D’après les études effectuées par l’Organisation Mondiale de la Santé Animale, 60% des 1400 agents pathogènes humains sont d’origine animale. Seuls 25% des maladies animales émergentes ne contaminent pas l’homme. La rage est un exemple de zoonose qui, par définition, est une maladie se transmettant de manière naturelle des animaux à l’homme et vice versa [1]. Elle figure parmi les 10 premières maladies causant la mort au niveau mondial, et constitue un problème majeur pour la santé publique [2]. Elle fait partie de la zoonose virale [3].
A l’exception de l’Antarctique, tous les continents présentent la rage qui touche 150 pays et territoires, et celle en provenance du chien a été signalée dans plus de 100 pays. En effet, le chien est le principal agent transmettant la rage à l’Homme [4]. Dans le monde, chaque année, plus de 55.000 personnes sont tuées par la rage, et 100.000 sont traitées contre celle-ci, après exposition avec un animal suspect [5]. Même si elle est déjà connue depuis des siècles, ce n’est qu’en 1880 que Louis Pasteur a démontré dans ses travaux, que l’agent pathogène de la rage est un virus [6]. Au milieu du XXème siècle, la rage a été déjà quasiment éradiquée en France [7]. L’Asie et l’Afrique ont été les principales zones enzootiques de cette pathologie, rencontrée surtout en milieu rural. Dans ces zones, 99% des cas sont dus à la morsure des chiens. Ces deux continents négligent la rage, car dans le premier, un cas seulement sur vingt est signalé, et dans le second, moins d’un cas sur 160. La population pauvre et à faible revenu, qui représente 75% des victimes de morsure d’animaux, est la plus touchée par la rage. Parmi les 55 000 personnes tuées annuellement par cette maladie dans le monde, 24 000 se trouvent en Afrique [8]. Ainsi, 44% des décès provoqués par la rage sur le plan mondial, concernent des africains. L’Afrique présente donc presque la moitié des cas, et les enfants de moins de 15 ans sont les plus touchés [9].
LE CHIEN
Origine
Plusieurs documents affirment que le chien proviendrait de la domestication du loup depuis très longtemps, à savoir 15.000 ans environ avant Jésus Christ. C’est donc une sous-espèce du loup (canis lupus) [14 – 16], mais c’est la domestication qui a modifié ses caractères physiques et comportementaux. D’ailleurs, la reproduction entre le loup et le chien, et la fécondation de leurs descendants ont été déjà vérifiées [17]. Cela prouve que le chien et le loup sont de la même espèce. Les chiens sont rencontrés partout dans le monde, mais leur emploi et leur race diffèrent selon le pays où ils se trouvent.
Classification
Le chien est un être vivant et un carnivore à propriétaire. Pour être plus précis, il appartient au règne ANIMALIA, embranchement CHORDATA, sous-embranchement VERTEBRATA, classe MAMALIA, sous-classe THERIA, infra classe EUTHERIA, ordre CARNIVORA, sous-ordre CANIFORMIA, famille CANIDAE, genre canis, espèce Canis familiaris [14, 15]. Le chien est un mammifère quadrupède, car il se tient débout sur ses quatre membres, et digitigrade puisqu’il marche avec ses doigts.
Intérêts de l’élevage du chien
Le chien est passionnant sur le plan médical. Ses propriétés anatomiques et physiologiques sont proches de celles de l’être humain. Le chien et l’homme partagent le même environnement, et ils s’exposent aux mêmes agents chimiques et stress. Autrement dit, le chien partage la vie de l’homme, et de plus, il bénéficie de la meilleure surveillance médicale après l’homme. La recherche démontre que les maladies canines sont analogues aux affections humaines. Ainsi, pour l’étude des maladies humaines, le chien constitue un modèle en pathologie comparée après le séquençage de son génome effectué en 2005 [14, 18]. Sur un autre plan, ses capacités cognitives, c’est-à-dire ses facultés de comprendre, facilitent sa communication avec l’homme [14]. C’est pourquoi, l’homme peut profiter du chien et s’en servir dans son propre intérêt.
L’utilisation du chien est très diversifiée. Cet animal joue un rôle important dans la société humaine, et il est même considéré comme le meilleur ami de l’homme. Il est employé comme :
➤ gardien de troupeaux, d’habitations, ou autres,
➤ élément de défense et/ou de sécurité (garde de corps, chien policier, chien de détection…),
➤ compagnon pour les personnes âgées ou les enfants,
➤ aide pour les handicapés (aveugles et sourds),
➤ chasseur (chien de chasse),
➤ bébé pour les femmes stériles,
➤ source de protéine pour l’alimentation humaine (la race de chien « chow-chow » sert d’aliment dans de nombreux pays asiatiques).
