COMPORTEMENTS DES ACTEURS CONCERNES PAR LE SYSTEME TOURISTIQUE KITSCH

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Genèse du Kitsch

D’après Abraham Moles, le Kitsch est présent depuis très longtemps, et apparaît vers la fin du Moyen Âge (au XVIe siècle). Au début, on le voit clairement dans les arts, ainsi au XVIIIe siècle, il est « une débauche de détails ornementaux et une extravagance baroque ou même rococo » (Hoggart & Passeron, 1970, p. 193) qui représentent un Kitsch romantique avant – l’heure. Au fil du temps, son influence s’étend jusqu’à ce qu’il devienne un phénomène social universel. En particulier, « il est à son apogée à l’époque du triomphe de la bourgeoisie, puis de la société d’affluence. » (Moles, 1977, p. 83‑84). Dans le cadre de notre sujet de thèse, nous nous concentrons sur l’analyse de la période florissante du Kitsch qui débute à partir du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours.
En observant le diagramme ci-dessus (figure 1.1), nous constatons qu’au XVIIIe siècle, le Kitsch est reconnu sous la forme du style baroque et rococo :
• Style baroque : D’après plusieurs documents consultés (Blunt, 1992; Lebédel, 2003; Martin, 1977; Minguet, 1988, 1995; Tapie, 2000; Wölfflin, 1997), on peut avancer que le terme « baroque » vient du mot barroco (en langue portugaise qui signifie « une perle imparfaite ») et désigne un mouvement artistique qui a débuté en Italie au milieu du XVIe siècle, puis s’est répandu dans d’autres villes européennes et d’Amérique Latine jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. L’art du baroque touche beaucoup de domaines tels que : la littérature, le théâtre, la musique et particulièrement, l’architecture, la sculpture et la peinture, trois domaines artistiques dont on peut voir clairement la caractéristique spécifique de ce style que Philippe Beaussant – grand spécialiste de la musique et de la danse baroques – a résumée de la manière suivante : l’art du baroque est un monde où « tous les contraires seraient harmonieusement possibles » (Beaussant, 2007). En effet, il se caractérise par l’exagération du mouvement, la surcharge dans la décoration, les effets dramatiques, le changement des formes, l’utilisation des couleurs vives et des effets de lumière. Si on le compare au style Renaissance qui représente la symétrie, la simplicité et l’harmonie des proportions, le baroque est en opposition.
A titre d’exemple, nous prendrons les deux statues célèbres de David : l’une créée par Michel-Ange (photo 1.1) – représente la statuaire de la Renaissance, qui décrit l’état de David avant de combattre Goliath (représentant le calme du visage, la symétrie et la simplicité au travers du corps nu). L’autre créée par Gian Lorenzo (photo 1.2) – typiquement Baroque, décrit le moment où David jette une pierre sur Goliath. Cette action amplifie aussi bien le mouvement et l’émotion (le fait de pincer légèrement les lèvres représente la concentration) sans oublier l’effet de décoration au travers de son habillement.

Caractéristique du Kitsch

Avant d’analyser les caractères du Kitsch, essayons de regarder quelques exemples typiques cités par des auteurs dans ce domaine de recherche :
– Abraham Moles nous a donné dans son ouvrage considérant comme une approche généraliste du Kitsch « Psychologie du Kitsch – L’art du bonheur » une liste d’exemples divers dans leurs aspects les plus disparates de la culture populaire.
Citons l’Arc de Triomphe en porte-clés, l’éléphant miniature en porcelaine, le stylo29 microscope, les Christs clignant des yeux, les poupées à vaste jupe pour protéger les oeufs à la coque, etc. Parmi ces objets kitsch, nous pouvons constater qu’ils se divisent en deux groupes : les objets unifonctionnels qui sont des objets n’ayant qu’un usage, comme par exemple l’Arc de Triomphe en porte-clés ; et ceux multifonctionnels, ceux qui accumulent plusieurs fonctions. A titre d’exemple, on trouve le stylo-microscope qui sert tout à la fois à écrire et à voir de près. La décoration joue un rôle important, qui fait qu’on la considère comme la fonction primordiale de ces gadgets où elle représente « 85% dans la liste des fonctions » (Moles, 1977, p. 217). Grâce à cette caractéristique, ils sont utilisés par les fabricants de souvenirs (notamment dans des sites touristiques) comme une incitation au consumérisme. En effet, ces objets ont stimulé la société de consommation, car ils créent de nouveaux besoins au travers de leurs mini fonctions. Ils permettent aux consommateurs de travailler (pas trop), d’acheter (pas cher) et de jouir de ce qu’ils ont acheté. De notre point de vue, ces trois utilités que Moles appelle « trilogie du bonheur consommatoire » (Moles, 1977, p. 219) en ont encore une quatrième, c’est celle de la remémoration car ils « entrent dans la catégorie du mémoriel » (Bachimon et al., 2016).
– Christophe Génin nous donne sa première impression sur le Kitsch à travers les objets suivants : une splendide Tour Eiffel à paillettes bleues, un White Terrier de 12 m de haut en petites fleurs multicolores, une éclatante robe de bal en rayonne verte agrémentée de noeuds et de rubans rose fuchsia. Dans l’ensemble de ses exemples il ressort, une chose essentielle sur laquelle l’auteur insiste, c’est la couleur. Ils sont bleus, verts, rose fuchsia, voire multicolores. Dans le monde kitsch, la colorie est utilisée comme une palette de peinture, les couleurs vives sont les plus appréciées car elles donnent un effet « tape à l’oeil » aux consommateurs. De plus, l’application de ces couleurs dans la décoration des parcs d’attractions permet aux investisseurs de se rapprocher facilement de leurs thèmes. A titre d’exemple, puisque Disneyland prend les contes enfantins comme sujet principal, la construction des personnages et la décoration du parc doivent utiliser les couleurs criardes pour s’adapter. Citons la robe en jaune scintillant que la Belle porte en dansant avec la Bête, ou celle que Cendrillon porte au bal se composant d’une palette de couleurs dans un camaïeu de bleu, lilas et vert. En particulier, la beauté de comme la rose, les cheveux noirs comme l’ébène et le teint blanc comme la neige.
– Dans l’ouvrage Le Kitsch : un catalogue raisonné du mauvais goût, Gillo Dorfles inventorie les objets suivants : les cartes postales d’images égyptiennes, les emballages de fromage avec l’effigie de la Joconde, les nains de jardin, les copies à échelle de la moitié ou à taille réelle des monuments célèbres (le Taj Mahal de Los Angeles ; China Town, l’arc de triomphe romain à New York, le monument Pinocchio en Toscane, les répliques de lampes d’Aladin, etc.) (Dorfles, 1978). Parmi ces objets, nous constatons qu’ils peuvent être réalistes lorsqu’il s’agit de l’imitation des monuments mondiaux, ou fantasmatiques s’il s’agit de personnages de contes enfantins tels Aladin, les nains ou Pinocchio.
– A Dalat, nous trouvons des Tours Eiffel de différentes tailles ; un Moulin Rouge sous la forme d’un restaurant ; des villas coloniales d’époques comme des répliques édifiées aujourd’hui disséminées dans les forêts de pins ou sur les bords de lacs artificiels sur lesquels de faux cygnes flottent. Quand la nuit tombe, au pied de la montagne de Lang-Biang, on voit de loin le feu d’un Gong Show où les touristes peuvent participer à des danses traditionnelles de l’ethnie Koho9 dans une ambiance de musique dont « une grande partie s’inspire davantage des hits de la musique populaire vietnamienne que de la musique traditionnelle Koho » (Dérioz et al., 2019, p. 56). De ce contexte descriptif, nous pouvons déduire que le Kitsch apparaît non seulement sous la simple forme d’objets, comme d’autres exemples cités ci-dessus, et que plus largement, ces derniers produisent une ambiance (musique, saveur, senteur), placés dans un dispositif scénique.
Tous ces exemples montrent l’omniprésence du Kitsch en ce qu’il est « un rapport de l’homme avec les choses. » (Moles, 1977). Dans cette relation, l’objet joue le rôle d’un intermédiaire qui matérialise le Kitsch. Plus concrètement, Moles l’a justifié : « Une pierre est une Chose, elle deviendra Objet quand elle sera promue à la dignité de presse-papiers par l’industrie humaine du « souvenir » et portera une étiquette : « Prix : … Qualité : … ». » (Moles, 1977, chap. 3). Si nous considérons que la nature est une Chose, elle est artificialisée 9 Koho est une des ethnies montagnardes de Dalat. Ce peuple est connu par ses danses traditionnelles avec des instruments en cuivre (des Gongs).
pour devenir un Objet. Cet « objet » contribue à la construction des parcs d’attractions et des parcs à thèmes. Son prix s’exprime sous la forme d’un ticket d’entrée vendu aux touristes. Quels caractères pourrait-on tirer de l’observation d’un objet kitsch ?
En faisant une synthèse des ouvrages étudiés dans ce domaine, nous en avons recensé sept caractères importants. A partir de cette partie, nous introduirons quelques exemples que nous avons observés à Dalat pour illustrer nos propres observations. Tandis que son système touristique sera analysé plus profondément dans le chapitre II.
– Premier caractère – l’inadéquation : Ce caractère a été perçu par Engelhardt quand il a remarqué qu’il y avait toujours une déviation dans chaque objet. Autrement dit, entre le but nominal et la fonction que l’objet est censé remplir, il existe un écart. Celui-ci est présent très clairement dans les souvenirs labellisés « artisanaux ». A titre d’exemple, citons le tissage des ethnies montagnardes à Dalat.
Avant le tourisme, elles tissaient de la soie pour fabriquer des brocarts, ce tissu étant utilisé pour la fabrication des costumes ethniques, il n’avait d’usage que dans la communauté. Il n’était pas alors un produit à commercialiser. Depuis que les activités touristiques apportent des retombées économiques, les ethnies montagnardes quittent leurs villages périphériques pour faire des échanges avec les touristes, elles commencent à vendre non seulement leurs produits « authentiques », mais ces produits artisanaux ont été aussi reconvertis afin de s’adapter aux demandes diverses de leurs clients. On trouve des sacs à dos, des portefeuilles, des casquettes, etc. en brocart (photo 1.4). Ces objets « modernes » fabriqués selon la demande des touristes sont totalement étrangers et déviés à leurs produits originels.

