Concept de développement

La dimension territoriale du développement

Concept de développement
En guise de commentaire préalable, la définition du développement serait aussi ardue que sa mise en œuvre. Selon le dictionnaire Larousse (2009 : 316), se développer signifie «croître, grandir, s’épanouir ». En d’autres termes, le développement est associé à la croissance et à l’épanouissement. Ces deux dimensions du développement auront l’une ou l’autre, une importance particulière dans des paradigmes distincts.

Le concept de développement a connu une évolution marquée dans le temps, au gré des changements paradigmatiques. Les premières théories du développement sont dites libérales néo-classiques, puisque la croissance se confondait avec le développement. Elles constituent une approche « économiciste » . Ces théories ont été dominantes pendant les « trente glorieuses » (Fourastié, 1979). Cette période aussi qualifiée de« fordiste », s’observe par de forts taux de croissance annuels dans les pays industrialisés, environ 5 % sur la période de 1948 à 1973, tandis qu’entre 1913 et 1948 ils n’étaient que de 2 % (Scharf, 1990). Par ailleurs, selon Aglietta (1979), les gains de productivité auraient favorisé l’augmentation des salaires, d’où une amélioration du niveau de vie des populations.

Au Québec, le revenu par habitant augmenta de 134 % entre 1946 et 1961, tandis que le taux de chômage resta très faible (Niosi, 1984).

Paradigmes du développement régional

Paradigme exogène
Le développement exogène ou développement par le haut, voire « développement descendant » («development from above » ou « top-down »), est un développement principalement généré par la demande externe et l’innovation provenant de certains secteurs et espaces dynamiques, lesquels peuvent avoir des effets d’entraînement pour l’ensemble de l’économie (Stôhr et Taylor, 1981).

Plusieurs théories ont été élaborées à partir du principe de localisation du développement et de sa diffusion. Elles postulent en premier lieu l’apparition du développement en des lieux bien précis, à savoir des pôles de croissance dotés d’un pouvoir d’attraction des investissements. En second lieu, elles théorisent l’existence d’un processus de diffusion du développement vers les territoires environnants, un effet de percolation concrétisé par le déplacement des industries les moins compétitives vers des régions périphériques où le marché concurrentiel est moins hostile. Ce sont les théories de la croissance urbaine et régionale, et les théories des pôles de développement .

Paradigme endogène
Le développement de type endogène est aussi désigné comme « développement par le bas » ou «développement ascendant » (« development from below » ou « bottom-up ») (Stôhr,1981). Ce paradigme serait le seul « qui mette autant d’accent sur le milieu comme facteur de développement, opposant une planification ascendante – par le bas – aux stratégies habituelles de type descendant, par le haut » (Boisvert, 1996 : 204). L’échelle territoriale peut être la localité ou la région, de telle sorte que développement local et développement régional endogène sont quasi similaires.

Le développement endogène « doit s’appuyer en tout premier lieu sur la mobilisation maximale de chacune de ses ressources naturelles, humaines et institutionnelles et avoir pour priorité la satisfaction des besoins de base des résidants de cette région » (Stôhr, 1981 : 1).

Pour cela, chaque milieu devrait (Courlet et Garofoli, 1995 : 8) : utiliser des ressources locales ; contrôler au niveau local le processus d’accumulation ; contrôler l’innovation ; réagir aux pressions extérieures ; introduire des formes spécifiques de régulation sociale au niveau local favorisant les éléments précédents. Pour Becattini (1992), le développement endogène a un contenu « socio-territorial », équivalant à des dimensions humaine et territoriale. Elles seront différemment mises en évidence d’une définition à une autre.

Finalité du développement régional

La mobilisation comme finalité du développement régional s’apparente davantage à une vision politique et transformationnelle. De ce point de vue, la mobilisation a pour objectif des changements d’ordre politique, afin d’accroître le gain de pouvoir des populations les plus démunies (Karl, 2000). L’imaginaire communautaire est exalté, ce qui pour bon nombre d’auteurs fait implicitement référence aux modèles socialistes utopistes ou anarchistes (Stôhr,1981 ; Weaver, 1984). Cette logique d’«empowerment» (Friedmann, 1992 ; Ninacs, 2002), appelle à la mobilisation active des citoyens d’un milieu (Duperré, 1992). La mobilisation sera alors un moyen d’intégrer socialement les populations marginalisées : femmes, pauvres, minorités ethniques et religieuses, réfugiés, handicapés, personnes âgées, etc. (Chambers, 1998). Au cours de ce processus, le développement aura pour finalité de s’attaquer aux causes structurelles de l’exclusion sociale (Favreau etLévesque, 1999). Dans cette perspective, le développement se perçoit en termes d’implication des populations plutôt que de croissance économique (Rahman, 1990). Ainsi, la mobilisation est à la fois synonyme d’ empowerment et d’intégration sociale.

Instrument du développement régional

N’étant plus l’unique chef de file du développement régional, l’État s’appuiera sur la participation d’acteurs régionaux pour assurer la réussite de ses politiques. Ainsi, la mobilisation d’acteurs est requise en amont du processus de développement régional. La mobilisation sera dès lors un instrument plus qu’une finalité. Une nouvelle gouvernance territoriale est alors indispensable afin d’assurer une coordination des nouveaux partenaires.

Mobilisation pour l’action collective en développement régional La mobilisation en tant qu’instrument du développement régional est une vision dite instrumentale. Plusieurs études ont conclu que les initiatives de développement auraient une chance de réussite accrue si elles incluaient activement les populations locales ou régionales (Oakley, 1991). La mobilisation sera perçue comme un moyen d’améliorer l’efficacité de projets. Elle est donc tournée vers l’action collective. La logique d’expertise sous-jacente, repose sur l’habilitation des experts à déterminer des programmes pour répondre aux besoins des communautés (Duperré, 1992). Les acteurs régionaux agissent également en tant qu’experts ou consultants en leur qualité de connaisseurs des réalités régionales. Ils sont dans cette perspective considérés comme des acteurs de développement local ou régional, avec un potentiel d’innovation et d’entrepreneuriat (Julien, 1997 ; Joyal, 2002). Cette participation est un facteur de l’amélioration de l’efficacité des projets. Elle mène à la réalisation de choses concrètes telles que la construction d’un édifice, ou la diffusion ou l’appropriation de nouvelles pratiques agricoles (Boyce, 2001 ; Mikkelsen, 1995), tout en utilisant à bon escient les capacités locales ou régionales. C’est le point de vue des organismes responsables de projets de développement régional (Michener, 1998).

Influences mobilisatrices en développement régional

Ces quinze dernières années, plusieurs recherches menées dans le cadre du développement régional ou local, se sont intéressées à la thématique des influences mobilisatrices. Les théories du leader et de l’influence communicationnelle ont, dans une certaine mesure, guidé l’ensemble de ces réflexions. Aussi conviendra-t-il d’analyser les approches privilégiées dans ces études, tout en cernant leurs apports et limites.

