COMPORTEMENT ET PROPENSION A L’ACCIDENT

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Modèles catégoriel et dimensionnel de la personnalité : approche en « Types » et « Traits »

L’approche de la personnalité par les « traits » et « types » est un système taxonomique qui permet de décrire des différences significatives entre les individus (sur les dimensions étudiées), tout en prenant en considération les différences biologiques dont on suppose ou infère l’existence. Les prémices remontent à l’antiquité et Kretschmer au début du siècle a proposé les premiers morphotypes associant configurations corporelles et troubles psychiatriques à partir de l’interprétation des corrélations obtenues entre les deux variables étudiées.
Le modèle « catégoriel » décrit les personnalités en « types » alors que le modèle « dimensionnel » la décrit en « traits ».
Les types sont une simplification grossière qui caractérise une manifestation observable dichotomique d’un ensemble de traits communs à de grands groupes de personnalité. C’est une expression bipolaire (colérique oui/non), discontinue (on l’est ou on ne l’est pas).
Les différences principales entre traits et types sont les suivantes :
Les types sont peu nombreux, fondamentaux et exclusifs : un sujet s’assimile à un seul type (colérique, mélancolique, flegmatique…) discontinu, dans une série d’oppositions binaires (on appartient à un type ou non).
Les traits sont nombreux et continus. Exemple : un type impulsif se définit par plusieurs traits d’intensité variable : mode de gestion des émotions (trait affectif), mode de gestion de l’information (trait cognitif) ; eux-mêmes divisés en sub-traits : stratégies de recherches visuelles, mode de centration de la pensée, contrôle des jugements de timing (relation temps, vitesse, distance). Néanmoins, un même trait peut prendre des formes comportementales différentes : l’impulsivité peut s’exprimer dans l’usage de drogues ou dans la pathologie du jeu par exemple ; la timidité peut être un trait, une dimension de la personnalité, avoir une portée générale ou particulière.
Le modèle dimensionnel décrit la personnalité en traits (l’ensemble des traits caractérise une personnalité). La notion de trait, très répandue, constitue le matériel d’étude de la psychologie de la personnalité. Un trait n’est pas directement observable, c’est une tendance sous-jacente plus ou moins marquée selon les individus, porteuse d’une valeur explicative mais non prédictive des conduites. Cette notion rend compte de la relative cohérence et stabilité des conduites générales, dans une délimitation qui reste floue. On distingue le trait (par exemple extraverti) de l’état du sujet (joyeux). Les traits sont généralement décrits par des verbes d’action (parler, crier, fuir…) alors que les états le sont par des verbes d’état (se sentir, avoir envie, aimer …). L’amalgame du trait et de l’état peut être à l’origine de divergences de points de vue dans les études sur les traits de personnalité. Un zoom sur certains auteurs permet de mentionner l’étendue du concept. Pour Allport :
un trait est une structure neuropsychique ayant la capacité de rendre de nombreux stimuli fonctionnellement équivalents, de déclencher et de guider des formes équivalentes de comportement adaptatif et expressif. (Allport 1937) p. 347.
Au contraire, pour Revelle :
les traits sont des énoncés décrivant la probabilité des taux de changement de la conduite en réponse à des déclencheurs situationnels particuliers. (Revelle 1995).
Pour définir le trait, le premier auteur part de l’individu, le second du contexte. En revanche, tous deux s’accordent d’une part sur le fait que les traits ne sont pas les conduites elles-mêmes – plus un trait est saillant (intensité) et constant (fixé), plus les conduites qui s’y rapportent sont déclenchées par des stimuli de faible intensité pour un sujet donné – et d’autre part, sur le fait que le trait ne permet pas d’approcher la structure de la personnalité mais seulement son aspect fonctionnel.
La remise en cause de l’existence d’un trait peut se faire à plusieurs niveaux : soit sur le trait lui-même, soit sur l’étendue de son pouvoir explicatif (généralité de la dimension en question), ou encore sur son nombre de dimensions.
Exemple de remise en cause de l’existence d’un trait : le caractère moral ou la ponctualité ne constituent pas des traits, ce sont des adaptations caractéristiques du comportement qui guident les conduites et se donnent à voir dans le comportement.
Exemple de discussion de l’étendue du pouvoir explicatif d’un trait : un score élevé en extraversion dans un test peut être fortement lié à un fort besoin de reconnaissance et/ou à l’impulsivité.
Rejeter l’existence de traits revient à dire que la conduite s’explique principalement de l’extérieur, en réponse aux stimulations. La réponse comportementale fournie par le sujet est alors celle qui, par le passé, a été la plus fréquemment exprimée dans des situations identiques ou semblables (point de vue behavioriste radical de SKINNER). Dans cette conception, le sujet est essentiellement réactif à un ensemble d’expériences. Son individualité provient des renforcements des situations vécues. Précisons que, dans les faits, les situations vécues par le sujet sont seulement comparables ou proches, mais jamais identiques. En outre, le sujet dispose d’une marge de choix pour ses actions. Dès les années 1970, les théoriciens de l’apprentissage social que sont Bandura, et Mischel réfutent le concept de traits innés (Mischel 1973; Bandura 1977). Pour eux, les conduites humaines sont au premier plan, et les apprentissages en rendent compte. Ils mettent l’accent sur les représentations mentales et plus particulièrement sur les attentes du sujet quant aux renforcements.1 La volition permet la sélection d’une conduite parmi celles qui ont été préalablement acquises. À eux seuls, les processus cognitifs ne caractérisent pas le sujet : ils sont le reflet des situations dans lesquelles le sujet a évolué et évolue encore, reflet aussi des réponses qu’il apporte à travers ses actions sur l’environnement, compte tenu aussi des autres sujets qui y participent.
Il nous semble que l’existence des traits ne soit pas incompatible avec l’influence du contexte d’apprentissage et de la motivation, selon un système rétroactif (boucle feed-back). Le couple homme/environnement » constitue un comportement situé, et par là-même, les traits sont donc en partie éducables. (Confère section 5.4.2 ).
Les traits peuvent rendre compte de différences inter-individuelles sans pour autant expliquer les expériences et les actions d’une personne donnée (absence de relation causale). Tout comme, en épidémiologie, on parle de facteur de risque et non pas de facteur de causalité, la psychologie des traits permet de positionner une personne sur une dimension sans pour autant comprendre son architecture.
Le modèle dimensionnel porte d’abord sur des caractéristiques mesurables chez tous. La personnalité d’un sujet est décrite par sa position sur un nombre restreint de dimensions : son profil » général. L’équipe de Mc Crae va plus loin et précise que les traits innés sont prédictifs d’éléments importants de la vie. Les traits seraient relativement peu sensibles au contexte social et ce, indépendamment de la culture et de la langue.

Introversion Extraversion

Nous partageons pleinement la définition de l’extraversion/introversion données par les outils de mesure tels que les « big-five » proposée, d’ailleurs superposable à celle d’Eysenck. Nous en reprenons les principaux points ci-dessous. L’introversion et l’extraversion sont les deux bornes d’un trait fondamental de personnalité de régulation des conduites.

Introversion

Sur le plan fonctionnel, l’introversion constitue un système motivationnel adaptatif de régulation des conduites qui se traduit par l’évitement, le retrait, la fuite. Ce système a pour fonction de préserver l’organisme de la douleur et autres conséquences indésirables, en dirigeant l’attention sur l’environnement afin de détecter les signes de danger réels ou symboliques. Sa fonction anticipatrice est caractérisée par l’activation d’une vigilance inquiète, les conduites, en présence d’une menace, sont dirigées vers un comportement sécuritaire. Les affects désagréables associés
une activité sont des informations qui conduisent l’individu à éviter les objets qui les déclenchent (danger, menace) et à adopter une attitude d’anticipation vigilante (soucis, anxiété). Les caractéristiques dominantes de cette dimension sont donc l’évitement et l’inquiétude.

Extraversion

Sur le plan fonctionnel, l’extraversion constitue un système de motivation et de régulation de l’activation et du comportement d’approche. Ce système oriente les conduites vers les expériences agréables, suivies d’une satisfaction ou d’une récompense.
Une structure neuropsychique extravertie est dotée d’une capacité à rendre de nombreux stimuli fonctionnellement équivalents (stimulants, agréables …), et déclencher et guider des formes équivalentes de comportements adaptatifs et expressifs (optimisme, entrain, dynamisme, assurance, joie, gaieté).
Un score élevé en extraversion indique une forte réactivité aux stimuli agréables, traduite par une tendance à percevoir, construire et ressentir la réalité et les événements comme stimulants et agréables. L’environnement est perçu comme favorable ; une source de plaisir qu’il faut aller cueillir. Un ensemble d’auteurs traite de patterns1 stables de corrélations entre Extraversion et émotions positives (Canli et Coll. 1998 ; Lucas & Fujita, 2000 ; Watson, Wiese, Vaidya & Tellegen, 1999 (Bonnet 2003) ; extraversion et estime de soi (Judge et al., 2002 ; Robins et al., 2001) et également entre extraversion et satisfaction de la vie professionnelle et de la vie en général (Judge, Heller, Mount, 2002 ; Steel & Ones, 2002). Que l’extraversion soit pour la majorité un facteur de risque d’accident ne signifie pas pour autant que l’introversion soit protectrice.
Les caractéristiques dominantes sont le dynamisme et l’optimisme.
Une étude un peu ancienne (1988) de Tellegen souligne le caractère transmissible de l’extraversion-introversion. L’expérimentation sur 400 paires de jumeaux, séparés à la naissance évalue la part de la variance de l’introversion attribuable aux facteurs génétiques à (55 %) et à 2 % au facteur social. Pour l’extraversion, 40 % de la variance des scores sont attribués à des facteurs génétiques et 22 % aux expériences familiales (Tellegen and Lykken 1988). La valeur scientifique de cette étude reste à démontrer afin de ne pas retomber dans l’écueil soulevé autrefois par les travaux sur l’hérédité de Cyril Burt auxquels s’est opposé le courant social de l’Américain W. Woodworth en son temps.
Néanmoins, l’augmentation moyenne ces deux décennies des scores d’extraversion, par ailleurs fortement liés à la prise de risque, doit attirer l’attention, (Twenge 2001; Field, Austin et al. 2002; Legrand and Apter 2004). L’équipe de Field considère d’ailleurs que l’extraversion est la principale composante de la personnalité liée à la prise de risque. Pour eux, il s’agit d’une tendance à l’action, avec prévalence de comportements émotionnels sur la pensée et l’intellectualisation (Field, Austin et al. 2002) (similitudes avec la typologie A).2 L’extraversion dans le monde actuel de la compétition, du savoir se vendre, constitue un mécanisme adaptatif de l’individu. Sloan considère l’extraversion comme indispensable à la survie dans le monde moderne : l’extraverti serait mieux socialisé que l’introverti (Sloan 2003).

Modes d’investigation de la personnalité

Le mode d’investigation le plus approprié pour l’étude de la personnalité reste l’observation directe et au long cours du comportement. Cependant, elle ne permet pas d’aborder la structure. Du fait de l’impossibilité d’observer l’ensemble du comportement, des techniques spécifiques sont utilisées : échelles d’observation, questionnaires, tests…
Aucune des méthodes n’est idéale : chacune présente des avantages et des inconvénients. La fiabilité maximale s’obtient grâce au couplage d’épreuves. Aucun des outils ne remplacera l’entretien, en face-à-face avec le psychologue, qui permet de dégager des hypothèses par la résonance de la parole de l’autre qui peut ensuite être validée.
Quel que soit l’outil choisi, la qualité dépend de trois facteurs :
la validité du modèle théorique sous-jacent et de ses deux qualités psychométriques (standardisation et étalonnage)1,
la qualité de la mise en œuvre (application),
la qualité de l’interprétation des profils.
Les échelles sont une évolution des tests mentaux d’aptitudes et d’intelligence de Binet-Simon. Une échelle d’évaluation est une formalisation standardisée d’une ou plusieurs dimensions qui ne sont pas mesurables directement, permettant l’attribution en fonction de règles logiques préétablies d’une ou plusieurs valeurs numériques à la caractéristique étudiée. Une échelle est dite normalisée en « x » classes quand l’étalonnage de l’échantillon se réfère aux effectifs qui se situent dans chacune des classes. Un sujet ayant obtenu le score « 40 » sur une échelle n’est toutefois pas deux fois plus atteint qu’un autre sujet coté « 20 », il est simplement plus atteint. Malheureusement, contrairement aux tests pour lesquels il est systématiquement fait référence à un étalonnage, peu d’échelles sont normalisées.

Étude psychosociale de la personnalité

L’approche psychosociale considère les attitudes comportementales comme des expressions résultantes de la personnalité, qui présentent l’avantage d’être directement accessibles. Elles peuvent s’avérer utiles quand l’approche par les traits ne permet pas de mettre en évidence la dimension recherchée. Elles permettent d’envisager une prédisposition à un mode comportemental.
En complément de l’approche des traits, l’aspect affectif de la personnalité par l’intermédiaire des adjectifs qui permettent de décrire les traits peuvent éclairer la compréhension. Ils transmettent des valeurs à la fois affectives (doux, sincère) et sociale (dominé, mou). Le vocabulaire comporte ainsi deux fonctions structurelles, l’une affective et l’autre sociale. Les adjectifs dans leur dimension évaluative ont la capacité de définir à la fois la personne et son utilité sociale (polysémie des adjectifs). La connaissance d’autrui à partir des adjectifs passe par la connaissance de l’évaluateur (indissociable du contexte social et de ses pratiques spécifiques), ainsi que par celle centrée sur le sujet.

Étude sociocognitive de la personnalité

L’approche sociocognitive, centrée sur l’individu en situation, est l’une des évolutions bien amorcée de l’étude de la personnalité (Cervone 2004). Les sciences cognitives suggèrent que la construction du sens par un sujet s’aborde par le biais de l’activité située.
L’idée principale est que le sujet produit des patterns comportementaux cohérents qui s’intègrent dans la règle du « si… alors… » : modèle dit CAPS des années 1995 (Cognitive Affective Personality System) de Mischel et Shoda. Ce modèle lie l’affectif et le cognitif et constitue une métathéorie de la personnalité du sujet (Mischel and Shoda 1995). Les auteurs illustrent cette règle par un comportement différencié du sujet par sexe en fonction du contexte. Si par exemple, l’élément-source différenciateur de comportement est la présence ou l’absence de musique, la signature comportementale du sujet sera: « si la musique est présente alors je suis entreprenant, si la musique est absente, alors je me mets en retrait ». L’incohérence apparente sous l’angle du concept mental (manifestation alternative d’extraversion et d’introversion) ne l’est plus sous l’angle de l’approche sociocognitive. Ainsi le pattern situationnel exprimé par la personne constitue sa signature comportementale. Cette vision ne s’oppose nullement à la tradition « lexicale ». Elle traite des structures et des dynamiques mentales qui contribuent de façon causale au fonctionnement et à la cohérence de la personnalité. Elle a pour objectif la compréhension de l’interaction des systèmes cognitifs et affectifs avec l’environnement. Ce sont les caractéristiques de la situation qui conditionnent la dynamique de la personnalité. Cette approche permet d’aborder la structure des traits et non les traits eux-mêmes. Toutefois actuellement, le modèle CAPS ne spécifie ni la nature ni le contenu exact des variables requises pour modéliser la structure de la personnalité. Les recherches à venir devront répondre à cette demande, proposant ainsi un nouveau défi aux chercheurs : celui d’articuler la structure psychologique qui sous-tend l’organisation (traits) au sein du système de la personnalité.

Étude iconographique de la personnalité

La physionomie et la psychométrie ne sont pas les seuls moyens d’investigation de la personnalité. Tous les signes, dont l’écriture, le dessin, le geste, sont d’autres outils à disposition. L’hypothèse que la personnalité s’exprime dans la physionomie, le geste, la parole, est tout aussi plausible que celle de la projection de la personnalité dans les dessins ou les récits. Il serait dommageable de passer à côté d’une partie importante de l’information disponible. Ces épreuves peuvent constituer un bon moyen d’investigation si toutefois une grande vigilance est portée à l’interprétation. Dès le début du XIXe siècle, avec l’expérience du fil et de la bille de plomb orienté dans différentes directions, le Marquis de Chevreul démontre que la seule pensée d’un mouvement peut créer le mouvement. Sur ce champ, dans le contexte routier, nous pouvons citer l’approche atypique de Matsuoka qui défini des profils à risque en fonction des aptitudes graphiques (Matsuoka 1997). L’expérimentation consiste à faire une multitude de cercles sur une feuille de papier, dans un temps donné. Les réponses au test sont ordonnées en fonction de la vitesse et de la qualité d’exécution (irrégularités) des cercles produits. Selon les auteurs, les 103 conducteurs enclins à l’accident produisent, en moyenne, plus de cercles que les 178 sujets dits « bons conducteurs ». Les sujets du premier groupe exécutent des cercles dont le graphisme est globalement moins harmonieux que celui des « bons conducteurs ». Précisons que l’approche de Matsuoka, sans le spécifier, est une reprise partielle du test projectif (Psychodiagnostic MyoKinetique P.M.K.) de 1962 de Mira et Lopez, utilisé pour la détection de l’alcoolisme et la mesure des perturbations de la personnalité dans le domaine de l’agressivité, l’émotivité, l’excitation/inhibition, l’introversion/extraversion et le tonus vital. Le PMK comprend également un étalonnage pour les conducteurs « normaux » versus les « mauvais » (Mira y Lopez 1962). Le PMK consiste à élaborer non seulement des cercles mais plusieurs séries de mouvements dans les divers plans de l’espace afin de déceler la formule « attitudinelle » du sujet, son squelette psychique c’est-à-dire ses penchants tempéramentaux et caractérologiques ». Il s’agit de la mesure « Myopsique » qui assure l’adaptation psychomotrice de l’individu à l’ambiance. Les mesures Myopsiques reposent sur le principe selon lequel chaque attitude ou intention de réaction s’accompagne d’une attitude musculaire déterminée qui vise à favoriser les mouvements projetés et à inhiber ses contraires (dépendance indépendance à l’égard du champ). Mira et Lopez, dans la mesure de la production des cercles précisent qu’une augmentation graduelle du diamètre des cercles est en lien avec l’anxiété alors qu’une diminution l’est avec l’inhibition. Ainsi, les déviations secondaires (de plan) expriment l’émotivité du sujet. L’ensemble de ces approches repose sur une même idée : la substance se manifeste dans la forme et la vie s’exprime dans le mouvement selon la doctrine motrice de William James : on peut déduire de l’attitude praxique1 une attitude mentale et vice versa. La qualité du graphisme serait-elle un indicateur de prise de risque, de motivation, du mode de locus de contrôle, de dépendance-indépendance à l’égard du champ, ou simplement liée à la rapidité avec laquelle les cercles sont réalisés (nervosité du sujet, par exemple ou maladresse) ?
Sur le plan neuropsychologique, les expérimentations de Matsuoka et de Mira et Lopez peuvent être mises en relation avec les capacités d’appréhension de l’espace en deux dimensions (espace, vision, coordination visuo-spatiale). Nous nous éloignons de la simple notion de locus de contrôle (voir partie I5.4.2.1), pour aborder celle d’aptitude visuo-spatiale contrôlée. Bien que la remise en cause de l’outil ne soit pas notre propos, nous attirons néanmoins l’attention sur la nécessité de circonspection face aux interprétations.

