Les technologies de l’information et de la communication entraînent des changements au sein d’un organisme ou d’une institution. En effet, l’importance de l’information scientifique et technique (IST) et son explosion ont donné naissance à de nouvelles sciences de l’information (ROSTAING, 1996). De plus, toute science repose sur la mesure, c’est-à-dire la quantification.
Le premier problème de la bibliométrie consiste à quantifier la bibliographie, à passer de l’information verbale à la description chiffrée : de la description bibliographique ou bibliographie à la statistique et au mathématique.
Ces nouvelles sciences incluent les différentes « métries » de l’IST : info-métrie, bibliométrie, scientométrie en prenant comme objet l’information. Les termes «bibliométrie », « scientométrie », « techno-métrie » et « info-métrie » dénomment les techniques visant à mesurer l’évolution des travaux scientifique ou technique.
Le dénominateur commun à tous ces termes est l’idée de mesure ; le suffixe «métrie » (du grec metron) renvoie à la mesure et à la métrique. La mesure serait «l’évaluation d’une grandeur par comparaison à une unité considérée comme étalon», et la métrique impliquerait la création d’une convention qui permet de définir des « distances » entre l`ensemble des éléments étudiés. Les différentes racines, « biblio-, sciento-, techno-, info-, écono » seraient donc autant d’objets dont l`information est soumise à des mesures (BROOKES, 1987) .
Les saisies des bases de données bibliographiques n’ont jamais été faites pour être traitées mais pour être lues. L’une des méthodes qui aidera les décideurs à diagnostiquer l’état des activités scientifiques et techniques des producteurs et qui permettra l’élaboration d’indicateurs de tendances pour suivre l’évolution de la production des ouvrages y compris les thèses au travers des références bibliographiques, repose sur la technique de traitement automatique de l’information publiée : « la bibliométrie » (JDEY, 2013).
Concept de la bibliométrie
La bibliométrie est fondée sur deux concepts :
– Le premier concept est relatif à la publication qui n’est autre que le produit objectif de l’activité d’une pensée. Dans un contexte scientifique, elle est une représentation de l’activité de recherche de son auteur. C’est dans la publication qu’un chercheur essaie de persuader les autres scientifiques, de montrer que ses découvertes, ses méthodes et ses techniques sont particulièrement pertinentes et doit tenir son argumentation.
– Le second concept est basé sur l’activité de recherche qui est la confrontation de connaissances acquises par des travaux émanant d’autres auteurs avec les propres réflexions du chercheur, et font référence à des travaux des autres chercheurs qui font l’objet d’un certain consensus dans la communauté scientifique. La publication devient par conséquent, le fruit d’une communion de pensées individuelles et de pensées collectives.
Ces concepts, qui ont été définis initialement pour la recherche scientifique, ont été ensuite admis pour les formes de communication écrites des connaissances techniques ou technologiques. S’appuyant sur ces deux concepts, la caractéristique de la bibliométrie est d’établir des études de publications (LAURI, 1997) basée sur les données quantitatives. Ces dernières sont calculées à partir de comptages statistiques des publications ou des éléments extraits de ces publications.
Définition de la bibliométrie
La bibliométrie est un terme générique qui décrit une série de techniques qui cherchent à quantifier les processus de la communication écrite. C’est ainsi qu’il existe plusieurs définitions de la bibliométrie dans certains nombres de références ; elles sont présentées de façons différentes mais ont le même sens. Selon Rostaing (1996) : « La bibliométrie est un ensemble de techniques dédiées à l’analyse de grands volumes de données de références bibliographiques mettant en œuvre des méthodes mathématiques, statistiques et informatiques ». C’est pourquoi la collecte de données est suivie par des traitements statistiques.
Selon Pritchard (1969), la bibliométrie peut être définie comme « l’application des mathématiques et des méthodes statistiques aux livres, articles et autres moyens de communication ». Une définition plus contemporaine, associant bibliométrie, scientométrie d’outputs et infométrie, serait en termes d’« analyse quantitative de l’activité et des réseaux scientifiques ». Cette discipline qui s’appuie sur l’analyse statistique des données et des réseaux, a un volet cognitif, en interaction avec les champs se donnant les sciences et les communautés scientifiques. La discipline utilise comme objet l’économie de la connaissance, la sociologie des sciences, l’épistémologie, l’histoire des sciences avec les sciences de l’information. Elle a un volet opérationnel, en liaison avec l’évaluation, le positionnement des acteurs et le management scientifique. Dans ce dernier cas, les études bibliométriques permettent de quantifier la communication d’un individu ou d’un groupe, non seulement en termes de volume, mais également de visibilité, d’influence, de partenariats, d’insertion dans les réseaux.
