Composition et structure des assemblages ichtyologiques dans un milieu à vocation aquacole

Le domaine paralique, situé entre le domaine marin et le domaine continental (Naumann 1954, Perthuisot 1975), comprend des milieux très variés d’un point de vue morphologique (Perthuisot & Guelorget 1992). Ses aires riches en alimentation, où une productivité élevée est maintenue en raison des niveaux élevés de nutriments dans les sédiments du fond et colonne d’eau et (Whitfield, 1983). Les différents modèles de distribution ichthyofaunale observés sont strictement dépendants d’un vaste ensemble de facteurs biotiques et abiotiques (Blaber & Blaber, 1980; Whitfield, 1980, 1999; Day et al., 1989). Ces facteurs déterminent la répartition des espèces, ayant un lien important qui varie largement d’un écosystème à l’autre (Mariani, 2001).

Il a été montré que tous ces milieux présentent une organisation biologique zonale qui affecte tous les compartiments biologiques benthique et planctonique (Frisoni 1984, Clastère 1984, Guelorget et al. 1993, 1996, Lefèbre 1997, Favry et al. 1997, Jeanneau 1997). La question se pose alors de savoir si les assemblages faunistiques qui occupent ces espaces mal définis présentent un certain degré de structuration et répondent a certaines règles générales d’organisation, ou si, au contraire, ils sont constitués de simples agrégats, plus ou moins aléatoires, de poissons opportunistes originaires, soit du plateau continental voisin, soit des tributaires continentaux.

Pour ce faire, les spécialistes se sont heurtés au problème de la définition et de la classification des peuplements lagunaires, étape indispensable pour décrire et comparer les peuplements, puis pour aborder certains aspects de leur fonctionnement. Des typologies fondées pour la plupart sur les performances osmorégulatrices des espèces ont été proposées (Kiener, 1978) mais se sont révélées, à l’usage, peu satisfaisantes. Une classification qui, outre le degré d’euryhalinité, prend en compte les caractéristiques du cycle bio-écologique de chaque espèce (répartition et régularité, lieu et conditions de la reproduction, place dans le réseau trophique, abondance et localisation des écophases) permet de mieux appréhender l’origine, la nature et certains aspects fonctionnels des peuplements ichtyologiques.

Cependant, le recrutement des poissons dans ces milieux paraliques à trois origines distinctes: les espèces marines et les espèces continentales qui pénètrent dans le domaine lagunaire a un stade plus ou moins avancé de leur développement, et les formes juvéniles des espèces qui s’y reproduisent obligatoirement, régulièrement ou occasionnellement. A partir de ces différentes sources de peuplement, les communautés de poissons s’organisent en fonction des cycles bioécologiques des différentes espèces (en premier lieu de leurs aptitudes écophysiologiques), de la capacité biotique du milieu (les disponibilités trophiques en particulier) et des relations interspécifiques (compétition spatiale, compétition trophique, …).

En parallèle, la composition spécifique et la structure des peuplements de poissons en un endroit donné, résultent de l’action d’une série de filtres écologiques (Wootton, 1992). La caractéristique la plus évidente et la plus marquante des systèmes paraliques est sans nul doute la forte variabilité spatio-temporelle de l’environnement aquatique. Aussi, parmi ces filtres, les facteurs environnementaux sont généralement considères comme jouant un rôle crucial dans l’organisation des peuplements de ces milieux considères comme fortement physiquement contrôlés. Ainsi, le rôle des paramètres physico-chimiques (la salinité notamment), étant tributaire à la composition et la structuration de l’ichtyocénose. Il importe de prendre en compte simultanément le rôle de l’hydrodynamique et la morphologie de ces milieux ainsi le facteur de saisonnalité. Toutefois que, La salinité, la température, la turbidité, la concentration en oxygène dissous influencent fortement la composition, la distribution et l’abondance des communautés des ces milieux (Kennishk, 1990). Bien qu’une grande variété de facteurs structurants soit généralement prise en compte, un examen approfondi de leurs corrélations montre que les principaux sont la turbidité, la salinité et la température ; les autres n’étant souvent que des co-variables (Mclusky, 1993).