Effets du Kitsch sur les fournisseurs du système touristique

– Le changement d’échelle : Le Kitsch fait disparaître les proportions et modifie l’échelle. En profitant de ce caractère, les fournisseurs changent la taille des objets.
Ils peuvent tantôt accroître, tantôt diminuer les dimensions d’un objet originel. En effet, un critère important du Kitsch, est le rapport scalaire variable (par rapport à la réalité) : un faux cygne pédalo ayant une taille plus grande que le vrai est offert aux touristes comme un jeu, ou La Tour Eiffel dix fois plus petite que l’originel permet, à l’inverse, de la faire entrer intégralement dans un selfie. On applique ce principe non seulement dans la décoration de la ville, des sites touristiques, mais aussi dans les souvenirs : des Tours Eiffel de 10 cm de haut sous forme de porte-clés, ou les statues de David en taille réduite pour pouvoir entrer dans l’avion. L’objectif de ce changement d’échelle est d’avoir une dimension de visibilité maximum. La bonne échelle est celle qui permet aux touristes d’inclure tous les objets dans leur photo, c’est pourquoi une Tour Eiffel peut être dix fois plus petite que l’original (photo 1.13), tandis qu’une fraise doit être aussi géante qu’un cygne pour pouvoir entrer (photo 1.14).
– La diminution des coûts permet d’accroître les quantités et la disponibilité par rapport aux touristes : Cet effet est lié au septième caractère de l’objet kitsch que nous avons présenté dans la partie précédente. Tout d’abord, on constate un remplacement des matériaux passant d’une matière noble à un sous-produit (régulièrement) et vice-versa (rarement). Pour la première, une matière noble est remplacée par d’autres moins onéreuses, cela se voit très clairement et souvent dans le monde kitsch, comme par exemple, la défense d’éléphant en plastique qui remplace l’ivoire, les faux animaux en béton ou en plâtre pour remplacer les vrais, etc. Tandis que, pour obtenir un effet inverse, il se peut qu’une matière noble remplace des matériaux ordinaires. Dans ce cas, le niveau du Kitsch touche au luxe.
La tendance à recouvrir les plats d’une couche d’or de 24 carats, devient de plus en plus « à la mode » dans les pays du Golf. Ensuite, un matériau peut remplacer ou être lui-même remplacé par un autre. Tantôt le bois est repeint en imitant le marbre, tantôt il est imité par le plastique. Le laiton se substitue à l’or, lui-même imité par le plastique. Pour mieux comprendre la transformation de la matière, nous regarderons le tableau ci-dessous proposé par Abraham Moles qui relève ce caractère du Kitsch .
– Le flashy des couleurs : Dans le monde kitsch, « ce qui n’est pas visible n’existe pas » (Moles, 1977). Pour rendre visible, une des manières efficaces est l’art du coloris dont les couleurs vives sont les plus appréciées, notamment le rose (celui d’une belle aurore) et le bleu (celui du ciel serein). Dans les sites touristiques à Dalat en particulier et au Vietnam en général, la décoration tourne autour de cette gamme de couleurs : le coeur doit être rouge ou rose, le ciel et l’eau doivent être bleus, etc. De plus, Dalat est considérée comme la « ville des mille fleurs », les fausses fleurs doivent être de couleurs multiples pour s’adapter à ce surnom. En observant le groupe de photos ci-dessous, nous trouvons un dragon coloré en bleu sur la Colline de Rêves (photo 1.16) car il vit dans l’eau et dans le ciel, tandis que des grenouilles sont en vert ou jaune (photo 1.17) pour attirer l’attention des touristes qui visitent le site Des Erables (nom en vietnamien : Khu du lịch Rừng lá phong), car si elles étaient de couleur naturelle (grise), ils pourraient les négliger. Sur le même principe, un carrosse de Cendrillon devant le Jardin de la Ville est en violet – couleur qui fait penser au Romantisme (photo 1.18). Quant aux deux monstres venus de l’Enfer (photo 1.19) dans la pagode de Linh Phuoc sont en rouge et jaune (deux couleurs issues de la culture vietnamienne).

Effets du Kitsch sur les clients

– Quand le faux est plus vrai que le vrai : Le Kitsch est un produit adapté par hypothèse de ses promoteurs aux goûts du plus grand nombre. Par consentement mutuel, il est perçu comme plus vrai que le vrai auquel il se substitue. Autrement dit, il transmet aux répliques des objets (architecturaux, naturels et culturels) une valeur particulière, de conformisme et de confort sensible et intellectuel – qui rassure les consommateurs et crée une forme de nouvelle authenticité. Pour illustrer, nous prendrons l’exemple du vin local. Il est un produit né d’un mélange fait de mûres et de raisins de table, son goût est loin d’être celui d’un vrai vin. En se rendant compte de ce point faible, les entreprises viticoles de Dalat ont inventé une astuce, c’est d’y ajouter une boule de Xí muội (un bonbon très odoriférant et salé) pour relever le goût de ce liquide rouge. Ce nouveau procédé est devenu « à la mode ».
Ainsi sur sa page Facebook, un distributeur de vin de Dalat (la société Ladofoods) donne quelques conseils de dégustation, en insistant sur le fait que : « Ce sera magnifique si vous ajoutez une boule de Xí muội » (photo 1.22). Aussi et alors que, durant nos années de travail à Dalatbeco – une entreprise qui fabrique aussi ce vin local, nous n’avons jamais ajouté ce genre de bonbon pour relever son goût, à ce jour, nous serions considérée comme amateur en ce domaine.
– La naïveté : Grâce à l’ambiance soft que le Kitsch crée, les touristes entrent dans un monde immobilisé dans des objets soit grandiloquents, soit miniaturisés, aux couleurs criardes. Ce mini(ou macro)mundus irradie un esprit de naïveté, dans lequel les touristes n’ont pas besoin d’imagination car ce monde est à leur disposition. Le décor déroute immédiatement et il entre même dans un narratif féerique, voire enfantin. A titre d’exemple, nous prendrons le cas du site Thung lũng tình yêu (nom en français : la Vallée de l’amour) – un site naturel investi par un parc d’attractions à Dalat. Rien que son nom souligne le sujet principal. Les objets de décoration tournent directement autour de ce thème : que ce soit les coeurs en statue, en forme de bonsai (photo 1.23-1.27), la statue d’Adam et Eve (photo 1.24), les faux cygnes (on a choisi les cygnes à d’autres oiseaux car ils représentent la fidélité par leur comportement à vivre en couple jusqu’à la mort) (photo 1.25), les papillons, voire les ailes d’amour de Cupidon (photo 1.26), etc. Tous ces objets kitsch doivent être visibles, c’est pourquoi ils sont peints en rouge, rose, ou jaune et sont disposés aux endroits centraux du site. Cette mise en scène joue un rôle important, celle d’une capacité narrative destinée à ensorceler les consommateurs et à leur faire croire que dans ce monde « d’amour », il n’existe que du bonheur. En effet, avec un maximum d’accumulation de signes, le Kitsch peut apporter aux clients un expérientiel touristique le plus exceptionnel possible.

Relation entre l’authenticité et le Kitsch

En se basant sur la définition de nos deux concepts, il semble qu’ils soient totalement opposés : l’un représente la vertu, la vérité et la pureté ; l’autre accumule des signes, mélange des choses, et crée la surcharge. Leur caractéristique opposée provient de leur objectif différent : l’un porte la valeur intrinsèque et satisfait un groupe de clientèle choisi, tandis que l’autre est constituée par des facteurs extrinsèques pour satisfaire la clientèle populaire. Par contre, parfois le Kitsch peut approcher l’authenticité, voire l’occulter pour devenir à son tour une nouvelle sorte d’authenticité comme le cas du Vin de Dalat avec son nouveau mode de dégustation (page 44). Brièvement, si le Kitsch peut être pensé comme antinomique de l’authenticité, grâce à l’accumulation des signes, il créera une surréalité en se basant sur le modèle de la réalité. A titre d’exemple, prenons le cas du village ethnique de Sandu – Chine (Gauché, 2017). Sur la photo 1.29 ci-dessous, le Kitsch renforce le caractère pittoresque et fascinant, en ajoutant de fausses façades de maisons derrière les vraies, cela donne aux touristes l’impression que le faux est plus vrai que le vrai.

Le développement du Kitsch dans la société vietnamienne

Y-a-t-il une « psychologie » vietnamienne qui serait réceptive au Kitsch ?

Etant donné le contexte social du Vietnam, nous constatons que la destination Vietnam a un environnement qui permet au Kitsch de se développer, particulièrement dans les activités touristiques. De plus, le Kitsch est une stratégie politique que l’Etat utilise dans la mise en tourisme dont le tourisme domestique est reconnu comme le créneau principal.
Nous commencerons d’abord par l’analyse de la psychologie des Vietnamiens – un des critères essentiels qui favorise le Kitsch. Nous avons recensé six caractères principaux :
• Un esprit ouvert sur les objets et les cultures exotiques
Le goût pour les choses venant d’ailleurs correspond à un caractère très spécial chez les Vietnamiens que nous appellerons le « mode exotique ». Pourtant, la question posée est : d’où provient-il ce mode de vie ?
Il faut revenir dans le passé afin d’observer le contexte historique du pays pendant et après les deux guerres, celle avec les Français puis avec les Américains. On peut constater qu’elles ont beaucoup contribué à la naissance du mode exotique. Les intelligentsias étaient les premiers qui y ont été influencés par le mouvement des cultures occidentales. Durant l’ère coloniale, les Français avaient apporté la civilisation française qui était absolument neuve et étrange pour les autochtones. L’habillement, l’art culinaire, l’agriculture (des fruits et légumes occidentaux ont été importés et plantés à partir de cette époque), et particulièrement, l’écriture latine a totalement remplacé le Nôm17. Cette latinisation restée utilisée en vietnamien moderne, et l’a transformée en « la seule langue d’Extrême-Orient à avoir abandonné les idéogrammes au profit des caractères latins » (Duteil, 1997, 2002). Après la colonisation, ce fut l’arrivée des Américains. La francisation a été donc remplacée par l’américanisation. En comparant deux devoirs différents, celui de la République du Vietnam du Sud et celui du Vietnam du nord communiste, nous voyons clairement comment cette occidentalisation s’est opérée : Le Nord était pauvre, le Sud s’était plus développé grâce aux supports matériels fournis par les Américains. Hormis la prospérité de la matérialisation, les gens du Sud ont été influencés par 17 Le Nôm est « l’écriture vietnamienne utilisant le sinogramme chinois mais représentant le vietnamien qui se développe avec des sinogrammes supplémentaires spécifiquement vietnamiens (non nécessairement phonétique) pour l’écriture exclusive du vietnamien ». (Nguyêñ, 1978, p. 43‑55) la culture américaine. Les bars et les boîtes de nuit implantés partout dans les grandes villes (Saïgon, Da Nang, Dalat, Nha Trang) afin de répondre aux besoins des soldats américains et du fait, ils attiraient un grand nombre des Vietnamiens. Le pop art et le style vintage étaient également « à la mode » chez les jeunes Vietnamiens vers les années 60-70 de cette époque (photo 1.30, 1.31).
Après l’indépendance, l’économie du pays a subi le dirigisme du Parti Communiste comme la plupart des pays socialistes de cette époque. Cela joue aussi un rôle important dans la psychologie kitsch des Vietnamiens. Lorsqu’ils comparaient les produits domestiques (qui étaient de faible qualité et d’apparence moins attractive, du fait de la stagnation de l’industrie du pays) avec les produits étrangers importés par des Viet-Kieu18 pour les revendre au Vietnam.
Ils constataient ce grand écart qu’il y avait. Cela a ancré un stéréotype encore vivant dans la pensée des Vietnamiens : les produits provenant de l’étranger sont toujours meilleurs que ceux fabriqués dans le pays.

