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Emissions biogรฉniques
Les particules รฉmises par cette source sont principalement dโorigine vรฉgรฉtale ou animale. Elles sont composรฉes de pollen, de spores, de dรฉbris divers dโanimaux et de vรฉgรฉtaux, de virus, de bactรฉries et autres micro-organismes. Les quantitรฉs รฉmises sont fonction de lโรฉcosystรจme ; plus la vรฉgรฉtation est dense, plus elles sont abondantes. Les travaux les plus remarquables mentionnant la composante biogรฉnique des aรฉrosols en รฉlรฉments traces ont รฉtรฉ rรฉalisรฉs par Crozat (1979) en Cรดte dโIvoire et en Haute-Volta ainsi quโArtaxo et al. (1988, 1990a, 1990b et 1994) en Amazonie. Crozat a trรจs clairement mis en รฉvidence lโexistence du potassium dans les aรฉrosols รฉmis par la forรชt tropicale. Artaxo et al. ont identifiรฉ la vรฉgรฉtation comme รฉtant ร lโorigine dโau moins 62 % de la masse des aรฉrosols collectรฉs. Les รฉlรฉments qui ont pu รชtre mis en relation avec cette origine sont les composรฉs azotรฉs, soufrรฉs, K, Ca, Mg, Cl et Rb.
Emissions marines
Les sels marins sont libรฉrรฉs dans lโatmosphรจre par lโรฉclatement de bulles dโair qui ontรฉtรฉ mises en suspension par lโaction du vent sur les surfaces ocรฉaniques (Blanchard, 1983). Leur prรฉsence dans lโatmosphรจre est donc essentiellement conditionnรฉe parles vents de surface et de la proximitรฉ du site de mesures par rapport ร lโocรฉan. Les sels marins constituent une fraction entiรจrement naturelledes aรฉrosols. Ils sont composรฉs ร 99 % de six ions majeurs : ce sont quatre cations, sodium (Na+), potassium (K+), magnรฉsium (Mgยฒ+) et calcium (Caยฒ+) et deux anions, Chlorure (Cl-) et sulfate (SO4ยฒ-) (Seinfeld and Pandis, 1998 ; Sciare et al., 2005). Avec les poussiรจres minรฉrales, ils reprรฉsentent la majeure partie de lamasse dโaรฉrosols รฉmis globalement. Les estimations dโรฉmission varient entre 1012 et 6ร1012 kg/an (Erickson and Duce, 1988 ; Tegen et al., 1997). Le diamรจtre de cesparticules peut varier entre 0.05 ฮผm et plusieurs centaines de ฮผm, la majoritรฉ desparticules ayant un diamรจtre supรฉrieur ร 1 ฮผm. Leur durรฉe de vie dans lโatmosphรจreest par consรฉquent trรจs variable.
Emissions terrigรจnes
Les poussiรจres minรฉrales sont des particules รฉmises dans lโatmosphรจre sous forme particulaire par action du ventsur les surfaces continentales dรฉsertiques ou semi-arides (Figure 1.3). Bien quโessentiellement dโorigine naturelle, une partie des รฉmissions peut รชtre imputable aux activitรฉs humaines car le dรฉveloppement de lโagriculture intensive tend ร augmenter la surface des zones รฉrodables (Tegen et al., 1996). Une รฉtude a ainsi estimรฉ que 30 ร 50 % du contenu actuel de lโatmosphรจre enpoussiรจre minรฉrale provient de lโรฉrosion de surfaces modifiรฉes par lโactivitรฉ humaine (Tegen and Fung, 1995). La fraction des รฉmissions dโorigine anthropique reste cependant soumise ร de fortes incertitudes et controverses. Selon de nombreuses estimations, les aรฉrosols dรฉsertiques constituent la premiรจre source en masse dโaรฉrosols naturels รฉmis ร lโรฉchelle globale. Onรฉvalue ร une valeur comprise entre 1000 et 3000 Tg par an, la quantitรฉ dโaรฉrosols dรฉsertiques (DโAlmeida, 1986 ; Tegen et Fun, 1994 ; Mahowald et al. 1999 ; Tegen et al., 2004), ce quireprรฉsente environ 40 % des รฉmissions totales dโaรฉrosols (Andreae, 1985 ; Ramanathan, 2001 ; IPCC, 2001). En Afrique, le Sahara et le sahel sont la premiรจre source mondiale de production des aรฉrosols dรฉsertiques. En effet, le Sahara avec une superficie dโenviron 8.5 millions de kmยฒ (Laurent, 2005) est le plus grand dรฉsert de la terre. Les รฉmissions annuelles de cette source sont estimรฉes entre 400 et 700 Mt (Schutz et al., 1981 ; DโAlmeida, 1987 ; Swap et al., 1992 ; Laurent 2008). Ces particules ont un diamรจtre qui peut varier de moins dโ1 ฮผm jusquโร 20 ฮผm, mais plus de 80 % dโentre elles sont situรฉes dans le mode grossier. La durรฉe de vie des poussiรจres dรฉsertiques est trรจs variable car les plus grosses sont dรฉposรฉes rapidement sous lโeffet de leurpoids alors que la fraction submicronique peut rรฉsider plusieurs semaines dans lโatmosphรจre.
Emissions volcaniques
Les volcans peuvent รฉmettre des fines particules de roches et de minรฉraux encore appelรฉs cendres volcaniques. Ces cendres peuvent รชtre transportรฉes sur plusieurs centaines ou milliers de kilomรจtres, mais tendent ร retomber assez rapidement. Les volcans รฉmettent รฉgalement des gaz soufrรฉs en particulier le SO2 et le H2S qui sโoxydent dans lโatmosphรจre pour former des aรฉrosols soufrรฉs submicroniques.
Sources anthropiques
Les sources majeures des aรฉrosols anthropiques sont les combustions. Lโรฉmission des aรฉrosols de combustion rรฉsulte des rรฉactions de combustions incomplรจtes. Contrairement aux combustions complรจtes qui transforment le carbone en dioxyde de carbone (CO2), les combustions incomplรจtes conduisent ร lโรฉmission de particules dites primaires telles queles carbones suies (EC) et le carbone organique primaire (OCp), les polluants gazeux tels que le monoxyde de carbone (CO) et des composรฉs organiques volatiles (COV). Par photochimie, ces COV peuvent donner lieu ร la formation de particules organiques dites secondaires (SOA). Des chercheurs rรฉcemment ont montrรฉ que les รฉmissions anthropiques en Afrique contribuent de faรงon importante ร la pollution atmosphรฉrique. Ils ont montrรฉ que la plupart des modรจles climatiques sous-estiment les รฉmissions polluantes africaines qui pourraient ร lโhorizon 2030 contribuerpour 20 ร 55 % des รฉmissions globales anthropiques des polluants gazeux ou particulaires (Liousse et al, 2014). Les principales sources dโรฉmission dโaรฉrosols de combustion en Afrique sont :
– Les feux de biomasse (Figure 1.4) : Ce sont essentiellement les feux de vรฉgรฉtation liรฉs aux pratiques culturales, ร lโรฉlevage, ร lโagriculture et ร la dรฉforestation.
– Le biofuel (Figure 1.5) : il correspond ร la combustion du charbon de bois, du bois, des rรฉsidus agricolesdes dรฉchets dโanimaux pour des fins dโusage domestique ou industriel.
– Les combustibles fossiles (Figure 1.6), issus de lโutilisation des รฉnergies de sources fossiles telles que lโessence, le diรฉsel et les fiouls dans divers secteurs dโactivitรฉs (le trafic routier, les industries et lโusage domestique).
Combustions de biomasse
La combustion de la biomasse gรฉnรจre des aรฉrosols primaires qui proviennent de la combustion incomplรจte de la matiรจre organique. Ce nโest quโau dรฉbut des annรฉes 80 que Seiler et Crutzen (1980) ont montrรฉ lโimpact climatique que pouvaient avoir les รฉmissions de ces feux dans lโatmosphรจre. En effet, les quantitรฉs de particules รฉmises lors de ces processus de combustion sont รฉnormes. Selon Crutzen et Andreae (1990), 2000 ร 5000 Tg de composรฉs carbonรฉs et 15 ร 46 Tg de composรฉs azotรฉs sont รฉmis chaque annรฉe par les feux.
Les premiรจres mesures effectuรฉes sur les feux de savane, en Afrique, ont รฉtรฉ publiรฉes par Delmas (1982). Ensuite les รฉtudes se sont multipliรฉes ร partir du dรฉbut des annรฉes 90. On retiendra les travaux de Bonsang et al. (1995), Cachier et al. (1995), Helas et al. (1995), Lacaux et al. (1995), Rudolph et al. (1995), Liousse et al. (1996) rรฉalisรฉs dans le cadre de la campagne FOS/DECAFE-91, mais aussi les rรฉsultats obtenus aprรจs la campagne SAFARI-92 (IGPB, IGAC) qui sont compilรฉs dans lโarticle de Andreae et al. (1996).
Pour le continent africain, des rรฉsultats montrent lโimportance de lโapport particulaire des feux de biomasse ร lโatmosphรจre (Cachier et al., 1991, 1995, 1996 ; Andreae et al., 1996). Cette influence des feux de brousse sur la composition chimique des aรฉrosols avait dรฉjร รฉtรฉ mise en รฉvidence par Crozat et al. (1978) en Afrique de lโOuest, principalement ร lโaide du potassium qui est un traceur de combustion de biomasse. Les composรฉs chimiques sont injectรฉs dans lโatmosphรจre sous forme de particules de suie ou de cendres. Ils sont constituรฉs de carbone organique associรฉ ร des atomes dโoxygรจne et dโhydrogรจne (CO, CO2, CH4, โฆ), et de carbone suie encore appelรฉ carbone รฉlรฉmentaire ou black carbon dont le contenu en carbone est plus รฉlevรฉ. Des รฉtudes ont montrรฉ que ces feux sont รฉgalement ร lโorigine dโespรจces chimiques telles que le potassium (K), le chlore (Cl), lโammonium (NH4), le nitrate (NO3), le sulfate (SO4), les acides organiques (Andreae et al., 1996) et le calcium (Ca), (Cachier et al., 1991).
Des aรฉrosols ont รฉgalement รฉtรฉ analysรฉs dans des panaches de feux de savane, en Afrique, par Gaudichet et al. (1995) et dans des panaches de feux de forรชts, en Amazonie, par Echalar et al. (1995). Pour la savane africaine, les rรฉsultats mettent clairement en รฉvidence la contribution des รฉmissions de feux de biomasse pour des รฉlรฉments tels que Cl, S, K, Cu et Zn. Par contre, pour la forรชt, seuls Ca et Si sont enrichis. De plus, les รฉlรฉments terrigรจnes Al et Fe prรฉsentent des concentrations trรจs รฉlevรฉes dans les aรฉrosols de feux de biomasse, ce qui implique dโimportants processus de remobilisation de poussiรจres terrigรจnes lors de ces feux.
LโAfrique apporte une contribution importante dans les รฉmissions globales liรฉes aux feux de biomasse. Ces combustions anthropiques gรฉnรจrent environ 46 % des รฉmissions de carbone suie et 55 % des รฉmissions de carbone organique primaire ร lโรฉchelle mondiale (Liousse et al. 1996). En 1992, Calabri and Cisela ont montrรฉ que sur 750 millions dโhectares de vรฉgรฉtation brรปlรฉes chaque annรฉe dans le monde, lโAfrique contribue pour prรจs de la moitiรฉ contre environ 12 ร 13 millions aux moyennes et hautes latitudes de lโhรฉmisphรจre nord. Les estimations des รฉmissions dans ces cas de figures comportent de nombreuses incertitudes, car les facteurs dโรฉmission dรฉpendent de la naturemรชme de la combustion ainsi que du type de vรฉgรฉtation brรปlรฉe, donc varient dโun lieu ร un autre.
