GENERALITES
Les lémuriens figurent parmi les espèces cibles de la conservation à Madagascar (Ganzhorn et al., 2007) ; ces dernières et leur habitat naturel méritent une priorité de conservation (GERP, 2015). Les lémuriens sont adaptés à la vie arboricole. Certaines espèces sont solitaires, d’autres vivent en groupes familiaux (Andriaholinirina, 2006). Comme tout être vivant, ces animaux ont besoin d’aliment pour leur survie. En fait, l’aliment est une source de nutriments banaux et essentiels, indispensables au bon développement et au bon fonctionnement de l’organisme (Sablonniere, 2001). Le régime alimentaire des êtres vivants présente une énorme diversification. Concernant celui des lémuriens, son régime alimentaire se compose principalement de fruits, de graines, de fleurs et des jeunes feuilles, leurs proportions respectives variant selon l’abondance saisonnière (Mittermeier et al., 2014). Selon leur moeurs de base, on distingue deux groupes de lémuriens : les lémuriens diurnes qui sont folivores et frugivores et les lémuriens nocturnes qui sont Insectivores, frugivores, gommivores (Charles-Dominique et al., 1980 ; Petter et al., 1977). Les lémuriformes montrent un degré de variabilité quant à la spécialisation des régimes alimentaires. Les Lemuridae, Lepilemuridae, et Indriidae sont tous folivores ; mais les proportions de feuilles, fleurs, et fruits consommés par ces groupes varient suivant l’espèce et à l’intérieur même de l’espèce, d’une région à une autre, et de saison en saison (Richard, 1978). La perturbation de leur habitat affecte l’exploitation de leur ressource alimentaire. Les lémuriens jouent un rôle important dans le maintien de l’équilibre de l’écosystème: la majorité des plantes malgaches dépendent des vertébrés frugivores pour la dissémination de leurs graines (Razafindratsima, 2014). Exemple par leurs activités quotidiennes, certaines espèces sont des agents pollinisateurs des plantes forestières qu’ils fréquentent et d’autres participent à la dissémination des graines par endozoochorie; en plus, ils sont de bons indicateurs de l’état de santé d’un milieu (Ralisoamalala, 1996 ; Randrianarimalalasoa, 2008).
À Madagascar, diverses études ont montré les importances des interactions entre les Lémuriens et leur habitat. Le comportement de Propithecus verreauxi verreauxi de la Parcelle II de la Réserve Spéciale de Beza Mahafaly est fortement dépendant de la température et de la végétation dans la forêt où il vit (Ravelonjatovo, 1998).
Propithecus coronatus ont consommé 60 espèces végétales provenant de 32 familles. L’animal était très folivores au cours de la saison sèche et pendant la saison des pluies, il complétait ses aliments avec des fleurs, des fruits, des bourgeons végétatifs et parfois de jeunes tiges. Bien que le «repos» prédomine tout au long de l’étude, les individus se reposent davantage pendant la saison sèche que pendant la saison humide. Inversement, ils se deplacent moins et se livrent à des activités alimentaires (Pichon et al., 2010). P. coronatus est largement inactif tout au long de la journée. Après le repos, l’alimentation et le déplacement sont les principales activités des Propithèques. Les mâles passent plus de temps à se reposer (57%) que les femelles (52%), tandis que les femelles passent plus de temps à s’alimenter (32%) que les mâles (27%). Au total, 28 familles de plantes ont été exploitées par les groupes de Propithèques. Ces 28 familles sont réparties en 57 espèces différentes dont 79% (n=45) sont consommées en saison sèche, contre 47% (n=27) en saison humide, au total 15 sont communes aux deux saisons. Le régime alimentaire des Propithèques est folivore, constitué principalement par des feuilles (jeunes ou matures). Les autres parties (fleur, fruit, tige et autres) sont consommées en quantités variables suivant leur abondance saisonnière (Ramanamisata, 2012).
LE MILIEU D’ETUDE ET L’ANIMAL ETUDIE
LE MILIEU D’ETUDE
Localisation géographique
La forêt de Maromizaha est située sur la façade orientale escarpée de l’île, surplombant la falaise Betsimisaraka. Elle est formée par un enchaînement de hautes collines séparées par des vallées étroites. Le relief est très accidenté, les pentes sont fortes et en général supérieures à 40% et l’altitude varie entre 700 et 1000 m sauf sur le point culminant situé à 1213 m (GERP, 2015). D’une superficie de 1880,8 ha, le site de Maromizaha se trouve à 140 km à l’Est d’Antananarivo et à 225 km de Toamasina entre les latitudes 18°57’S et 19°00’S et les longitudes 48°26’E et 48°31’E. Il longe la route nationale N°2 sur 6,5 km et est administrativement rattaché à la Région Alaotra-Mangoro, district de Moramanga. Il est situé au carrefour de trois fokontany : MorafenoAnevoka (Commune d’Andasibe), Ampangalantsary (Commune d’Andasibe) et Fanovàna (Commune d’Ambatovolo). Trois réserves forestières le bordent : Analamazaotra au Nord Ouest, Vohimana au Nord-est et Vohidrazana au Sud (Ralison et al., 2014).
Les valeurs écologiques de l’AP
Par sa position géographique entre Mantadia et Vohidrazana, la forêt de Maromizaha favorise le brassage génétique des animaux de ces blocs forestiers. Maromizaha constitue un des éléments de la mosaïque forestière de cette zone, entre autre Analamazaotra – Mantadia – Vohimana – Vohidrazana (GERP, 2015).
Caractéristiques physiques du site à l’échelle du paysage
Pédologie et géologie
A Maromizaha, les sols humifères sur roche métamorphique sont de type gneiss à graphite. Les sols ferralitiques de couleur jaune orangé à rouge sont caractéristiques du milieu tropical humide sous couvert forestier. Sous la forêt naturelle, le sol a un profil doté d’un horizon humifère plus ou moins épais, lui conférant une texture sableuse et une condition favorable à l’infiltration. Le sol a un pH 5 presque constant dans tous les horizons (Bésairie, 1962). Après le défrichement de la forêt, le savoka s’installe. L’horizon humifère est rapidement décapé et favorise l’action de l’érosion du sol. Sous le savoka homogène, une bonne composition chimique des sols apparaît. Mais sous savoka mixte à mi versant, il à une texture élevée en matières organiques, le taux de saturation en aluminium est important. Le taux d’infiltration diminue par rapport aux sols sous savoka à Psiadia altissima (Pernet, 1954).
Climat
La Région d’Alaotra Mangoro présente un climat humide tempéré d’altitude, caractéristique de la falaise Betsimisaraka soumise à l’Alizé, vent dominant du sud-est qui souffle en permanence sur cette zone orientale (Donque, 1975). La pression atmosphérique s’y situe entre 806 à 1030 millibars au mois de juillet. La zone d’étude est un endroit de passage fréquent de cyclones tropicaux.
Température et pluviométrie
La NAP de Maromizaha presente une précipitation moyenne annuelle de 1850 mm et une température moyenne de 20°,4C. En une année, il pleut pendant 207 jours dont 81 jours répartis de Décembre à Mars et 126 jours d’Avril à Novembre. Décembre à Mars sont les mois les plus chauds avec une température moyenne de 21°C ; les mois les plus frais se situent entre Juin et Septembre avec une température moyenne de 15°,4C (GERP, 2015).
Hydrographie
De nombreux cours d’eau sillonnent les vallées de la forêt de Maromizaha. La rivière Ankazomirahavavy le parcourt à l’ouest avant de se jeter dans l’Analamazaotra. Les rivières Ambodipaiso (également appelée Ambatoharanana) et Amalonabe y prennent source puis se déversent respectivement dans l’Analamazaotra et la Sahatandra (GERP, 2015).
Végétation
La forêt de Maromizaha est appelée « Forêt pluviale d’Arbres Dragon» du fait que la végétation se caractérise par une espèce typique de la famille des LILIACEAE : Dracaena reflexa connu sous le nom d’ »Arbre dragon ». Elle est bien stratifiée au sous-bois dense avec de nombreuses lianes. Cette forêt est caractérisée par un taux d’endémicité de 77 %. A cause de la difficulté d’accès, les forêts primaires sont mieux conservées au fur et à mesure de la montée vers le sommet des hauts reliefs (GERP, 2015).
|
Table des matières
INTRODUCTION
GENERALITES
PREMIERE PARTIE
I. Le milieu d’étude et l’animal etudié
I.1. Le milieu d’étude
I.1.1. Localisation et description
I.1.2. Les valeurs écologiques de l’AP
I.1.3. Caractéristiques physiques du site à l’échelle du paysage
I.1.3.1. Pédologie et géologie
I.1.3.2. Climat
I.1.3.3. Température et pluviométrie
I.1.3.4. Hydrographie
I.1.3.5. Végétation
I.2. Caracteristiques biotiques
I.2.1. Flore
I.2.2. Faune
I.2.3. Menaces sur l’Aire Protégée et leurs causes
I.2.4. Homme et activités humaines
I.2.5. Présentation de l’espèce étudiée
DEUXIEME PARTIE
II. Matériels et méthodes
II.1. Observations des animaux
II.2. Collecte des données sur la démographie de Propithecus diadema
II.3. Collecte des données sur le microhabitat
II.4. Collecte des données sur le comportement alimentaire
II.4.a. Mode de relevé de données sur les comportements
II.4.b. Mode de collecte des données sur les aliments
II.4.c. Mode de relevé de données sur les supports de l’animal
II.4.d. Mode de distinction des sexes des individus focaux
II.4.e. Mode de distinction des conditions climatiques
II.4.f. Mode de relevé de données sur les durées
II.4.g. Mode de relevé de données sur les niveaux occupés par l’animal sur l’arbre
II.4.h. Mode de relevé de données sur les situations topographiques de l’habitat
II.4.i. Détermination du régime alimentaire
II.4.j. Traitement des données et analyses statistiques
TROISIEME PARTIE
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Démographie des groupes de Propithecus diadema
III.1.1. Taille moyenne des groupes
III.1.2. Structure des groupes
III.1.3. Taux de naissance
III.1.4. Sex-ratio
III.2. Caractéristiques des microhabitats de Propithecus diadema
III.2.1. DBH des arbres
III.2.2. Hauteur des arbres
III.2.3. Degré d’ouverture de la canopée
III.3. Comportements
III.3.1. Relation activités-supports de l’animal
III.3.2. Relation activités-sexes des individus focaux
III.3.3. Relation activités-conditions climatiques
III.3.4. Distribution horaire des activités
III.3.5. Relation activités-niveaux occupé par l’animal sur l’arbre
III.3.6. Relation activités-situation topographique de l’habitat
III.4. Régime alimentaire
QUATRIEME PARTIE
IV.DISCUSSIONS
IV.1. Démographie de Propithecus diadema
IV.2. Microhabitat
IV.3. Comportements de Propithecus diadema
IV.4. Régime alimentaire
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES