Les dรฉveloppements rรฉcents dans le domaine de la gรฉnรฉtique molรฉculaire humaine ont eu pour consรฉquence une comprรฉhension de plus en plus prรฉcise des pathologies ร รฉtiologie gรฉnรฉtique. Contrairement aux idรฉes reรงues, beaucoup de maladies gรฉnรฉtiques, loin dโรชtre rares, reprรฉsentent en fait une cause significative de maladie et de mortalitรฉ (Rodwell et Aymรฉ. 2014). Des pathologies qui, prisent individuellement apparaissent rares, sont dโune maniรจre globale une cause majeure de mortalitรฉ et de morbiditรฉ. Environ 3 % de toutes les grossesses aboutissent ร la naissance dโun enfant ayant une maladie gรฉnรฉtique significative ou une anomalie congรฉnitale responsable dโun handicap, de retard mental ou de mort prรฉcoce (Gelehrter et Collins. 1992).
Le retard mental (RM) est la cause la plus frรฉquente de handicape grave chez les enfants et les jeunes adultes et constitue un problรจme majeur du point de vue social et mรฉdical. 0.3 โ 0.5 % de la population mondiale est affectรฉe par des formes de RM de grave ร profond et cette frรฉquence peut atteindre 1-1.5 % si on considรจre les formes modรฉrรฉes de RM (Chelly et al., 2006). Les causes de RM sont trรจs variables et peuvent รชtre de nature environnementale ou gรฉnรฉtique ou bien une combinaison des deux. Parmi les 1000 diffรฉrentes maladies hรฉrรฉditaires que lโon trouve associรฉes au RM, 20 % environ montrent une sรฉgrรฉgation liรฉe au chromosome X. Les RM liรฉs au chromosome X syndromique (RMLX-S) intรฉressent 1 garรงon sur 700 environ, soit autant que la trisomie 21(Ropers et Hamel. 2005).
COMPLEXITE ET ORGANISATION DU GENOME HUMAIN
Par dรฉfinition un gรฉnome est complexe lorsque les sรฉquences dโADN, dont il nโexiste quโune copie par gรฉnome, constituent une fraction minime de lโADN, par exemple le gรจne de la ฮฒ-globine reprรฉsente seulement 0.00005% de lโADN gรฉnomique humain (Strachan et Read 2012). La complexitรฉ du gรฉnome humain est mise en รฉvidence par des expรฉriences de cinรฉtique de rรฉassociation. La vitesse de rรฉassociation de telles sรฉquences est relativement lente. Au contraire, certaines autres sรฉquences hautement rรฉpรฉtรฉes dans lโADN gรฉnomique ont une concentration beaucoup plus รฉlevรฉe et une vitesse de rรฉassociation comparativement plus rapide. Le paramรจtre qui contrรดle cette rรฉassociation est le produit de la concentration initiale dโADN monocatรฉnaire par le temps dโincubation => Cot.
Le Cot1/2 est le produit de la concentration initiale dโADN monocatรฉnaire et du temps dโincubation pour obtenir 50 % de rรฉassociation. Pour une concentration donnรฉe, si le Cot1/2 est รฉlevรฉ la rรฉassociation est lente donc le nombre de sรฉquences diffรฉrentes est รฉlevรฉ. Au contraire, si le Cot1/2 est faible, la rรฉassociation est dโautant plus aisรฉe que le nombre de sรฉquences diffรฉrentes est bas. Avec lโADN des procaryotes, la cinรฉtique de rรฉassociation forme une sigmoรฏde presque parfaite, alors que pour lโADN humain, elle est sous forme dโune courbe complexe reprรฉsentรฉe par la superposition de trois sigmoรฏdes (Strachan et Read 2012).
Cette expรฉrience permet de mettre en รฉvidence lโexistence de trois types dโADN :
โADN hautement rรฉpรฉtรฉ : se rรฉassociant quasi-immรฉdiatement (Cot <0.01) correspond ร de lโADN prรฉsent en un trรจs grand nombre.
โADN moyennement rรฉpรฉtรฉ : se rรฉassociant plus lentement (0.01<Cot<10) correspond ร de lโADN prรฉsent en un nombre plus restreint de copies.
โADN ร copie unique : se rรฉassociant trรจs lentement (10<Cot<10โด ) correspond ร de lโADN ร sรฉquence unique.
Les sรฉquences gรฉniques
Elles sont le plus souvent ร copie unique ou en faible quantitรฉ sauf pour les gรจnes codants pour les histones. Cet ADN code toujours pour des chaines polypeptidiques. Du point de vue structural, un gรจne peut รชtre subdivisรฉ en sections pouvant รชtre transcrites (unitรฉ de transcription) et en sรฉquences de rรฉgulation. Les sรฉquences rรฉgulatrices sont situรฉes non seulement en amont mais aussi en aval du gรจne. Le premier et le dernier exon contiennent gรฉnรฉralement des sรฉquences qui ne sont pas traduites. II s’agit de la rรฉgion 5′ non traduite (5′ UTR) pour untranslated region de l’exon 1 et de la rรฉgion 3′ UTR ร l’extrรฉmitรฉ 3′ du dernier exon (Strachan et Read 2012).