Combustions de biofuels et les combustions fossiles
En dehors des feux de biomasse, le carbone suie et le carbone organique primaire sont issus de lโusage de biofuels et des combustibles fossiles. Malheureusement, ces sources sont mal renseignรฉes en Afrique car ces estimations figurent principalementdans des modรจles dโestimation globale. Une premiรจre estimation rรฉgionale a รฉtรฉ menรฉe dans Liousse et al., 2014 utilisant une approche basรฉe sur la consommation en combustibles fossiles et biofuels avec les facteurs dโรฉmission standard correspondant (Assamoi, 2011). Cependant, ces estimations sont trรจs dรฉpendantes de la technologie utilisรฉe (vรฉhicules 2 roues ou 4 roues), du secteur dโactivitรฉ (industrie, transport, โฆ), de la qualitรฉ des installations ou des engins. Dans le cadre du projet europรฉen DACCIWA des amรฉliorations sont en cours. Elles varient donc dโune rรฉgion ร une autre (Junker et Liousse, 2008 ; Bond et al. 2004).
Impact sur lโenvironnement
Les dรฉpรดts acides (humides et secs), principalement des aรฉrosols sulfatรฉs et nitrรฉs ainsi que des acides organiques (acรฉtique, formique, oxalique), peuvent avoir de nombreux effets nuisibles sur les รฉcosystรจmes, notamment lorsque le sol dans une rรฉgion ne peut pas neutraliser lโacide. Ces dรฉpรดts peuvent ralentir la croissance des vรฉgรฉtaux en acidifiant le sol ร partir duquel les racines obtiennent leurs รฉlรฉments nutritifs. Ils peuvent aussi acidifier les lacs, les riviรจres et cours dโeau fragiles et ainsi nuire ร lโรฉcosystรจme aquatique en fragilisant la diversitรฉ des espรจces. En outre, les dรฉpรดts acides peuvent aussi dรฉtรฉriorer les matรฉriaux dโimmeubles et altรฉrer le bรขti. Concernant les dรฉpรดts dโรฉlรฉments en trace de type ferreux, ils peuvent contribuer ร lโeutrophisation du milieu aquatique lorsquโils apportent, de maniรจre excessive, les nutriments essentiels au dรฉveloppement de la flore marine. Une autre consรฉquence de lโimpact des aรฉrosols sur lโenvironnement est la profonde modification du cycle de lโeau quโil pourrait entraรฎner en influenรงant la durรฉe de vie des nuages. En effet, lโaugmentation du nombre de noyaux de condensation (aรฉrosols) tend ร diminuer des prรฉcipitations (Rosenfeld et al., 2000).
Impact sur la santรฉ humaine
Les aรฉrosols sont considรฉrรฉs comme รฉtant la composante la plus dangereuse pour la santรฉ humaine, les particules les plus fines รฉtant les plus mises en cause. En effet, la toxicitรฉ des aรฉrosols est fonction non seulement de la quantitรฉ prรฉsente dans lโair et de la composition chimique (Doumbia, 2012 ; Val et al., 2013), mais aussi de la taille, les plus grossiers รฉtant retenus au niveau du nez et des voies respiratoires supรฉrieures et les plus fins รฉtant dรฉposรฉs plus loin dans le systรจme respiratoire. A court terme, ces aรฉrosols sont ร lโorigine des maladies telles que la toux, les maux de gorge, les crises dโasthme et ร plus ou moins long terme en fonction de la sensibilitรฉ de chaque individu, ils conduisent au dรฉveloppement des maladies respiratoires chroniques (diminution des capacitรฉs respiratoires, bronchites chroniques, cancer des poumons), cardio-vasculaires et aux maladies de la peau. Des รฉtudes rรฉcentes montrent mรชme lโimplication des particules atmosphรฉriques dans la survenue de maladies ou dโaccidents cardiovasculaires tels que thromboses et infarctus (Dockery et Stone, 2007). Le rรฉcapitulatif des maladies engendrรฉes ร court et ร long terme par lโinhalation des particules est prรฉsentรฉ dans le Tableau 1.3.
Etudes รฉpidรฉmiologiques
Les effets ร court terme des PM
Les effets ร court terme des PM ont รฉtรฉ รฉvaluรฉs principalement sur la mortalitรฉ et les รฉvรจnements dโadmission ร lโhรดpital associรฉs aux pics de pollution atmosphรฉrique. Les รฉtudes รฉpidรฉmiologiques rรฉvรจlent les liens entre les niveaux ambiants de pollution atmosphรฉrique particulaire et de nombreux รฉvรจnements sanitaires. La Figure 1.10 prรฉsente la gradation dans la gravitรฉ, les effets allant des limitations dโactivitรฉ aux dรฉcรจs. Les proportions des sujets affectรฉs par ces effets diminuent avec leur gravitรฉ.
Lโรฉtude de Pope et al. (1992) sโest intรฉressรฉe ร lโeffet de PM10 sur la mortalitรฉ dโhabitants de lโUtah aux Etats-Unis suite a des pics de pollution entre 1985 et 1989. Elle a montrรฉ une association entre les pics de pollution particulaire et la mortalitรฉ journaliรจre qui subit une hausse de 16 % lorsquโil y a une augmentation de 100 ยตg/m3 de PM10 sur 5 jours dโaffilรฉe. Une mรฉta-analyse rรฉalisรฉe deux ans plus tard sur des cas amรฉricains a confirmรฉ cet effet de la pollution particulaire mais avec les TSP (Schwartz, 1994). Pour une augmentation de 100 ฮผg/m3 de TSP, ils ont observรฉ un excรจs de risque de mortalitรฉ de 1,06. De mรชme, une รฉtude รฉvaluant lโeffet de la pollution particulaire de 6 villes diffรฉrentes de ce pays a conclu ร une augmentation de la mortalitรฉ de 1,26 attribuรฉe aux PM10 pour la ville la plus polluรฉe, Steubenville en Ohio ayant une moyenne de 46 ฮผg/m3 (Dockery et al., 1993).
Effets ร long terme des particules atmosphรฉriques
Les รฉtudes ร long terme sont basรฉes sur lโeffet dโune exposition constante aux PM pendant une durรฉe dรฉterminรฉe sur les fonctions pulmonaires, la survenue de bronchites chroniques, le risque de cancer du poumon et la mortalitรฉ pour des problรจmes cardio-respiratoires. Lโรฉtude de Pope et al. (2002) fait rรฉfรฉrence en รฉvaluant pour la premiรจre fois lโeffet ร long terme de PM2.5 et les PM fines, sur le cancer pulmonaire et la mortalitรฉ cardio-pulmonaire aux Etats-Unis. Une augmentation de PM2.5 de 10 ฮผg/m3 a รฉtรฉ associรฉe ร lโaugmentation de mortalitรฉ de : 4 % toutes causes confondues, 6 % pour des causes cardio-pulmonaires et 8 % par cancer du poumon. Il nโa pas pu รชtre montrรฉ dโassociation entre les PM grossiรจres ou les TSP sur la mortalitรฉ de ces cas. Lโimplication des PM10 et PM2.5 dans lโaggravation de pathologies chroniques obstructives a รฉtรฉ mise en รฉvidence plusieurs fois (Zanobetti et al., 2008 ; Pope et al., 2009). Ces effets semblent รชtre plus importants lors dโune exposition ร long terme ร une pollution de fond plutรดt quโune exposition forte lors dโun pic de pollution (Pope et al., 2007). Dโautres travaux ont mis en รฉvidence lโexcรจs de risque de cancer pulmonaire associรฉ ร lโexposition a long terme aux PM2.5 (Harrison et al., 2004 ; Ostro et al., 2009 ; Katanoda et al., 2011).
La contribution des PM issues du trafic automobile a รฉtรฉ soulignรฉe avec une รฉtude rรฉalisรฉe en Autriche, France et Suisse (Kunzli et Tager, 2000). La pollution de lโair globale a รฉtรฉ associรฉe a 6 % de mortalitรฉ totale dont 50 % des cas sont attribues aux รฉmissions de vehicules ; ainsi quโa de nouveaux cas de bronchites chroniques, la survenue dโรฉpisodes de bronchite et des crises dโasthme. Le type de source รฉmettant les PM est donc important dans leurs effets, de mรชme que leur taille.
Rรดle des PM dans leurs effets
La taille des particules dรฉtermine leurs effets sur la santรฉ (Figure 1.11) : plusieurs รฉtudes montrent des effets sur la mortalitรฉ et la morbiditรฉ cardiorespiratoires supรฉrieurs avec les PM2.5 comparativement aux PM10 (Belleudi et al., 2010 ; Dockery et al., 1993). Une รฉtude rรฉalisรฉe rรฉcemment sur des cas hospitalisรฉs ร Pรฉkin en Chine a pris en compte la distribution granulomรฉtrique des aรฉrosols (Leitte et al., 2011). Les appels dโurgence de personnes hospitalisรฉes pour problรจmes respiratoires ont รฉtรฉ analysรฉs et mis en relation avec la pollution particulaire entre 2004 et 2006. Une association entre les visites dโurgence pour causes respiratoires et la concentration de PM dโun diamรจtre compris entre 100 et 1000 nm et leur surface a รฉtรฉ mise en รฉvidence, celle-ci รฉtant plus importante pour les PM de 50 ร 100 nm. De mรชme, en Allemagne lโaugmentation de la mortalitรฉ journaliรจre toutes causes confondues et cardiorespiratoires ainsi que lโaugmentation de crises dโasthme sont associรฉs ร lโaugmentation du nombre de PM 0.01-0.5 et ร la masse des PM 0.1-2.5 sans quโil y ait dโassociation avec les PM 2.5-10 (Peters et al., 1997 ; Wichmann et al., 2000). Nรฉanmoins, certains travaux associent les effets sanitaires des PM aux particules grossiรจres plutรดt quโaux plus fines (Lippmann et al., 2000 ; Brunekreef et Fosberg, 2005).
Les รฉtudes รฉpidรฉmiologiques รฉvaluent les effets de lโexposition humaine aux particules par rapport ร des relevรฉs de pollution atmosphรฉrique, ce qui nโest pas reprรฉsentatif de lโexposition rรฉelle. De plus, les mรฉcanismes induisant ces effets ne sont pas identifiables avec ce type dโรฉtude. Pour approfondir ces questions, les รฉtudes toxicologiques permettent de contrรดler les expositions de modรจles dโรฉtudes humains, animaux ou in vitro sur des cultures cellulaires.
Les biomarqueurs de la rรฉponse pro-inflammatoire : les cytokines pro-inflammatoires
Des รฉtudes rรฉalisรฉes en laboratoire ont mis en รฉvidence lโinduction dโexpression et de sรฉcrรฉtion de diverses cytokines pro-inflammatoires telles que le GM-CSF, le TNF-ฮฑ, lโIL-6, lโIL-8 en rรฉponse ร lโexposition aux PM sur des cellules รฉpithรฉliales bronchiques humaines cultivรฉes in vitro. LโIL-6 et lโIL-8 ont รฉtรฉ choisies pour รฉtudier la rรฉponse pro-inflammatoire des cellules exposรฉes aux particules de Yaoundรฉ, leurs sรฉcrรฉtions ayant รฉtรฉ mises en รฉvidence in vivo et in vitro dans plusieurs รฉtudes aprรจs exposition ร des PM ambiantes ou une catรฉgorie spรฉcifique de PM (Carter et al., 1997 ; Boland et al., 1999 ; Ishii et al., 2004).
