Comprendre une histoire lue en petite section: l’utilisation d’un outil de scénarisation

Dans le cadre de ma deuxième année de Master Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation (premier degré), il nous était demandé de concevoir un mémoire de recherche concernant une problématique professionnelle à laquelle nous avons été confrontés et/ou qui nous interroge.

Au cours de ma scolarité j’ai pu faire différents constats et dégager plusieurs problématiques. En effet, ma formation m’a permis de participer à différents stages dans des écoles (maternelles et élémentaires). J’ai pu observer la réalité du terrain et constater que les problématiques étaient différentes d’un cycle à l’autre et d’un niveau à l’autre. J’ai choisi d’analyser une problématique observée en cycle un. Celle-ci prend part dans les séances de langage. En effet, le langage est au cœur du cycle et jalonne toutes les autres disciplines. En maternelle nous pouvons travailler le langage partout et tout le temps d’après les Instructions officielles. La réalité du terrain me l’a confirmé.

Ayant eu le concours lors de ma première année de master, j’ai eu la chance de réaliser une année scolaire en tant que professeure élève stagiaire. J’ai donc eu une classe de petite section en charge. A la vue de mes premières interrogations concernant le langage en cycle un, j’ai à mes débuts tenté de mettre en place des séances favorisant le langage. J’ai rapidement souhaité travailler sur la littérature de jeunesse puisqu’elle déborde de ressources et participe à la construction du langage chez les élèves de maternelle. Ces fictions littéraires sont souvent des outils favorisant la compréhension du monde et la construction de soi. L’album de jeunesse est alors un moyen de parler de nombreuses thématiques plus ou moins proches des élèves (exemples :l’enfance / grandir / la séparation…). Il devient un véritable outil au service des apprentissages. L’enjeu est alors de donner aux élèves les outils permettant cette compréhension puisque celleci ne va pas toujours de soi. Manquant d’expérience, je me suis beaucoup inspirée de mes collègues. En observant leur cahier journal, j’ai vu que beaucoup d’entre elles proposaient à leurs élèves ce que nous pouvons appeler des lectures offertes ou lectures plaisirs. Il s’agit de lire un livre choisi par l’élève. J’ai donc réalisé plusieurs séances de lecture plaisir. Cependant, j’ai rapidement fait le constat suivant : Mes élèves appréciaient la lecture comme un moment calme et apaisant mais finalement ne comprenaient pas ce qui était lu. Je me demandais réellement si nous étions en train de travailler la compréhension. J’ai ressenti comme une «barrière » invisible entre moi et ces jeunes enfants nouvellement arrivés à l’école avec un langage peu développé. En effet, une petite part d’entre eux seulement était capable de me décrire une illustration ou encore de répondre à une question posée. J’ai donc rapidement pris conscience que mon enseignement n’était pas adapté à ces jeunes élèves novices en langage et que la lecture plaisir ne suffisait pas.

Par ailleurs, nous pouvons noter que le rapport OCDE de 2015 affirme que 12,5% des élèves français (âgés de 16 à 29 ans) ont un niveau faible de compétences en littératie (Définie par l’OCDE dans le rapport La littératie à l’ère de l’information du 14 juin 2000 comme « l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités » ). La problématique de la compréhension a donc toute sa place dans les questionnements des chercheurs et didacticiens. Par conséquent, des propositions de méthodes comme Lector et Lectrix ou encore plus récemment la méthode Narramus (initiée par R.Goigoux et S.Cèbe) ont vu le jour. Ces différents constats ont suscité chez moi de nombreuses questions concernant la compréhension : Quels processus mentaux sont mis en œuvre lorsque l’on lit ? Est- ce que des élèves de petite section sont capables de comprendre des textes lus ou racontés ? Quels sont les modalités et les enjeux de la lecture littéraire ?

Le lien indispensable entre langage et compréhension

Le langage 

Sa définition

Nous devons une définition du terme « langage » à Ferdinand de Saussure (linguiste Suisse qui a défini les concepts fondamentaux de langage, langue et parole) . Celui-ci interprète la langue comme un ensemble de signes. Il distingue ce qu’il appelle « le signifié » (le concept, la représentation mentale d’une chose) au «signifiant » (l’image acoustique d’un mot). Le langage est pour lui « la faculté inhérente et universelle de l’humain à construire des langues pour communiquer ». Donc « le langage est la manifestation de la langue ».