En Méditerranée, les poissons des lagunes ont fait l’objet de nombreuses investigations, aussi bien sur leur diversité (Paris et Quignard, 1971 ; Hervé, 1978 ; Quignard et Zaouali, 1980, 1981 ; Quignard et al., 1984 ; Bourquard, 1985 ; Bouchereau, 1994) que sur leur biologie (Barnabé, 1976 ; Rosecchi, 1987) et leur dynamique (Lasserre, 1976 ; Chauvet, 1986). Ces deux derniers aspects concernent notamment les espèces d’intérêt commercial. Des recherches plus récentes se sont intéressées à l’organisation zonale du compartiment ichtyologique en fonction du confinement (Bouchereau et al., 2000a, 2000b). En revanche, l’évolution de la production halieutique de ces milieux et sa composition sont rarement connues.

Situation géographique

La lagune du Mellah se situe à l’extrême Nord-Est algérien (8° 20’ E et 36° 54’N) en bordure de la Tunisie, il est limité au Nord par la mer Méditerranée entre les deux caps Rosa et Roux (fig.1), au Sud par les forêts des deux lacs Oubeira et Tanga (fig.2) et de Ain khair, à l’Est par la Forêt de Boumalek et l’agglomération du Pont de la République (Malha) et, à l’Ouest, par les plaines de Boutheldja et de Ben M’hidi. Cependant, cet écosystème est localisé dans un milieu naturel couvert d’une forêt dense de chêne liège et fait partie de l’ensemble hydrique des zones humides du parc national d’El-Kala (PNEK). Le site étudié est l’unique milieu lagunaire en Algérie, son originalité réside dans son caractère saumâtre. D’après la configuration et les oueds qui s’y jettent, la lagune Mellah serait une ancienne vallée fluviale envahie par la mer (Arrignon, 1963). D’autre part, le Mellah est une lagune qui se trouve insérée dans des collines d’alluvions quaternaires, où les mouvements tectoniques y ont fortement contribué (Morel, 1967). Toutefois, Guelorget et al. (1989) le qualifient comme étant un milieu qui correspond à une dépression endoréique lacustre würmienne, envahie par la mer lors de la remontée eustatique flandrienne.

Morphométrie

Cet écosystème paralique qui une étendue d’eau saumâtre est d’une forme grossièrement ovoïde, tendant à s’allonger du Nord-Nord-Ouest au Sud-Sud-Est. Avec une superficie globale d’environ 865 hectares, elle s’étend sur 4,5 Km du Nord au Sud et 2,5 Km d’Est en Ouest. Dans la région Nord-Est de la lagune, on remarque un cordon dunaire s’élevant jusqu’à plus de 177 m, orienté du Nord-Ouest au Sud-Est (Thomas et al., 1973). La profondeur de la lagune varie suivant les différents secteurs ; à l’Ouest de l’étendue les fonds sont en pente assez marquée et la profondeur croit rapidement vers le centre jusqu’à moins de 6 m. Dans la partie Est sur près de 500 m la profondeur maximale est de 2 m, audelà existe une rupture de pente jusqu’à une profondeur à un peu plus de 5 m (fig.3) (Guelorget et al.,1982). La lagune est caractérisée par deux plateaux peu profonds (< 2 m), correspondant à l’accumulation périphérique des matériaux détritiques du bassin versant, longeant les rives et on note également l’existence de cônes alluviaux au droit des embouchures des principaux oueds notamment au Sud (Guelorget et al., 1989). D’autre part, Messerer (1999), signale que la profondeur maximale de la lagune ne dépasse pas 5,20 m, relevée dans la partie centrale de l’étendue en octobre 1996. Le mellah est l’unique milieu lagunaire en Algérie, son originalité réside dans son contact avec la mer par un chenal de 900 m de long de 20 m de large et d’une profondeur allant de 0,5 à 2 m, ce qui lui confère un caractère saumâtres qui le rend d’une grande richesse halieutique et limnologique. Aussi la singularité de cette lagune est surtout dans son comportement en tant que bassin de dilution (Draredja, 2007) à l’inverse des lagunes méditerranéennes qui sont pour la plus part, des bassins de concentration.