– lโinterleukine 6 (lโIL-6)
LโIL-6 est une cytokine pro-inflammatoire pleiotropique et immunomodulatrice secrรฉtรฉe par les cellules รฉpithรฉliales et endothรฉliales de lโappareil respiratoire, macrophages alvรฉolaires, lymphocytes B. Elle joue un rรดle essentiel dans la diffรฉrenciation finale des lymphocytes B, la croissance des cellules hรฉmatopoรฏรฉtiques et la diffรฉrentiation des cellules T. Lโimportance de lโIL-6 dans la pathogenรจse de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) a รฉtรฉ mise en รฉvidence par des รฉtudes montrant chez ces malades de fortes concentrations dโIL-6 dans le sรฉrum et les crachats, associรฉes au dรฉclin des fonctions pulmonaires (Donaldson et al., 2005 ; Walston et al., 2007). LโIL-6 a รฉtรฉ liรฉe ร la faiblesse des muscles squelettiques pulmonaires chez les patients atteints de BPCO ainsi que lโexacerbation des infections pulmonaires chez ces personnes (Wedzicha et al., 2000 ; Yende et al., 2005 ; Yende et al., 2006).
– lโinterleukine 8 (lโIL-8)
LโIL-8 est la chimiokine principale attirant les neutrophiles (Kobayashi et al., 2008) qui est produite majoritairement par les cellules รฉpithรฉliales de lโappareil respiratoire mais aussi par les macrophages et les cellules endothรฉliales. LโIL-8 est prรฉsente ร forte dose chez des patients atteints de mucoviscidose et de BPCO (Sly et al., 2009 ; De Diego Damia et al., 2011). La baisse de production dโIL-8 seule ou associรฉe ร celle dโautres cytokines pro-inflammatoires supprime lโattraction et lโactivation des neutrophiles (Richman-Eisenstat et al., 1993).
Les biomarqueurs du mรฉtabolisme des xรฉnobiotiques – Le cytochrome P 450 1A1 (CYP1A1)
Cette enzyme qui fait partie de la famille des cytochromes P450 est localisรฉe dans la membrane du rรฉticulum endoplasmique. Le CYP1A1 est exprimรฉ de maniรจre constitutive de maniรจre quasiment indรฉtectable dans les tissus extra pulmonaires (Bieche et al., 2007) et est inductible par des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des hydrocarbures aromatiques halogรจnes (Whitlock et al., 1999). Son activation transcriptionnelle est sous le contrรดle dโun rรฉcepteur intracellulaire, lโarylhydrocarbon receptor AhR, dont les HAP sont les ligands directs.
Les รฉtudes toxicologiques ont montrรฉ que des PM et leurs extraits organiques induisent lโexpression et lโactivitรฉ du CYP1A1 dans des cellules รฉpithรฉliales bronchiques humaines in vitro (Bonvallot et al., 2001 ; Billet et al., 2007 ; Lauer et al., 2009 ; Baulig et al., 2009 ; Abbas et al., 2009). La mรฉtabolisation des HAP par le CYP1A1 aboutit gรฉnรฉralement ร la production dโoxyde de HAP pouvant produire des mutations de lโADN. Lโactivitรฉ mรฉtabolique du CYP1A1 est donc associรฉe ร lโapparition de cancers, notamment de cancer pulmonaire chez les fumeurs car la fumรฉe de cigarette est riche en HAP (Whitlock et al., 1999).
– La NADPH quinone oxydorรฉductase 1 (NQO-1)
Les particules atmosphรฉriques via leur effet oxydatif et leur contenu en composรฉs organiques pourraient activer des facteurs de transcription se liant aux Anti-oxydant Response Element (ARE) et Xenobiotic Response Element (XRE), ceci permettant dโinduire la transcription de NQO-1. Plusieurs รฉtudes montrent en effet que des cellules รฉpithรฉliales bronchiques induisent lโexpression de NQO-1 en rรฉponse a lโexposition a des PM2.5 ou leurs extraits organiques (Billet et al., 2007 ; Abbas et al., 2009 ; Lauer et al., 2009 ; Baulig et al., 2009).
Gรจnes du mรฉtabolisme des enzymes anti-oxydantes
– La superoxyde dismutase (SOD)
Cette enzyme catalyse la dismutation de lโO2- en H2O2. La SOD existe sous trois isoformes qui se diffรฉrencient par leur localisation cellulaire et par leur cofacteur mรฉtallique : une forme cytosolique et nuclรฉaire associรฉe aux ions cuivre et zinc (Cu/Zn-SOD appelรฉe SOD-1), une forme mitochondriale associรฉe au manganรจse (Mn-SOD appelรฉe SOD-2) et une forme extracellulaire (EC-SOD appelรฉe SOD-3). La distribution de ces diffรฉrentes isoformes varie selon le tissu. Lโisoforme majoritaire dans le poumon est la SOD-2 dont lโARNm est prรฉdominant dans les cellules de la barriรจre pulmonaire et les conduits alvรฉolaires (Rahman et al., 2006). La Mn-SOD est induite par un stress oxydant mais aussi par des cytokines pro-inflammatoires (Masuda et al., 1988 ; Wong et al., 1988).
Une surexpression de la Mn-SOD a รฉtรฉ observรฉe dans lโรฉpithรฉlium bronchique et alvรฉolaire de fumeurs malades de BPCO comparativement aux individus sains (Harju et al., 2004) ainsi que chez des sujets atteints de cancer pulmonaire alors que la catalase montrait de faibles niveaux dโexpression (Chung-man Ho et al., 2001). Il a รฉtรฉ รฉmis lโhypothรจse que lโinflammation pulmonaire contribuant aux forts taux de Mn-SOD et faibles taux de catalase, aboutirait ร une augmentation du H2O2 intracellulaire, crรฉant un environnement intracellulaire favorable aux dommages de lโADN et des structures cellulaires.
– Lโhรจme oxygรฉnase HO-1
HO-1 est une enzyme catalysant la conversion de lโhรจme en biliverdine, rรฉduite enzymatiquement par la bilirubine. Lโhรจme est potentiellement oxydant et la bilirubine anti-oxydante, raison pour laquelle on classe HO-1 dans les enzymes anti-oxydantes. HO-1 est lโisoforme des hรจme oxygรฉnases fortement inductible par des agents chimiques induisant une augmentation des espรจces activรฉes de lโoxygรจne dans la cellule car elle contient dans son promoteur plusieurs รฉlรฉments de rรฉponse aux antioxydants (Prestera et al., 1995), sa transcription est donc activรฉe par des facteurs de transcription sensibles au stress oxydant.