Infractions, accidents routiers et traits de personnalité

Depuis l’étude de Willet, plusieurs auteurs confirment le lien entre les actes délinquants et la mauvaise conduite au volant » et identifient des origines au niveau de la personnalité du sujet (Willet 1964).
Une étude un peu ancienne (1995) de l’ADES du Rhône (Association Départementale d’Éducation pour la Santé) sur la base de l’appréciation de la personnalité des enfants par les enseignants dès l’école primaire, met en évidence que les enfants du type « aventureux, dur et confiant » auraient deux à trois fois plus de risque d’être accidentés que des témoins1. Les deux facteurs explicatifs sont l’exposition au risque, qui se définit comme la fréquence avec laquelle un individu se retrouve dans une situation pouvant donner lieu à un dommage matériel ou physique, et la prise de risque qui caractérise un comportement d’engagement du sujet, dans une situation donnée alors qu’il y a incertitude sur l’issue. L’équipe de Mireille Chiron confirme pour les enfants du registre des accidentés du Rhône, que les enfants accidentés sont décrits par leurs enseignants comme aventureux et durs (OR=3,0) et moins souvent confiants (0R=0,3)(Chiron, Charnay et al. 2006). Les études du trafic routier suggèrent que l’infraction et l’accident, sont tout deux fortement liés à la prise de risque. (Wilde 1994; Jonah 1997; Iversen and Rundmo 2002).
Pléthore de travaux explore le lien entre l’implication dans l’accident et la personnalité. Cependant une revue de littérature souligne un lien contradictoire et confus selon les dimensions mises en relation. Pour le plus grand nombre, l’extraversion serait liée à l’accident (Smith and Kirkham 1981; Arthur and Barrett 1991; Trimpop and Kirkcaldy 1997; Ulleberg 2003) ou la prise de risque (Bonnet 2003). Pour d’autres le lien serait inexistant ou négatif (Pestonjee and Singh 1980; Renner and Anderle 2000).
Lors de la comparaison des études, la première difficulté est d’ordre sémantique, du fait de la variété des traits et de leurs différentes modalités de mesure. Les différences de points de vue observées sur le sens du lien, peuvent provenir des traductions ou d’un manque de rigueur dans la définition de la variable « infraction ». Une part d’explication peut provenir également du fait que l’infraction au code de la route est acceptée socialement différemment selon les pays. À ce titre elle ne constitue pas une déviation au regard de l’opinion publique. La plus ou moins grande permissivité d’un pays peut avoir une incidence sur la mesure du lien. L’origine des études est donc à prendre en compte dans l’analyse. Pour Renner, l’infraction, plus fréquente que l’accident, est un comportement  » normal « , symptomatique d’un trait de caractère et peu liée au contexte social (Renner and Anderle 2000).
L’existence d’une relation, à la fois positive et négative, entre l’extraversion et l’accident, rend la comparaison difficile. Une grande majorité de travaux conclut à un lien positif. Néanmoins, une ambigüité persiste : Lajunen suggère que l’extraversion est associée à l’accident de la route mais pas à l’accident du travail (qui comporte lui-même une part des accidents de la route) (Lajunen 2001). Le terme générique d’accident brouille les pistes du lien, sa spécificité en fonction du contexte d’accident est peut-être à prendre en considération.
Vernet donne une définition de l’infraction que nous ne partageons pas ; en effet, il limite l’acception à l’erreur sans laisser place à la violation, au rapport à la loi. Pour lui l’infraction est :
manquement à la règle qui n’est pas un comportement ; c’est le plus souvent un événement aléatoire, sans participation de la personnalité de l’individu global, total, ni volontairement, ni inconsciemment, l’aléa étant peut être cependant plus ici le fait des modalités de contrôles de la sphère cognitive que des modalités de la conduite. (Vernet and Blanchard 1997) p. 72.
Dans une étude sur un échantillon de 51 infractionnistes, évalués par le test de personnalité de Guilford et Zimmerman (GZ) ainsi qu’avec le questionnaire de Parenti (Parenti driving questionnaire), Vernet précise que l’infraction ne se rapproche pas d’une population particulière (Vernet and Blanchard 1997). Tout se passe un peu comme si l’automobiliste avait uniformisé sa conduite automobile dans un milieu. Pour Vernet, la différence typologique n’est pas à rechercher dans l’infraction, mais dans le type de permis qui apparaît en lien étroit avec la personnalité (Blanchard, Rousnidis et al. 1996). Toutefois les résultats de leurs études de 1996 et 1997 sont contradictoires : en 1996, l’attitude sereine et bienveillante qui caractérise les conducteurs poids lourds, n’est pas retrouvée en 1997, au contraire, cet échantillon se caractérise alors par une immaturité et des difficultés d’intégration.

Mécanismes explicatifs de la sur-implication

Le mécanisme explicatif de la sur-implication des extravertis dans l’accident est peu clair. Beauducel a récemment montré une origine physiologique. L’état de vigilance des extravertis est plus réduit que celui des introvertis. Le signal électrique nommé « bande alpha 2 » enregistré par électrodes qui reflète l’état de vigilance global de l’encéphale montre une atténuation significative chez les extravertis. La théorie de la vigilance explique alors le lien positif entre extraversion et accident. Eysenck avait déjà identifié dans les années 1960 ce lien sans toutefois en situer l’origine.
Une réduction de la performance des extravertis dans une tâche monotone (conduite sur autoroute) est fréquemment observée. L’extraversion joue alors le rôle de médiation dans le rapport entre conduite et infraction. D’autre part, elle est associée à une recherche de sensation élevée et donc à une prise de risque justifiée par un besoin de nouveauté et la recherche de frissons. L’extraverti serait plus sensible à la monotonie d’un trajet que les autres conducteurs et ainsi plus disposé aux erreurs liées à la fatigue. En contre-point, viennent les caractéristiques de l’extraverti du domaine de la reconnaissance des émotions positives, qui sont à la fois protectrices » et « exposantes ». Cette façon de voir les choses est associée à une bonne efficacité personnelle mais aussi à un plus grand nombre d’expositions donc de prises de risques (pour obtenir des renforcements positifs).

Généralités et définition des émotions

Les émotions état (expérience transitoire d’une émotion) se distinguent des émotions en tant que trait de personnalité (disposition à ressentir des émotions particulières qui prédispose à ressentir des états émotionnels avec une intensité et une fréquence accrue). La personnalité constituant l’un des fondements de notre approche, nous ne pouvons passer sous silence les phénomènes émotionnels qui conditionnent grandement le comportement. En effet, les émotions permettent l’approche conative de la personnalité. Elles sont abordées ici, sans les développer, car elles ne constituent pas notre terrain d’expertise et ne font pas l’objet de mesures spécifiques dans la partie expérimentale de notre travail. Cependant, le comportement est déterminé par les traits de personnalité qui déterminent eux-mêmes des dispositions émotionnelles qui engendrent une tonalité émotionnelle de base. Les émotions ont une fonction médiatrice qui apparaît à travers les effets subjectifs du comportement, appelés états émotionnels. Elles sont aussi sous l’influence de la motivation et de l’engagement vers un but. Le lien entre les émotions et la personnalité peut être de deux types non exclusif : les traits peuvent refléter des différences individuelles dans la réactivité et la sensibilité aux différentes émotions, ou bien favoriser la sélection de circonstances de vie et/ou en déterminer des émotions associées. On dit que la personnalité colore la façon de voir les choses. Les émotions orientent les motivations à agir, en ce sens elles interviennent dans le processus cognitif. Pour illustrer notre propos, nous pouvons dire que les traits d’introversion/extraversion déterminent des dispositions émotionnelles différentes et que les liens entre la structure de la personnalité (traits) et ses effets (comportements) sont médiés par la prise de risque et/ou la recherche de sensations.

Action et émotions

L’approche fonctionnaliste (activation de l’émotion) définit l’émotion comme une désorganisation de l’action. Certains auteurs mettent en avant l’existence d’une conscience des expériences émotionnelles qui permet le jugement et l’évaluation et, ainsi, oriente l’action. L’émotion s’envisage comme un processus d’organisation ou de désorganisation comportementale.
Le comportement à risque se définit comme une réponse à un trouble émotionnel associé à un déficit d’estime de soi. Dans ce contexte, la prise de risque revêt une fonction régulatrice. Envisager la prise de risque comme un mécanisme régulateur rend impossible d’envisager sa suppression sans compromettre l’équilibre du sujet. La notion de régulation fait référence à l’utilisation de stratégies de contrôle des émotions. Elle peut s’entendre comme une restructuration cognitive en réponse aux mécanismes physiologiques de l’émotion (construction de la représentation du ressenti physiologique de l’émotion).
Actuellement il n’existe pas de consensus sur la définition du concept d’émotion. Font-elles suite des antécédents ou apparaissent-elles en écho à l’action ? Sont-elles descriptives d’un état ou d’un processus qui fait suite à une excitation physiologique, à des sensations subjectives ou encore à une manifestation motrice ? Prennent-elles place au même niveau que les concepts de cognition et de motivation ? Y sont-elles incluses ?
Deux conceptions prédominent actuellement sur la mémoire des émotions : le stockage et la reconstruction. Le courant relatif au stockage de l’information est illustré par Lang, pour qui les émotions intenses sont fortement corrélées au système sub-cortical des motivations. Elles sont aisément rappelées, résistantes à l’extinction et facilement réactivées. [Cité par (Bonnet 2003)] p.32. Les émotions seraient stockées en mémoire indépendamment des événements.
Bonnet souligne que des auteurs comme James, Robinson, Levine considèrent que les émotions sont reconstruites à partir du rappel des circonstances qui ont provoqué une émotion. Plusieurs études valident la reconstruction partielle sur deux éléments : la tendance à surestimer l’intensité des émotions négatives passées et l’intensité des émotions qui s’émousse dans la mémoire avec le temps. Le manque de fiabilité émotionnelle de la mémoire s’explique par le fait que les critères d’évaluation interviennent après l’événement et non pendant. Pour Levine il y a donc une estimation cognitive des émotions (Levine 1997). L’évaluation cognitive des émotions fait référence à une évaluation plus ou moins consciente du sujet entre un stimulus et son bien-être.

Humeur et émotions

À l’origine des processus d’autorégulation se trouvent un dysfonctionnement émotionnel. L’émotion se distingue de l’humeur par la durée de l’état affectif. L’humeur dure plus longtemps que l’émotion ; l’humeur peut être considérée comme un ensemble de petites émotions persistantes. Sur son aspect fonctionnel l’émotion est le moteur de l’action alors que l’humeur (modérateur ou biais de la cognition) est un régulateur. L’humeur est proche de la composante subjective de l’émotion ; elle est toujours latente alors que l’émotion apparaît avant ou après un événement. Quelle que soit l’orientation des études, il est admis que l’humeur positive influence les processus d’autorégulation en sélectionnant les comportements défensifs et/ou valorisants pour le bien-être du sujet, dans le but de conserver l’équilibre « mémoire –émotions ».
Les émotions se définissent, d’une part, par des caractéristiques intrinsèques (intensité, bipolarité, stabilité émotionnelle, variabilités inter et intra-individuelle) et, d’autre part, par des caractéristiques extrinsèques qui correspondent à des relations avec la mémoire, l’âge et le sexe. Les relations entre les émotions et la mémoire soulignent d’abord les effets de contexte.
Plusieurs indicateurs physiologiques et cognitifs sont des précurseurs de l’émotion qui découlent de la perception de changements (évaluation, jugement). L’émotion résulte d’une interaction du cognitif et du physiologique.