Description géographique et démographique

Dalat est une ville appartenant à la province de Lam Dong qui se situe à environ 1.500 m d’altitude. Cette ville n’a pas de frontière administrative avec d’autres provinces, ses quatre communes frontalières sont : la commune de Lac Duong (au nord), la commune de Lam Ha (à l’ouest), la commune de Don Duong (à l’est et au sud-est) et la commune de Duc Trong (au  Aud-ouest). Cette station climatique est comprise entre les latitudes 11°48’36’’N et 12°01’07’’N, ainsi que les longitudes 108°19’23’’E et 108°36’27’’E (Trần, 2008, p. 61).
Au Nord de Dalat (à 20 km du centre-ville), se trouvent les deux sommets les plus hauts du plateau du Lang-Biang (1.950 et 2.167 m d’altitude), symboles de cette station climatique dont l’existence est liée à la découverte d’Alexandre Yersin en 1893. Avec une superficie de Carte 2: Carte de la frontière administrative de Dalat 391,06 km², le territoire de Dalat offre une grande variété de paysages naturels. Elle est couverte de massifs forestiers, sans oublier des espaces ruraux où se développent les cultures du thé, du café et des fleurs. L’eau joue également un rôle important dans la création des paysages montagnards, elle se présente sous la forme de cascades, de rapides et d’une grande quantité de lacs artificiels.
Géographiquement, Dalat est à 300 km au nord de Ho Chi Minh-ville. Pour s’y rendre, on peut prendre la route nationale No. 20 (environ 6-7 heures en voiture) ou l’avion (45 minutes), l’aéroport Lien Khuong se trouve à 30 km du centre-ville.
Quant au réseau hydrographique, Dalat n’a pas de fleuve, mais des sources naturelles donnant des rivières dont celle de Cam Ly, la plus déterminante pour le paysage de cette station.
En construisant un barrage sur cette rivière, pendant l’ère coloniale, les Français ont créé des lacs artificiels pour fournir de l’eau potable aux habitants ainsi qu’un élément de décoration alors indispensable à toute station touristique. Jusqu’à présent, le système hydrographique de ces lacs perdure comme ressource principale d’eau potable et agricole pour toute la ville. Selon la Monographie de Dalat, cette ville possède 16 lacs artificiels, plus de 20 torrents de plus de 4 km de long. Quelques ressources importantes sont illustrées dans la carte 3 ci-dessous : la rivière de Cam Ly dont sa longueur est de 64,1 km ; à proximité du centre-ville (encadré par le contour rouge), nous trouvons le lac Xuan Huong et le lac Da Thien ; le lac Tuyen Lam se situant à 5 km au sud de Dalat, et le lac Dankia au nord-ouest qui est à environ 20 km de Dalat. La plupart des sites touristiques ont été fondés et se développent grâce à ces avantages naturels.

Participation des touristes dans chaque niveau du gradient

Concernant la participation des touristes à chaque niveau du gradient, nous prendrons la métaphore suivante pour l’exprimer : Si chaque site touristique est considéré comme un « théâtre complet » (Ionesco, 1991), c’est un théâtre autant visuel qu’auditif permettant une Nouveaux sites touristiques construitsCarte : mise en scène d’ensemble : soit un dispositif scénique, des objets de décor. Dalat fonctionnant comme un Festival de théâtre qui reposerait sur ces spectacles « figés » pour la plupart. Dans ce contexte kitsch, les touristes jouent deux rôles à la fois : acteurs, ils utilisent la scène, les objets fournis par le site ; spectateurs, ils payent un billet pour participer aux spectacles. Ils tiennent ce double rôle bien volontiers car les belles photos qu’ils acquièrent leur plairont encore bien longtemps après leur voyage selon le nombre de like qu’ils recevront sur les réseaux sociaux. Autrement dit, le Kitsch est la matérialité de leurs photos souvenirs.
Afin d’illustrer leur participation à ce « théâtre », nous utiliserons des photos réalisées, soit durant nos déplacements à Dalat, soit fournies par les touristes participant aux sondages.
– Dalat – destination amoureuse pour les couples : Le recours à la photo peut avoir lieu à n’importe quel endroit, du Mont LangBiang (photo 2.84) à la Vallée de l’amour (photo 2.86), en passant par la Crazy House (photo 2.85), etc.
– Même si l’on est célibataire, cela n’empêche pas de produire des photos, grâce au support à la perche à selfie .

