Comprendre l’organisation géographique et administrative du territoire

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Les théories du développement en optique spatiale.

Un peu d’histoire :

L’approche territoriale dans le développement avait fait son apparition, comme déjà vue précédemment, peu à peu avec la prise de conscience de l’inégalité de la diffusion de développement dans l’espace. Autrement dit, les théoriciens du développement s’étaient aperçus que les territoires et les régions ne se développaient pas tous de la même façon et que certaines régions demeuraient en dehors de la sphère du développement.
Cette prise de conscience s’était élaborée d’abordsur le plan international, lorsqu’il était devenu évident que des déséquilibres de développement entre les pays du Nord et les pays du Sud existaient. Par la suite, les analystes du développement avaient constaté que des déséquilibres se produisaient aussi à l’intérieur esd régions de pays dits développés.

L’émergence de l’approche régionale du développement constitue pour certains auteurs l’avènement d’un nouveau paradigme de développement que certains ont appelé le paradigme de développement par le bas, par opposition à celui du développement fonctionnel ou du développement par le haut.
Dans les pays du Sud comme dans les pays du Nord, plusieurs auteurs9 tels que S. Amin, J. Friedmann et F. Perroux avaient élaboré des théories qui tentaient d’expliquer les inégalités du développement dans l’espace et surtoud’essayer de trouver des théories qui favorisaient le développement des espaces excentriques et marginalisés.
Toutes ces théories forment ce que nous pouvons appeler l’ensemble des théories du développement régional. Un ensemble aux frontièresparfois floues puisque « aucune théorie générale du développement régional n’est encore disponible »10. Dans les pages qui suivent, nous allons regarder quelques-unes des théories qui forment cet ensemble théorique du développement régional et qui ont en commun une approche territoriale du développement.

Le développement endogène :

Le développement endogène est né avec la nécessitéde freiner les inégalités du développement dans l’espace et de territorialiser le développement. L’approche de développement endogène a fait l’objet de nombreusescontributions théoriques au cours de ces vingt dernières années de la part tant des économistes, des géographes que des sociologues. Elle est issue de multiples courants théoriques, qui se sont développés – à la fois-dans les pays du Sud, et dans les pays du Nord où les espaces périphériques sont souvent en voie de dévitalisation.
La théorie de développement endogène relève du paradigme de développement par le bas et s’inscrit dans une approche essentiellement territoriale du développement.
Philippe Aydalot affirme en effet que : « le développement endogène est une approche territoriale du développement plus qu’une théorie de la croissance économique» . Pour certains auteurs, le développement endogène concerne davantage les pays en développement plutôt que les pays développés .

Il est vrai qu’au niveau international, le développement endogène, connu aussi sous le vocable « self-reliance » ou développement autocentré, a connu une audience importante notamment avec la Tanzanie qui a tenté d’appliquer – à l’échelle d’un pays entier- les principes de développement autocentré.
Dans les pays du Nord, le concept de développement endogène avait notamment été élaboré par John Friedmann. Ce dernier parlait de éveloppementd agropolitain ou de développement autocentré.
En outre, selon le principe de J. Friedmann in Aydalot13 : le développement endogène est territorial, communautaire et démocratique. En effet, le territoire est à la base du développement. C’est dans un espace particulier que le développement s’incarne et prend sa source. Il est le fruit de chacune des composantes territoriales d’un espace, c’est-à-dire : les composantes naturelle, culturelle, économique et sociale. Il peut être aussi communautaire, puisqu’il fait appel à la participation de la popul ation, mais également démocratique, puisqu’il suppose des structures démocratiques pour sa mise en œuvre.
A ces principes de base, d’autres caractéristiques se sont ajoutées. Le développement endogène est basé sur les besoins fondamentaux despersonnes14 et non sur les besoins de la croissance du marché. Il est axé sur la valorisation des ressources locales tant sur le plan ressources naturelles, culturelles que sur le plan des savoir-faire locaux.
Le développement endogène est aussi un développement qui se veut intégré, réalisé à petite échelle. Il s’effectue parfois dans un contexte d’économie informelle, c’est-à-dire une économie souterraine non comptabilisée et en dehorsdes normes de l’économie officielle.
Aussi, a-t-il connu de nombreuses applications dans le monde, dans les pays en voie de développement tout comme dans les pays dits développés. Au Québec, le développement endogène a été à la base de plusieurs expériences ed développement dans les petites collectivités locales comme le Bas-Saint-Laurent et Gaspésie.
Ainsi, le concept du développement endogène sembleêtre en rupture par rapport au concept de développement économique classique basésur la croissance de l’économie extra-territoriale.
En ce sens, il constitue une réponse aux problèmesmis en relief par l’analyse centre-périphérie.
Bref, de nombreux auteurs ont contribué à la définition de ce nouveau type de développement. Ils ont pu apporter leur part d’idées sur le concept de développement, dans une optique territoriale et ce, quelque soit l’appellation que ce dernier peut prendre : qu’il s’agit d’un développement par le bas ou d’un développement décentralisé ou d’un développement ascendant.
Nous allons maintenant regarder un autre concept de l’approche de développement en optique territoriale : le concept du développement local.