HO-1 est surexprimรฉe chez les fumeurs, les patients atteints dโasthme et le polymorphisme de HO-1 est associรฉ ร la susceptibilitรฉ ร la BPCO alors que dans le cas du cancer du poumon HO-1 est suspectรฉe dโaccroitre les cellules tumorales (Fredenburgh et al., 2006).
ETUDES ANTERIEURES FAITES EN AFRIQUE DE LโOUEST ET CENTRALE
Lโรฉtude de les aรฉrosols atmosphรฉriques a dรฉbutรฉ en Afrique tropicale dans les annรฉes 70 avec les travaux de Crozatet al., (1978) et Crozat (1979) qui ont montrรฉ respectivement lโinfluence des feux de brousse sur la composition chimique de cet aรฉrosol en Afrique de lโOuest et celle de la vรฉgรฉtation en saison humide comme source biogรฉnique des aรฉrosols en zone de forรชt ivoirienne. Les premiรจres mesures effectuรฉes sur les feux de savane ont รฉtรฉ publiรฉes par Delmas (1982). En 1984, Pelassy a รฉtudiรฉ la composition chimique saisonniรจre des aรฉrosols et ses sources en zone urbaine au Cameroun. Ensuite les รฉtudes se sont multipliรฉes ร partir des annรฉes 90 au travers de campagnes de mesures internationales. Ces programmes se sont surtout intรฉressรฉs ร lโรฉtude des aรฉrosols issu des feux de biomasse sur des expรฉriences ร court ou ร moyen terme. Il sโagit du programmeFOS/DECAFE (Fire Of Savannas/Dynamique Et Chimie Atmosphรฉrique en Forรชt Equatoriale) qui sโest dรฉroulรฉ ร Lamto et ร Bouakรฉ en Cรดte dโIvoire en janvier 1991 dans le but de paramรฉtrer les รฉmissions des feux de savane en fonction des caractรฉristiques physico-chimiques et biologiques de lโรฉcosystรจme de savane africaine (Lacaux et al., 1995 ; Liousse et al., 1995 ; Gaudichet et al., 1995 ; Cachier et al., 1995). Ensuite des รฉtudes ont รฉtรฉ menรฉes dans le cadre du programme EXPRESSO (Experiment for Regional Sources and Sinks of Oxidants) entre 1994 et 1996 (Delmas et al., 1999 ; Ruellan et al, 1999) avec pour objectif de dรฉterminer les processus contrรดlant la composition chimique de lโatmosphรจre tropicale au dessus de lโAfrique Centrale en zones de savane et de forรชt. En marge de ces programmes dโautres รฉtudes ont รฉtรฉ menรฉes dans cette rรฉgion, ร lโinstar de celles faites par Crutzen et Andreae (1990), Cachier et Ducret (1991), Levine (1991), Cachier (1992), Andreae et al. (1992), et qui ont soulignรฉ le potentiel des gaz et particules issus des feux de biomasse ร perturber lโatmosphรจre tropicale. Lacaux et al. (1993) ont estimรฉ la contribution des feux de savane aux รฉmissions globales des gaz traces et des aรฉrosols ร 30 % du total des รฉmissions des feux de biomasse. Liousse et al. (1996) ont montrรฉ que les feux de savane contribuent approximativement ร 25 % aux รฉmissions du carbone particulaire ร lโรฉchelle globale. Ludwig et al. (2003) ont quant ร eux dรฉfini le sol, les feux de biomasse et les feux de savane comme รฉtant les sources majeures des aรฉrosols atmosphรฉriques en Afrique. En exemple, Maenhaut et Akilimali (1987) ont trouvรฉ que les poussiรจres minรฉrales et les feux de biomasse รฉtaient dโimportantes sources dโaรฉrosols ร Kinshasa en Rรฉpublique Dรฉmocratique du Congo (ex Zaรฏre) et ร Butare au Rwanda.
Plus rรฉcemment, dans le cadre de AMMA (Analyse Multidisciplinaire de la Mousson Africaine), lโun des programmes majeurs investiguant en zones rurales Ouest africaine, diffรฉrents auteurs ont travaillรฉ sur les รฉmissions des aรฉrosols (Marticorรฉna et al., 2010 ; Liousse et al., 2010), leurs propriรฉtรฉs optiques (Mallet et al., 2008 ; Pelon et al., 2008 ; Solmon et al., 2008) afin dโรฉtudier le transport, la distribution verticale et la variabilitรฉ spatiale des poussiรจres minรฉrales et du carbone particulaire. Ces รฉtudes incluaient celle des impacts des aรฉrosols basรฉs sur les mesures de surface, par satellites et modรจles (Haywood et al, 2008 ; Liousse et al., 2010 ; Reeves et al., 2010 ; Marticorena et al., 2010 ; Crumeyrolle et al., 2011 ; Formenti et al., 2011).
Toutes ces รฉtudes sur les propriรฉtรฉs chimiques, physiques et optiques des aรฉrosols atmosphรฉriques en Afrique Centrale et de lโOuest ont รฉtรฉ faites sur des pรฉriodes courtes ร moyennes et ont รฉtรฉ centrรฉes en gรฉnรฉral sur les saisons de feux. Pourtant au regard de lโinfluence des aรฉrosols sur la dynamique photochimique et autres processus (formation et acidification des nuages et des prรฉcipitations, radiations solaires) de lโatmosphรจre africaine, et de leurs impacts sur le climat et la santรฉ, il est important et primordial dโรฉtudierles variations spatio-temporelles et saisonniรจres sur le long terme afin de dรฉterminer leur contribution quantitative ร ces phรฉnomรจnesaux รฉchelles locale et rรฉgionale. Cโest dans ce contexte que sโinscriventles programmes INDAAF, POLCA et aujourdโhui DACCIWA qui ont รฉtรฉ mis sur pied respectivement pour รฉtudier la composition chimique de cet aรฉrosol en milieux ruraux africains et pour รฉtudier ses impacts sur la santรฉ dans les capitales africaines.