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1 CHAPITRE I : FONDEMENTS DE LA RECHERCHE
1.1 Définition du terme Kitsch
1.2 Genèse du Kitsch
1.3 Caractéristique du Kitsch
1.4 Les effets du Kitsch
1.4.1 Effets du Kitsch sur les fournisseurs du système touristique
1.4.2 Effets du Kitsch sur les clients
1.5 Mesure du Kitsch
1.5.1 Gradient du Kitsch
1.5.2 Echelle des dispositifs kitsch
1.6 L’authenticité est-elle antagoniste au Kitsch ?
1.6.1 Définition de l’authenticité
1.6.2 Relation entre l’authenticité et le Kitsch
1.7 Le développement du Kitsch dans la société vietnamienne
1.7.1 Y-a-t-il une « psychologie » vietnamienne qui serait réceptive au Kitsch ?
1.7.2 Problématique : un seul Kitsch pour tous les Vietnamiens ou chacun a-t-il son propre Kitsch ?
1.7.3 Le Kitsch devient-il un outil de gouvernance ?
2 CHAPITRE II : DESCRIPTION DU SYSTEME TOURISTIQUE ACTUEL DE DALAT 73
2.1 Information générale
2.1.1 Description géographique et démographique
2.1.2 La naissance de l’exotisme colonial de Dalat
2.2 Le tourisme : revenu important de Dalat
2.3 Le tourisme kitsch : un système touristique central pour Dalat
2.3.1 Environnement touristique de Dalat
2.3.2 Le système touristique kitsch de Dalat depuis les quinze dernières années
2.3.3 Participation des touristes dans chaque niveau du gradient
3 CHAPITRE III : IMPACTS DU KITSCH SUR LA DESTINATION DALAT
3.1 Impacts matériels
3.1.1 Impacts sur les paysages
3.1.2 Impacts sur les édifices coloniaux
3.1.3 Les impacts sur les infrastructures urbaines
3.2 Impacts immatériels : A propos de la culture et de la typicité de Dalat
3.2.1 Le mode de vie des Dalatois
3.2.2 Explosion de cultures exotiques dans les pratiques culinaires
3.2.3 Artisanat
3.3 Le Festival des Fleurs – sera-t-il l’atout principal du tourisme de Dalat ?
4 CHAPITRE IV : COMPORTEMENTS DES ACTEURS CONCERNES PAR LE SYSTEME TOURISTIQUE KITSCH
4.1 Méthodologie de recherche
4.2 Sondage 1 : « Le niveau de participation des touristes dans les sites touristiques à Dalat »
4.3 Sondage 2 : « Interview sur le système touristique kitsch de Dalat »
5 CHAPITRE V : EXISTE-IL D’AUTRES MODELES DU KITSCH ?
5.1 Dalat et ses projets de développement à long terme
5.2 Etudes de cas dans la recherche de modèle(s) compatible(s) pour Dalat
5.3 Modèle 1 : Barcelonnette – « le Mexique en Ubaye »
5.3.1 Particularité historique
5.3.2 Les villas mexicaines – la grande fierté des Barcelonnettes
5.3.3 Application du Kitsch dans les activités touristiques de Barcelonnette
5.4 Modèle 2 : Bandung – « Paris Van JAVA »
5.4.1 Particularité historique
5.4.2 Les villas coloniales de Bandung
5.4.3 Son système touristique kitsch et les points compatibles avec celui de Dalat
5.5 Conclusion de deux modèles proposés
CONCLUSION GENERALE : QUEL AVENIR DU KITSCH A DALAT ?
Le Kitsch et ses contributions
La contextualisation du système touristique de Dalat
La contextualisation de la destination Vietnam
La conceptualisation du Kitsch après avoir analysé les modèles
BIBLIOGRAPHIE

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