D’après Okubo (1997), la bibliométrie peut se définir comme la discipline qui mesure et analyse la production « l’output » de la science sous forme d’articles, de publications, de citations, de brevets et autres indicateurs dérivés plus complexes.
En général la bibliométrie se définit comme « une exploitation statistique des publications scientifiques » (ROSTAING, op cit.) qui remonte au début du 20ème siècle, mais devenue très importante depuis les années 70. C’est un outil de mesure pour comparer et analyser des ensembles d’éléments bibliographiques. Les études de la bibliométrie sur les brevets déposés, sur les citations, sur les articles publiés, engendrent des indicateurs d’activités.
Pour Otlet (1989), le fondateur de la bibliologie, trouve que la bibliométrie est « la partie définie de la bibliologie qui s’occupe de la mesure ou quantité aux livres arithmétique ou mathématique bibliologique ».
La bibliométrie se définit alors comme une application des méthodes statistiques ou mathématiques des publications sur des ensembles de références bibliographiques pour mesurer et analyser l’évolution des publications des producteurs (chercheurs, laboratoire, institut…) de l’information scientifique tant quantitative que qualitative (OKUBO, ibid.), (ROSTAING, op cit.).
Dans ce sens, la bibliométrie étudie non pas uniquement les signalements des références mais les renseignements contenus dans ces références. Ces renseignements sont évoqués, sous forme écrite, par divers types d’éléments : mots du titre, noms des auteurs, affiliations des auteurs, nom du journal qui a publié. Ces éléments suivent des modèles de concentration et de dispersion qui peuvent être présentés.
Ces modèles sont souvent symbolisés par « un cœur et dispersion ». Le cœur représente le groupe des éléments qui apparaissent le plus fréquemment dans le corpus étudié, tandis que la dispersion représente les nombreux autres éléments à basse fréquence dans le corpus, donc ceux qui co-apparaissent très peu avec le sujet, c’est-à-dire, le cœur entretient la redondance tandis que la dispersion contient l’individualisation, la variété.
Les méthodes bibliométriques sont transposables mutatis mutandis à toute sortie codifiée du système d’enseignement et de recherche (thèses, contrats de recherche comme les projets européens des programmes cadres). Pour d’autres dimensions de l’activité de recherche, alimentation de bases d’observation, littérature dite grise, travaux d’expertise, l’accès aux données et/ou leur faible degré de codification rendent les activités des producteurs ou diffuseurs de l’information, tant au point de vue quantitatif que qualitatif.
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Table des matières
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Contexte général
Contexte spécifique
Réalités contradictoires
Questions de recherche
Problématique
Hypothèses
Résultats attendus
1 ÉTAT DE L’ART ET MÉTHODOLOGIE
Introduction
1.1 État de l’art
1.1.1 Concept de la bibliométrie
1.1.2 Définition de la bibliométrie
1.1.2.1 Décompte de publications
1.1.2.2 Utilisation des indicateurs bibliométriques
1.1.3 La scientométrie
1.1.3.1 L’analyse thématique
1.1.3.2 L’analyse bibliométrique
1.1.4 Histoire de la discipline
1.1.4.1 Muszkowski
1.1.4.2 Otlet
1.1.4.3 Malclès
1.1.5 Les lois bibliométriques
1.1.5.1 Loi de Zipf
1.1.5.2 Loi de Bradford
1.1.5.3 Loi de Lotka
1.1.6 Intérêt et utilité de la bibliométrie
1.1.6.1 Champ d’études
1.1.6.2 L’analyse de contenu
1.1.7 Les principaux indicateurs
1.1.7.1 Les indicateurs de production
1.1.7.2 Les indicateurs d’impact
1.1.7.3 Le facteur d’impact
1.1.7.4 Les indicateurs de citations
1.1.8 Analyses bibliométriques des activités de recherche
