COMPRENDRE LES IMPACTS DES SYSTÈMES NANOMÉTRIQUES « INTERNES » SUR LA BIOLOGIE HUMAINE
La convergence NBIC est-elle limitée?
Nous entrerons progressivement dans la complexité de cette question en essayant d’abord de définir cette convergence qui est composée de technologies distinctes,organisées par des relations définies.
Qu’est-ce que veut dire l’acronyme NBIC?
L’acronyme NBIC désigne un champ scientifique multidisciplinaire où convergent plusieurs disciplines qui « visent à terme une sorte d’hybridation entre le naturel et l’artificiel1 ». Cette convergence NBIC forme le carrefour des domaines qui associent les nanotechnologies [N], les biotechnologies [B], les technologies de l’information [I] et les sciences cognitives [C].
Les nanotechnologies [N] sont les technologies qui opèrent sur des objets de taille moléculaire, inférieure au dixième de micron20. Ces technologies renvoient aux […] activités scientifiques et technologiques menées à l’échelle atomique et moléculaire ainsi qu’aux principes scientifiques et aux propriétés nouvelles qui peuvent être appréhendés et maîtrisés au travers de ces activités. Ces propriétés peuvent être observées et exploitées à l’échelle microscopique ou macroscopique, par exemple pour mettre au point des matériaux et des dispositifs dotés de fonctions et de performances nouvelles.
Ainsi, ces nanotechnologies permettent d’agir sur la matière, organique ou pas, de l’intérieur, d’en modifier la structure en intervenant sur la disposition des atomes qui la composent. Elles permettent de modifier certains mécanismes cellulaires, améliorant ainsi l’être humain ou ciblant des cellules malignes. On se rend compte que lorsque le niveau d’observation atteint celui de l’atome, les différences entre chimie, biologie et physique s’estompent.
La première définition des biotechnologies [B] proposée par l’OCDE en 1982 dans l’ouvrage Biotechnologie : tendances et perspectives internationales, et qui est encore admise aujourd’hui, à savoir : « l’application des principes de la science et de l’ingénierie au traitement de matières par des agents biologiques dans la production de biens et de services ». Cette large définition concerne les techniques visant à l’exploitation des micro organismes, des cellules végétales et animales et de leurs constituants. C’est aussi l’étude des conditions de travail aux plans psychologique, physiologique, social et économique, et de l’adaptation de la machine à l’homme et une technologie utilisant des processus biologiques à des fins industrielles.
L’informatique [I] est la science qui étudie et met en pratique les différents moyens de traiter l’information grâce à des programmes et des machines spécialisés. C’est aussi l’ensemble des connaissances scientifiques et techniques qui permettent le traitement automatique et rationnel de l’information au moyen d’ordinateurs et de logiciels. En médecine, l’informatique est appliquée à un large domaine d’activités, telles, par exemple, l’enregistrement des données cliniques, statistiques et bibliographiques; l’automatisation des examens de laboratoire; le diagnostic et la thérapeutique; etc.
Les sciences cognitives [C] quant à elles regroupent un ensemble de disciplines scientifiques dédiées à l’étude et la compréhension des mécanismes de la pensée humaine animale ou artificielle, et plus généralement de tout système cognitif, c’est-à-dire tout système complexe de traitement de l’information capable d’acquérir, conserver, utiliser et transmettre des connaissances. Les sciences cognitives reposent donc sur l’étude et la modélisation de phénomènes aussi divers que la perception, l’intelligence, le langage, le calcul, le raisonnement ou même la conscience. En tant que domaine interdisciplinaire, les sciences cognitives utilisent conjointement des données issues d’une multitude de branches de la science et de l’ingénierie, en particulier : la linguistique, l’anthropologie, la psychologie, les neurosciences, la philosophie, l’intelligence artificielle. Les sciences cognitives forment donc un champ interdisciplinaire très vaste dont les limites et l’articulation des disciplines constitutives entre elles font toujours débat25. En somme, c’est
l’ensemble de ces disciplines qui constituent les NBIC.
Quels sont les obstacles à vaincre dans le développement de la convergence NBIC?
Étant donné que nous avons défini les limites scientifiques comme des obstacles à vaincre dans la démarche scientifique pour atteindre un but, nous nous poserons différentes questions qui mettent en jeu cette définition des limites scientifiques au sujet du développement de la convergence NBIC pour atteindre le cyborg comme finalité.
En quoi l’échelle nanométrique constitue-t-elle une limite?
Le terme « Nano » {Nanos, nain en grec) désigne l’infiniment petit comme les atomes, les particules élémentaires, les molécules qui font maintenant l’objet d’exploration et d’intervention dans la nature. Les nanosciences et nano technologies permettent aux
scientifiques d’observer et de travailler aux échelles atomiques, moléculaires et supramoléculaires entre 1 et 100 nanometres (un milliardième de mètre ou 10″9 mètre) dans la nature et dans l’être humain. Obadia, dans l’Avis du conseil économique et social sur les nanotechnologies de juin 2008 décrit le nanometre en le faisant correspondre à l’échelle de l’atome (un atome d’hydrogène mesure environ 0.1 nra). Il représente cette échelle en comparant la taille d’un atome avec celle d’une orange et celle de la terre. Ainsi pour mieux le figurer, on peut imaginer qu’il y a la même différence de taille entre une orange et un atome qu’entre une orange et la Terre.Pour illustrer l’évolution des nanotechnologies, plusieurs experts comme Steeve Jurvetson28 ou encore Ray Kurzweil29 pensent que la loi de Moore est la mieux adaptée. C’est en 1965 que Gordon Moore prédit, dans son article d’électronique30, que le nombre de transistors dans les circuits intégrés doublera tous les ans, c’est un saut de 60 transistors à l’époque à 60 000 en 1975. Sur un graphique, cette loi est représentée par une droite dont la vitesse est constante. D’un autre point de vue, cette loi de Moore est simplement une loi empirique; une loi normative qui permet de coordonner tous les acteurs pour qu’ils progressent au même rythme. Ces avancées sont possibles uniquement grâce aux trésors d’inventivité déployés par les ingénieurs pour pouvoir suivre ce rythme infernal. Cette loi est donc une construction sociale, car c’est l’homme qui la rend réaliste.(l’International Technology Roadmap for Semiconductors, la roadmap de l’ITRS) [qui est vu comme un] consensus international sur les moyens à développer pour continuer à progresser selon cette « loi de Moore ».
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Table des matières
RÉSUMÉ Hi
REMERCIEMENTS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 PROBLÉMATIQUE DE LA LIMITE SCIENTIFIQUE
Y A-T-IL UNE LIMITE SCIENTIFIQUE À LA CONVERGENCE NBIC?
1. QU’EST-CE QU’UNE LIMITE DANS LA PERSPECTIVE SCIENTIFIQUE?
2. LA CONVERGENCE NBIC EST-ELLE LIMITÉE?
2.1 QU’EST-CE QUE VEUT DIRE L’ACRONYME NBIC?
2.2 QUELS SONT LES OBSTACLES À VAINCRE DANS LE DÉVELOPPEMENT DE LA CONVERGENCE NBIC?
2.2.1 En quoi l’échelle nanométrique constitue-t-elle une limite?
2.2.2 Les propriétés nouvelles de la matière à cette échelle représentent-elles une limite?
2.2.3 La manipulation de la matière à cette échelle constitue-t-elle une limite?
2.2.4 Y a-t-il une limite à la multidisciplinarité de la convergence des NBIC?
2.2.5 Les scientifiques sont-ils en mesure de favoriser cette convergence des NBIC?
2.2.5.1 Les différents niveaux d’amélioration par les NBIC
2.2.5.1.1 La question de la faisabilité?
2.2.5.1.2 Le nanorobot présenté comme une simple étape dans une approche plus complexe
3. QUELLES SONT LES DISTINCTIONS ENTRE LES FANTASMES ET LA RÉALITÉ DES DOMAINES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES?