Le développement local :

Selon certains auteurs, le développement local découle directement du concept de développement endogène. Dans cet ordre d’idée, maisavec une formalisation encore plus grande, cette conceptualisation a engendré plusieur approches de développement local .
Parmi ces approches, celles développées parKatalyn Kolosy15 d’une part, et Bernard Vachon, d’autre part, nous paraissent les plus logiques et les plus proches de la pratique de développement dans une optique territoriale et régionale.
Pour Katalyn Kolosy16 : « le développement local est une approche volontariste, axée sur un territoire restreint, et qui conçoit le développement comme une démarche partant du bas, privilégiant les ressources endogènes ».
Pour une meilleure compréhension du concept, cet auteur a essayé de combiner les explications de la notion de développement d’une part, et la notion de local d’autre part, pour en faire ressortir l’importance donnée au dynamisme local dans le processus de développement local .

En effet, comme beaucoup d’auteurs, Kolosy a interprété le développement comme un processus de transformation ou de changement étroitement lié au concept deprogrès. Et pour la notion de local, elle repose sur la notion de territoire qui peut être perçue comme le découpage administratif, parfois arbitraire et sans correspondance avec la géographie humaine.
De son côté, Bernard Vachon mentionne que : « le développement local est une stratégie qui vise – par des mécanismes de partenariat- à créer un environnement propice aux initiatives locales, afin d’augmenter la capacité des collectivités en difficulté à s’adapter aux nouvelles règles du jeu de la croissance macro-économique ou à trouver d’autres formes de développement qui, par des modes d’organisation et de production nouveaux, intégreront des préoccupations d’ordre social, culturel et environnemental parmi des considérations purement économiques ».

Donc, d’une manière générale, et vu sous l’angle del’organisation économique et sociale d’un pays, le concept de développement loca est sûrement né de la prise de conscience suivante : les politiques d’aménagement du territoire mises en œuvre pour corriger les grands déséquilibres géographiques et socio-écon miques ne peuvent trouver leur pleine efficacité qu’en s’appuyant sur une organisation des volontés locales.
Quelles que soient les formes prises par le développement local : qu’il s’agit de Comités locaux de bassin d’emploi, de développementsocial des quartiers ou des Parcs Naturels Régionaux, elles ont pour caractéristiquescommunes :
– d’être assises sur un territoire dont la délimitiona vise à définir une entité géographique, économique, culturelle et sociale susceptible de dépasser les organisations administratives traditionnelles et
– d’avoir vocation d’associer tous les acteurs loca ux : élus, socioprofessionnels, associations ou administration, etc…
Comme objectif, le développement local s’efforce d’élaborer puis de faire fonctionner un projet de développement qui peut créer une synergie entre les potentiels du territoire, ses ressources humaines et son insertion dans les orientations de l’aménagement du territoire, c’est-à-dire : sa capacité à suivre les grandes orientations économiques, les programmes spécifiques et la réalisation des infrastructures.
Cependant, pour la réalisation de ces objectifs, des outils, des méthodes et des métiers spécifiques devraient être développés puisaffinés par l’expérience. Parmi ces outils et méthodes, on peut citer entre autres :
– le diagnostic comme point de départ de toute démarche de développement local,
– le projet global qui doit dégager les lignes de forces et des priorités à moyen et long terme,
– l’animation dont la mission consiste à faire émerger les projets tout en gérant une dynamique du territoire, et enfin
– la formation/développement conçue pour accompagner la réalisation des projets.
Par ailleurs, l’un des faits les plus marquants liés au concept de développement local est l’existence de la multiplicité des discours et programmes, à la fois complémentaires et contradictoires qui s’y rattachent. Malgré cela, deux grands courants semblent se dégager de cette multiplicité. Le premier courant est celui qui renvoie à l’analyse systémique et qui met l’accent sur le rôle des institutions et sur le partenariat public-privé. Le second relève d’une certaine conception de la solidarité et s’intéresseplus au rôle de l’initiative par le bas, qui s’appuie sur des formes de négociation égalitaires,non pilotées par les pouvoirs publics.