Historiquement, les fonctions du langage sont multiples. Pour les Grecs, la parole permet la raison car toute idée ne peut s’exprimer que par le langage. Il n’y aurait donc pas de pensée sans langage. Pour Rousseau dans son Essai sur l’origine des langues, le langage est l’entité qui « fait passer l’humain de l’animal à l’homme». Cependant le langage ne se limite pas aux mots. En effet, il faut aussi tempérer ces propos avec l’apparition de la langue des signes qui sert aussi àexprimer des idées. Finalement le langage est alors un système de signes (les mots ou les gestes) qui sert à exprimer des idées. Plus récemment, Véronique Boiron a donné quatre fonctions aux langages :

❖ « Le langage sert à communiquer »: La transmission d’informations d’un individu à l’autre.
❖ « Le langage sert à évoquer l’absent » : C’est-à-dire faire revivre mentalement ce que l’on vient de vivre. Il s’agit de parler de quelqu’un ou quelque chose qui n’est pas présent ou alors de quelque chose que nous avons réalisée. Le langage d’évocation est quelque chose qui s’apprend et qui ne va pas de soi contrairement au langage d’action qui s’apprend universellement dans la communication.
❖ « Le langage sert à multiplier les significations » : Le langage participe à la création d’une infinité de significations en mettant ensemble des objets (les mots) qui ne vont pas forcément ensemble dans le réel. V.Boiron donne l’exemple suivant: « La terre est bleue comme une orange ».
❖ « Le langage sert à penser le monde » : Manipuler la langue et parler est signe de reconnaissance sociale. (Nous possédons une forme de reconnaissance quand on peut parler devant un groupe).

Ainsi, le langage est un ensemble de signes qui fait de l’homme ce qu’il est : un être capable de penser. Ce langage a de multiples fonctions devant être travaillées. Elles se développent progressivement chez les enfants.

Son importance dans le développement de l’enfant

Au milieu du XXème siècle, la psycholinguistique est apparue. Celle-ci donne une place importante à l’étude de la structure du langage chez l’enfant afin d’en expliquer son développement. V.Boiron évoque le travail amorcé par ses prédécesseurs dans l’ouvrage Mémoire langage et apprentissage – Développement du langage et de la pensée à l’école primaire : éléments de réflexion sur leurs interactions et leurs enjeux  . L’auteure réaffirme les propos de J.Piaget qui propose une théorie sur les relations entre le développement cognitif del’enfant etledéveloppement langagier. Il affirme avec Vygotski que « le langage est une voie d’accès aux processus de pensée. Il est un élément parmi d’autres dans le processus de décentration cognitive (aux prémices du développement de l’homme)». C’est aussi ce qu’affirme H.Wallon en 1945 en affirmant l’idée suivante: « Sans le soutien du langage, la pensée est incapable de se développer ».

Cependant, le langage ne passe pas seulement par la parole. Nous parlons aussi de langage et communication non verbale. Un principe encore plus important lorsque les enfants sont jeunes et ont, par conséquent, un lexique mental (Le concept de lexique mental a été défini par Anne Treisman en 1960 « comme un système dans lequel s’effectue un appariement entre un signal physique de parole et le sens associé stocké dans la mémoire à long terme ») peu développé.

Ainsi, différents indices non verbaux prennent place dans la communication. Josie Bernicot et Alain Bert-Eboul les ont définis dans L’acquisition du langage par l’enfant comme :

● Les gestes : C’est à dire pointer l’objet en question.
● Le regard : Tourner le regard vers une personne, un objet.
● Les expressions faciales : Jouer avec les expressions et les émotions qu’elles peuvent générer pour se faire comprendre (exemple : la joie, la colère…).
● Les déplacements : Aller vers une personne, un objet.
● Les jeux avec des objets : Donnent lieu à des interactions collaboratives (donner, échanger) ou compétitives (prendre de force).
● Les conduites d’imitation : Dire bonjour, au revoir, imiter l’adulte ou d’autres enfants.

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Table des matières

Introduction
1. Le lien indispensable entre langage et compréhension
1.1. Le langage
1.1.1. Sa définition
1.1.2. Son importance dans le développement de l’enfant
1.1.3. Le langage dans les Instructions officielles
1.2. La compréhension
1.2.1. Qu’est-ce que comprendre ?
1.2.2. Les compétences requises pour comprendre
1.2.3. L’apparition du concept de mémorisation
1.3. La littérature de jeunesse comme un lien entre langage et compréhension
1.3.1. Le concept de lecture littéraire
1.3.2. Des textes de natures différentes avec des difficultés à anticiper
1.3.3. Pistes pédagogiques pour travailler langage et compréhension en cycle 1
2. La mise en place d’un outil scénarisant : La boîte à raconter
2.1. Problématique et hypothèse en émergence
2.2. Description des conditions de l’expérimentation en classe
2.3. Présentation et analyse des albums retenus pour la recherche : Les Oralbums
2.4. Méthodologie et recueil des données
3. Analyse de l’efficacité du protocole
3.1. La prise de parole des élèves face à celle de l’enseignant
3.2. Mémoriser et compléter la parole des autres
3.3. La reconnaissance des personnages de l’histoire
3.3. Citer les moments « forts » de l’histoire
3.4. Elargissement : La construction d’un outil autonome
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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