Composition et distribution de la macrofaune benthique

Le littoral situé à la limite entre les milieux continentaux et marins renferme une mosaïque d’écosystèmes terrestres et aquatiques qui malgré leur faible surface relative présentent un intérêt écologique et économique tout à fait exceptionnel.

Les milieux lagunaires dont la superficie est estimée à 483 000 ha (Kapetsky, 1984), sont définis comme des écosystèmes peu profonds, reliés à la mer par une ou plusieurs admissions restreintes (Pinot, 1998). Ils sont représentés par une grande variété de milieux d’origine et de morphologie diverses (Guelorget et Perthuisot, 1992). Ces différentes lagunes occupant 13% des étendues côtières mondiales (Nixon, 1982), sont présentes sur une large aire de répartition allant des tropiques aux pôles (Lasserre et Postma, 1982) et se caractérisent par une zonation particulière des compartiments biologiques benthiques et planctoniques. Cette organisation est gouvernée essentiellement par une variable discrète nommée “le confinement”, définie par Guelorget et Perthuisot (1983 et 1992) comme étant “le temps de renouvellement en eau d’origine marine en un point donné du milieu”. Le mélange des eaux marines et continentales fait de ces plans d’eau des systèmes uniques avec un grand intérêt à la fois biologique et socio-économique. Ce sont des zones qui offrent des secteurs d’habitat particuliers pour la faune et la flore. Ces milieux uniques reçoivent par le biais du transport marin, le seston et les poissons immigrants qui y pénètrent pour leur croissance en raison de l’abondance de la nourriture dans ces milieux à vocation d’eutrophie. Leurs diversités biologiques sont élevées et leurs chaînes alimentaires sont riches et complexes (Pagès et al., 2001). En effet, ces caractéristiques les rendent idéales pour les projets d’aquaculture. Par ailleurs, elles sont également économiquement et écologiquement importantes du fait de leurs participations dans le domaine de la pêche et du tourisme (écotourisme).

En Méditerranée, peut être plus qu’ailleurs, les milieux lagunaires sont un espace sensible d’une part, en raison de leur situation d’interface entre les milieux continentaux et marins, ils se caractérisent donc par de fortes fluctuations saisonnières de leurs facteurs écologiques (Bayed et Chaouti, 2001 et 2004), et d’autre part, en raison de leur proximité des activités anthropiques (croissance démographique, urbanisation, industrie, agriculture, activité touristique, etc.). Les fréquentes concentrations urbaines sur leurs berges concourent à en faire des réceptacles de nombreux polluants rejetés avec les eaux usées (domestiques et/ou industrielles), à l’origine de nuisances aux organismes aquatiques (Kemp et Spotila, 1997) et peuvent être à l’origine de la disparition de certaines espèces, entraînent ainsi le dysfonctionnement de la chaîne (réseau) trophique (Gold, 2002).

D’une manière générale, il est connu que la production piscicole dans les milieux aquatiques d’une manière générale et dans les lagunes méditerranéennes plus particulièrement, est basée sur la production du maillon primaire indirectement et puis celui du secondaire. Ce dernier est représenté essentiellement par le macrozoobenthos qui constitue souvent une source de nourriture non négligeable pour plusieurs espèces de poissons exploités dans la lagune Mellah, telles que les : Mugilidés (Gharsallah et Abdaoui, 1998), Moronidés (Kara, 1992 ; Kara et Derbal, 1996), Sparidés (Menasria et Kennouche, 1998 ; Chaoui et al., 2005), Soleidés (Derbal et al., 2005), et les Anguillidés (Laouira et al., 2010, Hamdi, 2011), notamment chez les jeunes stades de développement. L’importance de ce compartiment qui, conditionne ainsi la production piscicole dans la lagune Mellah, souligne la nécessité d’une meilleure connaissance de sa composition qualitative et de sa distribution quantitative et structurelle (densité, dominance, biomasse, organisation, etc.) dans la perspective d’une gestion rationnelle et d’un développement durable de cet écosystème unique en Algérie. En effet, toutes ces argumentations précitées justifient le choix de la présente étude qui, tente dans une première étape de dresser un inventaire plus ou moins exhaustif de la composition spécifique des peuplements macrobenthiques de la lagune Mellah, et donner par la suite une idée claire sur leur répartition et leur évolution quantitative dans l’espace et dans le temps au cours d’un cycle ; afin de mieux situer la place trophique et les potentialités de la lagune.

Situation géographique et géomorphologie 

Position géographique 

Localisée dans un site naturel couvert d’une forêt dense de chêne liège, la lagune Mellah est l’unique lagune en Algérie. Elle fait partie d’un ensemble de dépressions du complexe de zones humides d’un parc national, où se trouve d’autres étendues d’eaux douces : lacs Oubéira et Tonga (Fig. 1). La lagune Mellah se situe à l’extrême Nord Est algérien (8° 20’ E et 36° 54’ N), en bordure de la mer Méditerranée entre les deux caps Rosa et Roux. Elle se trouve ainsi à une distance d’environ 10 Km à l’Est de Cap-Rosa et à 15 Km à l’Ouest de la ville d’El-Kala (Fig. 1).

Géomorphologie et bathymétrie

Sur le plan géologique, la lagune Mellah correspondrait à une ancienne vallée fluviale envahie par la mer (Arrignon, 1963). Elle se trouve insérée dans des collines d’alluvions quaternaires, où les mouvements tectoniques y ont fortement contribué (Morel, 1967). D’autre part, Guelorget et al., (1989) la qualifient comme étant une dépression endoréique lacustre würmienne, envahie par la mer lors de la remontée eustatique flandrienne. La lagune est un milieu paralique recouvrant une superficie d’environ 865 hectares. D’une forme ovoïde allongée du Nord-Nord-Ouest au Sud Sud-Est (Fig. 2), elle s’étend sur une longueur de 4,5 Km du Nord au Sud et sur une largeur de 2,5 Km d’Est en Ouest, avec une profondeur moyenne de 3,5 m (Gimazane, 1982). Selon Thomas et al., (1973), on remarque dans la région Nord Est de la lagune, un cordon dunaire s’élevant jusqu’à plus de 177 m, orienté du Nord-Ouest au Sud- Est.

La profondeur de la lagune varie suivant les différents secteurs ; à l’Ouest de l’étendue les fonds sont en pente assez marquée et la profondeur croit rapidement vers le centre jusqu’à moins de 6 m. Dans la partie Est sur près de 500 m la profondeur maximale est de 2 m, audelà existe une rupture de pente jusqu’à une profondeur à un peu plus de 5 m (Fig. 2) (Guelorget et al., 1982). La lagune est caractérisée par deux plateaux peu profonds (< 2 m), correspondant à l’accumulation périphérique des matériaux détritiques du bassin versant, longeant les rives et on note également l’existence de cônes alluviaux au droit des embouchures des principaux oueds notamment au Sud (Guelorget et al., 1989). D’autre part, Messerer (1999), signale que la profondeur maximale de la lagune ne dépasse pas 5,20 m, relevée dans la partie centrale de l’étendue en octobre 1996.

Principaux caractéristiques hydrologiques et sédimentologiques 

Hydrologie

Le bassin versant avec un périmètre de 56,15 Km, couvre une superficie de 81,45 Km2 . Il est en majorité une zone dunaire et montagneuse occupée par des chênaies (chêne vert Quercus ilex et chêne liège Quercus suber) (Anonyme, 2005). La région peu urbanisée, est occupée par une population très clairsemée dans des habitations identifiées par la présence de maisons en majorité de type traditionnel. Cette population vit principalement d’élevage bovin et caprin, et des cultures d’arachides. De ce fait, les apports continentaux ne comportent que les produits du lessivage des sols. Les apports de ce bassin s’effectuent par l’intermédiaire de trois Oueds : Rkibet au Nord-Ouest, El-Melah au Sud-Ouest et Bélaroug au Sud (Fig. 2). De plus, une partie de l’eau recueillie dans le bassin versant du Mellah s’infiltre et alimente les nappes souterraines, elles-mêmes en communication probable avec la lagune. L’apport des ruisseaux peut être estimé à environ 20 millions m3 par an (Messerer, 1999).

La dynamique des eaux de la lagune est influencée par les mouvements de l’eau marine pénétrant par le chenal d’une part, et par les apports directs d’eau douce lors des pluies et les eaux charriées par les oueds : El Mellah, Blaroug et R’guibet d’autre part. Les marées sont mises en évidence par l’alternance de mouvements d’entrées d’eaux de mer vers la lagune (le flot), et les sorties des eaux de celle-ci vers la mer (le jusant). Elles peuvent atteindre une amplitude de 40 cm (Thomas et al., 1973). Le régime de marée est de type microtidal semidiurne. Il peut être occulté par le remplissage de la lagune en hiver et au printemps, où la marée se trouve masquée par l’évacuation d’eau excédentaire continentale. En été, le régime semi-diurne s’affirme avec deux cycles de marée durant 23 heures environ (Ounissi, comm. pers.). Selon Guelorget et al. (1989), la circulation des eaux de surface du bassin s’effectue en une lente rotation périphérique dans le sens des aiguilles d’une montre, en accord avec la direction des vents dominants qu’ils soient du Nord-Ouest ou du Sud-Est. En revanche, Messerer (1999) décrit une courantologie rectiligne des eaux superficielles de la lagune du Nord au Sud pendant la pleine mer et inversement durant la basse mer (Fig. 3).

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : GÉNÉRALITÉS SUR LE MILIEU D’ÉTUDE
1. Situation géographique et géomorphologie
1.1. Position géographique
1.2. Géomorphologie et bathymétrie
2. Principaux caractéristiques hydrologiques et sédimentologiques
2.1. Hydrologie
2.2. Sédimentologie
3. Intérêt écologique
4. Intérêt économique
CHAPITRE II : MATÉRIEL ET MÉTHODES
1. Choix et localisation des stations
2. Mesures physico-chimiques
3. Analyses sédimentaires
4. Échantillonnage de la macrofaune benthique
5. Traitement des échantillons
5.1. Conservation
5.2. Tri et identification
6. Expression des résultats
6.1. Caractéristiques analytiques
6.2. Indices biocénotiques
6.3. Estimation de la biomasse
CHAPITRE III : RÉSULTATS
1. Caractéristiques physico-chimiques
1.1. Température et salinité
1.2. pH
2. Caractéristiques granulométriques
2.1. Taux de pélites
2.2. Nature du substrat
3. Macrofaune benthique
3.1. Composition spécifique globale
3.2. Variations spatio-temporelles
3.2.1. Richesse spécifique, densité et fréquence
3.2.2. Dominance
3.3. Structure et organisation des peuplements
3.4. Analyse de la biomasse
CHAPITRE IV : DISCUSSION
1. Paramètres physico-chimiques
2. Analyse sédimentaire
3. Composition et distribution de la macrofaune benthique
4. Biomasse macrozoobenthique et potentialités aquacole du Mellah
CONCLUSION

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