Histoire des huiles essentielles
Les huiles essentielles dans l’Egypte ancienne (2500 avant J-C) : L’utilisation des huiles essentielles commence à partir de 2500 avant Jésus-Christ dans l’Égypte Ancienne. Elles étaient utilisées à cette époque dans plusieurs domaines : la médecine, la parfumerie, et le cosmétique. Certain rites religieux étaient ainsi lié à l’utilisation des huiles essentielles lors de l’embaumement des corps, afin de rapprocher l’humain des dieux après sa mort. Grâce à la macération des bandelettes dans les huiles essentielles avant de recouvrir les corps, certains d’entre eux ont été particulièrement bien conservés durant des siècles. Les égyptiens pratiquaient une forme sommaire de distillation, en utilisant la macération et l’essorage. Les plantes étaient mélangées à de l’eau bouillante et après ajout de tissus dans cette mixture, les égyptiens laissaient macérer la préparation plusieurs jours pour que les essences s’imprègnent dans le textile. Afin de les récupérer, les tissus étaient essorés manuellement.
Les huiles essentielles en chine (2800 avant J-C) : Concernant l’avancée des pratiques des huiles essentielles, les chinois n’étaient pas les précurseurs mais ils ont fait avancer les connaissances dans le domaine du grand public, grâce à la parution du premier ouvrage sur les recettes à base d’huiles essentielles. Pen Ts’ao, écrit par l’empereur-dieu Chen Nong où dénombre près de cent plantes utilisables sous forme d’huiles essentielles (Joseph et al 1977).
La redécouverte des huiles essentielles durant l’Âge moderne (XXème siècle) : De la fin de la Révolution et de la Terreur (1794), jusqu’au XXe siècle, aucune découverte notable n’était faite en aromathérapie. Il faudra attendre le « malheureux » accident du père de l’aromathérapie, René-Maurice Gattefossé, en 1910, pour redécouvrir les bienfaits des huiles essentielles pour l’Homme ; en effet le 25 juillet 1910, René-Maurice Gattefossé était dans son laboratoire lorsqu’une explosion survint. Brûlé à la tête et aux bras, il ne réfléchit pas et plongea ses mains dans un seau d’huile essentielle de Lavande Vraie. L’apaisement était immédiat, et la cicatrisation apparaissait rapidement et efficacement. Suite à cette « expérience », il s’est intéressé de plus en plus au pouvoir des huiles essentielles, autre que dans le domaine de la parfumerie. Son premier ouvrage intitulé Aromathérapie a été édité 1931. C’était la première fois que ce terme a été utilisé. De plus, cela a été le premier livre à mettre en relation les structures et les activités de chaque huile essentielle en fonction de ses composants biochimiques. L’aromathérapie d’aujourd’hui doit également beaucoup au médecin Jean Valnet. Ses recherches et sa volonté de faire découvrir les travaux de René-Maurice Gattefossé engendrent une crédibilité plus importante de l’aromathérapie auprès de la médecine française. De plus, il fait découvrir les propriétés anti-infectieuses des huiles essentielles nécessaires lors de la guerre d’Indochine. Les blessures des soldats étaient pansées avec des bandes trempées dans des huiles essentielles (un petit rappel des pratiques de l’Égypte Ancienne). Ces pratiques avaient également démontré la faiblesse de l’antibiothérapie : les bactéries s’habituent à ce type de médicaments, l’efficacité diminue de plus en plus, et il devient nécessaire d’utiliser des molécules de synthèse de plus en plus nocives pour notre organisme. Les huiles essentielles sont un moyen permettant de se soigner sans attaquer le corps.En 1964, l’ouvrage Aromathérapie : traitement des maladies par les essences des plantes du docteur Jean Valnet a connu un succès planétaire. Il a expliqué la posologie de chaque huile essentielle pour beaucoup d’affections et il a développé la méthode d’évaluation de l’activité antimicrobienne des huiles essentielles. Cette technique