Cognition et émotions

Les avis des auteurs divergent sur les liens qu’entretiennent les émotions avec la cognition. Pour les uns l’émotion court-circuite le processus cognitif, pour d’autres, il existe un processus cognitivo-émotionnel duel qui combine des réponses automatiques et un processus plus complexe qui collecte les informations à connotation émotionnelle et oriente l’attention. Pour Izard, les émotions modifient, voire dirigent les processus perceptuels et cognitifs (Izard and Malatesta 1987). Deux types de stratégies cognitives sous l’influence des émotions sont possibles : les stratégies top-down1 (dominante des données du domaine de la connaissance pour agir) et les stratégies bottom-up2. Izard précise que l’émotion ne se réduit pas à la cognition et introduit deux niveaux de conscience émotionnelle pour spécifier la relation entre cognition et émotion. Un premier niveau transforme les données sensorielles en sentiments, un second transforme les données sensorielles en contenus cognitifs conscients (images, symboles…) ; le tout aboutissant à un réseau associatif de sentiments, images, pensées et buts. Izard souligne l’existence d’une conscience émotionnelle à la base du traitement cognitif de l’information. L’éveil cognitif du sujet et la réalité observable conditionnent l’expression d’une émotion.
L’émotion comporte plusieurs stades sur une échelle en cinq points :
« L’absorption » est la tendance à absorber les expériences sensorielles et à prêter attention à son état interne.
« L’attention » est la tendance à se fixer et à évaluer ses sentiments.
Dans les stratégies top-down, le sujet part de ses représentations pour aller à l’action. Les connaissances sont actualisées dans l’action.
Dans les stratégies bottom-up, le sujet part de l’action pour réactiver une représentation. Il s’agit d’une stratégie de la reconnaissance dans l’action pour accéder aux représentations.
La « clarté » est la capacité à identifier et distinguer des émotions spécifiques.
« L’intensité » est le degré avec lequel le sujet expérimente ses émotions.
Enfin, « l’expression » est la capacité à exprimer ses émotions. La régulation des émotions consiste en des processus d’initiation, de maintien, et de modulation de l’occurrence, de l’intensité et de la durée d’états affectifs internes et de processus physiologiques.
Trois grands types de régulation des émotions sont identifiés: la restructuration cognitive, l’expression, et la résolution de problème (régulation de l’émotion en situation particulière).

Acception du concept

Nous adhérons au concept de l’émotion de Damasio (Damasio 1994). L’émotion succède à un événement puis secondairement à un processus d’évaluation. C’est le cumul d’expériences passées, de situations associées à des stimuli qui peuvent déclencher des émotions de façon conditionnelle ». Damasio conteste la position dualiste de Descartes qui suppose un esprit distinct du cerveau et du corps. Les émotions sont modératrices ou catalyseurs des états émotionnels et elles interagissent avec les traits de personnalité pour influencer le processus de traitement de l’émotion de manière congruente.
Traiter des émotions, c’est s’interroger sur certains paramètres, notamment, sur les biais de représentation. Nous remarquons des distorsions de la mémoire, lors de phases d’évaluation d’affects en direct et en différé. L’équipe de Schwartz démontre que le sujet reconstruit sa représentation dans la situation même de l’entretien, il remet donc en cause l’immuabilité de la représentation (Bonnet 2003) p.72. Dans une approche intégrative de la détermination du comportement, les représentations tiennent leur place.
Préalablement à l’exposé des représentations, dans le champ de la psychologie, nous notons que le dictionnaire « le Littré » dénombre à lui seul treize acceptions différentes.
Il existe un sens commun du terme et des sens différents selon les champs disciplinaires. Deux champs sémantiques se distinguent : aspects « interne » et aspects « externe ».
Les représentations internes sont des codages invisibles qui guident l’action ; c’est une mise en symboles interne, alors que les représentations externes sont des productions (graphes, discours publiques) qui se laissent à voir. Nous aborderons ici uniquement les représentations internes et ne ferons pas mention des autres.
Après une présentation polysémique du concept, nous ciblerons les aspects liés à la route.
Les représentations sont des « objets » cognitifs que l’humain construit mentalement à des fins d’adaptation au monde (elles n’existent que dans sa tête). Elles se construisent dès le plus jeune âge, sur le terrain du langage par l’intermédiaire de l’emprunte et de l’imitation. Pour qu’une représentation se fixe, elle doit être dénotée et connotée par des mots, une intention. Elles se construisent à partir d’informations, de jugements, d’expériences passées sans reposer nécessairement sur des faits réels objectifs et démontrés ; elles s’appuient aussi sur la personnalité et le contexte de vie. On rejoint Piaget pour qui l’apprentissage de « l’ici et ailleurs » (la recherche par l’enfant d’un objet sortie du champ de vision) prend part à leur construction. Ces dernières lui permettent de comprendre que l’objet garde son identité malgré son absence perceptive. Dans les représentations, il apparaît que « tout mode du connaître et du ressentir coexiste avec un rapport de communication qu’il contribue à fixer » (Schiele 1984) p.7. Les représentations sont élaborées en mémoire opérationnelle, et se distinguent des connaissances stockées en mémoire à long terme. Elles ne s’assimilent pas aux connaissances de la mémoire à long terme, également désignées par certains auteurs sous les termes de représentations, représentations-types ou structures permanentes ». Nous précisons cette terminologie sachant toutefois que les représentations mentales font appel à une activation de connaissances préalables qui sont reconnues dans la situation courante.
Elles peuvent avoir deux niveaux différents d’abstraction, un niveau symbolique (conscient à base de règles) et un niveau sub-symbolique (automatisé et inconscient). En conduite automobile nous parlons volontiers de représentation mentale pour l’action (au service de) pour souligner l’aspect fonctionnel et finaliser des représentations élaborées au cours d’une activité. À la fois processus et produit, elles appartiennent aux champs de la psychologie sociale et à celui de la psychologie cognitive, combinant ainsi plusieurs paradigmes. Nous les aborderons alternativement sous leurs deux versants. Pour certains auteurs, la représentation est sociale (Durkheim) ou plus individuelle (Wallon, Moscovici).
Durkheim conçoit les représentations sociales comme une production collective, une forme de pensée sociale. Il structure l’ensemble des représentations sur la notion de similitude : « deux idées qui se ressemblent se trouveront associées quoique l’association soit le produit, non de la ressemblance à proprement parler, mais d’une contiguïté purement matérielle » [(Durkheim 1898) cité par Marchand, p.81 (Marchand 2007)]. L’approche Durkheimienne de la fin du XIXe siècle affirme la priorité du social sur l’individuel, elle fait référence aux processus de mémorisation. Bourdieu, Moscovici, dans les années 1960, permettent de sortir de l’impasse entre l’individuel et le social. Bourdieu enrichit le concept de la notion de champs1 et d’habitus2 alors que Moscovici choisit une approche hiérarchique résolument cognitive et établit le pont entre représentations individuelles et sociales. L’étude de la façon dont ces représentations sont construites correspond à l’étude « fonctionnelle » de la cognition humaine. Étudier les représentations mentales dans le paradigme de la psychologie cognitive revient à étudier la notion de représentation comme une construction d’informations en mémoire. Cette étude est centrale en psychologie cognitive, par opposition au behaviorisme3. Moscovici envisage comment « le social transforme une connaissance en représentation et la façon dont cette représentation transforme le social », par deux processus : « l’objectivation »4 et « l’ancrage »5 (Moscovici 1992) p.367. Outre ces deux processus, il envisage la possibilité que la représentation d’un même objet soit plurielle. La différence est fonction de l’appartenance sociale et culturelle du groupe de référence (on en a plusieurs) qui marque le sujet dans la représentation sociale qu’il se fait d’un objet particulier. Moscovici définit les représentations sociales comme des systèmes de valeurs, d’idées, de pratiques. Leur fonctionnalité est double : d’une part, elles permettent aux individus de s’orienter et de maîtriser leur environnement matériel et, d’autre part, elles facilitent la communication entre les membres du groupe en codant l’information. Elles revêtent quatre niveaux fonctionnels:
une fonction de savoir, elles aident à comprendre et à expliquer la réalité,
une fonction identitaire de groupes,
une fonction d’orientation des comportements et des pratiques,
une fonction justificatrice.
Pour Moscovici la représentation sociale est donc cognitive, elle articule les informations sur l’objet et les attitudes du sujet à son égard. Les représentations sociales se situent donc au carrefour du psychologique et du sociologique, c’est-à-dire entre le psychisme du sujet et son fonctionnement cognitif dans le contexte.