Bref, le concept de développement local repose sur un acquis théorique pluridisciplinaire. Et plus qu’un concept, le développement local est aussi un processus d’apprentissage organisationnel. C’est ainsi qu’il n’est pas et ne sera sans doute jamais une science exacte. Il restera une délicate approche de développement qui s’élabore et se transforme jour après jour dans ces nouveaux laboratoires de la société que sont les territoires.
Aussi, la meilleure façon d’en parler consiste-t-e lle à décrire et à analyser les expériences en cours, tout en sachant qu’aucune d’elles ne doit être érigée en modèle reproductible.
Maintenant, nous allons regarder deux des approches spécifiques du développement local : l’approche des districts industriels et les milieux innovateurs, et celle du développement économique communautaire.

Les districts industriels et les milieux innovateurs :

Le courant des milieux innovateurs et des districts industriels met l’accent sur l’inscription dans un territoire ou un milieu donné, d’un potentiel de développement selon les filières productives ou des systèmes d’entrepreneuriat. Dans ce contexte, les districts industriels peuvent donc se définir comme un système de production localisé géographiquement , qui fait appel au potentiel de développement endogène, sur un territoire donné.
Concernant la théorie des milieux innovateurs, la perspective nouvelle proposée dans ce courant est de montrer que le développementdes entreprises constitue le résultat des forces innovatrices dans un milieu donné. L’accentest donc mis sur le territoire et sur les conditions qui y existent et qui permettront de développer l’entrepreneuriat local. La théorie des milieux innovateurs peut s’apparenter aux travaux de l’économiste Schumpeter et aux travaux des économistes évolutionnistes .
La perspective des districts industriels et des milieux innovateurs relève de la première approche de développement local définie plus haut.
Toujours dans le courant du développement local, nous distinguons une autre approche, soit le développement économique communautaire. Nous allons examiner quelles sont les spécificités de cette approche.

Le développement économique communautaire :

Le développement économique communautaire a pour objectif d’intégrer à la fois des dimensions économiques et sociales dans un territoire ou une communauté donnée. Dans cette conception, le développement économique local tendalors à prendre en compte quatre dimensions, soit la dimension économique par la production et la vente de biens et services, la dimension territoriale par la mise en valeur des ressources locales, la dimension sociale par un travail portant sur la recomposition sociale de la communauté et la dimension communautaire en tant qu’espace de vivre ensemble et en tant que dispositif premier de revitalisation.
Nous retrouvons, dans ce courant de développement communautaire local, les composantes du développement local que nous avons mentionnées précédemment à savoir : la synergie des acteurs, l’inscription territoriale du développement et la prise en compte des dimensions à la fois sociale, économique et culturelle.
Ce courant du développement économique communautaire est en pleine montée actuellement. Il rejoint aussi le concept de l’économie sociale qui prend de plus en plus d’ampleur ces derniers temps.

La théorie des pôles de croissance :

La théorie des pôles de croissance a été développée- pour la première fois- par l’économiste François Perroux dans les années cinquante. Elle postule que « la croissance n’apparaît pas uniformément dans l’espace, mais qu’elle se concentre plutôt en pôle ou en zone de croissance dont les effets se diffusent sur l’économie immédiate ».
En effet, constatant que les résultats obtenus en matière de développement ne sont pas très convaincants, F. Perroux postule -au contraire- un déséquilibre naturel entre les régions pour atteindre la croissance et considère que les écarts régionaux de développement ne peuvent pas se réduire au seul jeu du marché .
Sa théorie des pôles de croissance a inspiré dans esl années 1970 et 1980 des politiques de créations de pôles de développement dans les régions moins favorisées.

Par croissance polarisée, il entendait une croissance tirée par un pôle moteur entraînant l’espace  environnant dans le processus d e développement, par effet de diffusion de progrès, de techniques, de savoirs, etc… L’entrepri se de grande taille pouvant naturellement constituer un tel pôle.
Ainsi, on peut dire que le pôle de croissance repos e sur l’existence d’une ou plusieurs unité(s) dominante(s) et motrice(s). Ces unités motrices peuvent être des firmes, des industries ou groupe d’industries. Il y a croissance parce qu’une unité motrice entraîne l’espace environnant à progresser et donc, permet le développement économique. La croissance de cette firme motrice se diffuse vers les autres firmes notamment vers les sous-traitants. Les relations entre les firmes motrices et les autres industries ne sont pas forcément concurrentielles.
Par ailleurs, ces unités motrices sont localisées uo territorialisées voire « agglomérées » ou regroupées à d’autres entreprisessur un territoire, ce qui crée sûrement des forces de synergie entre ces unités. Cependant, cela supposait que des forces de blocage toujours présentes sur le territoire existent. Maisces dernières ne l’emportaient point sur les forces de progrès.
Certes, dans ce contexte, l’idée d’entreprise prédatrice ainsi que la diversité des trajectoires de développement régional ont été trèsvite opposées à ces unités motrices. C’est ainsi que certains auteurs ont repris ce concept d’espace économique, pour élargir leur cadre d’analyse sur les pôles de croissance.
En effet, la théorie des pôles de croissance avait pris une forme beaucoup plus large avec la définition de Philippe Aydalo. Selon cet auteur, « la théorie des pôles de croissance est à la fois une théorie de développement économique,mais aussi une théorie de la diffusion spatiale de la croissance et du développement » .
D’après cette définition, sur le plan de la localisation spatiale, la théorie des pôles de croissance tend donc à montrer que la croissance se concentre dans l’espace, alors que sur le plan de développement économique, le pôle est un mécanisme inducteur de croissance .

Par ailleurs, soulignons que les effets de croissance ne se propagent pas automatiquement au profit de tous les secteurs mais surtout dans les secteurs liés à ceux qui donnent la propulsion initiale. En effet, le pôle d e croissance est constitué par une industrie ou une branche d’industrie clé.
Ainsi, on peut affirmer que la théorie des pôles de croissance se présente à la fois comme théorie de croissance sectoriellement déséquilibrée et comme théorie de croissance régionale déséquilibrée, c’est à dire :
– la croissance se diffuse par des canaux spécifiques de manière très inégale selon les secteurs et
– les effets moteurs se concentrent inégalement dans l’espace : le centre doté de tous les atouts, exerce un pouvoir de domination sur la périphérie très souvent présentée en négatif par rapport au centre.
Une des caractéristiques marquantes d’un pôle de croissance est que les structures centralisées sont incompatibles avec la mécanique ed la polarisation. Il ne peut y avoir de polarisation qu’au sein d’une économie décentralisée, car elle repose sur des investissements additionnels créés par des micro-unités soucieusesde profiter des occasions de profit suscitées par les macro-unités. Il n’est pas exclu que des régimes monopolistiques sont souvent caractéristiques des pôles du fait de l’existence des grandes entreprises qui peuvent dominer leur environnement.