Races
La création des premiers livres généalogiques nationaux de chien se situe au XIXème siècle, et va de pair avec le concept de race « pure », qui fixe les races autour d’un standard comportemental et aussi morphologique [17]. Actuellement, il y a 344 races de chien selon la Fédération Cynologique Internationale (FCI) qui détermine l’ensemble des caractéristiques définissant une race, appelées «Standards » [19]. En bref, le chien possède une diversité raciale. Comme chien pur-sang de Madagascar, l’unique race reconnue par la FCI est le « coton de Tuléar » [20]. Dans la grande île, la plupart des chiens n’ont plus d’identification précise. Ils ne sont pas de race pure, et sont qualifiés de « bâtards ». Les individus sont de même race s’ils répondent aux critères suivants :
❖ possession de caractères communs (homogénéité),
❖ différence avec les autres membres de l’espèce (distinction),
❖ transmission des caractères communs et de la même apparence à leur progéniture,
❖ validation de l’ensemble des éleveurs .
Il est à noter que le polymorphisme des caractères génétiques existe chez le chien, d’où la présence de plusieurs races canines. Une grande différence morphologique est constatée pour l’espèce canine. A l’âge adulte, le chien est classé selon son poids. Si celui-ci est inférieur à 10 kg, le chien est qualifié de petite race. Entre 11 à 24 kg, il est dit de race moyenne. Entre 25 à 39 kg, il fait partie de la grande race. Enfin, si son poids est supérieur à 40 kg, il est classé comme étant de très grande race.
LA ZOONOSE
Définition
▶ Selon l’OMS, en 1959 « les zoonoses sont des maladies et infections qui se transmettent naturellement des animaux vertébrés à l’homme et vice versa. » [21, 22]
▶ En 2004, Marc Savey et Barbara Dufour les ont définies comme étant « des maladies, infections ou infestations provoquées par des agents transmissibles (bactéries, virus, parasites ou prions) se développant au moins chez deux espèces de vertébrés dont l’homme ». En effet, ils ont constaté que la définition classique de l’OMS ne suit pas l’évolution de la maladie zoonotique actuelle [22].
▶ Etymologiquement, le mot « ZOONOSE » vient de deux mots grecs :
o zoo : animal
o nosos : maladie (plus précisément, maladie humaine) .
Donc, la zoonose est étymologiquement une maladie humaine due aux animaux.
▶ En termes plus rébarbatifs, il y a :
o la zoo-anthroponose, pour désigner la transmission de la maladie animale à l’homme ;
o l’anthropo-zoonose, pour indiquer la transmission de la maladie humaine vers l’animal [21] ;
o L’amphixémose, si l’homme et les vertébrés inférieurs présentent tous les deux l’infection, et si la transmission dans un sens ou dans l’autre est possible [24].
Les zoonoses ne comprennent pas les maladies humaines dues au contact avec des animaux qui ne sont ni malades ni infectés. Telles sont par exemple, les allergies aux poils, les maladies transmises par un animal qui est un simple vecteur des agents microbiens spécifiquement humains [21, 23], les maladies de même origine ou issue d’un réservoir commun à l’homme et aux autres vertébrés comme l’intoxication, et également les maladies carentielles qui peuvent être rencontrées aussi bien chez l’homme que chez l’animal .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. LE CHIEN
I.1 Origine
I.2 Classification
I.3 Intérêts de l’élevage du chien
I.4 Races
II. LA ZOONOSE
II.1 Définition
II.2 Classification
II.3 Zoonoses canines
II.4 Mesures préventives contre les zoonoses canines
III. LA RAGE
III.1 Historique
III.2 Répartition mondiale
III.3 Rage du chien
III.3.1 Synonymie
III.3.2 Agent pathogène
III.3.3 Clinique
III.3.4 Epidémiologie
III.3.5 Diagnostic
III.3.6 Prophylaxie
III.4 Impact de la rage canine sur la santé publique
III.4.1 Importance
III.4.2 Conduite à tenir en cas d’exposition à la rage canine
III.4.3 Pronostic
IV. EPIDEMIOLOGIE DE LA RAGE A MADAGASCAR
V. LEGISLATION SUR LA RAGE A MADAGASCAR
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I. METHODES
I.1 Cadre d’étude
I.2 Type d’étude
I.3 Durée de l’étude et période étudiée
I.3.1 Durée de l’étude
I.3.2 Période étudiée
I.4 Population de l’étude
I.4.1 Définition de la population d’étude
I.4.2 Critères d’inclusion
I.4.3 Critères d’exclusion
I.5 Mode d’échantillonnage et taille d’échantillon
I.5.1 Taille d’échantillon
I.5.2 Mode d’échantillonnage
I.6 Paramètres étudiés
I.7 Modes de collecte, de saisie, de traitement et d’analyse des données
I.8 Considérations éthiques
I.9 Limites de l’étude
II. RESULTATS
II.1 Description de l’échantillon
II.2 Connaissances des éleveurs canins sur la rage
II.2.1 Connaissance de la rage
II.2.2 Facteurs associés à la connaissance de la rage
II.2.3 Sources d’informations sur la rage
II.3 Attitudes des éleveurs canins vis-à-vis de la rage
II.3.1 Perception des risques
II.3.2 Facteurs associés à l’attitude
II.4 Pratiques préventives des éleveurs canins contre la rage
II.4.1 Pratiques préventives en préexposition
II.4.2 Pratiques préventives en post-exposition
II.4.3 Facteurs associés aux pratiques préventives
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES