comparativement aux apports par diffusion et convection. Dans les filtres horizontaux en revanche, si lโapport par les plantes est faible, il constitue probablement la principale source dโoxygรจne.
Le mรฉtabolisme des plantes (assimilation de nutriments) influence plus au moins le traitement en fonction des surfaces mise en jeu. Si pour les filtres plantรฉs ร รฉcoulement vertical, lโassimilation des nutriments est nรฉgligeable (moins de 1% de la charge entrante pour le phosphore), les surfaces plus importantes dans les filtres horizontaux peuvent conduire ร des prรฉlรจvements pouvant รชtre raisonnablement pris en compte dans les bilans, mais qui devraient cependant se situer autour de 5% pour lโazote et sensiblement moins pour le phosphore. Tous ces รฉlรฉments, ne sont pas directement exportables dans la biomasse faucardable, mais se trouvent aussi piรฉgรฉs dans le systรจme racinaire dont le devenir ร long terme, environ une quinzaine dโannรฉes, nโa pas encore รฉtรฉ soigneusement รฉtudiรฉ [52]. La couverture foliaire prรฉserve la surface des filtres de la dessiccation en รฉtรฉ.
Elle procure รฉgalement un ombrage qui permet aux bactรฉries de se dรฉvelopper, contribuant ainsi ร la minรฉralisation de la matiรจre organique. Lโรฉvapotranspiration estivale conduit ร une forte diminution du volume sortant. En hiver, elle attenue lโimpact nรฉgatif des faibles tempรฉratures sous des climats froids [52]. Dโune faรงon plus gรฉnรฉrale le milieu filtrant, grรขce ร la prรฉsence des racines, possรจde une grande diversitรฉ dโespรจces (bactรฉries, protozoaires, invertรฉbrรฉs) dont la prรฉsence dรฉpend รฉtroitement de la charge organique et des conditions de renouvรจlement de lโoxygรจne. Tous ces organismes participent, comme prรฉdateurs, ร la diminution des populations de bactรฉries fรฉcales. Les abattements dรฉpendent des temps de sรฉjour [52]. Les plantes les plus utilisรฉes en Europe et dans les pays ร climat tempรฉrรฉ sont les roseaux (Phragmites australis) pour leur rรฉsistance (longue pรฉriode submergรฉ, pรฉriode sรจches), leur capacitรฉ dโassimiler la matiรจre organique et leur rapiditรฉ de croissance. Aux Etats-Unis, cโest plutรดt les massettes ou quenouilles (typha) qui son les plus frรฉquentes.
L’utilisation de lโespรจce Typha semble รชtre plus utile pour รฉliminer la matiรจre organique, par contre lโespรจce Phragmites australis assure une rรฉduction de tous les paramรจtres physico-chimiques [10]. Ces deux espรจces ont dรฉmontrรฉ leur capacitรฉ ร tolรฉrer des eaux usรฉes peu, moyennement, et fortement concentrรฉes. Par ailleurs on peut utiliser des espรจces trรจs variรฉes de plantes de zones humides (Fig 1.5) et mรชme des espรจces ligneuses telles que les saules (Salix). En fait, il ne faut pas nรฉgliger lโaspect esthรฉtique de la station, lui permettant une intรฉgration homogรจne dans le paysage.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I EVOLUTION, CONCEPTS ET TECHNIQUES DE LโEPURATION DES EAUX USEES PAR DES FILTRES PLANTES DE MACROPHYTES
1.1. INTRODUCTION
1.2. HISTORIQUE
1.3. CONCEPT DES FILTRES PLANTES DE MACROPHYTES
1.3.1. Principe de fonctionnement
1.3.1.1. Filtre ร รฉcoulement vertical
1.3.1.2. Filtre ร รฉcoulement horizontal
1.3.1.3. Les systรจmes mixtes
1.3.2. Rรดle des diffรฉrents composants du systรจme
1.3.2.1. La plante
1.3.2.2. Les matรฉriaux
1.3.2.3. Les microโorganismes
1.4. LES MECANISMES ET PERFORMANCES EPURATOIRES
1.4.1. Les mรฉcanismes dโรฉlimination