Concernant les effets d’expansion de la croissance aux alentours du pôle, trois voies de diffusion des effets moteurs issus d’une unité motrice peuvent être considérées ; il s’agit des effets par les prix, par les flux et par les anticipations.
Aussi, dans un cadre théorique, les règles de transmission des effets moteurs peuvent agir soit par des effets en amont, soit par des effets en aval ou des effets boomerang, c’est à dire capables d’agir dans les deux sens.
Le mode de propagation varie en fonction des effets exercés par l’industrie motrice ; si l’effet en aval est le plus important, ce sont des industries d’amont dites de base : matières premières, acier, chimie, etc… qui joueront le rôle important dans la croissance. Dans le cas contraire, ce sont des industries d’aval qui joueront ce rôle.
La théorie des pôles de croissance a été très populaire et très utilisée dans le monde. Toutefois, il semble que le développement des pôles de croissance a aussi des effets pervers comme la polarisation du développement dans un espace délimité, ce qui contribue à créer des espaces marginalisés autour du pôle de développement.
Enfin, la théorie des pôles de croissance n’a pas toujours donné les résultats escomptés, tout au moins pour le développement desrégions excentriques.

Les pôles de Croissance fortement liés à la notion d’attractivité, de compétitivité et de  proximité

Dans cette section, nous allons parler de l’importance accordée à la notion d’attractivité et de compétitivitédans le processus de développement des pôles. Une place importante sera également accordée à l’analyse de la proximité.

La notion d’attractivité et de compétitivité :

Attractivité et compétitivité territoriale sont aujourd’hui des notions justement à la mode dans le débat sur les politiques de développement des pôles de croissance et de développement régional. Mais il faut considérer quesi les termes sont relativement nouveaux, les concepts qu’ils sous-tendent sont anciens.
En fait, si regardés de près, quelles sont les réflexions sur les districts industriels que nous venons de traiter précédemment si non une conceptualisation des sources de compétitivité d’un système de productions locales ?Quels sont les effets de polarisation de F.Perroux si non une théorisation des effets d’attraction d’activités génératrices de croissance économique ? Et à propos de toutes les grandes théories de la localisation développées antérieurement, ne mettent-elles pas l’accent sur les forces d’attraction d’activités à la recherche des meilleures conditions de compétitivité?
S’interroger aujourd’hui sur ces deux notions, souv ent utilisées de façon superficielle pour dégager des stratégies de développement s’avère crucial et incontournable parce que premièrement, on ne dispose pas de véritables recettes ou boites d’outils pour une stratégie ou une politique économique efficace, deuxièmement parce que les liens entre les deux concepts et leur véritable signification et contenu sont encore flous.
Les concepts d’attractivité et de compétitivité territoriale demandent une considération particulière dans le contexte actuel de la mondialisation. En fait, on est en présence d’un défi majeur. En effet, la théorie deséchanges internationaux nous indique que les territoires, les villes, les régions, mais aussi les nations ne disposent pas de mécanismes d’ajustement automatiques lorsqu’elles font face à une crise. Si la compétitivité de leurs produits s’efface, ou si elles ne sont pas en mesure de garder le même taux d’accroissement de productivité que leurs compétiteurs dans le temps,leur destin -en absence de ressources publiques importantes- est le déclin et même la désertification.

De ce fait, les territoires sont obligés de relance continuellement leur compétitivité et leur attractivité en direction de nouvelles activités s’ils veulent survivre en tant que sociétés locales ou régionales.
Par ailleurs, notons que ces sociétés sont en compétition directe entre elles d’une part, et au niveau des échanges internationaux sur la base de principe d’avantage absolu ou sur la base du principe Ricardien d’avantage comparatif22 d’autre part. La même condition de concurrence se présente, si on ajoute la considération des mouvements des capitaux et des facteurs de production ; les sociétés se dirigent ersv le territoires où les coûts sont mineurs « compétitivité de prix » ou bien vers les territoires où les coûts supérieurs sont plus que compensés par une forte efficacité ou productivité« compétitivité hors prix ». Tout cela renforce le défi de développement des pôles de croissance.
22 Ce sont ces avantages qui garantissent chaque pays d’un rôle dans la division internationale du trav ail, même en présence d’une productivité inférieure dans tout secteur deproduction. (Camagni, 2002).
Si le défi pour les pôles est clair, il faut dire que le territoire fournit également des outils pour mieux répondre au même défi. Ce défit esappuyé par les différentes dimensions du concept économique de territoire à savoir :
– un système d’externalités technologiques, c’est-à-dire un ensemble de facteurs aussi bien matériels qu’immatériels qui génèrent un avantage compétitif aux entreprises et qui, grâce à l’élément de la proximité et à la réduction des coûts de transaction qu’elle comporte, peuvent devenir des externalités positives ;
– un système de relations économiques et sociales qui contribue à la constitution du capital relationnel ou du capital social d’un certain espace géographique ; ce système est responsable des effets de synergie locale ou de dynamique territoriale facilitant l’action collective des privés qui visent à produire des biens publics de façon coopérative et contribuant également à la réduction de l’incertitude et au déclenchement de processus d’apprentissage collectif24;

– un système de gouvernance locale, qui rassemble une collectivité, un ensemble d’acteurs privés et un système d’administrations publiques locales. Ce système est responsable de l’interprétation des besoins de la région et de la mise en oeuvre des meilleurs dispositifs pour fournir des réponses efficaces aux défis.

Deux notions distinguées mais complémentaires :

Comme démontré plus haut, améliorer l’attractivitéet la compétitivité territoriale représente des réponses possibles aux défis du développement despôles ou des régions. Traditionnellement, elles ont été associées à des stratégies différenciées et bien distinguées, notamment une stratégie de développement exogène qu’on peut qualif er par le haut, et une stratégie de développement endogène, par le bas.
Dans l’histoire récente de la théorisation sur le développement territorial, ces deux visions se sont succédées au moins deux fois :

– à partir de la fin des années 1970 jusqu’à la moi tié des années 1990, la nécessité de valoriser les ressources et les capacités locales a été valorisée, et renforce donc la compétitivité nourrie par les synergies locales etles processus d’innovation ;
– plus récemment, face au processus de la mondialisation, à l’évidence d’une reprise des mouvements internationaux d’investissement dirigés de façon croissante vers les pays développés et au rôle des grandes villes comme attracteurs d’une part croissante de ces investissements directs, l’accent est tourné encore une fois vers les stratégies d’attraction.
Dans ce contexte, bien que naturellement différentes, ces deux stratégies montrent de fortes convergences et d’importantes complémentarités.
En premier lieu si on fait exception des politiques d’attraction développées à travers des rapports diplomatiques entre les pays et organismes internationaux on doit réaliser que les sources de l’attractivité territoriale et de la compétitivité sont pour la plupart les mêmes : les mêmes éléments qui contribuent à l’attractivité d’activités externes, notamment une bonne dotation de services et d’infrastructures, une bonne efficacité de l’administration publique, un niveau élevé de qualité de la vie et de l’environnement. Autant d’éléments qui sont très efficaces pour garder les entreprises de la région sur le lieu et pour augmenter la productivité de toutes les entreprises actuelles ou potentielles.

Si on reste sur le plan des politiques, il faut reconnaître que les politiques d’attraction plus efficaces sont les politiques qui offrent un avantage sur la localisation, et donc un avantage compétitif aux entreprises. C’est ainsi que pendant un certain temps, de nombreux pays avaient surestimé le rôle de politiques d’offre immobilière dans l’attraction des flux d’investissements internationaux. Par exemple, la réalisation des grands investissements en infrastructures de base comme les bâtiments, les routes, etc.…