a déjà été inventée pour l’évaluation des antibiotiques de synthèse. Il s’agit du même procédé, mais avec un produit différent. En 1975, c’est Pierre Franchomme, biochimiste français, qui fonda le premier laboratoire spécialisé en huiles essentielles. Grâce à son travail, les spécificités biochimiques de chaque huile sont plus faciles à identifier. Le but de ses recherches était de diminuer les problèmes thérapeutiques et toxiques, et les effets secondaires de l’utilisation des huiles essentielles. Dominique Baudoux, pharmacien belge, reprit la direction du laboratoire de Pierre Franchomme en 1991. Il avait mis en vente des synergies d’huiles essentielles directement prêtes à l’emploi pour les consommateurs. De plus, il transformait les huiles essentielles afin qu’elles soient plus faciles à utiliser (gélules, shampoings, frictions…). Aujourd’hui, l’aromathérapie est très répandue dans le monde entier et les connaissances quant à leur utilisation, sont précises. Beaucoup de laboratoires travaillent également sur la recherche de l’aromathérapie certifiée bio. L’aromathérapie est surement l’une des techniques les plus naturelles possibles contre les affections du corps humain. Elle est aussi efficace en prévention qu’en guérison.
Lutter contre la compétition avec d’autres plantes
Par le phénomène d’allélopathie, certaines plantes émettent des substances pour stopper la croissance des autres plantes, citant par exemple les feuilles de Noyer qui contiennent le glucoside phénolique, lorsque celles-ci tombent au sol, ce dernier s’hydrolyse et s’oxyde sous l’action de la pluie en juglone. La juglone est une substance, toxique pour la plupart des plantes.
Les tanins condensés (pro-anthocyanidines)
De structure plus complexe, on les appelle également pro-anthocyanidines, largement présents dans le règne végétal, et que l’on rencontre dans de nombreux produits alimentaires (fruits, légumes, boissons…) (Peronny 2005). Ils ne renferment pas de sucres dans leur molécule, ils ne sont hydrolysés qu’en présence d’acides forts ou d’agents d’oxydation. Ils se transforment surtout en substances rouges : les phlobaphénes (exemple : rouge de cola) (Atefeibu 2002). Ils résultent de la polymérisation d’unités flavan-3-ols (catéchines), et de flavan-3,4- diols (leuco-anthocyanidines) ou du mélange des deux (Atefeibu 2002, Peronny 2005) (Figure 4).
Activité anti-oxydante
De nombreuses huiles essentielles, comme les huiles de cannelle, de piment, de laurier et d’origan, présentent un pouvoir anti-oxydant (Mantle et al 1998, Karioti et al 2006). Cette activité est attribuée à certains groupes fonctionnels en l’occurrence, les alcools, éthers, cétones et aldéhydes monoterpéniques, tels que : le linalool, le 1,8 cinéole, le géranial/néral, le citronellal, et quelques monoterpènes dont le γ-terpinène et l’α-terpinolène (Edris 2007). Le pouvoir antioxydant des huiles essentielles est utilisé comme substitut dans la conservation alimentaire.
Chromatographie en phase gazeuse monodimensionnelle(CPG)
La CPG est une méthode d’analyse par séparation qui s’applique aux composés gazeux ou susceptibles d’être vaporisés par chauffage sans décomposition (Arpino et al 1995). C’est la technique de séparation la plus utilisée dans le domaine des huiles essentielles (Lehotay et al 2002), car elle permet d’individualiser des constituants à partir d’échantillons de l’ordre du milligramme ou microgramme. Les progrès technologiques réalisés dans le domaine des colonnes capillaires, des phases stationnaires et des détecteurs FID ont contribué à rendre la CPG incontournable pour l’analyse des huiles essentielles. Chaque constituant est caractérisé par des indices calculés à partir d’une série d’alcanes à température constante dite «indice de Koaváts» (Kováts 1965), ou en programmation de température «indices de rétention» (Van Den Dool et al 1963).
Les lamiacées
La famille des lamiacées qui porte différents noms avec la famille des labiées et labiacées et dont les noms latins sont lamiaceae ou labiatae, est une assez grande famille. En effet, elle comprend près de 6700 espèces regroupées dans environ 250 genres. (Miller et al 2006), tels que : Salvia (900), Scutellaria (360), Stachys (300), Plectranthus (300), Teucrium (250) etc. Elle se compose surtout de plantes herbacées, des arbustes, et de quelques arbres et lianes qui y sont associés. La famille des lamiacées a une distribution cosmopolite (Yuan et al 2010), c’est l’une des familles les plus utilisées comme source mondiale d’épices et d’extraits à fort pouvoir antimicrobien, antifongique, anti-inflammatoire et antioxydant (Gherman et al 2000, Hilan et al 2006). Les espèces des lamiacées les plus citées dans la littérature sont : Salvia officinalis (Fellah et al 2006), Mentha spicata (Choudhury et al 2006 ), Origanum vulgare (Dimitrijević et al 2007) , Rosmarinus officinalis (Gachkar et al 2007, Marzouk et al 2006), Ocimum basilicum (Lee et al 2005), ainsi que de nombreuses espèces du genre Thymus qui ont été abondamment étudiées (Bousmaha-Marouki et al 2007). Du point de vue chimique, cette famille a fait l’objet d’intenses investigations dans le but d’isoler différents types de composés. Parmi les genres qui sont en cause, on cite : Ajuga, Rhabdosia, Teucrium, Salvia, Scutellaria, Stachys, Leonurus, Ballota, Coleus, Thymus, Phlomis. Ces études ont permis d’isoler un grand nombre de métabolites secondaires tels que les stérols, flavonoïdes, iridoïdes, sesquiterpènes, diterpènes et triterpènes (Pelletier et al 1820, Hoerni 2001).
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Table des matières
Introduction générale
Histoire des huiles essentielles
Partie I : Rappel bibliographique
Chapitre I : Métabolites secondaires
I-Introduction
II-Métabolites Secondaires
II-1-Définition
II-2-Rôles
a- Favoriser la coopération avec les animaux
b- Lutter contre la compétition avec d’autres plantes
c- Lutter contre la prédation et les attaques des agents pathogènes
d- Les métabolites secondaires des plantes utilisées par les animaux
II-3- Classification
II-3-1- Composés phénoliques
II-3-1-1- Biosynthèse des polyphénols
a- La voie de l’acide shikimique
b- La voie de l’acétate
II-3-1-2 classification des polyphénols
II-3-1-2-1 Acides phénoliques
II-3-1-2-2 Les flavonoïdes
II-3-1-2-3 Les tanins
a -Les tanins condensés (pro-anthocyanidines)
b- Les tanins hydrolysables
II-3-1-2-4 Les coumarines
II-3-1-2-5 Les Quinones
II-3-2 Isoterpénoïdes (stéroïdes et terpénoïdes)
II-3-3 Les Alcaloïdes
III-Huiles Essentielles
III-1-Définition des huiles essentielles
III-2-Propriétés physiques
III-3-Propriétés chimiques
III-4-Activités biologiques des huiles essentielles
III-5 Composition chimique des huiles essentielles
III-5-1 Les composés terpéniques
III-5-1-1 Biosynthèse des terpènes
a-IPP et DMAPP par voie MVA
b-Formation du: GPP, FPP et GGPP
III-5-2 Les composés aromatiques
III-6- Méthode d’extraction
III-6-1 Distillation
a- Hydro-distillation
b-Entraînement à la vapeur d’eau
c- Hydro-diffusion
III-6-2-Extraction à froid
III-6-3-Extraction par micro-ondes
III-6-4-Extraction par les solvants et les graisses
III-6-5-Extraction par du CO2 supercritique
III-7- Méthodes d’analyse des huiles essentielles
III-7-1-Analyse structurale
III-7-2- Techniques d’analyse d’un mélange complexe
a- Chromatographie en phase gazeuse monodimensionnelle(CPG)
b- Chromatographie en phase gazeuse bidimensionnelle (CPG/CPG)
c-Chromatographie en phase gazeuse couplée avec la spectrométrie de masse (GCMS)
d-Chromatographie en phase gazeuse couplée avec la spectrométrie de masse (GC/MS-MS)
e-Chromatographie en phase gazeuse couplée avec la spectrométrie Infrarouge à Transformée de Fourier
Chapitre II : Thymus
I -Les Lamiacées
II-Le thym
II-1 Caractéristiques botanique
II-1-1 Description
II-1-2 Classification
II-1-3 Répartition géographique
II-1-4 Huiles essentielles
II-1-5 Les différentes molécules présentes dans l’huile essentielle du Thym
III-Thymus algeriensis
III-1-Descriptions
III-2-Propriétés et usage
III-3-Classification
IV-Thymus ciliatus
IV-1-Classification
V-Thymus numidicus
V-1-Classification
Chapitre III : Infections nosocomiales
I-Introduction
II-Infection nosocomiale
II-1-Définition
II-2-Modes de transmission
a-Transmission par contact direct ou infections endogènes
b-Transmission par contact indirect ou Les infections exogènes
II-3-Type d’infections nosocomiales
II-4-Les germes nosocomials
II-4-1-Les infections bactériennes
II-4-2-Les infections fongiques nosocomiales
II-4-3-Les parasites
II-4-4-Les virus
II-5-Les résistances aux antibiotiques
III-Généralités sur les bactéries
III-1-Définition
III-2-Bactéries à gram positif
III-2-1-Staphylococcus aureus
III-3-Bactéries à gram négatif
III-3-1-Proteus mirabilis
III-3-2- Pseudomonas aeruginosa
III-3-3- Escherichia coli
III-3-4-Enterobacter sp
III-3-5-Klebsiella oxytaco
III-3-6-Acinetobacter baumanni
III-3-6-Salmonella sp
IV-Activité antimicrobienne des huiles essentielles
IV-1-Activité antimicrobienne liée à la composition chimique des huiles essentielles
IV-2-Mécanisme d’action des huiles essentielles
IV-3-Méthodes de détermination l’activité antibactérienne
a-Aromatogramme
b-Méthode de puits
IV-4 Détermination de l’effet bactéricide
IV-4-1 Détermination de la Concentration Minimale Inhibitrice (CMI)
IV-4-2 Détermination de la Concentration Minimale Bactéricide (CMB)
Partie II : Résultats et discussions
I-huiles essentielles
I-1-Introduction
I-2-matériels et méthodes
I-2-1- Lieux et période de récolte
I-2-2-Extraction et détermination des rendements des huiles essentielles
I-2-3-Analyse chromatographique
I-3- interprétation des résultats
I-3-1-Période avant floraison
I-3-2-Période de floraison
I-4-Comparaison entre les deux périodes de récolte
Conclusion
II -Activité antimicrobienne des huiles essentielles
II-1-Aromatogramme
II-2-Principe
II-3-Choix des souches bactériennes
II-4-L’antibiogramme des souches testées
II-5-Préparation d’une suspension bactérienne
II-6-Interprétation des résultats
II-6-1- Période avant floraison
II-6-2-Période de floraison
II-7-Comparaison de l’aromatogramme pendant les deux périodes de récolte
II-7-1-T. numidicus de Berrahal
II-7-2-T. numidicus de Tacha
II-7-3-T.ciliatus
II-7-4- T. algeriensis
II-8-Sensibilité et résistance des souches bactériennes responsables aux infections nosocomiales
Conclusion générale
Références bibliographique
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