4. PRÉSENTER L’ÉTAT ACTUEL DE LA QUESTION : « LA NATURE BIOLOGIQUE DE L’HUMAIN CONSTITUE-T-ELLE UNE LIMITE? »
4.1 LA NATURE BIOLOGIQUE DE L’HUMAIN FACE AU VIEILLISSEMENT
4.2 COMPRENDRE LES IMPACTS DES SYSTÈMES NANOMÉTRIQUES « INTERNES » SUR LA BIOLOGIE HUMAINE
4.2.1À l’intérieur de l’homme
4.2.1.1 L’ordre de grandeur du nanorobot à l’intérieur de l’homme
4.2.2 À l’intérieur de l’organe
4.2.2.1 L’ordre de grandeur du nanorobotà l’intérieur de l’organe
4.2.3 À l’intérieur de la cellule
4.2.3.1 L’ordre de grandeur du nanorobot à l’intérieur de la cellule
4.2.4 Sur la molécule
CONCLUSION DU CHAPITRE 1
CHAPITRE 2 PROBLÉMATIQUE DE LA LIMITE ÉTHIQUE
1. QU’EST-CE QU’UNE LIMITE DANS LA SITUATION DU DÉBAT ÉTHIQUE ENTRE LE TRANSHUMANISME ET L’HUMANISME?
1.1 LES LIMITES PASSÉES
1.2 LES LIMITES ACTUELLES
1.3 LES LIMITES POUR LE FUTUR
1.3.1 Quelle devrait être la limite acceptable pour les humanistes?
1.3.2 Quelle devrait être la limite acceptable pour les transhumanistes?
2. IDENTIFICATION DIVERGENTE DES IMPACTS POSITIFS ET DES RISQUES DE L’AMÉLIORATION HUMAINE DANS LE DÉBAT ENTRE HUMANISTES ET TRANSHUMANISTES
2.1 DÉFINITION DES CONCEPTS D’IMPACT POSITIF ET DE RISQUE
2.2 IDENTIFICATION DES RISQUES CHEZ LES HUMANISTES
2.3 IDENTIFICATION DES IMPACTS POSITIFS ET DES RISQUES CHEZ LES TRANSHUMANISTES
3. IMPOSSIBILITE DE COMPARER LA MESURE DE PROBABILITE DES IMPACTS CHEZ LES TRANSHUMANISTES AVEC LA MESURE DE PROBABILITE DES RISQUES CHEZ LES HUMANISTES
3.1 ATTITUDE OPTIMISTE DANS LA MESURE DE LA PROBABILITÉ DE L’IMPACT POSITIF ET DU RISQUE CHEZ LES TRANSHUMANISTES
3.2 ATTITUDE PESSIMISTE DANS LA MESURE DE LA PROBABILITÉ DU RISQUE CHEZ LES HUMANISTES
4. ÉVALUATION DIVERGENTE DES RISQUES ET DES IMPACTS
4.1 RISQUES JUGÉS INACCEPTABLES CHEZ LES HUMANISTES
4.1.1 Exemples de risques jugés inacceptables chez les humanistes
4.2 IMPACTS JUGÉS ACCEPTABLES CHEZ LES TRANSHUMANISTES
4.2.1 Exemples d’impacts positifs et de risques jugés acceptables chez les transhumanistes
CONCLUSION DU CHAPITRE 2
CHAPITRE 3 QUELLES RELATIONS POURRIONS-NOUS ÉTABLIR ENTRE LES LIMITES SCIENTIFIQUES ET LES LIMITES ÉTHIQUES AU SUJET DU DÉVELOPPEMENT DES NBIC POUR L’AMÉLIORATION HUMAINE?
1. COMMENT DÉFINIR UNE RELATION?
1.1 HISTOIRE DU MOT « RELATION »
1.2 DÉFINITION DU MOT « RELATION »
2. SYNTHÈSE DES LIMITES SCIENTIFIQUES ET DES LIMITES ÉTHIQUES
3. RELATIONS POSSIBLES ENTRE LES LIMITES SCIENTIFIQUES ET LES LIMITES ÉTHIQUES
CONCLUSION DU CHAPITRE 3 CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE
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