Les sรฉquences extra-gรฉniques rรฉpรฉtรฉes
Lorsque de lโADN humain fractionnรฉ est centrifugรฉ dans un gradient de densitรฉ de chlorure de cรฉsium, la principale portion de lโADN (Euchromatine) forme une bande de forte densitรฉ : 1.701g/cm3 . Trois bandes supplรฉmentaires (satellites) apparaissent aux densitรฉs 1.687, 1.693 et 1.697g/cm3 . Elles sont moins denses en raison de leur pauvretรฉ en CG par rapport ร la bande principale. (Figure 2) Ces sรฉquences correspondent ร de lโADN non codant dโoรน le nom dโADN extra-gรฉniques rรฉpรฉtรฉes. Selon leur taille, leur degrรฉ de rรฉpรฉtition et leur structure, ces sรฉquences dโADN sont subdivisรฉes en trois catรฉgories : ADN satellites ยซ classiques ยป, ADN minisatellites et ADN microsatellites (Hardman. 1986).
LโADN satellite classique
Cet ADN hautement rรฉpรฉtitif correspond ร de lโhรฉtรฉrochromatine constitutive, il nโest pas codant et reprรฉsente 20 ร 30% du gรฉnome humain. Les sรฉquences qui constituent ces satellites sont de grande taille (100 ร 200 pb), organisรฉes en tandem, elles ne sont pas dispersรฉes dans le gรฉnome, mais localisรฉes en certains points particuliers. Il en existe deux types : les sรฉquences centromรฉriques (CEN) et les sรฉquences tรฉlomรฉriques (TEL). Chez lโHomme et les primates, les sรฉquences centromรฉriques constituent la famille de lโฮฑ-satellite qui correspond ร la rรฉpรฉtition en tandem dโune sรฉquence de 171 pb. Ces rรฉpรฉtitions ont une longueur qui varie entre 300 Kb (Y) ร 5 10ยณ Kb (Ahmad et Henikoff, 2001). Les sรฉquences tรฉlomรฉriques situรฉes aux deux extrรฉmitรฉs chromosomiques, sont constituรฉes de motifs hautement rรฉpรฉtรฉs, riches en G, trรจs conservรฉs (TTAGGG). Elles ont un rรดle trรจs important dans la prรฉservation de lโentitรฉ chromosomique en empรชchent leur dรฉgradation ou leur raccourcissement jusquโร une longueur critique qui conduirait ร lโentrรฉe de la cellule en sรฉnescence (Blackburn, 2001).
LโADN minisatellite
Il existe dans le gรฉnome humain en dehors de lโhรฉtรฉrochromatine constitutive, des sรฉquences de 9 ร 64 pb hautement rรฉpรฉtรฉes en tandem mais dispersรฉes au niveau de diffรฉrents points du gรฉnome (Singer et Berg 1992). Il sโagit de minisatellites hypervariables car trรจs polymorphes dans leur degrรฉ de rรฉpรฉtitions, les VNTR pour Variable Number Tandem Repeat.
LโADN microsatellite
Ce deuxiรจme type dโADN hautement rรฉpรฉtitif et qui correspond aussi ร de lโhรฉtรฉrochromatine constitutive est largement prioritaire. Ces sรฉquences sont composรฉes de motifs constituรฉs de courtes sรฉquences (2 ร 4 pb) disposรฉs en tandem. Ces sรฉquences sont rรฉpรฉtรฉes de trรจs nombreuses fois.
Polymorphisme des sรฉquences extra-gรฉniques rรฉpรฉtรฉes
Le polymorphisme gรฉnรฉtique est l’existence de variants, que ce soit au niveau du locus d’un gรจne (allรจles), d’une structure chromosomique (par exemple, taille de l’hรฉtรฉrochromatine centromรฉrique), du produit d’un gรจne (variants prรฉsentant des activitรฉs enzymatiques ou des affinitรฉs de liaison diffรฉrentes) ou d’un phรฉnotype.
Le terme ยซ polymorphisme de I’ADN ยป fait rรฉfรฉrence ร un grand รฉventail de variations dans une sรฉquence nuclรฉique, ร la longueur des rรฉpรฉtitions de nuclรฉotides ou ร la variation d’un seul nuclรฉotide. Les polymorphismes de I’ADN sont utiles en tant que marqueurs gรฉnรฉtiques, permettant d’identifier et de distinguer les allรจles ร un locus donnรฉ et de dรฉterminer leur origine parentale (Hartl et Clark. 2007).
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I. COMPLEXITE ET ORGANISATION DU GENOME HUMAIN
INTRODUCTION
I.1- Les sรฉquences gรฉniques
I.2- Les sรฉquences extra-gรฉniques rรฉpรฉtรฉes
I.2.1- LโADN satellite classique
I.2.2- LโADN minisatellite
I.2.3- LโADN microsatellite
I.3- Polymorphismes et mise en รฉvidence des sรฉquences rรฉpรฉtรฉes
I.3.1- Polymorphisme au niveau d’un seul nuclรฉotide (SNP)
I.3.2- Polymorphisme de longueur d’une sรฉquence (SSLP)
I.4- Les mutations atypiques du gรฉnome humain
I.4.1- Les mutations instables ou dynamiques
I.4.2- Diffรฉrents types de rรฉpรฉtitions de trinuclรฉotides et leur expansion
I.4.3- Origine des mutations dynamiques
CHAPITRE II. GENETIQUE MOLECULAIRE DU SYNDROME DE LโX-FRAGILE
INTRODUCTION
II.1- Principe du diagnostic molรฉculaire des rรฉpรฉtitions de trinuclรฉotides
II.2- Les pathologies ร rรฉpรฉtitions de trinuclรฉotides
II.3- Le syndrome de lโX-Fragile (XFS)
II.3.1- Aspect phรฉnotypique du syndrome de lโX-Fragile
II.3.1.1- Manifestations cliniques
II.3.1.2- Prรฉvalence et mode de transmission
II.3.2- Aspect gรฉnotypique du syndrome de lโX-Fragile
II.3.2.1- Identification du gรจne FMR1
II.3.2.2- Structure et expression du gรจne FMR1
II.3.3- Pathologie molรฉculaire du gรจne FMR1
II.3.3.1- Amplification et taille des rรฉpรฉtitions
II.3.3.2- Modifications รฉpigรฉnรฉtiques de FMR1
II.3.4- La protรฉine FMRP
II.3.5- Traitements du syndrome de lโX-Fragile
II.3.6- Diagnostic diffรฉrentiel du syndrome de lโX-Fragile/Autisme
MATERIELS ET METHODES
I. Echantillonnage biologique
I.1- Loci FRAXA et FRAXE
I.2- Distributions des rรฉpรฉtitions CGG et des rรฉpรฉtitions GCC
II. Extraction de lโADN gรฉnomique (ADNg
II.1- Protocole dโextraction de lโADNg
II.1.1- Principe dโextraction de lโADNg
II.1.2- Procรฉdure dโextraction
II.2- Quantification et dosage de lโADNg
II.2.1- Principe de quantification de lโADNg par spectrophotomรฉtrie
II.2.2- Dรฉtermination de la concentration de lโADNg
II.3- Purification de lโADNg
II.3.1- Principe de la purification de lโADNg
II.3.2- Procรฉdure de purification de lโADNg
III. Amplification de lโADNg par PCR fluorescente
III.1- Principe de lโamplification de lโADNg par PCR fluorescente
III.2- Amorces utilisรฉes
III.3- Protocole dโamplification
III.4- Conditions dโamplification
IV. Electrophorรจse capillaire et gรฉnotypage
IV.1- Principe de lโรฉlectrophorรจse capillaire
IV.2- Protocole de lโรฉlectrophorรจse capillaire
IV.3- Gรฉnotypage des loci FRAXA et FRAXE par GeneMapper
IV.3.1- Le sรฉquenceur ABI 3130
IV.3.2- Programmation et lecture du logiciel GeneMapper v4.0
V. Transfert sur membrane par Southern-blot et hybridation molรฉculaire
V.1- Principe du Southern-blot
V.2- Protocole du transfert sur membrane
V.2.1- Digestion de lโADNg
V.2.2- Electrophorรจse sur gel dโagarose
V.2.3- Transfert sur membrane
V.2.4- Prรฉ-hybridation
V.2.5- Prรฉparation de la sonde
V.2.6- Lavage de la membrane et mise en cassette
RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I. Echantillonnage biologique
I.1- Patients autistiques
I.2- Patients RM
II. Gรฉnotypage du locus FRAXA
II.1- Dรฉtermination de la taille des rรฉpรฉtitions
II.2- Individus non apparentรฉs
II.2.1- Individus de sexe masculin
II.2.2- Individus de sexe fรฉminin
II.3- Etudes familiales
II.3.1- Famille 1
II.3.2- Familles 2 et 3
II.3.3- Famille 4
III. Gรฉnotypage des patients au locus FRAXE
IV. Hybridation molรฉculaire par Southern-blot
IV.1- Blot Z01
IV.1.1- Migration sur gel dโagarose
IV.1.2- Interprรฉtation des rรฉsultats du blot Z01
IV.2- Blot Z02
IV.2.1- Migration sur gel dโagarose
IV.2.2- Interprรฉtation des RFLPs obtenus
2.2.1- Interprรฉtation des rรฉsultats du blot Z02
2.2.2- Calcul de la taille des bandes des RFLPs
2.2.3- Calcul des RFLPs des individus I1 et II2
2.2.4- Calcul du RFLP de lโindividu II1
V. Diagnostic molรฉculaire
VI. Distributions allรฉlique des rรฉpรฉtitions CGG (FRAXA) et GCC (FRAXE
VI.1- Caractรฉristiques des patients รฉtudiรฉs
VI.2- Polymorphisme allรฉlique des rรฉpรฉtitions CGG
VI.3- Polymorphisme allรฉlique des rรฉpรฉtitions GCC
VI.4- Hรฉtรฉrozygotie des loci FRAXA et FRAXE
DISCUSSION
CONCLUSION