Le leadership des acteurs
Une étude exploratoire multi-cas publiée en 2011 (Klein et al, 2010), recherchait les facteurs de réussite des initiatives locales. Dix études de cas ont mis en évidence des expériences de mobilisation d’acteurs locaux autour de la problématique de pauvreté et d’exclusion. Cinq hypothèses ont été formulées. La réussite des initiatives locales dépendrait de : l’existence d’un leadership construit socialement ;  la capacité des leaders (acteurs locaux) de mobiliser une grande diversité de ressources (endogènes, exogènes) ;l’existence d’instances et organisations permettant de régler localement des conflits entre acteurs ;  l’indentification collective d’objectifs stratégiques ; la construction d’identités positives et d’une conscience territoriale.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : REVUE DE LA LITTÉRATURE SUR LE THÈME DE LA MOBILISATION DES ACTEURS EN DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL ET ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES
CHAPITRE 1 : DYNAMIQUES D’ACTEURS ET DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL 
1.1. Le développement régional 
1.1.1. La dimension territoriale du développement
1.1.2. Paradigmes du développement régional
1.2. Mobilisation des acteurs et développement régional au Québec 
1.2.1. Développement régional au Québec : enjeu de modernité
1.2.2. Le changement de paradigme en développement régional
1.3. Approches de la mobilisation des acteurs en développement régional 
1.3.1. Finalité du développement régional
1.3.2. Instrument du développement régional
1.4. Conclusion du chapitre 1
CHAPITRE 2 : FACTEURS DE MOBILISATION DES ACTEURS POUR L’ACTION COLLECTIVE EN DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL
2.1. Approches de l’action collective 
2.1.1. L’approche macro-actionnelle
2.1.2. L’approche micro-actionnelle
2.1.3. Approche méso-actionnelle
2.2. Facteurs de mobilisation selon les approches de l’action collective 
2.2.1. Facteurs structurels
2.2.2. Facteurs individuels
2.2.3. Facteurs interactionnels
2.3. Les interactions comme facteurs de mobilisation d’acteurs régionaux 
2.3.1. Influences mobilisatrices en développement régional
2.3.2. Question et hypothèses de recherche
2.3.3. Pertinence de la recherche
2.4. Conclusion du chapitre 2 
CHAPITRE 3 : OPÉRATIONNALISATION DE L’INFLUENCE MOBILISATRICE DES RÉSEAUX D’ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL
3.1. Cadre théorique 
3.1.1. Postulat de l’acteur régional mobilisable
3.1.2. Postulat de la mobilisation des réseaux sociaux territorialisés
3.1.3. Postulat des interactions structurantes
3.1.4. Postulat de l’influence des interactions
3.2. Acteurs du développement régional 
3.2.1. Notion d’acteur
3.2.2. Acteur collectif et acteur individuel
3.2.3. Région : territoire privilégié de l’acteur
3.2.4. Typologies des acteurs régionaux
3.2.5. La collaboration entre acteurs régionaux au Québec
3.3. Influence interactionnelle 
3.3.1. Influence du leadership organisationnel régional
3.3.2. Influence communicationnelle ou influence du discours organisationnel
3.4. Mobilisation pour l’action collective en développement régional 
3.4.1. Définition de la mobilisation pour l’action collective
3.4.2. Échelle de mobilisation des réseaux de coopération en développement régional
3.4.3. Phases de mobilisation des réseaux de coopération en développement régional
3.5. Conclusion du chapitre 3 
CHAPITRE 4 : MÉTHODOLOGIE : ÉTUDE DU CAS DE LA STRATÉGIE MIGRACTION AU SAGUENAY – LAC-SAINT-JEAN COMME STRATÉGIE DE RECHERCHE 
4.1. Préparation du terrain 
4.1.1. L’étude de cas comme stratégie de la preuve
4.1.2. Exemplarité de la Stratégie MigrAction
4.1.3. Validité et fiabilité du cas 1
4.1.4. Aspects éthiques, préparation du terrain et préenquête
4.2. Méthodes de collecte des données utiles à la construction du cas 
4.2.1. Objectifs de la collecte des données
4.2.2. Constitution d’un corpus de presse
4.2.3. L’entrevue semi-dirigée
4.2.4. Autres sources documentaires
4.3. Méthodes d’analyse des données et de présentation des résultats 
4.3.1. Cerner le discours ambiant sur la migration des jeunes
4.3.2. Cerner le discours des agents de la Stratégie MigrAction sur la migration des jeunes
4.3.3. Analyse de la mobilisation des réseaux des organisations de jeunesse participant à la Stratégie MigrAction
4.3.4. Analyse des pratiques de leadership des organisations de jeunesse
4.3.5. Analyse et interprétation des données statistiques
4.3.6. Méthode de présentation des résultats
4.4. Conclusion du chapitre 4 
DEUXIÈME PARTIE : ANALYSES DE L’ÉTUDE DE CAS, CONCLUSIONS, DISCUSSIONS ET PERSPECTIVES
CHAPITRE 5 : LA MIGRATION CHEZ LES JEUNES DU SAGUENAY – LAC-SAINT-JEAN : UN ENJEU DE DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL (2001-2011) 