Programme POLCA
Le programme POLCA entendu POllution des Capitales Africaines a รฉtรฉ initiรฉ en 2007 et a pour objectif majeur lโรฉtude de la pollution atmosphรฉrique urbaine tant gazeuse que particulaire pour faire le lien avec la santรฉ des populations de quelques villes dโAfrique de lโOuest et Centrale (Bamako et Dakar) (Liousse et Galy-Lacaux, 2010). A la suite des รฉtudes dans ces deux villes, une รฉtude pilote a รฉtรฉ initiรฉe ร Yaoundรฉ de dรฉcembre 2012 ร juillet 2013 afin dโy caractรฉriser la pollution particulaire atmosphรฉrique et dโen dรฉterminer lโimpact toxicologique en fonction de la taille et de la composition chimique des particules sur une pรฉriode plus longue que celle documentรฉe par les campagnes de mesures intensives menรฉes ร Bamako et Dakar. La Figure 2.3 illustre la situation gรฉographique des diffรฉrents sites.
POLCA est un programme CORUS portant sur la caractรฉrisation physicochimique de la qualitรฉ de lโair des capitales Dakar et Bamako et de lโimpact de ces pollutions sur la santรฉ humaine, particuliรจrement lโimpact de la pollution de lโair sur lโappareil respiratoire (inhalation). Le projet POLCA a pour objectif dโapporter des premiรจres rรฉponses aux questions scientifiques suivantes :
– quels sont les niveaux d’exposition annuels, saisonniers (particules, gaz) des populations ?
– quelles sont les caractรฉristiques physico-chimiques de cette pollution et des mรฉlanges associรฉs (organiques, inorganiques et mรฉtaux, โฆ) ?
– quels sont les effets biologiques/toxicologiques de cette exposition en termes de mรฉcanismes et processus (stress oxydant, rรฉactions immunologiques et inflammatoires, …) ?
– quels sont les liens entre les donnรฉes dโexposition et les affections respiratoires (asthme, BPCO, …) relevรฉes dans les centres de santรฉ (รฉtudes รฉpidรฉmiologiques) ?
SITUATION GEOGRAPHIQUE DES SITES DE MESURES
Par son รฉtendue gรฉographique, 30 300 000 km2 entre les latitudes 35ยฐN et 35ยฐS et les longitudes 15ยฐO et 50ยฐE, lโAfrique est dotรฉe dโune diversitรฉ climatique et de diffรฉrents types dโรฉcosystรจmes. Nos sites dโรฉtude en zone rurale sโรฉtendent de la station de Nsimi, situรฉe au Sud du Cameroun, en zone de forรชt dense et soumise au climat รฉquatorial trรจs humide ร quatre saisons, ร la station de Djougou au Nord-ouest du Bรฉnin, caractรฉrisรฉe par un รฉcosystรจme de savane humide et un climat soudano-sahรฉlien ร deux saisons. Le troisiรจme site dโรฉtude localisรฉ ร Yaoundรฉ, la capitale du Cameroun, est reprรฉsentatif dโune zone urbaine africaine.
Le dรฉcoupage climatique et le type de vรฉgรฉtation propre ร chaque รฉcosystรจme sont รฉtroitement liรฉs ร la circulation mรฉtรฉorologique gรฉnรฉrale au-dessus du continent.
Circulation atmosphรฉrique gรฉnรฉrale au-dessusdu continent africain
La circulation atmosphรฉrique gรฉnรฉrale au-dessus du continent africain est illustrรฉe par la Figureย 2.4. En hiver borรฉal lโanticyclone saharien, et en particulier le noyau libyen, acquiert son plus grand dynamisme dirigeant sur la rรฉgion situรฉe au Nord du 5ยฐ parallรจle Nord, un vent dโEst ou nord-est rรฉgulier et constant : lโalizรฉ. Ce vent de terre, appelรฉ harmattan, est un รฉlรฉment essentiel des climats de lโAfrique de lโOuest. En moyenne sur lโannรฉe, lโharmattan souffle durant plus de cinq mois sur la zone soudano-sahรฉlienne, mais il nโatteint le littoral que pendant deux ร quatre semaines entre dรฉcembre et janvier. Parfois, lโanticyclone saharien se scinde en noyaux de hautes pressions laissant sโengouffrer de lโair polaire venu des hautes couches et crรฉe des pรฉriodes dโalizรฉ renforcรฉ. En รฉtรฉ borรฉal, les hautes pressions sahariennes sโaffaiblissent et sont remplacรฉes dans les basses couches par une dรฉpression thermique. Parallรจlement lโanticyclone de Ste-Hรฉlรจne se rapproche de lโรฉquateur gรฉographique poussant devant lui un alizรฉ actif (direction sud-est Nord-Ouest) qui franchit lโรฉquateur. Il prend une direction sud-ouest nord-est et progresse sur le continent en se glissant sous lโalizรฉ borรฉal, comme aspirรฉ par la dรฉpression thermique saharienne : cโest le phรฉnomรจne de mousson. Les masses dโair, qui se sont chargรฉes dโhumiditรฉ lors de leur passage sur lโOcรฉan Atlantique, apportent les pluies sur le continent.
La surface de sรฉparation entre lโair humide qui provient de lโatlantique et lโair continental, qui a traversรฉ le continent, est appelรฉe Font Intertropical (FIT). La trace au sol de ce front varie de 5ยฐN en janvier ร 20ยฐN en juillet. Le mouvement pendulaire annuel entre les deux positions extrรชmes rythme les saisons de lโAfrique Intertropicale.
Description des diffรฉrents sites dโรฉchantillonnage
Les sites de Nsimi et de Yaoundรฉ sont localisรฉs dans le sud du Cameroun, ils sont caractรฉrisรฉs par un รฉcosystรจme de forรชt respectivement peu et trรจs anthropisรฉ et sont sous lโinfluence dโun climat de type รฉquatorial ร quatre saisons. Ils appartiennent sur le plan gรฉologique au plateau sud camerounais dont les caractรฉristiques lithologiques, les รฉvolutions tectonique et structurale ainsi que les diffรฉrents faciรจs pรฉdologiques sont prรฉsentรฉs ร la suite de la situation gรฉographique des sites.
