Le tabagisme est la première cause de maladie évitable en France. En tant que futur professionnel de santé, un de mes rôles sera de relayer les informations de santé publique dont le sevrage tabagique fait partie. Ce thème me semble pouvoir et devoir être du ressort du pharmacien d’officine. La France se retrouve au 26ème rang des pays qui remplissent les objectifs de santé fixés par les Nations-Unies (d’après un indice global de réalisation des objectifs de santé) selon le rapport financé par la fondation Bill et Melinda Gates. (1) Elle se trouve derrière l’Espagne, 23ème, mais également les États-Unis, 24èmes , à cause notamment de faibles performances concernant la lutte contre l’abus d’alcool, la prévention des suicides mais également la consommation de tabac.
Composition et toxicité de la cigarette
Une cigarette est composée de deux parties : le filtre et le tabac.
La composition
La composition de la cigarette est très complexe. (29) Je ne vais donc pas en évoquer la totalité mais uniquement les composants auxquels les fumeurs sont confrontés. La fumée de cigarette peut être vue comme un aérosol, c’est-à-dire une suspension stable dans un gaz de particules solides ou liquides destinées à être inhalé par le patient ; ici, on retrouve bien une phase vapeur et une phase particulaire. Le rôle du filtre de la cigarette qui est en acétate de cellulose est de retenir la phase particulaire.
Il existe deux types de fumées dans lesquelles on retrouve des composés présents en quantité variable :
❖ Le courant primaire, fumée obtenue suite à une combustion à haute température 600- 800°C ; inhalée par le fumeur lorsqu’il « tire » sur sa cigarette,
❖ Le courant secondaire, fumée qui s’échappe de la cigarette lorsque le fumeur « tire » dessus. Cette fumée est le résultat d’une combustion plus basse que le courant primaire 600°C dans laquelle on retrouve plus de matières organiques avec un potentiel cancérigène plus important.
Ces deux courants permettent de comprendre pourquoi le tabagisme passif est toxique. Il faut savoir que les fumées issues du courant primaire et secondaire seront inhalées lors du tabagisme actif soit par le fumeur, mais que la fumée du courant secondaire est inhalée par les non-fumeurs soit le tabagisme passif.
La nicotine
La nicotine est la principale molécule responsable de la dépendance induite par le tabagisme. C’est un alcaloïde, agoniste cholinergique qui possède des effets psychostimulants et relaxants.
Elle induit une double dépendance :
♦ Physique, liée aux symptômes de manque,
♦ Psychique, liée aux sensations positives et à l’habitude .
Elle va entraîner une augmentation du rythme cardiaque, de la pression artérielle et du métabolisme (augmentation des calories brûlées) mais également favoriser l’état d’éveil, la concentration et la mémorisation. Un surdosage en nicotine peut entraîner des nausées, des vomissements, des vertiges, des maux de tête, et une accélération du rythme cardiaque, la dose létale pour un adulte étant de 40- 60mg/jour.
Les goudrons
C’est un mélange complexe de différentes substances obtenues lors de la combustion du tabac. Ce sont les principaux responsables des cancers liés au tabagisme. Ce sont les goudrons qui engendrent un cancer et non la nicotine. On retrouve les goudrons au niveau des voies respiratoires, des poumons puis dans le sang.
Les gaz
Le monoxyde de carbone
C’est un gaz toxique qui émane de la combustion du tabac. Ce gaz est asphyxiant. Il prend la place de l’oxygène dans le sang ; ce qui explique un apport en oxygène aux différents organes moindre ou diminué ainsi qu’aux muscles. Les organes ainsi que les muscles du fumeur vont donc être en souffrance. Le monoxyde de carbone est à l’origine des maladies cardiovasculaires dû au fait de la mauvaise circulation et donc à l’endommagement des vaisseaux sanguins qui peuvent engendrer des infarctus du myocarde. Pas mis en cause dans la formation de cancers.
Les oxydes d’azote
Ce sont des gaz très irritants conduisant à des irritations, au phénomène de stress oxydant ainsi qu’à une inflammation réactionnelle au niveau des bronches.
L’ammoniac
C’est un gaz très agressif qui va entraîner des irritations locales.
Le cyanure d’hydrogène
Il va entraîner un blocage des phénomènes de respiration mitochondriale (mitochondrie : élément essentiel dans la formation de l’énergie cellulaire) et va également majorer l’action du monoxyde d’azote et donc augmenter l’hypoxie cellulaire.
Les molécules volatiles
Ce sont des molécules agressives qui vont engendrer des irritations au niveau de voies aériennes supérieures et profondes. Parmi, ces molécules, on retrouve le formaldéhyde qui est un cancérigène avéré de la sphère ORL.
Le benzène
C’est un agent leucémogène à lui seul et en quantité très faible sachant que dans le courant primaire, il est présent à 30-50 µg et dans le courant secondaire à 210 480 µg. Les nonfumeurs sont donc particulièrement exposés à cette substance.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LE TABAGISME
LE PROBLEME DU SIECLE
Le tabagisme en France
Les lois françaises mises en place pour lutter contre le tabagisme
COMPOSITION ET TOXICITE DE LA CIGARETTE
La composition
Qu’est-ce que la dépendance ?
La cigarette dite « light »
La toxicité de la cigarette
Bénéfices du sevrage
DEUXIEME PARTIE : LE SEVRAGE TABAGIQUE ET SA PRISE EN CHARGE
LA PSYCHOLOGIE
A. TROIS TYPES D’INTERVENTIONS
1. Le conseil d’arrêt
2. Intervention brève ou conseil bref
3. Entretien motivationnel
B. LA MOTIVATION A L’ARRET
C. ROLE D’ACCOMPAGNEMENT DU PHARMACIEN
1. La posture éducative
2. La connaissance du pharmacien
3. Prise en charge d’un fumeur par le pharmacien d’officine
LE SYNDROME DE SEVRAGE TABAGIQUE
Les signes du sevrage tabagique
Les tests de dépendance
LE TRAITEMENT EN LUI-MEME
Le Champix®
Les substituts nicotiniques
L’homéopathie
La cigarette électronique en 2017, l’avancée des connaissances et la posture à adopter
SOINS DE SUPPORT DU SEVRAGE TABAGIQUE
L’homéopathie
La phytothérapie
L’aromathérapie
La nutrition
Les compléments alimentaires : le bêta-carotène à éviter
Les conseils hygiéno-diététiques
CONCLUSION