1.1.8.1 L’analyse bibliométrique : outil d’évaluation de la recherche scientifique
1.1.8.2 Les analyses bibliométriques basées sur les réseaux
1.1.8.3 Les analyses d’un domaine
1.1.9 Les outils bibliométriques pour l’analyse de données
1.1.9.1 Comptages et fréquences
1.1.9.2 Les co-occurrences
1.1.9.3 Le couplage
1.1.9.4 Les méthodes d’analyse exploratoire
1.1.10 Analyse de la production scientifique
1.2 Matériels et méthodes
1.2.1 Matériels
1.2.1.1 Revue documentaire
1.2.1.2 Cadre de l’étude et critère de sélection
1.2.2 Méthodes
1.2.2.1 Démarche de vérification commune aux hypothèses
1.2.2.2 Les données de la recherche
1.2.3 Démarches de vérification des hypothèses
1.2.3.1 Démarche de vérification spécifique à l’hypothèse 1 : « La publication scientifique est une représentation objective de l’activité de recherche »
1.2.3.2 Démarche de vérification spécifique à l’hypothèse 2 : « Le choix de la typologie des documents dans la recherche bibliographique s’adapte à l’évolution de la technologie »
1.2.3.3 Démarche de vérification spécifique à l’hypothèse 3 : « Le rapport de citation d’un auteur est plus important quand le résultat de recherche rapporte des connaissances supplémentaires à la société »
1.2.4 Limites de la méthodologie
1.2.4.1 Au niveau des données statistiques liées à la quantification des mémoires et des thèses
1.2.4.2 Au niveau de l’outil bibliométrique
1.2.4.3 Au niveau de la recherche de documentation sur la bibliométrie
1.2.5 Chronogramme
Conclusion partielle
2.ANALYSE QUANTITATIVE DES PRODUCTIONS SCIENTIFIQUES
Introduction
2.1 Matériels et Méthodes
2.1.1 Démarche de vérification commune aux hypothèses
2.1.1.1 Recherche bibliographique
2.1.1.2 Logiciels de gestion bibliographique
2.1.1.3 Collecte des données
2.1.1.4 Traitement et analyse des données
2.1.2 Démarche pour la vérification de l’hypothèse 1 : «les mémoires et thèses sont soutenues annuellement dans les universités et font l’objet de publications scientifiques »
2.1.2.1 Variables étudiées
2.1.2.2 Échantillonnage
2.1.3 Démarche pour la vérification de l’hypothèse 2 : « Le processus d’appropriation de l’étude supérieure est favorable à l’approche genre »
2.2 Résultats
2.2.1 Données métriques de la production de mémoires et thèses de 2003 à 2013
2.2.1.1 Répartition des diplômes dans les universités publiques
2.2.1.2 Répartition des mémoires et thèses soutenus publiquement dans les Universités
2.2.2 Part des hommes et des femmes dans les universités
2.2.2.1 Répartition des étudiants par genre et par Faritany 2012-2013
2.2.2.2 Répartition des étudiants par genre et par établissement sur 2011-2012
2.3 Discussions
2.3.1 Données métriques
2.3.2 Part des hommes et des femmes à l’université
Conclusion partielle
3 PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES FACE AUX TIC
Introduction
3.1 Matériels et Méthodes
3.1.1 Matériels
3.1.2 Démarches de vérification commune aux hypothèses
3.1.2.1 Collecte des données
3.1.2.2 Échantillonnage
3.1.2.3 Traitement et analyse des données
3.1.3 Démarche de vérification spécifique de la sous-hypothèse 1 : « l’Internet constitue un atout pour la recherche d’information »
3.1.4 Démarche de vérification spécifique de la sous-hypothèse 2 : « les ressources webiographiques développent l’apprentissage permanent des usagers»
3.2 Résultats
3.2.1 Utilisation des références bibliographiques
3.2.2 Évaluation des ressources numériques
3.2.2.1 Présentation normalisée des références web dans la bibliographie
3.2.2.2 Ressources web les plus citées
3.2.2.3 Évolution de l’utilisation des ressources web
3.3 Discussions
3.3.1 Références bibliographiques
3.3.2 Ressources numériques
Conclusion partielle
4 VALORISATION DES PRODUCTIONS SCIENTIFIQUES ET TENDANCES DES THEMES
CONCLUSION GÉNÉRALE