Site de Djougou (Bรฉnin)
Djougou est situรฉ au nord-ouest du Bรฉnin ร 9ยฐ41โ de latitude N et de 1ยฐ39โ longitude E, ร environ 400 km de lโocรฉan atlantique et de Cotonou (capitale du Bรฉnin) dans le sud et de la zone sahรฉlienne dans le nord (Figure 2.5). Son socle de nature granito-gneissique est dominรฉ par les quartzites de Tanรฉka dans le nord-ouest du Bรฉnin. Djougou a un relief de plateau relativement accidentรฉ, qui est ponctuรฉ des affleurements des monts Tanรฉka (654 m) au nord – ouest, Kouffรจ et Sabarao (658 m) au sud-est, il se trouve sur un interfluve de 450 m d’altitude qui sรฉpare deux bassins-versants (LโOuรฉmรฉ et la Donga). Les sols de Djougou sont des sesquioxydes de fer et de manganรจse. Ce sont des sols ferralitiques et ferrugineux (Faure, 1977), dont la faible permรฉabilitรฉ favorise l’รฉrosion. Ils sont favorables ร lโagriculture qui reprรฉsente environ 70 % des activitรฉs รฉconomiques de la population (Commune de Djougou, 2009). Djougou est caractรฉrisรฉ par un รฉcosystรจme de savane humide arborรฉe assez dense parsemรฉe d’importantes รฉtendues forestiรจres qui ne cessent de reculer sous la forte pression dรฉmographique. Le climat qui y prรฉvaut est de type soudano-guinรฉen avec une saison sรจche allant de novembre ร avril et une saison humide allant de mai ร octobre. Cette rรฉgion connaรฎt l’une des plus fortes pluviomรฉtries du Bรฉnin grรขce ร l’influence orographique de la chaรฎne de l’Atacora (situรฉe au nord-ouest de Djougou et culminant ร 658 m). La hauteur moyenne annuelle des prรฉcipitations oscille autour de 1350 mm.
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Table des matiรจres
โข LISTE DES FIGURES
โข LISTE DES TABLEAUX
โข LISTE DES ABREVIATIONS
โข INTRODUCTION GENERALE
โข CHAPITRE I : LES AEROSOLS ATMOSPHERIQUES
I.1. Dรฉfinition des aรฉrosols
I.2. Mรฉcanismes de formation et tailles de les aรฉrosols atmosphรฉriques
I.3. Principales sources dโรฉmissions des aรฉrosols : focus sur lโAfrique
I.3.1. Sources naturelles
I.3.2. Sources anthropiques
I.4. Impact des aรฉrosols
I.4.1. Impact sur le climat
I.4.2. Impact sur lโenvironnement
I.4.3. Impact sur la santรฉ humaine
I.5. Etudes antรฉrieures faites en Afrique de lโOuest et Centrale
โข CHAPITRE II : CADRE EXPERIMENTAL DE LโETUDE
II.1. Prรฉsentation et objectifs des programmes INDAAF (ex-IDAF) et POLCA
II.1.1. Programme INDAAF
II.1.2. Programme POLCA
II.2. Situation gรฉographique des sites de mesures
II.2.1. Circulation atmosphรฉrique gรฉnรฉrale au-dessusdu continent africain
II.2.2. Description des diffรฉrents sites dโรฉchantillonnage
II.3. Protocoles de collecte et analytique
II.3.1. Echantillonnage des aรฉrosols sur filtres
II.3.2. Les diffรฉrentes techniques analytiques
โข CHAPITRE III : COMPOSITION CHIMIQUE DE LโAEROSOL ATMOSPHERIQUE A NSIMI (ZOETELE AU CAMEROUN)
III.1. Paramรจtres climatiques
III.2. Variations saisonniรจres des concentrations des diffรฉrentes espรจces
III.2.1. Espรจces carbonรฉes
III.2.2. Espรจces ioniques
III.2.3. Mรฉtaux en traces
III.2.4. Spรฉciation chimique et concentration ambiante de PM10
โข CHAPITRE IV : COMPOSITION CHIMIQUE ET SOURCES DES AEROSOLS ATMOSPHERIQUES A DJOUGOU (BENIN)
IV.1. Paramรจtres climatiques
IV.2. Variations saisonniรจres des concentrations des diffรฉrentes espรจces
IV.2.1. Espรจces carbonรฉes
IV.2.2. Espรจces ioniques
IV.2.3. Mรฉtaux en traces
IV.2.4. Spรฉciation chimique et concentration ambiante de PM2.5 et PM10
โข CHAPITRE V : POLLUTION DES CAPITALES AFRICAINES ET IMPACT SUR LA SANTE : CAS DE YAOUNDE (CAMEROUN)
V.1. CARACTERISATION CHIMIQUE ET ETUDE DES SOURCES DE LโAEROSOL YAOUNDE
V.1.1. Concentration gravimรฉtrique des aรฉrosols
V.1.2. Composition chimique des aรฉrosols
V.1.3. Spรฉciation chimique des aรฉrosols de Yaoundรฉ
V.2. ETUDE DE LโIMPACT TOXICOLOGIQUE DE LโAEROSOL ATMOSPHERIQUE A YAOUNDE
V.2.1. Zoom sur les biomarqueurs dโexposition et dโeffets dโexposition impliquรฉs dans lโรฉtude de la toxicitรฉ des aรฉrosols atmosphรฉriques de Yaoundรฉ
V.2.2. Rรดle des caractรฉristiques physico-chimiques et saisonniรจres des particules atmosphรฉriques de Yaoundรฉ dans les effets biologiques induits sur des cellules รฉpithรฉliales bronchiques humaines
โข CONCLUSION GENERALE
โข REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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