Climatologie

El-Kala bénéficie d’une forte pluviométrie faisant d’elle une des régions les plus arrosées d’Algérie, se situant dans l’étage bioclimatique Sub-humide chaud ; le minimum absolu observé a lieu en décembre avec 6°c. Et le maximum en août avec 39°c. La région, particulièrement sa partie lacustre bénéficie d’une forte pluviométrie et reçoit une moyenne annuelle de 910 mm, avec un maximum de 1300 mm le paramètre «d’humidité de l’eau» atteints ses valeurs les plus fortes au lever et au coucher du soleil et dans les mois les plus froids, en janvier et décembre. Les vents dominants, ceux du Nord-est, avec une vitesse moyenne variant de 3, 3 à 4, 8 m/s, apportent les précipitations les plus important venues de l’atlantique. A l’opposé; le sirocco souffle principalement en été venant du sud-est, assèche l’atmosphère et favorise, avec les températures élevées, les incendies de forêts.

Hydrodynamisme

Bassin versant

Le bassin versant de la lagune du mellah couvre environ une superficie de 81,45 km2 avec un périmètre de 56,15 km. Son régime hydrologique dépend des conditions météorologiques, mais influencé aussi par les mouvements de l’eau marine pénétrant par le chenal et par les apports directs d’eau douce lors des pluies et des eaux provenant des oueds, Er-Guibet au Nord-Ouest, El Mellah au Sud- Ouest et Belaroug au sud, les apports continentaux ne apportent que les produits de lessivage des sols puisque l’activité industrielle est absente et celle agricole est de moindre importance par ailleurs, ils sont limités par la présence d’un couvert végétal homogène de type maquis. Les ruisseaux qui s’y jettent ayant un débit intermittent selon le régime pluviométrique et sont en général secs l’été. De plus une partie de l’eau recueillie dans le bassin versant s’infiltre en alimentant les nappes souterraines, elle-même en communication probable avec la lagune. L’apport des ruisseaux peut être estimé à environ 20 millions m3 /an (Messerer, 1999). Les mesures réalisées par Guelorget et al, (1989) et Messerer (1999) ont montré qu’entre le plus bas niveau (en été) et le plus haut (en hiver), l’amplitude pouvait atteindre environ 80 cm.

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Table des matières

Introduction générale
Chapitre I : Présentation de la zone d’étude
1. Situation géographique
2. Morphométrie
3. Climatologie
4. Caractères physico-chimiques
5. Hydrodynamisme
5.1. Bassin versant
5.2. Marées et courants
6. Nature du fond
7. Aménagement et exploitation
Chapitre II : Matériel et méthodes
1. Choix et localisation des stations
2. Protocole d’échantillonnage
2.1. Engin de pêche
2.2. Prélèvement et conservation des échantillons
3. Mesure des paramètres physico-chimiques
3.1. Température et salinité
3.1. L’oxygène dissous et le pH
4- Mesure et détermination des poissons récoltés
5- Descripteurs populationnels et indices écologiques utilisés
Chapitre III : Résultats
1. Analyse globale
1.1. Les paramètre physico chimique
1.1.1. La température
1.1.2. La salinité
1.1.3. L’oxygène dissous
1.2. Composition du peuplement ichtyologique
2. Analyse spatiale
2.1. Densité, diversité spécifique et familiale
2.2. Biomasses et longueurs
2.3. Indices de diversité de Shannon-Weaver et d’équitabilité
2.4. Analyse spécifique
3. Analyse temporelle
3.1. Abondance, richesse spécifique et familiale
3.2. Biomasses et longueurs
3.3. Indice de diversité de Shannon-Weaver et d’équitabilité
3.4. Analyse spécifique
4. Influence des paramètres de milieu sur l’abondance des poissons
5. Analyse spatio-temporelle
Chapitre IV : Discussion
Conclusion & perspective
Références bibliographiques
Annexes

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