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Table des matières

 DES MATIERES
Remerciements
Résumé analytique
Liste des tableaux et figures
Liste des abréviations
Liste des annexes
Introduction
Partie I : LES POLES DE CROISSANCE POUR UN DEVELOPPEMENT REGIONAL
Chapitre1: Approche territoriale de développement et théories de développement dans une optique spatiale
Section 1 : La notion de développement
A. L’avènement du développement
B. La nature du développement
C. Les théories du développement
D. Comment mesurer le développement
E. Les échecs en matière de développement : les crises du système économique mondial
Section 2 : Les théories du développement en optique spatiale
A. Un peu d’histoire
B. Le développement endogène
C. Le développement local
D. Les districts industriels et les milieux innovateurs
E. Le développement économique communautaire
F. La théorie des pôles de croissance
Section 3 : Les pôles de Croissance fortement liés à la notion : d’attractivité, de compétitivité et de proximité
A. La notion d’attractivité et de compétitivité
B. Deux notions distinguées mais complémentaires
C. La proximité
Chapitre 2 : Les facteurs déterminants de développement des pôles de croissance
Section1 : L’organisation géographique et administrative du territoire
A. Comprendre l’organisation géographique et administrative du territoire
B. L’intégration territoriale pour une efficacité des pôles de croissance
C. Les facteurs d’une coordination volontaire efficace des acteurs
D. Trois axes d’intervention principale sur le territoire
E. L’impératif de l’aménagement du territoire
F. Prendre en compte les contraintes de l’environnement
Section 2 : Les acteurs qui entrent en jeu dans le processus de développement des pôles
A. Les acteurs de développement dans les pôles
B. La classification des acteurs
C. Entreprises et espace urbain
Section 3 : La maîtrise des stratégies de développement et la gestion de l’espace
A. Les stratégies des acteurs de développement d’un pôle de croissance
B. Les stratégies reliées à l’apprentissage collectif
C. La nécessité d’une gouvernance locale
Chapitre 3 : Leçons à tirer des expériences de certains pays en matière de développement régional.
Section 1 : Les pratiques et les exemples de développement régional partant des pôles de croissance
A. L’expérience Québécoise en matière de développement régional
B. Les pôles de compétitivité ou de croissance dans certains pays européens
C. La régionalisation au Maroc
Section 2 : Les impératifs d’un pôle de Croissance pour le développement régional voir national
A. Une meilleure stratégie du milieu
B. Une meilleure combinaison de l’information, animation et action
C. La dynamique territoire : mettre le pôle en état de se développer
D. Mettre beaucoup plus l’accent sur une politique territoriale que sectorielle
Conclusion partielle
Partie II : LE PROJET POLES INTEGRES DE CROISSANCE OU PIC : AXE ANTANANARIVO- ANTSIRABE
Chapitre 1 : Description générale du projet PIC
Section 1. Contexte et objectifs globaux du projet PIC
A .Le projet PIC
B. Les différents pôles
Section 2. Cadre logique du projet PIC et sa comptabilité par rapport aux axes stratégiques du DSRP
A. Le cadre logique du projet PIC
B. La comptabilité du projet par rapport aux axes stratégiques du DSRP
Section 3. Etat des lieux du pôle Antananarivo-Antsirabe
A. Présentation de l’axe Antananarivo-Antsirabe
B. Les forces et faiblesses de l’axe Antananarivo-Antsirabe
Chapitre 2 : Projection et analyse des impacts du projet sur l’économie de la région constituant le pôle considéré d’ici 2015
Section 1. Les activités prévues par le projet sur le pôle Antananarivo-Antsirabe
A. Les sous-projets
B. Le Parc technologique d’Antanetibe
C. L’Agro technopôle d’Antsirabe
D. Les zones franches industrielles à Antananarivo (ZFI)
Section 2. Projection et analyse effets probables du projet dans l’économie de la région constituant le pôle d’ici 2015
A .Les Impacts en matière de création emplois et création de la valeur ajoutée
B. Les retombées du projet sur la création de valeurs ajoutées, la balance commerciale et la fiscalité
Chapitre 3 : Les perspectives de développement du projet au niveau régional et national
Section 1. Les effets d’additionnalité et de diffusion du projet PIC
A. Pour le développement du secteur textile
B. Pour le développement du secteur agroalimentaire
C. Pour le développement du secteur TIC
Section 2 : Les facteurs clés et les recommandations pour le succès du projet PIC
A. Les facteurs clés face aux principaux problèmes macro économiques
B. Recommandations : les mesures à prendre pour qu’un développement économique puisse avoir lieu an niveau régional voire national
Conclusion partielle
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE

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