1.4.2. Les Matiรจre En Suspension (MES)
1.4.3. La Demande Biochimique en Oxygรจne
1.4.4. La Demande Chimique en Oxygรจne
1.4.5. Lโazote :
1.4.6. Le phosphore
1.4.7. Les mรฉtaux
1.4.8. Les microโorganismes dโorigine humaine
1.5. LA CONCEPTION
1.5.1. Les contraintes techniques et recommandations
1.5.1.1. Rรฉgulation des dรฉbits journaliers admissibles
1.5.1.2. Protection des filtres du ruissellement et des apports de particules fines :
1.5.1.3. Domaine dโapplication
1.5.1.4. Surface totale et accessibilitรฉ
1.5.1.5. Prรฉcaution du remplissage des filtres
1.5.1.6. Climat
1.5.1.7. La gรฉotechnique
1.5.1.8. Le colmatage
1.5.2. Le dimensionnement
1.5.2.1. Filtre vertical
1.5.2.2. Filtre horizontale
1.6. INVESTISSEMENT
1.7. CONCLUSION
CHAPITRE II DESCRIPTION ET ETAT DES LIEUX DE LA ZONE DโETUDE
2.1. INTRODUCTION
2.2. DESCRIPTION DE LA ZONE DโETUDE
2.2.1. Dรฉlimitation de lโaire dโรฉtude
2.2.2. Densitรฉ et rรฉpartition de la population
2.2.3. Gรฉologie de la zone dโรฉtude
2.2.3.1. Les monts des Traras
2.2.4. Climat de la zone dโรฉtude
2.2.5. Rรฉseaux hydrographiques
2.2.6. Le relief de la zone dโรฉtude
2.2.7. Ressource hydrique de la zone dโรฉtude
2.2.7.1. Ressources en eaux superficielles
2.2.7.2. Ressources en eaux souterraines
2.3. ETAT DE LโASSAINISSEMENT DANS LA ZONE DโETUDE
2.3.1. Les rejets domestiques
2.3.1.1. Daรฏra de Tlemcen
2.3.1.2. Daรฏra de Mansourah
2.3.1.3. Daรฏra de Chetouane
2.3.1.4. Daรฏra dโ Hennaya
2.3.1.5. Daรฏra de Bab El Assa
2.3.1.6. Daรฏra de Marsat Ben MโHidi
2.3.1.7. Daรฏra de Ghazaouet
2.3.1.8. Daรฏra de Honaine
2.3.1.9. Daรฏra de Filaoucen
2.3.1.10. Daรฏra de Nedroma
2.3.1.11. Daรฏra de Remchi
2.3.1.12. Daรฏra de Maghnia
2.3.1.13. Daรฏra de Beni Boussaid
2.3.1.14. Daรฏra de Sebra
2.3.1.15. Daรฏra de Bรฉni Snous :
2.3.1.16. Daรฏra de Sebdou :
2.3.1.17. Daรฏra de Bensekrane
2.3.1.18. Daรฏra dโOuled Mimoun :
2.3.1.19. Daรฏra dโAin Tellout :
2.3.1.20. Rรฉcapulation
2.3.2. Les rejets des unitรฉs industrielles
2.4. UTILISATION DES REJETS POUR LโIRRIGATION
2.5. IMPACT DES REJETS SUR LA SANTE HUMAINE
2.5.1. Principales causes ร lโ origine des รฉpidรฉmies de MTH
2.5.2. Situation รฉpidรฉmiologique
2.6. ETUDE DETAILLEE DU G.U.T. ET DE LA COMMUNE DโHENNAYA
2.6.1. Vulnรฉrabilitรฉ de la zone dโรฉtudiรฉe
2.6.2. Point de rejet et risque de pollution
2.7. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
CHAPITRE III CONCEPTION DโUNE STATION DโEXPERIMENTATION POUR ETUDIER ET OPTIMISER LES PHENOMENES NDโEPURATION PAR LES PLANTES
3.1. INTRODUCTION
3.2. DESCRIPTION DE LA STATION DE TOUGGOURT
3.2.1. Description du projet
3.2.2. Performances รฉpuratoires
3.3. DESCRIPTION DE LA STATION EXPERIMENTALE PROPOSEE
3.3.1. Lโobjectif recherchรฉ
3.3.2 Le matรฉriel de laboratoire
3.3.3. Le dimensionnement
3.3.4. Les matรฉriaux du substrat filtrant
3.3.5. Les plantes
3.3.6. Le rรฉseau ยซ alimentationโ รฉvacuation ยป des eaux
3.3.7 Le Cout dโinvestissement
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
ANNEXE A NORMES DE QUALITE DES EAUX
ANNEXE B EVOLUTION DE LA QUALITE DES EAUX SOUTERRAINES
ANNEXE C EVOLUTION DE LA QUALITE DES EAUX DE BARRAGES
ANNEXE D DETAILS DES DIFFENTS POINTS DE REJET DANS LES DIFFERENTES COMMUNES DE LA ZONE DโETUDE
ANNEXE E DETAILS DES UNITES INDUSTRIELLES POLLUANTES DANS LA ZONE DโETUDE
ANNEXE F PHOTOS DE LA STATION A MACROPHYTES DE TOUGGOURT
ANNEXE G DONNEES DIVERSES
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