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Table des matières

I PARTIE THÉORIQUE, ÉTAT DES CONNAISSANCES
1 PERSONNALITÉ
1.1 Généralités et définitions
1.2 Les fondamentaux
1.3 Modes d’investigation de la personnalité
1.4 Acception psycho-sociocognitive
1.5 Infractions, accidents routiers et traits de personnalité
2 ÉMOTIONS ET REPRÉSENTATIONS
2.1 Généralités et définition des émotions
2.2 Acception du concept
3 PRISE DE RISQUE ET RECHERCHE DE SENSATIONS
3.1 Étymologie
3.2 Modèles
3.3 Risque individuel et risque social
3.4 Généralités sur la recherche de sensations
3.5 Approche endocrinologique
3.6 Recherche de sensations, sub-traits et traits de personnalité
4 COMPORTEMENT ET PROPENSION A L’ACCIDENT
4.1 Modélisation des mécanismes en amont du comportement
4.2 « L’accident proneness », aspect statistique
4.3 Aspect psychologique
4.4 Aspect psychosocial ou plurimodal
5 COMPORTEMENT DE BASE DU CONDUCTEUR
5.1 Aspect « catégoriel » de la tâche de conduite
5.2 Aspect « factoriel » de la tâche de conduite
5.3 Capacité, habileté, aptitude, compétence
5.4 Eléments de synthèse
5.5 Défaillance de la tâche de conduite
6 PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSE
II PARTIE PRATIQUE, APPLICATIONS
1 PERMIS À POINTS, FICHIER NATIONAL DES PERMIS DE CONDUIRE
1.1 Cadre
1.2 Objectif
1.3 Fonctionnement du système
1.4 Pédagogie et objectifs
1.5 Chiffres de l’ONISR et leur évolution
2 ENQUÊTE
2.1 Objectifs et méthodes
2.2 Méthodes d’analyses
3 RÉSULTATS
3.1 Évolution de l’infraction sur 20 ans chez le conducteur tout-venant
3.2 Infractions chez les stagiaires
3.3 Stagiaires et témoins : description et comparaison univariée
3.4 Stagiaires et témoins : comparaison multivariée
4 SYNTHÈSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS
4.1 Stagiaires PAP
4.2 Conducteurs non stagiaires
4.3 Réflexions en matière de préconisations
5 CONCLUSIONS, PRÈCONISATIONS
6 BIBLIOGRAPHIE
6.1 Stratégie de recherche
6.2 Références
7 Annexes

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