5.1. Portrait du Saguenay — Lac-Saint-Jean : constats et enjeux de développement régional
5.1.1. Portrait général et constats
5.1.2. Enjeux du développement du Saguenay – Lac-Saint-Jean
5.2. Phénomène de la migration des jeunes au Saguenay – Lac-Saint-Jean 
5.2.1. Constat d’un phénomène et historique
5.2.2. Causes du phénomène migratoire chez les jeunes
5.3. MigrAction : stratégie globale pour rétablir un bilan migratoire positif chez les jeunes
5.3.1. Généralités sur la Stratégie MigrAction
5.3.2. Acteurs collectifs de la Stratégie MigrAction
5.4. Conclusion du chapitre 5
CHAPITRE 6 : MOBILISATION DES ACTEURS REGIONAUX DANS LE CADRE DE LA STRATÉGIE MIGRACTION (2001-2011) 
6.1. État des réseaux régionaux de coopération des organisations jeunesse 
6.1.1. Reconstitution des réseaux
6.1.2. Analyse des réseaux
6.1.3. Conclusions
6.2. Étapes de mobilisation des réseaux de coopération 
6.2.1. Déclenchement et diagnostic (2001)
6.2.2. Mobilisation initiale (2002 – 2003)
6.2.3. Vision commune et planification d’actions collectives (15 septembre 2003 – 25 juin 2004)
6.2.4. Opérationnalisation de la première entente spécifique (juin 2004 – juin 2007)
6.2.5. Évaluation et négociations de renouvellement (25 juin 2007 -14 juillet 2008)
6.2.6. Opérationnalisation de la deuxième entente spécifique (juillet 2008 -juin 2011)
6.2.7. Conclusions
6.3. Évaluation qualitative de la mobilisation des réseaux par période 
6.3.1. De la concertation aux partenariats régionaux (2002 – 2003)
6.3.2. Persistance des partenariats régionaux (15 septembre 2003 – 25 juin 2004)
6.3.3. Entre collaborations et partenariats locaux (juin 2004 -juin 2007)
6.3.4. Renforcement des collaborations et partenariats locaux (25 juin 2007 – 14 juillet 2008)
6.3.5. Perpétuation des collaborations et partenariats locaux (juillet 2008 – juin 2011)
6.3.6. Conclusions
6.4. Conclusion du chapitre 6 
CHAPITRE 7 : PRATIQUES DE LEADERSHIP DES ORGANISATIONS DE JEUNESSE DU SAGUENAY- LAC-SAINT-JEAN 
7.1. Profils de leaders 
7.1.1. Pierre (2001 -2006)
7.1.2. Irène (2001-2011)
7.1.3. Sonia (2004 – 2008)
7.1.4. Jeanne (2009-2011)
7.1.5. Conclusions
7.2. Leadership interpersonnel au sein de la Stratégie MigrAction 
7.2.1. Situations d’interactions entre acteurs
7.2.2. Acteurs de l’émergence de leadership
7.2.3. Conclusions
7.3. Leadership de l’acteur collectif jeunesse 
7.3.1. Négociation de l’entente spécifique (2001 – 2004)
7.3.2. Réalisation de la première entente spécifique (2004 – 2007)
7.3.3. Négociation de renouvellement (2007 – 2008)
7.3.4. Réalisation de la deuxième entente spécifique (2008 – 2011)
7.3.5. Conclusions
7.4. Conclusion du chapitre 7 
CHAPITRE 8 : INFLUENCES DU DISCOURS DES ORGANISATIONS DE JEUNESSE SUR LES PERCEPTIONS RÉGIONALES DE LA MIGRATION DES JEUNES 
8.1. Discours régionaux sur la migration des jeunes : « discours ambiant » et « discours migrActif » 
8.1.1. Discours ambiant sur la migration des jeunes
8.1.2. Composantes du discours migrActif
8.1.3. Caractéristiques du discours migrActif
8.1.4. Articulation des composantes du discours migrActif
8.1.5. Conclusions
8.2. Influences du discours migrActif sur le discours ambiant (2001 – 2011) 
8.2.1. Genèse du discours migrActif (2001 – 2003)
8.2.2. Passage en « mode solution » (avril 2003 – mars 2004)
8.2.3. De la pénurie de main-d’œuvre à l’attractivité (avril 2004 -janvier 2006)
8.2.4. Amélioration du bilan migratoire (février 2006 -janvier 2008)
8.2.5. Qualité de vie et image positive du Saguenay – Lac-Saint-Jean (février 2008 – juin, 2009)
8.2.6. Saguenay – Lac-Saint-Jean : un milieu de vie attrayant (juillet 2009 – Juin 2011)
8.2.7. Conclusions
8.3. Conclusion du chapitre 8
CHAPITRE 9 : DISCUSSION DES RÉSULTATS ET PERSPECTIVES 
9.1. Mobilisation du réseau de coopération des organisations de jeunesse 
9.1.1. Évolution de la mobilisation (2001 – 2011) et constats de facteurs d’influence
9.1.2. Mobilisation structurante des réseaux de coopération
9.1.3. Discussions sur la mobilisation des réseaux de coopération
9.2. Influence mobilisatrice du leadership organisationnel régional
9.2.1. Évolution du leadership organisationnel régional
9.2.2. Influence des diverses formes de leadership organisationnel régional
9.2.3. Discussions sur l’influence différenciée des types de leadership organisationnel régional
9.3. Influence mobilisatrice du discours organisationnel 
9.3.1. Évolution et impacts du discours organisationnel sur la mobilisation régionale
9.3.2. Discussions
9.4. Perspectives de recherches et d’intervention 
9.4.1. Perspectives de recherches
9.4.2. Perspectives pour les intervenants
9.5. Conclusion du chapitre 9 
CONCLUSION GÉNÉRALE 
10.1. Problématique de la mobilisation d’acteurs régionaux autour d’enjeux de développement régional 
10.2. Apports de la recherche 
10.3. Limites de la recherche

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